jeudi 12 septembre 2024

En vrac de septembre

L’IA générative pour tout le monde ?

  • J’ai vu récemment une BD qui m’a fait ricaner, mais je voulais la partager. Aussi, je la cherche dans Google Search. La BD se moquait du fait que l’IA pourrait être utilisée pour transformer un simple paragraphe en un email complet, avant que le récepteur du message ne se félicite que — grâce à l’IA — il peut transformer ce long email en un seul paragraphe qui concentre l’information essentielle. Une recherche plus tard, j’ai retrouvé la BD en question. Mais aussi dans les réponses du moteur, je vois quantités de liens, d’articles et de publicités pour des logiciels qui font exactement ça ! Comme quoi la réalité dépasse la fiction (et mon affliction, par là-même).
    • On notera que la plus grosse nouveauté d’iOS 18.1 sera la réécriture d’emails par l’IA. On peut espérer que ça sera en local, et donc sera peu consommateur de ressources, sans devoir accéder à des data centers très énergivores. Pourtant, on sait que c’est surtout la fabrication du matériel qui provoque l’essentiel de l’empreinte écologique… Ah, justement, Apple compte sur l’IA pour relancer ses ventes. On sait aussi que Microsoft fait de même pour relancer le marché du PC. Bref, l’humanité n’a pas l’arrière-train sorti des ronces !
  • Façon amusante de résumer les choses : we have moved beyond “TL;DR” (“too long; didn’t read”) to “TL;DW” (“too long, didn’t write”) !
  • Toujours sur le même sujet, il y a longtemps, Philippe Geluck abordait le problème à sa façon ;

EROOM

Quand l’IA te mène au cimetière

Très en vrac

L’histoire de cybersécurité amusante du moment

mardi 16 juillet 2024

En vrac de juillet 2024

Bombage de torse

Cette semaine, le Standblog fête ses 22 ans ! ! Est-ce un hasard ou une démonstration que la persistance paye, je l’ignore, mais Le Technical Architecture Group du W3C nomme Tristan Nitot et Jeffrey Yasskin, et c’est assez classe.

erooM et numérique responsable

  • La loi de Moore est morte et c’est une bonne nouvelle, un nouvel article publié sur le site de mon employeur.
  • La suite, sur LinkedIn, est devenu viral et a dépassé les 700 000 vues en quelques jours. Ça n’est pas tant la viralité qui compte (c’est presque un défaut à mon sens), mais l’intérêt d’avoir un discours qui pousse une solution pour faire du numérique responsable, solution qui semble acceptable par ceux qui sont concernés (par opposition aux discours que j’ai pu tenir par le passé) ;
  • Je découvre — Merci Patrick Chanezon — cet article d’Herb Sutter sur le changement d’architecture des ordinateurs qui a déjà 12 ans et aborde le fait que l’architecture des ordinateurs et smartphones va devenir massivement parallèle (nombreux coeurs) et hétérogène (CPU et GPU). Ses prédictions se réalisent, y compris la fin de la loi de Moore pour les processeurs x86… Malheureusement, il est complètement aveugle sur le fait qu’il faut d’une part réduire drastiquement réduire l’empreinte du numérique (comme toutes les activités humaines) et d’autre part que la fabrication du matériel représente l’essentiel de cette empreinte !

IA, numérique et limites planétaires

Très en vrac

jeudi 4 juillet 2024

Au delà du mépris pour le RN

Je n’ai que mépris pour les idées du Rassemblement National, leurs mensonges sur l’immigration, sur les énergies renouvelables et bien d’autres sujets. Je vote pour leur faire barrage et je vous invite à faire de même, sans aucune ambiguïté. Voilà, c’est dit.

Pourtant il y a un sujet fondamental qu’il faut aborder : il ne faut pas cesser d’essayer de comprendre pourquoi les électeurs du RN votent ainsi. Certes, il y a une partie de racistes convaincus, de gens infréquentables, aux opinions rances et insupportables. Mais ils ne représentent que quelques petits pour cent des votants. Il y a une masse d’électeurs qui ont décidé de voter RN, et nous ne les comprenons plus. C’est un problème majeur. On pourrait les “récupérer’, les convaincre, mais pour cela, il faudrait les comprendre.

Deux personnes que j’apprécie beaucoup on pris le temps d’expliquer cela, chacun avec ses mots :

Je vous recommande vivement la lecture de ces deux articles.

Il y a un vrai mal être chez les gens qui votent Rassemblement National. L’ignorer, c’est se couper d’eux, c’est refuser de les comprendre, et donc refuser de répondre aux problèmes qu’ils pointent du doigt. À un moment, et même si ce temps nous paraît lointain, le plus tôt sera le mieux, il faudra se parler à nouveau et construire un avenir ensemble. Ne l’oublions pas.

Mise à jour

Plusieurs lecteurs m’ont suggéré d’autres sources qui permettent d’avancer sur ce sujet :

dimanche 23 juin 2024

Accident de train

J’ai publié le texte ci-dessous sur Mastodon, qui résume ce que j’ai l’impression de vivre. Ça me parait avoir sa place ici :

J’ai l’impression de voir devant mes yeux un accident de trains : deux immenses trains qui se rentrent dedans suite à une erreur d’aiguillage. À bord, 8 milliards d’humains. Je vois tout cela à l’extrême ralenti. C’est à dire que je peux vivre à coté, discuter avec des potes, boire des coups, bosser pour gagner ma vie. Mais à chaque fois que je lève les yeux, l’accident est toujours en cours, mais un peu plus avancé. Et tout le monde s’en fout.

Alors j’ai changé de job, je me suis mis à bosser dans la “prévention des accidents ferroviaires”. C’est ingrat, comme job : t’as beau t’arracher, quand tu lèves les yeux, la situation n’a fait que s’aggraver. La principale différence, c’est que même quand je ne regarde pas l’accident, je parle d’accidents de train. Et les gens m’ignorent : il savent presque tous pour l’accident, mais préfèrent fermer les yeux.

Et puis récemment, les choses ont changé, un peu. Un wagon a pris feu. Peut-être deux ou trois. C’est peu, parmi les centaines de wagon. C’est le contrôleur qui a mis le feu. Une histoire de grenade (incendiaire) qu’il a dégoupillé. Ça me tétanise. D’autant que je réalise que je suis dans le train, comme tout le monde.

vendredi 21 juin 2024

En vrac de juin

IA et numérique

  • Microsoft’s “Copilot+” AI PC requirements are embarrassing for Intel and AMD. Microsoft vient de publier les spécifications techniques des futurs PC pour l’IA, appelés “Copilot+”. Voir aussi Que retenir de l’événement “Copilot+ PC” de Microsoft
    • Le souci, c’est qu’une seule puce offre le niveau de performance attendue, et elle n’est pas fournie ni par Intel ni par AMD mais par Qualcomm. Microsoft exige 40 TOPS (Trillion Operations Per Second) Qualcomm offre 45 TOPS, Intel arrive à 10 TOPS et AMD 16 ! Or Qualcomm fait cela avec des processeurs ARM (comme Apple, et les smartphones) alors qu’historiquement, les PC fonctionnent avec une architecture différente appelée X86 (qui dérive des premiers PC à base de processeurs Intel 8086 et dérivés… en 1981). Microsoft produit une version de Windows pour processeurs ARM, mais elle ne fait pas tourner toutes les applications prévues pour X86 et quand elle le fait, c’est émulé, donc ralenti.
    • Les anciens de Microsoft auront sûrement des nuits difficiles quand ils se rappelleront qu’en 2012, Microsoft avait déjà essayé de faire Windows RT, une version de Windows pour processeurs ARM, qui n’aura jamais vraiment décollé. Pour les débutants, rappelons qu’un système d’exploitation n’a pas vraiment d’intérêt en tant que tel, à part faire tourner des applications. Sans cette bibliothèque d’applications, il ne sert quasiment à rien.
  • Pourquoi Apple abandonne son processeur M3 quelques mois après son lancement ? . Il était stupéfiant de voir Apple annoncer son processeur M4 début mai 2024 alors que les premiers Mac équipés de processeurs M3 étaient sortis en novembre 2023. Pour résumer les spéculations (Apple ne communique pas sur le sujet) : le M3 utilise une gravure 3 nm qui n’est pas très fiable et conduit donc à générer beaucoup de processeurs qui ne fonctionnent pas, ce qui coûte cher. Le M4, par contre repose sur une gravure de la même taille mais de “seconde génération” (appelée N3E chez TSMC), plus fiable donc moins coûteuse. Précisons que nm est l’abréviation de nanomètre, c’est à dire un milliardième de mètre. Un nm vaut un millième de micron.
  • How the new Microsoft Recall feature fundamentally undermines Windows security. La killer feature des PC intégrant un processeur capable de faire de l’IA consiste à… espionner l’utilisateur. Le logiciel, activé par défaut dans Windows sur ces machines, prend à intervalle régulier des copies d’écran. Ensuite, il y a reconnaissance des caractères dans ces images, et tout cela est stocker dans une base de données locales (compter 25 Go pour 3 mois de suivi) et permet une recherche locale. Evidemment, si votre PC est piraté (comme des numéros de CB sur les sites d’e-commerce ou des conversations privées sur messagerie chiffrée), beaucoup plus d’informations personnelles sont récupérables par le pirate. Dommage !
  • Je découvre le travail de Duncan Austin, BothBrainsRequired. C’est un penseur systémique qui travaille sur l’écologie. Deux articles intéressants, avec des illustrations en haute résolution :
  • L’IA déconne, et ça n’est pas prêt de s’arrêter. Nouvel épisode : Google hallucine (recommandation de mettre de la colle dans une pizza pour éviter que le fromage ne coule trop, manger au moins un caillou par jour pour avoir des minéraux, utiliser de l’essence dans une recette de pâtes, possibilité de courir dans le vide au-dessus d’une falaise comme Vil Coyote…), La raison est toute simple : il est incapable de reconnaître le sarcasme dans les texte qu’il a pu analyser sur le Web… Pourtant, Google promet que s’il fonctionne dans 80% des cas, il finira par atteindre les 100%. Le professeur émérite Gary Marcus pense qu’ils rêvent. On se rappellera qu’il y a 18 mois, Meta ne faisait pas mieux, avec un chatbot — Galactica — qui citait des papiers scientifiques démontrant qu’on avait étudié scientifiquement la possibilité de manger du verre pilé, “source de silicium bon pour la santé”. Le dit chatbot avait été déconnecté au bout de 2 jours, après cet incident cumulé à des réponses racistes. Quand je revois ces informations, je me demande si nous n’en sommes pas déjà au point d’inflexion de l’IA, un peu comme ce qu’ont vécu les cryptomonnaies et les NFT. (Laissez-moi rêver !). Autre source en anglais. CaféTech en parle aussi en français).
  • J’aime bien Doc Searls. Il vient d’écrire un nouveau billet, The People’s AI. Sa thèse est qu’il faut des IA utilisables par tout un chacun, mais sous la maitrise de chacun. Des IA libres. Pas des IA as a service comme le souhaitent les géants de la tech. J’aime bien l’idée, mais ça ne répond pas au problème de la difficile compatibilité de l’IA avec le besoin de moins utiliser de ressources.
  • Les ‘PC IA’ suscitent l’espoir… de voir la croissance reprendre sur le marché des PC et des smartphones. Un rappel que l’IA est surtout une occasion pour beaucoup non de changer le monde, mais au contraire de faire du business as usual, continuer de rendre obsolète du matériel qui fonctionne pour tenter de réanimer une loi de Moore moribonde ! (Et pourtant, elle nous mène à notre perte…)
  • L’IA est devenue, en 2024, la priorité stratégique des CEO selon Gartner. “87% d’entre eux estiment que les bénéfices de l’IA pour leurs entreprises surpassent les autres risques.” (…) “34% des CEO/PDG affirment que la prochaine transformation de leur entreprise après le numérique sera l’IA, loin devant l’efficacité opérationnelle (9%) et le développement durable (7%)”. Bref, à fond sur l’IA. Les implications environnementales ? L’habitabilité de la planète ? On verra plus tard !
  • « Ça ne sert à rien de féminiser la tech si c’est pour avoir une empreinte carbone énorme »
    • Question d’Usbek et Rica : Le développement rapide des IA, et demain des « superintelligences » artificielles, risque-t-il de renforcer encore davantage cette domination masculine ?
    • Réponse de Marion Olharan Lagan : “Oui, et ce que je trouvais intéressant dans le machine learning, c’est qu’ils vont aller chercher toutes les données qu’ils trouvent sur Internet. Les pays riches ayant eu Internet le plus tôt, cela signifie que c’est très américain et européen. C’est aussi le cas de la Chine, qui a un système assez fermé. Et le jour où ces « superintelligences » seront développées, elles seront nourries à ça. Comme un enfant qui grandit dans un univers il entend tous les jours que le monde est fait par les hommes, pour les hommes. Quand il grandit, il ne faut pas s’étonner qu’il agisse comme ça à son tour. Cette tendance est déjà à l’œuvre mais cela pourrait être de pire en pire. Il faut un sursaut collectif. Il n’aura pas lieu avec des Vivatech où l’on dit que la France doit innover, avoir davantage d’incubateurs et d’entreprises : si c’est sur le modèle de ce qui se passe aux États-Unis, cela ne va rien changer.”
  • Le règlement Général pour l’Écoconception de Services Numériques (RGESN) vient de sortir dans une version 2, et c’est bien ! Comme le dit l’ARCEP, “Tous les métiers liés de près ou de loin du secteur numérique peuvent utiliser le RGESN pour réduire l’empreinte environnementale de leurs services” ;
  • Transphobie chez IBM : j’apprends le décès de Lynn Conway, inventrice de la technologie VLSI. Lynn Conway, au delà d’être à la limite du génie, a vécu un enfer à cause de ses problèmes de genre. Ainsi, IBM a fini par présenter ses excuses pour l’avoir virée pour être transgenre… 52 ans après les faits !.

Politique

  • Je ne vote pas LFI, mais il m’apparaît, en ces temps troublés, qu’il ne faut pas mettre dans le même sac intitulé “Extrêmes” LFI et le RN. Voici donc Pourquoi c’est faux de dire que LFI est un parti d’extrême gauche ?. Explications :
    • Le Conseil d’État, dans sa décision du 11 mars 2024, tranche : La France insoumise, tout comme le Parti communiste français font partie du bloc « gauche », comme l’avait décidé le ministère de l’Intérieur qui attribue les nuances politiques au moment des élections.
    • Lutte ouvrière et le Nouveau parti anticapitaliste sont ainsi classés dans le bloc « extrême gauche ». Alors que, selon l’auteur, LFI serait plutôt « un mouvement réformiste qui ne vise pas une rupture nette avec le capitalisme mais désire plutôt, au moins dans un premier temps, l’adoption de mesures limitant les effets des formes débridées du libéralisme économique actuel ».
    • Par contre, selon la définition de Jean-Etienne Dubois, dans son ouvrage l’Extrême droite française, les partis d’« extrême droite » sont « les organisations qui contestent le système politique républicain et démocratique (anti-électoralisme, antiparlementarisme, aspirations autoritaires, etc.) et/ou le caractère universel des valeurs républicaines de liberté et d’égalité (antisémitisme, racisme, xénophobie, etc.) ».
  • J’aime bien ce billet de Charline Vanhoenacker : J’espère que le rire va couvrir le bruit des bottes !

Vélo

Nouveaux imaginaires

erooM

dimanche 2 juin 2024

L'IA peut-elle être une solution face au problème environnemental ?

L’IA peut-elle être une solution face au problème environnemental ?

Telle était la question à laquelle nous avons été invités à participer à creuser samedi dans le cadre de l’événement IAgoraFestival, avec Caroline Jean-Pierre et Nicolas Rochet de Data4Good, ainsi que Renaud Héluin de GreenIT.fr, avec une modération de Thierry Calvat.

Vaste sujet ! S’il fallait résumer la convergence de nos points de vue, on arriverait à ceci :

1️⃣ - “L’IA” represente plusieurs types de technologies. Aujourd’hui, le grand public pense aux LLM tels que popularisés par ChatGPT, mais les outils de big data existent depuis longtemps. Ils ne nécessitent pas tous autant de ressources (machines et énergie), donc il ne faut pas forcément les mettre dans le même sac

2️⃣ - Il y a des usages de ces outils qui sont bénéfiques pour le climat et le respect des limites planétaires. J’ai bien sûr cité en premier ceux utilisés par les scientifiques pour modéliser le système climatique et étudier les possibilités offertes par l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, mais aussi l’étude de la biodiversité, etc.

3️⃣ - Mais il faut bien reconnaître que l’IA dont on parle au quotidien, pose plusieurs problèmes : c’est la plus consommatrice de ressources, c’est celle qui pousse à consommer plus d’énergie, construire plus de datacenters, rend obsolète plus de machines qui finissent à la décharge et sont très mal recyclées. Et là, il est très peu probable que ce soit utilisé pour répondre aux défis climatiques et de la biodiversité : leur usage, c’est d’accélérer un monde extractiviste et générer de la croissance, comme si elle était possible à l’infini dans un monde fini. Mais non, les ressources matérielles et l’énergie sont limités sur la planète Terre !

4️⃣ - Là où se font les investissement de l’IA, c’est principalement chez META (Facebook, Instagram, etc.), chez Microsoft (pour ChatGPT) et Google (pour mettre de l’IA dans son moteur de recherche). Ces milliards d’investissements ne vont pas au CNRS ou a l’INRIA, au GIEC ou à l’IPBES (le GIEC de la biodiversité). Et le passage à l’échelle, qui consiste à fournir des service d’IA générative (type ChatGPT) à plusieurs milliards d’internautes va augmenter de façon dramatique la consommation de ressources.

5️⃣ - Il y a urgence à agir. Pour la France, respecter l’Accord de Paris, c’est diviser par 5 nos émissions, et passer en moyenne de 10 tonnes de CO2e à 2 tonnes. Ça fait 34 ans que le GIEC[1] a sorti son premier rapport, et nos émissions de GES ne font qu’augmenter. On peut toujours croire que l’IA va sortir l’humanité de ce problème, mais aujourd’hui, les investissements vont dans le sens d’une accélération du “business as usual”, pas dans un changement de trajectoire, pourtant bigrement nécessaire.

(Crédit photo : James Martin, que je remercie au passage ! Un grand merci aussi à l’équie d’IAgora, dont Carine Sit, pour leurs effort et leur invitation : l’événement était de grande qualité !)

Note

[1] Et 52 ans que le rapport du Club de Rome, Les limites à la croissance est sorti, me rappele-t-on sur Mastodon.

mardi 28 mai 2024

JDLL 2024 : une édition réussie !

Jardins ENS Lyon, mai 2024

Ce week-end, c’était les JdLL, les Journées du Logiciel Libre à Lyon, événement libre et gratuit qui se tient chaque année dans la capitale des Gaules. L’événement doit approcher le quart de siècle (ça ne nous rajeunit pas !) et j’ai du participer à la majorité des éditions. Cette année, après une longue période à la maison des Rancy, c’est un peu l’année du renouveau, puisque l’événement a pu profiter de l’hospitalité de l’ École normale supérieure de Lyon, on les remercie vivement, ainsi que toute l’équipe de bénévoles qui a rendu cette édition possible. Un amphi, quelques salles de classe, un espace buvette et trois salles pour le village associatif, avec un superbe jardin (photo ci-dessus) et un temps de printemps, tout était au service d’une programmation de conférences et d’ateliers qui rendaient le choix de son emploi du temps fort difficile.

J’ai bien sûr retrouvé toutes les personnes au service des belles idées du logiciel libre et des communs numériques. Framasoft, Wikipedia, the Free Encyclopedia France, OpenStreetMap, les associations locales pour un internet libre, les entreprises de l’open source et des communs numériques, tous ou presque avaient répondu présents.

À ma connaissance, c’était la première fois que la Direction interministérielle du numérique (DINUM) était présente aux JDLL, avec les excellents Samuel Paccoud et Virgile Deville.

Elle y a fait forte impression avec la suite numérique, démontrant comment elle utilise, héberge, déploie du logiciel libre à l’attention des agents de l’État, mais aussi contribue du code et même, avec l’annonce du guichet, comment elle va contribuer financièrement aux communautés du logiciel libre et des communs numériques.

Les conversations allaient bon train autour des stands, à la buvette (forcément), au food truck, dans le jardin, dans les couloirs, entre retrouvailles de libristes et débats passionnés sur les enjeux du numérique. Ironiquement, les JDLL se tenaient dans la foulée de Vivatech, mais loin d’une quelconque concurrence, JDLL se tenait à l’autre bout du spectre, avec une vision enthousiasmante du monde numérique porteuse d’espoir où chacun peut être un acteur et contributeur plutôt que se cantonner au simple rôle de consommateur.

Vivement l’années prochaine, en éspérant que l’ENS Lyon veuille bien accueillir à nouveau l’événement dans ces sympathique locaux !

jeudi 23 mai 2024

Comment l'IA et Windows 10 annulent les efforts de Microsoft pour le climat

Hier, j’ai publié ce billet sur LinkedIn. Il mérite sa place ici aussi, sur le Standblog.

Une annonce mirifique de Microsoft qui a bien mal vieilli, mai 2024

Les dirigeants de Microsoft annonçant la neutralité carbone en 2030. Source

Microsoft President Brad Smith, Chief Financial Officer Amy Hood and CEO Satya Nadella preparing to announce Microsoft’s plan to be carbon negative by 2030. (Jan. 15, 2020/Photo by Brian Smale)

En 2020, Microsoft annonçait une réduction massive de ses émissions de gaz à effet de serre au point qu’elles pourraient être réduite à zéro en 2030. C’était vraiment en avance de phase par rapport aux autres géants du numérique, et c’était une très bonne nouvelle.

Enfin… jusqu’à ce qu’il se passe deux choses :

1 - ils arrêtent de supporter Windows 10 l’année prochaine. Les utilisateurs de Windows 10 vont donc devoir passer à Windows 11. Le souci, c’est que ce dernier ne fonctionne qu’avec certaines puces de dernière génération. En fait, Microsoft a décidé de rendre incompatible Windows 11 avec des dizaines de modèles de processeurs Intel. Une étude de Canalys démontre ainsi que 240 millions de PC deviendraient obsolètes le jour où Windows 10 ne sera plus maintenu. Ce sont donc des centaines de millions de machines en bon état de fonctionnement qui vont venir polluer la planète. Et autant de machines neuves qu’il faudra fabriquer pour les remplacer ! Pas loin d’un million de tonnes de matériel et donc de déchets électroniques très polluants et quasi impossibles à recycler seront générés par une décision d’une entreprise qui fait… du logiciel !

Pour moi, c’est juste incompréhensible de faire passer comme progrès ce qui est en fait un scandale écologique à l’échelle planétaire.

On aurait pu croire qu’ils allaient s’arrêter là. Sauf que non :

2 - Alors que leurs émissions de gaz à effet de serre avaient été réduites, leurs investissements massifs dans l’IA les ont fait repartir à la hausse. En effet, la fabrication de nombreux datacenters, de milliers de serveurs mais aussi les quantités phénoménales d’énergie pour faire tourner l’IA (entrainement et inférence) sont bien sûr sources de carbone.

Alors on se demande où sont passées les bonnes résolutions de Microsoft quant à leur empreinte carbone ? Ça va donner quoi en termes de réputation ? Comment ça va se refléter sur le cours de l’action ?

Emission de GES de Microsoft : prévues vs effectives, mai 2024

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