Ce billet fait partie d'une série :
- A propos du logiciel propriétaire
- De l'importance du logiciel et de sa liberté
- Le logiciel Libre, nouveau mode d'organisation
- Conclusion.
- Le logiciel, c'est important. C'est même de plus en plus important dans nos vie, alors que nous interagissons avec notre environnement via des ordinateurs (qui ne sont que des gros presse-papiers tant qu'on a pas mis de logiciel dedans). Idem pour Internet.
- Le logiciel influence les actions de celui qui s'en sert (un billet sur ce sujet un de ces jours, depuis le temps que je le promets !).
- Quand on combine les deux points ci-dessus, on comprend que la liberté du logiciel est très importante pour la société qu'on est en train de batir.
Bref, ce point là est essentiellement "politique". Je déteste utilise ce mot car il est terriblement galvaudé et usé. Il est chargé négativement. C'est un mot qui, une fois qu'il a été prononcé, fait qu'une grande partie de l'audience déconnecte le cerveau et soit se désintéresse, soit tombe dans les ornières des discussion partisanes. Bref, c'est un mot qui fait fuir la raison et la discussion.
Pourtant, réfléchir sur la société que l'on est en train de batir est à mon sens essentiel, et le logiciel (et Internet) vont y jouer de grands rôles. En tant que citoyen, de père de famille, je me soucie du monde que nous bâtissons et que nous allons laisser à nos enfants.
Par ailleurs, je suis contre les brevets logiciels, car si on a bien compris depuis longtemps qu'il ne faut pas breveter les idées (on ne brevette heureusement pas les mathématiques), une poignées d'avocats qui ont bien compris que c'était bon pour leur business de pousser la brevetabilité des logiciels. Mais ça n'est pas bon pour la société. Je suis donc contre, parce que le code source d'un logiciel, ça n'est qu'un assemblage d'idées. Par contre, je suis pour le droit d'auteur, qui permet le diffusion protégée de logiciels propriétaires.
14 réactions
1 De Eric - 10/12/2008, 08:45
Bonjour Tristan,
Je lis depuis longtemps votre blog pour lequel j'ai beaucoup d'intérêt. Je suis utilisateur de logiciels libres et n'ai pas être convaincu de leur performance et de leur utilité.
Je suis sidéré depuis longtemps de l'efficacité du monde du logiciel libre dans un monde où la marchandisation progresse. J'ai du mal à imaginer que celui qui a une bonne idée ne souhaite en tirer profit. Pourtant ça marche ! Voir Firefox, OOo, Linux et bien d'autres... Je vois là une sorte de paradoxe que je ne m'explique pas.
J'adhère à votre raisonnement sur la nature particulière de l'informatique et de l'internet de plus en plus au cœur de nos vies et de celles de nos enfants. Je suis particulièrement intéressé par votre dernier paragraphe, mais je ne suis pas sur de bien le comprendre. Pouvez-vous développer la différence que vous faites entre le brevet et le droit d'auteur ? j'ai l'impression que l'on est là au cœur de la question.
Merci. Bonne journée.
Eric
2 De AbriCoCotier - 10/12/2008, 09:22
Si le mot "Politique" est galvaudé, on peut à mon avis le remplacer par "idéologique".
Et pour rebondir sur ton billet : l'informatique est comme tous les autres secteurs de la société : il a une politique de développement, de croissance, qui correspond à une ideologie, exactement comme l'idéologie autour de de la construction en bâtiment (aujourd'hui on construit durable), par exemple.
3 De Ingé - 10/12/2008, 11:21
Oui, "Politique"... pour ma part, je parlerais plutôt de "choix pragmatique à retardement". On choisit un certain type de logiciel, et c'est seulement très longtemps après qu'on se rend compte si on a fait le bon choix (si on a que des problèmes, ou si on a des solutions). C'est sûr que ça peut paraître "politique" comme ça, mais c'est juste anticiper, prévoir (avec l'expérience)...
4 De Bruno - 10/12/2008, 11:59
Le choix du libre peu être qualifié de « politique » (mais c'est une dérive du sens de l'adjectif politique) ou idéologique, philosophique, etc. Mais c'est souvent un choix économique et technologique : le rapport avantages techniques/coût d'un logiciel libre est souvent bien meilleur pour une solution libre. Je persiste à penser que le le logiciel libre est relativement neutre idéologiquement. Les valeurs « philosophiques » du libre sont _induites_ par l'ouverture du code : encouragement au partage du savoir et au travail collaboratif et aussi d'une certaine façon encouragement aux échanges non commerciaux. Chacun est libre d'adhérer ou non à ces principes.
(Au passage je suis sidéré de voir un peu partout, et jusque chez les utilisateurs et contributeurs du logiciel libre, les défenseurs du libre qualifiés d'intégristes, de gourous, de sectaires, voire de crypto-communistes.)
« La société que l'on est en train de bâtir », c'est la société de l'information (on est même déjà en plein dedans ;-)). Là effectivement se pose de vrais problèmes politiques. Quels contrôles sur la diffusion de l'information : le Web et l'Internet en général ? Quels contrôles sur les moyens d'y accéder et de la diffuser : nos ordinateurs, nos logiciels ? Il faut bien entendu s'interroger sur les choix que nous faisons et leurs conséquences : format ouvert ou propriétaire, logiciel libre ou propriétaire ?
Enfin, je trouve un peu dangereux de faire la confusion entre brevets logiciels et droits d'auteur. Je rappelle que les licences libres sont aussi faites pour protéger le droit d'auteur. De toute façon le droit d'auteur est protégé, de manière variable d'un pays à l'autre, par la législation en vigueur qui s'applique à toute œuvre de l'esprit qu'elle soit diffusée sous licence libre ou non. Une licence libre n'est qu'une cession de certains droits patrimoniaux (le droit moral étant inaliénable en droit français).
5 De Tristan - 10/12/2008, 12:14
@AbriCocotier : ah oui, "idéologique", c'est bien pire que "politique". Ca discrédite directement, sans même donner envie à personne l'envie d'écouter
@Eric : "ouvez-vous développer la différence que vous faites entre le brevet et le droit d'auteur ?"
Le droit d'auteur vous permet de diffuser une oeuvre (film, texte, tableau, sculpture, photo, logiciel propriétaire) comme vous le souhaitez. Vous en êtes le propriétaire identifié et vous contrôlez votre œuvre. C'est ce qui permet la vente des logiciels propriétaires en s'assurant de la rareté (il est interdit de copier sans autorisation de l'auteur). Par contre, d'autres ont le droit de reprendre les idées exprimées dans l'oeuvre et les adapter librement. Recopier l'oeuvre est bien sûr interdit.
Le brevet logiciel, c'est ce qui interdit le partage des idées. Une personne, une entreprise a une idée qui touche un mode de fonctionnement logiciel, elle brevette l'idée, et quiconque invente quelque chose qui reprend l'idée, même sans le savoir, peut être poursuivi en justice.
6 De 314r - 10/12/2008, 12:29
Juste une petite remarque en passant, le droit d'auteur permet la diffusion protégée du logiciel propriétaire mais est aussi essentiel pour le logiciel Libre. La GPL n'est pas contradictoire avec le principe de droit d'auteur : c'est le droit d'auteur qui garanti que le logiciel va etre redistribué et utilisé conformément à la GPL.
La précision me semble importante car on voit souvent l'amalgame logiciel libre/libre de droit.
A+
7 De Ingé - 10/12/2008, 14:04
@Tristan : "Le brevet logiciel, c'est ce qui interdit le partage des idées."
Et dire que les brevets ont été inventés pour que les inventeurs exposent leurs idées, et que ainsi, ces inventions puissent être vendus... Qu'est-ce que le système a été perverti, dites-donc !
8 De gene69 - 10/12/2008, 14:31
Vous constaterez qu'en matière de droit d'auteur, l'industrie du logiciel a réussi le coup de force d'être protégée par le droit d'auteur sans reconnaitre aux développeurs le statut d'auteur. Mais qui s'en soucie?
9 De Guid - 10/12/2008, 14:44
Comme le dit très justement 314r, la validité juridique (si tant est qu'elle existe dans tous les pays) de la GPL est entièrement basée sur le droit d'auteur. Sans droits d'auteur, plus de GPL. Dommage d'avoir fait l'impasse là dessus.
10 De Alain - 10/12/2008, 16:14
Les socialistes font parti mais ce billet fait partie d'une série.
11 De mawaline - 10/12/2008, 16:14
Politique, je trouve le terme tout à fait correct pour ma part, et pas du tout une dérive de l'adjectif politique. Politique vient du grec "polis", c'est à dire cité, peuple. Il s'agit bien de ce qui organise les affaires de la cité, et par extension (depuis le temps des cités/états de la grèce ancienne) des états. On est bien exactement dans cette optique là.
Donc oui Tristan, je suis bien d'accord avec vous : "la liberté du logiciel est très importante pour la société qu'on est en train de bâtir", et c'est très précisément une question politique : il y a des choix faits et à faire, et ces choix ont de sacrés conséquences sur nos existences, individuellement et collectivement.
12 De bber - 10/12/2008, 23:07
@gene69: cela fait normalement partie du contrat d'embauche: les droits sur tout ce qui est produit par l'employé revient à la société qui l'emploie. Si tu développe ton propre logiciel chez toi, tu peux toujours y mettre ton "copyright", bien que je doute que juridiquement cela vaille grand chose...
13 De laurentz - 11/12/2008, 14:08
@gene69: Les développeurs d'une entreprise sont des auteurs qui, parce qu'ils sont payés par cette entreprise, cèdent tous leurs droits à celle-ci qui devient alors auteur et propriétaire du logiciel. Il n'y a rien à redire à cela. Si ça ne fonctionnait pas comme cela, aucun système d'information d'entreprise ne serait possible.
14 De Fakir - 12/12/2008, 00:03
@laurentzt
Avant 1789 on disait aussi qu'en dehors d'un Roi de droit divin nul état ne pouvait être gouverné
Ton argument ne tient pas la route si on considèrerait que l'entreprise sous-traiterait ce même développement à un ou plusieurs développeurs indépendants. Ceux-ci pourraient accépter le contrat contre rénumeration sans session de toute ou partie de leurs droits.
Cela existe dans touts les domaines, même dans les plus improbable. Ainsi il en ai de même pour les droits à l'image des footballeurs du Real de Madrid. Certains l'ont cédé au Club, d'autres partiellement au Club, d'autres partiellement à des sociétés externes au Club, etc. Mais d'autres s'estimant en position de force n'ont rien cédé du tout. Pis ils ont même les meilleurs salaires et d'autres avantages. Les plus retords n'ont même pas de managers, juste des avocats payés à l'acte...