J'ai déjà écrit à plusieurs reprises l'une des choses que j'aime le plus à propos du et de l'Internet, c'est qu'il n'est pas nécessaire de demander la permission à qui que ce soit pour pouvoir participer et créer sur Internet, contrairement à des plates-formes propriétaires.
Il faut dire qu'à l'origine, l'Internet a été construit autour de ce principe. Il n'a pas été créé par une société unique ou un gouvernement avec une approche centralisée et hiérarchique. Les standards techniques qui ont rendu l'Internet possible ont été créés par des ingénieurs et des scientifiques qui avaient la volonté de partager et de voir les réseaux s'interconnecter.
Le résultat est que personne n'est propriétaire de l'Internet, et tout le monde peut participer.__
Cela pourrait bien changer, alors que les gouvernements vont se rencontrer la semaine prochaine à Dubai, à huis clos, pour déterminer si les Etats peuvent ou non réguler et contrôler la structure d'Internet.
Je laisse mon collègue Harvey Handerson, directeur juridique de Mozilla, expliquer pourquoi c'est problématique (l'emphase est de mon fait) :
Savoir si l'Internet doit être régulé par des traités gouvernementaux et jusqu’où il peut l'être est une question vitale. A dire vrai, c'est tellement important qu'une telle discussion ne peut pas avoir lieu à huis-clos. L'Internet tel qu'on le connaît a une importance telle dans nos vies qu'on ne peut pas laisser les gouvernements décider de son sort.
Voici pourquoi chacun de nous, citoyens du Net, devons prendre position sur cette question essentielle. Comment faire ?
- Lisez le papier de l'Internet Society, qui liste les dangers qui se cachent derrière la conférence de Dubai :
- Changement des accords sur les coûts des services Internet
- Comment cela peut amener à plus de censure via le filtrage DNS
- Protection des données privées
- Contrôle par les Etats sur le contenu et l'accès aux réseaux
- La gestion des adresses Internet
- changement fondamental du modèle de développement de l'Internet
- Abus de la notion de spam et d'utilisation abusive pour couper l'accès à Internet
- Visionnez la vidéo sous-titrée en français (pensez à sélectionner les sous-titres en français[1])
- Utilisez et partagez le ITU Engagement Kit.
- Parlez-en autour de vous, sur les réseaux sociaux, votre blog, dans la vraie vie.
La liberté de participer est l'un des piliers de l'Internet et l'une des raisons qui font que c'est une telle révolution. C'est à nous de la défendre !
Note
[1] Ecrits et validés par votre serviteur et d'autres internautes.
5 réactions
1 De JL - 01/12/2012, 05:49
Ce qui est alarmant, c'est que les autorités ont déjà montré leur mainmise sur les réseaux :
- les réseaux type Facebook sont logés aux USA, or on sait très bien que le gouvernement peut - loi aidant - accéder aux données dudit réseau, et donc à nos données, qu'importe que nous soyons américains ou d'ailleurs;
- le réseau MegaUpload. Bon, je ne vais pas défendre ou critiquer le principe de ce business model, mais des gens avaient stocké leur données sur ce réseau. Or, la justice américaine a coupé l'accès à ces données. J'ai beau être français, je dois subir la volonté d'un juge américain.
Facebook est américain. Google est américain. Twitter, etc. A la louche, 90% d'Internet est américain. Il ne reste que les réseaux sociaux japonais (et oui, Facebook est arrivé trop tard là-bas ^^) et quelques sites sans envergure.
Si les USA nous coupent de leur réseau, c'est notre accès à Internet qui disparait. On peut donc dire qu'Internet est déjà américain.
Mais alors, que faire ?
- passer par des systèmes de VPN ? Pourquoi pas, mais les états peuvent très bien forcer les ISP à bloquer les protocoles utilisés par les VPN les plus courants (c'est facile à faire sur un hotspot, c'est donc faisable à grande échelle sur les installations des ISP). On dit souvent que les gouvernements ont un train de retard sur l'aspect technologique, mais n'oublions pas qu'ils pourraient user de pratique radicales. Après tout, la Chine a bien verrouillé son réseau, preuve que c'est économiquement et technologiquement faisable;
- empêcher les états de légiférer davantage ? Pourquoi pas, mais sur ce plan là, c'est nous - utilisateurs - qui avons un train de retard. Il faudrait revoir pas mal de choses si l'on espère regagner notre e-liberté.
Enfin bref, on verra, mais ça va de plus en plus mal. Des projets ridicules tombent (HADOPI & ses potes), mais le mal est déjà fait.
2 De PPS - 01/12/2012, 18:48
C'est la que la diffusion de projets comme commotion prend toute son importance, en pemettant d'etablir un reseau de communication complet sans avoir a passer par les operateurs etablis.
Peut-on rever d'un reseau alternatif seulement base sur la participation des citoyens ?
https://commotionwireless.net/
3 De Bertrand Lemaire - 02/12/2012, 08:17
La vision libertaire d'Internet est une illusion et elle l'a toujours été. N'oublions pas qu'Internet a été créée par l'armée américaine pour ses besoins propres. De la même façon, Internet n'est pas un espace de non-droit et est soumis, comme n'importe quel média, aux règles générales du droit, avec des difficultés propres aux activités internationales. La traçabilité y est générale.
Plusieurs questions sont posées par Doha :
- doit-on laisser des entreprises privées maîtriser Internet ou accepter une administration démocratique et donc étatique ?
- doit-on laisser les Etats-Unis seuls maîtres d'Internet ou permettre à chaque état d'appliquer simplement sa législation nationale en toute souveraineté ? De toutes les façons, les dictatures coupent ou contrôlent déjà Internet, cela n'a rien de compliqué.
- peut-on laisser des intérêts privés profiter du règlement des deux premiers points pour glisser dans l'accord, subrepticement, des dispositions anti-démocratiques ?
4 De cdf - 04/12/2012, 14:02
@Bertrand Lemaire
- Croire qu une representation etatique sera un gage de democratie est un doux reve. La plupart des gouvernements sur la terre ne sont deja pas democratique. Et ceux qui le sont sur le papier ont souvent des pratiques limites. Pour rester en France, il n y a qu avoir la connivence entre les medias "classique" et la classe politique (la derniere preuve en date est l omerta sur les frasque sexuelles de DSK jusqu a ce qu il se fasse prendre a NY)
- en admettant qu on confie l internet a une organisation multi-gouvernementale sensee respecter les droits des gens, sera t elle plus efficaces que l ONU ? Si c est juste faire un machin pour pondre des resolutions qui ne servent a rien, autant depenser l argent de facon plus utile
- la legislation de chaque etat s applique deja sur internet. c est ce qui permet a la chine de forcer google a censurer certaines recherches (genre tian an men). Si on fait quelque chose pour leur faciliter la tache, par exemple en permettant au chinois de faire fermer un site au USA, c est pas forcement un plus pour 98 % des gens. Meme pour nous francais (par exemple en cas d incident nucleaire notre brillant gouvernement veillera a notre sante mentale en assurant que le nuage s est arrete a la frontiere ou simplement en mettant un barrage a l entree tel qu une petite societe ne pourra jamais concurrencer un mastotonde deja installe)
5 De Cantalou - 05/12/2012, 21:04
Je suis partagé. Je comprends et partage le souhait de préserver la liberté d'expression sur Internet.
Mais Internet est devenu tellement important dans la sphère professionnelle et privée que je me demande s'il n'est pas légitime qu'il y ait une régulation par le Politique, élu dans les démocraties et fondé à établir des règles.
Internet n'est plus un monde simplement virtuel. Il impacte tellement notre société que je pense qu'il ne peut plus être un monde sans règle.
Mais qui doit réguler Internet ?