En allant vélotaffer ce matin à coté du Louvre

Alors que nous vivons avec la grève pour le système des retraites, les vélos sont devenus beaucoup plus nombreux dans les rues des grandes villes. Cela m’a amené à relire un article datant de cet été : Qu’est-ce que le « système vélo » ? C’est un concept expliqué par le l’économiste et urbaniste Frédéric Héran, auteur de Le retour de la bicyclette. En voici un résumé :

Comme tout mode de transport, le vélo est un système, il faut, pour bien fonctionner :

  1. un véhicule en bon état et les services associés ;
  2. un réseau dense et continu, bien maillé ;
  3. des usagers capables de se servir de ce véhicule sur ce réseau et de respecter quelques règles ;
  4. un environnement accueillant et suffisamment sûr.

En plus de cela, depuis quelques années, quatre cercles vertueux se sont mis à tourner :

  1. Un effet de parc : plus les vélos sont nombreux, plus l’offre de vélos et d’accessoires s’étoffe et peut être adaptée à la diversité des clients, ce qui renforce l’usage du vélo. Que l’on songe, par exemple, aux vélos cargos : plus il y en a, plus il est facile de trouver un fournisseur et réparateur, et plus il y en a.
  2. Un effet de réseau : plus le réseau des aménagements cyclables est dense, plus il devient efficace et attractif. Le territoire est rendu plus accessible, au point que le choix du vélo finit par s’imposer jusqu’à saturer le réseau qu’il faut agrandir.
  3. Un effet de club : plus la communauté des cyclistes s’agrandit, plus elle accède à des avantages spécifiques (comme le double-sens cyclable ou le laisse-le-passage au feu rouge), accroît son pouvoir d’influence et tend à imposer la pratique du vélo comme nouvelle norme de comportement.
  4. Un effet de sécurité : plus les cyclistes sont nombreux, plus ils sont en sécurité. On constate que, quand la pratique augmente, les accidents diminuent (ou s’accroissent moins vite). Car les cyclistes deviennent plus visibles, les aménagements sont plus nombreux, de plus en plus d’automobilistes sont aussi par ailleurs cyclistes et font donc plus attention… ce qui encourage en retour la pratique. (Dans le jargon cycliste, on appelle cela la masse critique). C’est pour cela qu’aux Pays-Bas, les cyclistes ne portent pas de casque et n’en voient pas l’intérêt : ils sont suffisamment nombreux pour qu’on fasse attention à eux et donc qu’ils soient en sécurité à vélo.

Paris, en cette fin d’année 2019, est intéressant à plusieurs titres : d’une part les pistes cyclables sont de plus en plus nombreuses, ce qui rend la pratique plus facile. Par contre, le réseau de boutiques s’effondre sous la demande des néo-cyclistes ! Je voulais offrir une lumière pour son vélo à un collègue cycliste pour Noël, impossible d’en trouver une dans les différentes grandes surfaces. Pareil pour les pantalons de pluie !

Mais j’ai bon espoir que certains néo-cyclistes qui auront découvert la pratique du vélotaf vont continuer à prendre leur vélo pour aller travailler, peut-être justement parce que leurs débuts ont été dans les pires conditions, de nuit, sous la pluie et le froid. Après tout, n’ai-je pas commencé à vélotaffer un premier décembre ?