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lundi 28 août 2023

Il y a 5 ans, la démission de Nicolas Hulot et ma nouvelle prise de conscience du changement climatique

Il y a 5 ans aujourd’hui, Nicolas Hulot démissionnait en direct sur France Inter. Dans cette longue — et visiblement douloureuse — conversation, il a dit « J’espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde ».

Ce fut le cas pour moi. Certes, j’avais commencé à écrire sur le GIEC 15 ans plus tôt, en 2003, mais devant l’absence complète d’échos et d’écoute de mes congénères, j’ai fini par mettre le sujet de côté. L’annonce de Nicolas Hulot fut pour moi un coup de pelle en pleine gueule, une nouvelle prise de conscience, et elle fit surgir cette question lancinante :

Comment ai-je pu être assez con pour croire qu’avoir un ministre — certes médiatique et conscient des enjeux — suffirait à résoudre les problèmes liés à l’écologie, à la biodiversité et au climat ?

Comme il l’a dit lui-même à cette occasion :

Avons-nous commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Non. Avons-nous commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? Non. Ou à enrayer l’érosion de la biodiversité ? Non.

Puis :

On s’évertue à réanimer un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques.

Étourdi par ce coup de pelle, j’ai mis quelques semaines à réfléchir à ce que je pouvais faire. Et j’ai changé plein de trucs :

Bilan carbone

  • J’ai fait mon bilan carbone sur le site NosGEStesClimat.fr.
  • J’ai réduit drastiquement mes revenus et mes achats.

Mobilité

  • Vacances : je ne prends plus l’avion. C’est de loin ce qui a le plus aidé, dans mon cas, à réduire mon empreinte carbone ;
  • J’ai revendu une grosse partie de ma collection de motos, ma grosse américaine, ainsi que plusieurs vieux tromblons ;
  • Pour le quotidien, j’ai pris l’option vélotaf : je me suis mis au vélo électrique puis, la forme physique revenue, au vélo musculaire. Je n’ai qu’un seul regret : ne pas l’avoir fait beaucoup plus tôt !
  • Quand je suis en Normandie, chez mes parents, je roule à vélo musculaire aussi bien pour les courses que les déplacements ;
  • J’ai continué à éco-conduire, en peaufinant ma technique.
  • Quand j’ai du changer de voiture, j’ai pris une Peugeot 207 d’occasion en attendant le jour hypothétique où je pourrais passer à l’électrique (ou à rien du tout ?)
  • Pour les déplacements en région (travail ou loisir), je mets mon vélo pliant dans le train.

Tout cela contribue à une très importante réduction de mon empreinte carbone.

Consommation

  • J’ai drastiquement réduit ma consommation de bœuf.
  • J’ai réduit ma consommation de plastique en passant à des achats en vrac pour la lessive (lien de parrainage) et en éco-recharges pour les gels et shampooings.

Au niveau professionnel

J’ai ré-orienté ma carrière professionnelle :

  • Plus de travail à l’international, qui impliquaitdes voyages dans les pays lointains, donc en avion.
  • J’ai pris un poste de sustainability lead chez Scaleway (bis), mais le poste a été supprimé pendant ma période d’essai ;
  • Chez OCTO, je pousse le numérique responsable (forcément) et les communs numériques (tout aussi forcément) et je participe à l’excellent collectif Frugarilla

Apprendre pour comprendre

Pour structurer tout cela, je me suis formé, avec plein de lectures, de fresques, de conférences en ligne, de livres… (Le confinement a bien aidé) :

Augmenter la visibilité du sujet

J’ai décidé de parler publiquement du changement climatique par plusieurs moyens :

  • J’ai créé le podcast l’Octet Vert, « le podcast qui parle de climat, de numérique et qui file la pêche !» qui vient de terminer sa troisième saison et approche les 100 000 écoutes ;
  • J’ai fait des conférences sur le climat et le numérique dans plein de villes de France : La Rochelle, Lille, Rouen, Lyon, Toulouse, Le Mans, Saint-Etienne, Paris, Rennes, Quimper, Choisy le Roi et sûrement d’autres que j’oublie ;
  • J’ai participé à des podcasts sur ces sujets en tant qu’invité ;
  • Cerise sur le gâteau : j’ai participé au projet Born in PPM de Mary-Lou Mauricio.

Et maintenant ?

Franchement, je ne sais pas s’il faut remercier Nicolas Hulot pour sa démission, mais j’en parle parfois autour de moi et on mes interlocuteurs me répondent souvent que c’est la même chose pour eux : cette démission a été un électrochoc pour beaucoup de gens.

Il m’arrive souvent de regretter le monde d’avant, celui de l’ignorance de l’impact de mes actions, et de l’insouciance qui l’accompagnait. Mais passé le moment d’abattement, il y a eu celui de la réflexion et de la mise en action.

Mais maintenant que je sais, maintenant que j’ai décidé d’agir et que mon empreinte carbone a été divisée par 5, j’affronte ce futur incertain avec la conviction de faire ce qu’il faut faire (sans pour autant en avoir fini avec mes efforts !) et d’être — à ma très modeste échelle — une force positive pour l’avenir.

Et vous, vous avez fait le test NosGestesClimat ? C’est gratuit, ça ne prend que quelques minutes et c’est formidablement libérateur ! Foncez le faire !

mardi 11 juillet 2023

Utopies, futurs désirables et virage climatique : Apocalypse pas now

Photo de l'assemblée à la gaité Lyrique. Les intervenant sont assis, face à l'audience. Un visuel affiche 'apocalyspe pas now' en référence au film Apocalyspe Now

Ca fait des années que je pose la question “Comment faire prendre le virage climatique à mes concitoyens ?” Une partie des réponses pourrait être “en leur décrivant un futur qui est désirable”.

Autrement dit, parce que l’humain vit et fait société grâce aux histoires, il faut en inventer qui l’inspirent et lui donnent envie d’aller dans une nouvelle direction, une direction qui éviterait la catastrophe climatique…

C’est pourquoi avec les collègues du collectif Frugarilla d’OCTO, de Choses communes et Climax, nous avons organisé une nouvelle soirée Utopies dont le thème était “Apocalypse (pas) now”. C’était à la Gaîté Lyrique, lieu magnifique s’il en est, en plein Paris. La salle était comble, le débat passionnant, grâce à un line-up d’intervenants d’exception :

  • Natacha Vas-Deyres, professeure agrégée et chercheuse de l’université Bordeaux Montaigne. Spécialiste de la science-fiction, elle a fondé et préside le festival Hypermondes ;
  • Pierre-Antoine Marti, prospectiviste chez Futuribles. Il prépare une thèse à l’EHESS sur les fictions du futur.
  • Camille Leboulanger, auteur de multiples ouvrages. Son dernier livre est une utopie, Eutopia, sortie en octobre 2022 aux éditions Argyll.
  • Lauren Boudard, autrice, enquêtrice et cofondatrice du média écolo-punk Climax.

Le débat était animé par votre serviteur, membre de Frugarilla.

Alors je ne vais pas tenter de résumer ces échanges épiques entre l’auteur de science-fiction, Camille Leboulanger et les autres spécialistes du sujet, faute d’avoir pris des notes, d’autant plus que j’était très occupé à modérer le débat.

Un peu de lecture, quand même ?

Pourtant, la question de fin — un peu comme dans mon podcast l’Octet Vert — portait sur des recommandations de lectures. Et grâce aux notes de participants[1] qu’ils m’ont ensuite communiquées, voici les recommandations de lecture des intervenants !

Lauren Boudard, cofondatrice de Climax

Camille Leboulanger, auteur de Eutopia

Natacha Vas-Deyres, autrice, co-fondatrice et présidente du Festival Hypermondes

Pierre-Antoine Marti, historien spécialiste de la SF

Bonus, pour frimer sans retenue aucune

Surprise, l’excellent Cyroul (Cyril Rimbaud), dans son infolettre très pointue Novfut (des nouvelles du futur), dans son édition #19, nous mentionne avantageusement :

Ce mardi (04/07) se déroulait La science-fiction à la rescousse du futur, une table ronde où discutait auteur, chercheurs et spécialistes de SF. Le but étant de débattre de la façon dont la SF racontait des choses belles (utopies) face aux récits négatifs (dystopies) évidents. organisée par Climax, Frugarilla et Choses Communes, Merci à eux.

L’ami Pablo Pernot, de Frugarilla comme moi, nous a commis un billet, Narration, imaginaire, futur et adaptation sur ce même sujet.

Note

[1] Merci joachim@boitam.eu (sur Mastodon) et Ève !

lundi 5 juin 2023

Quelle est l'empreinte carbone d'un français moyen ?

empreinte_carbone_moyenne_en_France_en_2021_par_Carbone4.png, mai 2023

La société Carbone4 vient de publier une nouvelle version de son esstimation de l’empreinte carbone moyenne d’un français. En quoi est-ce intéressant ? Comme vous le savez, chacun de nous, par ses activités, emet des gaz à effet de serre (GES), ce qui cause le changement climatique. Ces émissions sont comptées en tonnes de CO2e, ou Équivalent CO2.

Et ce graphique affiche donc les émissions d’un français moyen. C’est très intéressant car cela permet de voir les “grandes masses”, là où nos efforts auront le plus d’impact. Cela comprend les émissions produites en France, mais aussi celles des objets importés en France même si les émissions ont été produites lors de la fabrication de cet objet dans un autre pays (par exemple, la Chine).

Les grands postes :

  • La voiture et aussi l’avion (qui peut sembler petit en comparaison, mais qui est utilisé par une minorité de personnes)
  • La viande qu’on mange
  • Le chauffage de la maison
  • L’équipement de la maison

Diviser par 5 nos émissions

Pour respecter l’accord de Paris, qui en gros vise à éviter que le changement climatique rende la terre invivable pour les humains, il faut rester le plus possible en dessous de 2°C, idéalement 1,5°C. Pour cela, il faut que chaque humain en moyenne émette environ 2 tonnes de CO2e par an. Pour l’instant en moyenne en France, nous sommes à environ 10 tonnes. Il faut donc diviser ces émissions par 5 d’ici 2050.

Cet article explique cela très bien.

Estimer ses émissions plutôt que se fier à une moyenne

Avoir une idée de comment se font les émissions moyennes en France, c’est intéressant, surtout si on veut réfléchir à ce qu’on peut faire au niveau politique. Par exemple favoriser l’isolation des logements, réduire l’usage de la voiture pour favoriser le vélo à chaque fois que c’est possible.

Mais si on cherche plutôt à savoir ce qu’on peut faire au niveau individuel, alors une estimation de nos émissions individuelles est bien plus pertinent. À ce titre, je recommande vivement d’aller faire un tour chez NosGEStesClimat.fr, qui permet de le faire en répondant à quelques questions. Ça prend moins de 10 minutes !

En plus, à la fin, on clique sur “Passer à l’action” et le système nous donne une liste des actions par lesquelles commencer pour réduire nos émissions.

Et ensuite ?

On peut se documenter sur ces sujets, lire des livres, ou participer à des événements pour en savoir plus. Par exemple :

  • La Fresque du climat, 3 heures en groupe pour mieux comprendre le changement climatique ;
  • L’atelier 2 tonnes, 3 heures en groupe pour réfléchir ensemble à ce qu’on peut faire à titre individuel et surtout collectif.

Et puis on peut s’engager pour aller au delà des gestes individuels, par exemple au niveau associatif, ou même politique : les décideurs politiques ne prendront les bonnes décisions pour lutter contre le changement climatique que si on leur fait comprendre qu’ils perdront les élections s’ils ne le font pas !

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