J’ai écris ce texte sur LinkedIn, et j’ai ensuite réalisé qu’il serait aussi bien ici, sur mon blog. En voici donc un copier-coller pour ceux qui, comme moi, préfèrent le Web indépendant :
J’allais vous parler de souveraineté technologique, parce que c’est important en ce moment. Et puis non…
Je préfère vous parler d’autonomie stratégique. Ce revient à peu près au même, par certains aspects, me direz-vous. Certes, mais c’est très différent par d’autres. Je m’explique.
Fondamentalement, la souveraineté, ça ne peut s’appliquer au sens strict qu’à un État. Après, on peut étendre le sens à l’entreprise ou pire encore, à l’individu. Mais ça n’est pas tant ce que je reproche au terme souveraineté.
Parce que je l’ai longtemps défendu la souveraineté, dans des entreprises françaises et européennes, pour faire de la technologie qui nous donnerait, aux États, aux entreprises et aux individus, de la capacité d’agir sans demander la permission. Sauf que je me suis bien trop souvent retrouvé entouré de gens qui confondaient “Souveraineté” (technologique) et “Souverainisme”. Et le souverainisme, en France ces dernières années, est devenu un tremplin pour défendre le racisme, l’intolérance, l’isolationnisme et autres idées rances sous lesquelles on trouve trop souvent des traces de l’influence russe.
Alors que Trump et Musk font n’importe quoi aux USA en ce moment, alors que la Russie est en embuscade et l’Ukraine en sandwich, il est important d’être autonome sur les sujets stratégiques. Mais pas en se repliant sur soi-même, car nous sommes bien trop petits pour résister seuls à la Russie et aux USA.
Comment ? En coopérant avec d’autres. On sait bien que les USA peuvent couper l’accès à des ressources importantes sur lesquelles on s’appuie depuis longtemps, des avions de chasse aux logiciels connectés en passant par les services de Cloud dans lequel on a mis tellement de données stratégiques.
Alors il va falloir trouver des alternatives soit Made in France, soit Made in Europe, soit Made in logiciel libre. Et c’est là qu’on voit que l’autonomie stratégique, c’est tout autre chose que le repli sur soi. C’est le partage de la valeur du logiciel avec d’autres pays, pour rester indépendants. Oserais-je citer Lénine qui disait “La confiance n’exclut pas le contrôle” ? Ça tombe bien, l’accès au code source, à l’historique de son évolution, permet justement de faire ce contrôle. Ça n’est pas parfait, certes, mais c’est toujours mieux que de s’appuyer sur des boites noires qui peuvent être déconnectées à distance par d’anciens alliés colériques.
Laissons donc la souveraineté aux rabougris de l’identité et aux intolérants, et embrassons l’autonomie stratégique, ouverte, partageuse et basée sur la coopération !