dimanche 18 mai 2025

Low Tech et vélo

Avec l’ami Ploum, nous avons été invités à participer à l’événement Parlons Vélo Massy pour y parler de Low-Tech (et de vélo) dans le cadre de cet événement très sympathique.

Il pensait y aller en RER avec son épouse et leur fils, alors que pour ma part, je prevoyais de faire les presque 20 km à vélo, d’autant que le trajet passe par la fameuse coulée verte. Quelques arrangements plus tard, nous voilà tous ensemble à vélo, Madame et le fiston sur un cargo de location, Ploum et moi sur deux de mes vélos, mon Gravel titane et mon Brompton G-Line, que nous avons interchangé, pour qu’il puisse aussi bien tester un vélo en titane (une première pour lui) et un pliant (aussi une première). Ploum a publié juste avant l’événement un petit manifeste low-tech. À mon tour d’écrire un article sur le sujet, mélange de ce que je pense et de ce qui s’est dit lors de la table ronde.

Ploum et Tristan sur leurs vélos

Low Tech, un essai de définition

Il existe plein de définitions du concept de Low-Tech ! Alors forcément, j’ai commencé à demander à wikipédia, à chercher comment c’est défini par Philippe Bihouix, l’auteur de l’excellent L’âge des Low-Tech. J’ai aussi cherché sur le Web, par exemple chez Ecoconso.be, qui explique bien tout cela. Mais faute de définition officielle, je concocte la mienne.

L’approche Low-Tech, c’est une approche de la technologie qui rassemble plusieurs points clés :

  • Sobriété : conception simple, juste ce qu’il faut de technologie, pas plus.
  • Efficience : consomme peu de ressources tout en fournissant ce qu’on lui demande.
  • Durabilité : pourra être utilisé pendant longtemps (solide, basé sur des technologies qui existeront encore dans plusieurs années et qu’on a le droit d’utiliser…).
  • Maintenabilité : facile à entretenir soi-même, avec des outils et des pièces standards.
  • Facilité d’utilisation : facile à utiliser par tout le monde.
  • Local : utilise des ressources locales autant que possible.

Et ça n’est pas… l’absence de technologie. C’est comme dit plus haut, juste ce qu’il faut de technologie. Pas assez, et l’objet n’est pas à la hauteur du besoin, et si on met trop de technologie, on perd en maintenabilité, en bidouillabilité. Mais le vélo, c’est technologique ! Fabriquer un tube d’acier, un roulement à billes, un câble de dérailleur, un pneu, ça demande beaucoup d’énergie, de savoir faire et de machines. (Ajout : la fabrication d’un vélo à l’usine Raleigh en Angleterre en 1945). Merci Florian !

Low Tech et vélo

Dans la conversation à Massy, on a abordé les cas où il y avait — pour nous — trop de technologie, par exemple les dérailleurs électriques Shimano Di2 qu’il faut recharger régulièrement. Chez le fabricant SRAM, il y en a même qui sont sans fil (donc 2 batteries à recharger). Il n’y a eu personne dans l’assistance pour défendre un tel système, mais j’ai déjà croisé des sportifs qui ne juraient que par lui. (Merci à Fassil qui m’indique sur Mastodon cet article sur le sujet : The Cost of Convenience: Taking a Hard Look at Wireless Shifting. Le journaliste conclut que les manettes à friction, c’est mieux que le dérailleur électrique. Pour moi qui ne jure que par les systèmes indexés à câble, cela me fait passer pour un fan de high-tech !)

On a ensuite abordé la problématique des vélos Angell. Électriques, super design, mais avec de grave problèmes de conception au point qu’il est recommandé de ne plus les utiliser. À l’heure de la table ronde, les serveurs d’Angell ne sont plus accessibles.

Van Moof, qui a fait faillite avant d’être racheté, a donné des sueurs froides à ses clients, puisqu’ils risquaient de ne plus pouvoir utiliser leur vélo, car ces derniers sont connectés à des serveurs Internet dont ils dépendent pour fonctionner. Les factures de ces serveurs n’étant plus payées, les vélos pouvaient être immobilisés, même s’ils fonctionnaient correctement d’un point de vue mécanique. On voit bien ici la limite au trop-plein de technologie.

Alors que nous commencions à dire du mal du vélo électrique (je vois des enfants sur des trottinettes électriques avec une selle rajoutée, alors qu’ils feraient mieux de faire du vélo), j’ai rappelé que le vélo à assistance électrique n’était pas nécessairement mauvais. Il permet à certaines personnes en situation de handicap ou en surpoids ou ayant des trajets longs ou à fort dénivelé de pratiquer le vélo, chose qu’ils ne pourraient pas faire autrement. C’est là qu’on réalise que le curseur qui sépare la low-tech de la high-tech dépend aussi du besoin de l’utilisateur.

Low Tech contre système capitaliste

L’animateur de la table ronde a voulu aborder la low-Tech sous un aspect politique, et il a bien fait. Car si on peut regretter l’emprise écrasante de la High-Tech, il faut la remettre dans le contexte économique du capitalisme et de la société de consommation. Un parent qui offre une trottinette électrique à son enfant, qui a pourtant bien besoin de se dépenser physiquement, ne réalise pas forcément qu’il lui fait du mal, en l’empêchant de faire de l’exercice, car il croit lui faire plaisir, parce que l’objet est désirable. Cela nous pousse à penser la place du capitalisme, de la consommation, de la publicité et des modes dans la destruction du vivant qui est en cours.

Quand la bicyclette inspirait la high tech

Il y a une vieille vidéo de Steve Jobs que j’adore. Il dit que pour lui, “l’ordinateur est une bicyclette pour l’esprit”, ce qui est une façon très intéressante d’en parler. Plus de détails sur le contexte et le document évoqué : How the bicycle beats evolution and why Steve Jobs was so taken with this fact. En substance, alors que la bicyclette permet à l’humain d’aller plus vite avec moins d’effort, Steve Job, à la fin des années 1970, voyait l’ordinateur personnel comme étant une bicyclette pour l’esprit. J’adore cette approche, elle me touche profondément, mais quand je regarde le numérique aujourd’hui, l’addiction aux applications mobiles, à son empreinte environnementale, aux dérives de l’IA d’un point de vue social et du rapport à la vérité, aux dégâts provoqués par les réseaux sociaux, je me dis qu’on a perdu de vue cette vision.

Pour aller plus loin

When you put a person into a car, their muscles wither. You put a person into an information car, and their thinking ability withers. I wouldn’t put a person within 15 yards of a computer unless I was absolutely sure that it was a kind of a bike for them.

Ce qui donne, traduit par mes soins :

Quand vous mettez une personne dans une voiture, elle perd ses muscles. Quand vous mettez une personne dans une voiture informationnelle, elle perd sa capacité à penser. Je ne mettrais pas d’ordinateur à proximité d’une personne à moins d’être certain qu’il ne soit comme un vélo pour elle.

Ploum et Tristan sur leurs vélos, suivis par un vélo cargo avec un enfant dedans

lundi 28 avril 2025

En vrac d'avril 2025

De retour de vacances, la tête dans le guidon, et donc même pas le temps de remettre les articles dans des sections ! Mais je vous souhaite une bonne lecture tout de même !

samedi 29 mars 2025

En vrac de mars 2025

Pendant ce temps-là aux USA

Vie privée

Totalement en vrac

Autonomie stratégique (anciennement souveraineté)

Empreinte du numérique

IA

Mobilité

  • FAQ Suirt, ou pourquoi je n’utilise plus d’huile sur la chaîne de mes vélos.

Enshittification / Emmerdification

  • Un cas exemplaire de merdification : Sur Chrome, uBlock Origin cesse doucement de fonctionner. Rappel : la merdification a 4 étapes pour 1 plateforme. 1 - servir bien les utilisateurs. 2 - servir les entreprises. 3 - se servir soi aux dépends des autres. 4 - Mourir. Chrome est en phase 3, alors qu’ils réduisent les possibilités des bloqueurs de pub était prévu. C’est juste en train d’arriver… Ensuite, la phase 4 !

EROOM

samedi 15 mars 2025

L'autonomie stratégique plutôt que la souveraineté technologique

J’ai écris ce texte sur LinkedIn, et j’ai ensuite réalisé qu’il serait aussi bien ici, sur mon blog. En voici donc un copier-coller pour ceux qui, comme moi, préfèrent le Web indépendant :

J’allais vous parler de souveraineté technologique, parce que c’est important en ce moment. Et puis non…

Je préfère vous parler d’autonomie stratégique. Ce revient à peu près au même, par certains aspects, me direz-vous. Certes, mais c’est très différent par d’autres. Je m’explique.

Fondamentalement, la souveraineté, ça ne peut s’appliquer au sens strict qu’à un État. Après, on peut étendre le sens à l’entreprise ou pire encore, à l’individu. Mais ça n’est pas tant ce que je reproche au terme souveraineté.

Parce que je l’ai longtemps défendu la souveraineté, dans des entreprises françaises et européennes, pour faire de la technologie qui nous donnerait, aux États, aux entreprises et aux individus, de la capacité d’agir sans demander la permission. Sauf que je me suis bien trop souvent retrouvé entouré de gens qui confondaient “Souveraineté” (technologique) et “Souverainisme”. Et le souverainisme, en France ces dernières années, est devenu un tremplin pour défendre le racisme, l’intolérance, l’isolationnisme et autres idées rances sous lesquelles on trouve trop souvent des traces de l’influence russe.

Alors que Trump et Musk font n’importe quoi aux USA en ce moment, alors que la Russie est en embuscade et l’Ukraine en sandwich, il est important d’être autonome sur les sujets stratégiques. Mais pas en se repliant sur soi-même, car nous sommes bien trop petits pour résister seuls à la Russie et aux USA.

Comment ? En coopérant avec d’autres. On sait bien que les USA peuvent couper l’accès à des ressources importantes sur lesquelles on s’appuie depuis longtemps, des avions de chasse aux logiciels connectés en passant par les services de Cloud dans lequel on a mis tellement de données stratégiques.

Alors il va falloir trouver des alternatives soit Made in France, soit Made in Europe, soit Made in logiciel libre. Et c’est là qu’on voit que l’autonomie stratégique, c’est tout autre chose que le repli sur soi. C’est le partage de la valeur du logiciel avec d’autres pays, pour rester indépendants. Oserais-je citer Lénine qui disait “La confiance n’exclut pas le contrôle” ? Ça tombe bien, l’accès au code source, à l’historique de son évolution, permet justement de faire ce contrôle. Ça n’est pas parfait, certes, mais c’est toujours mieux que de s’appuyer sur des boites noires qui peuvent être déconnectées à distance par d’anciens alliés colériques.

Laissons donc la souveraineté aux rabougris de l’identité et aux intolérants, et embrassons l’autonomie stratégique, ouverte, partageuse et basée sur la coopération !

jeudi 27 février 2025

En vrac de fin février

L’actu est tellement riche, entre la saturation médiatique de l’IA et les événements aux USA que j’ai du faire deux parutions #EnVrac ce mois-ci. Vivement un retour à la normale (et à la raison) !

IA

EROOM

  • L’excellent Rob Pike (co-inventeur d’UTF-8 et du langage Go) a publié une présentation très proche de mon discours sur la loi de Moore, pour ensuite aborder le sujet des dépendances avec les problèmes qu’elles impliquent (sécurité, lenteurs) qui donne lieu à une intéressante discussion sur Hacker News ;

Complètement en vrac

Numérique et limites planétaires

Pendant ce temps-là aux USA

Mise à jour : je découvre un excellent article mis à jour au fil de l’eau par TheVerge, Trump’s first 100 days: all the news affecting the tech industry, qui fait un bien meilleur travail que moi sur le sujet, sans surprise.

Pendant ce temps-là, ça pourrait s’améliorer aux USA

Un peu d’optimisme sur ce qui se passe aux USA ces dernières semaines :

Mobilité

Merdification

mercredi 12 février 2025

IA et consommation électrique

“L’explosion de l’IA est inéluctable”, entend-on suite au sommet de l’IA à Paris. Sauf que…

Quand on regarde la prévision de consommation électrique de l’IA (ici sur la base d’un récent document de Deloitte Global Analysis), la consommation électrique des centres de données, sous la pression de l’IA, devrait faire un bond énorme pouvant être multiplié par un facteur 9,3 entre 2023 et 2050.

À coté de ce graphique[1], sur la droite, j’ai mis quelques coupures de presse qui démontrent bien que coté électrique, on a déjà pas mal de soucis : on redémarre en France une des deux centrales à charbon pour passer l’hiver sans pénurie. En Irlande, ils font tourner les datacentres à coup de carburants fossiles pour pouvoir assurer la fourniture d’énergie. Du coup, on n’a jamais autant brûlé d’énergies fossiles qu’en 2024. Le Gartner prévoit que 40% des centres données seront menacés de pénuries d’ici 2027. Aussi, cela risque de retarder la transition énergétique. Et bien sûr Google et Microsoft, on s’en souvient, voient leurs émissions de GES bondir à cause de l’IA.

Mais on oublie quelque chose d’essentiel, c’est que pour réussir à prendre le virage climatique, il faut aussi électrifier l’industrie et aussi la mobilité (avec les fameuses voitures électriques).

Alors, puisqu’il est si difficile de fabriquer des centrales électriques (combien de temps ça a pris pour l’EPR de Flamanville, déjà ? 17 ans, de quoi décidera-t-on de se passer ? De produits issus de l’industrie ? De voitures ? D’IA ?

Sans compter que là, je vous parle d’énergie, mais ça veut dire que je passe sous silence les trois plus gros problèmes que sont les limites planétaires en général, l’effondrement de la biodiversité et le changement climatique[2].

Ça m’amène à me poser la question suivante : un monde habitable n’est-il pas plus important qu’un ami imaginaire qui ferait une partie de mon boulot à ma place ?

Notes

[1] Ce graphique est tiré d’une conférence de 30 mn titrée L’humanité a-t-elle les moyens de s’offrir l’IA, présentée en décembre 2024 à Open Source Expérience, à Paris.

[2] Je constate que je ne suis pas le seul à le dire, et c’est bien !

mardi 11 février 2025

En vrac de début février

L’actualité est tellement dense ces derniers temps (et pas de façon positive) que je ne résiste pas à partager ces liens dès le 11 du mois.

Ego trip

Où je compile quelques liens vers des présentations / interventions / interviews pour en garder la trace :

IA

Pendant ce temps là, aux États Unis

Totalement en vrac

mercredi 5 février 2025

Les problèmes sociétaux du déploiement massif de l'IA

J’ai demandé à l’IA Claude “Quels sont les problèmes sociétaux posés par le déploiement de l’IA à l’échelle ?”. Voici sa réponse (Spoiler alert : elle a plié le game), je vous la copie-colle ici pour que vous n’ayez pas à la poser à nouveau. À cause, justement, de tous les problèmes que cela pose :


Les principaux problèmes sociétaux posés par le déploiement massif de l’IA incluent :

1. Inégalités économiques

  • Automatisation massive de certains emplois
  • Concentration des richesses dans les entreprises technologiques
  • Risque de précarisation de larges segments de la population active

2. Questions éthiques

  • Biais algorithmiques reproduisant des discriminations
  • Décisions automatisées sans responsabilité claire
  • Atteintes potentielles à la vie privée
  • Risques de manipulation psychologique

3. Enjeux démocratiques

  • Propagation facilitée de désinformations
  • Influence des systèmes d’IA sur l’opinion publique
  • Capacité de profilage et de surveillance massive
  • Risque de réduction de l’autonomie individuelle

4. Problèmes juridiques

  • Cadre légal inadapté
  • Difficultés d’attribution des responsabilités
  • Problèmes de propriété intellectuelle
  • Nouveaux types de crimes numériques

5. Aspects environnementaux

  • Consommation énergétique importante des datacenters
  • Impact carbone de l’entraînement des modèles
  • Extraction massive de ressources pour les infrastructures

Ces défis nécessitent une régulation internationale et une réflexion éthique approfondie.


Note : Ce billet, par essence, a partiellement été généré par une IA, puisque l’idée était de citer l’IA en question. C’est une exception sur le Standblog et cela a vocation à le rester.

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