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jeudi 23 mai 2024

Comment l'IA et Windows 10 annulent les efforts de Microsoft pour le climat

Hier, j’ai publié ce billet sur LinkedIn. Il mérite sa place ici aussi, sur le Standblog.

Une annonce mirifique de Microsoft qui a bien mal vieilli, mai 2024

Les dirigeants de Microsoft annonçant la neutralité carbone en 2030. Source

Microsoft President Brad Smith, Chief Financial Officer Amy Hood and CEO Satya Nadella preparing to announce Microsoft’s plan to be carbon negative by 2030. (Jan. 15, 2020/Photo by Brian Smale)

En 2020, Microsoft annonçait une réduction massive de ses émissions de gaz à effet de serre au point qu’elles pourraient être réduite à zéro en 2030. C’était vraiment en avance de phase par rapport aux autres géants du numérique, et c’était une très bonne nouvelle.

Enfin… jusqu’à ce qu’il se passe deux choses :

1 - ils arrêtent de supporter Windows 10 l’année prochaine. Les utilisateurs de Windows 10 vont donc devoir passer à Windows 11. Le souci, c’est que ce dernier ne fonctionne qu’avec certaines puces de dernière génération. En fait, Microsoft a décidé de rendre incompatible Windows 11 avec des dizaines de modèles de processeurs Intel. Une étude de Canalys démontre ainsi que 240 millions de PC deviendraient obsolètes le jour où Windows 10 ne sera plus maintenu. Ce sont donc des centaines de millions de machines en bon état de fonctionnement qui vont venir polluer la planète. Et autant de machines neuves qu’il faudra fabriquer pour les remplacer ! Pas loin d’un million de tonnes de matériel et donc de déchets électroniques très polluants et quasi impossibles à recycler seront générés par une décision d’une entreprise qui fait… du logiciel !

Pour moi, c’est juste incompréhensible de faire passer comme progrès ce qui est en fait un scandale écologique à l’échelle planétaire.

On aurait pu croire qu’ils allaient s’arrêter là. Sauf que non :

2 - Alors que leurs émissions de gaz à effet de serre avaient été réduites, leurs investissements massifs dans l’IA les ont fait repartir à la hausse. En effet, la fabrication de nombreux datacenters, de milliers de serveurs mais aussi les quantités phénoménales d’énergie pour faire tourner l’IA (entrainement et inférence) sont bien sûr sources de carbone.

Alors on se demande où sont passées les bonnes résolutions de Microsoft quant à leur empreinte carbone ? Ça va donner quoi en termes de réputation ? Comment ça va se refléter sur le cours de l’action ?

Emission de GES de Microsoft : prévues vs effectives, mai 2024

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samedi 10 février 2024

Bilan 5 ans de velotaf

compteurs d'écran de vélo

Début décembre 2018, je remontais à vélo, et pour la première fois, c’était pour aller travailler . Un beau VAE (vélo à assistance électrique) : je venais de changer de travail, les trajets en transports en commun étaient compliqués et j’avais revendu mon scooter parce qu’il était mauvais pour ma santé et l’environnement.

Un an plus tard, je fais le bilan et ma conclusion après avoir perdu 6 kg au passage, c’est que j’aurais du commencer le vélo plus tôt.

bilan 3 ans de vélotaf environ 11 000 km parcourus, 16 kg de perdus par rapport à la période où je me déplaçais en scooter.

Et maintenant, 5 ans plus tard ? Plus de 19 000 km parcourus, 19 kg de perdus. Mon VAE n’est quasiment plus utilisé, mon vélo musculaire (sans assistance) est celui que j’utilise au quotidien. Comme je parcours environ 12 km par jour tous les jours, je suis sur une tendance à 4200 km par an environ. Pourvu que ça dure !

Je vois relis le paragraphe ci-dessus, et j’éprouve des sentiments contradictoires. D’un coté, je suis ravi et fier d’approcher les 20 000 km à vélo. Ca me paraît incroyable. D’un autre coté, je ne voudrais pas que cela soit pris pour un genre de vantardise, une façon de me faire mousser, un genre de version cycliste de blaireau en SUV qui clame qu‘“il fait de la borne”.

Je suis impressionné par le le nombre de kilomètres effectués sans finalement m’en rendre compte, à coup de 25 mn aller le matin et 25 minutes retour le soir. Si je parle de de ces kilomètres, c’est plus pour encourager mes contemporains qui auraient du mal à imaginer faire de même.

Et pourtant, il suffit de ressortir le VTT qui dort probablement dans la cave, le faire réviser, pour voir un week-end si on peut aller au boulot en prenant les itinéraires proposés par l’excellent Géovélo. Il peut être intéressant de se faire accompagner par quelqu’un de plus expérimenté, qui connaît les pistes cyclables.

Tristan sur son vélo en Suisse Normande, sur un pont

lundi 28 août 2023

Il y a 5 ans, la démission de Nicolas Hulot et ma nouvelle prise de conscience du changement climatique

Il y a 5 ans aujourd’hui, Nicolas Hulot démissionnait en direct sur France Inter. Dans cette longue — et visiblement douloureuse — conversation, il a dit « J’espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde ».

Ce fut le cas pour moi. Certes, j’avais commencé à écrire sur le GIEC 15 ans plus tôt, en 2003, mais devant l’absence complète d’échos et d’écoute de mes congénères, j’ai fini par mettre le sujet de côté. L’annonce de Nicolas Hulot fut pour moi un coup de pelle en pleine gueule, une nouvelle prise de conscience, et elle fit surgir cette question lancinante :

Comment ai-je pu être assez con pour croire qu’avoir un ministre — certes médiatique et conscient des enjeux — suffirait à résoudre les problèmes liés à l’écologie, à la biodiversité et au climat ?

Comme il l’a dit lui-même à cette occasion :

Avons-nous commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Non. Avons-nous commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? Non. Ou à enrayer l’érosion de la biodiversité ? Non.

Puis :

On s’évertue à réanimer un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques.

Étourdi par ce coup de pelle, j’ai mis quelques semaines à réfléchir à ce que je pouvais faire. Et j’ai changé plein de trucs :

Bilan carbone

  • J’ai fait mon bilan carbone sur le site NosGEStesClimat.fr.
  • J’ai réduit drastiquement mes revenus et mes achats.

Mobilité

  • Vacances : je ne prends plus l’avion. C’est de loin ce qui a le plus aidé, dans mon cas, à réduire mon empreinte carbone ;
  • J’ai revendu une grosse partie de ma collection de motos, ma grosse américaine, ainsi que plusieurs vieux tromblons ;
  • Pour le quotidien, j’ai pris l’option vélotaf : je me suis mis au vélo électrique puis, la forme physique revenue, au vélo musculaire. Je n’ai qu’un seul regret : ne pas l’avoir fait beaucoup plus tôt !
  • Quand je suis en Normandie, chez mes parents, je roule à vélo musculaire aussi bien pour les courses que les déplacements ;
  • J’ai continué à éco-conduire, en peaufinant ma technique.
  • Quand j’ai du changer de voiture, j’ai pris une Peugeot 207 d’occasion en attendant le jour hypothétique où je pourrais passer à l’électrique (ou à rien du tout ?)
  • Pour les déplacements en région (travail ou loisir), je mets mon vélo pliant dans le train.

Tout cela contribue à une très importante réduction de mon empreinte carbone.

Consommation

  • J’ai drastiquement réduit ma consommation de bœuf.
  • J’ai réduit ma consommation de plastique en passant à des achats en vrac pour la lessive (lien de parrainage) et en éco-recharges pour les gels et shampooings.

Au niveau professionnel

J’ai ré-orienté ma carrière professionnelle :

  • Plus de travail à l’international, qui impliquaitdes voyages dans les pays lointains, donc en avion.
  • J’ai pris un poste de sustainability lead chez Scaleway (bis), mais le poste a été supprimé pendant ma période d’essai ;
  • Chez OCTO, je pousse le numérique responsable (forcément) et les communs numériques (tout aussi forcément) et je participe à l’excellent collectif Frugarilla

Apprendre pour comprendre

Pour structurer tout cela, je me suis formé, avec plein de lectures, de fresques, de conférences en ligne, de livres… (Le confinement a bien aidé) :

Augmenter la visibilité du sujet

J’ai décidé de parler publiquement du changement climatique par plusieurs moyens :

  • J’ai créé le podcast l’Octet Vert, « le podcast qui parle de climat, de numérique et qui file la pêche !» qui vient de terminer sa troisième saison et approche les 100 000 écoutes ;
  • J’ai fait des conférences sur le climat et le numérique dans plein de villes de France : La Rochelle, Lille, Rouen, Lyon, Toulouse, Le Mans, Saint-Etienne, Paris, Rennes, Quimper, Choisy le Roi et sûrement d’autres que j’oublie ;
  • J’ai participé à des podcasts sur ces sujets en tant qu’invité ;
  • Cerise sur le gâteau : j’ai participé au projet Born in PPM de Mary-Lou Mauricio.

Et maintenant ?

Franchement, je ne sais pas s’il faut remercier Nicolas Hulot pour sa démission, mais j’en parle parfois autour de moi et on mes interlocuteurs me répondent souvent que c’est la même chose pour eux : cette démission a été un électrochoc pour beaucoup de gens.

Il m’arrive souvent de regretter le monde d’avant, celui de l’ignorance de l’impact de mes actions, et de l’insouciance qui l’accompagnait. Mais passé le moment d’abattement, il y a eu celui de la réflexion et de la mise en action.

Mais maintenant que je sais, maintenant que j’ai décidé d’agir et que mon empreinte carbone a été divisée par 5, j’affronte ce futur incertain avec la conviction de faire ce qu’il faut faire (sans pour autant en avoir fini avec mes efforts !) et d’être — à ma très modeste échelle — une force positive pour l’avenir.

Et vous, vous avez fait le test NosGestesClimat ? C’est gratuit, ça ne prend que quelques minutes et c’est formidablement libérateur ! Foncez le faire !

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