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mercredi 18 décembre 2024

Les limites planétaires et l'IA

Il y a quelques jours, on me disait sur LinkedIn “Avec l’IA, la seule limite, c’est notre curiosité”.

Sauf que non.

Le problème, c’est que l’IA n’existe pas dans le vide, mais sur une planète. Et la notion de limites planétaires, ça existe. On en a recensé 9, dont 6 sont déjà largement dépassées et la 7e est en cours.

Le recours à l’IA pose problème dans plusieurs d’entre elles, dont :

  1. le climat (pour alimenter les datacentres, on émet massivement des gaz à effet de serre, on prolonge la vie des centrales à charbon) ;
  2. la pollution (pour fabriquer les fameux GPU et autres équipements) ;
  3. la consommation d’eau pour fabriquer le matériel (par exemple TSMC consomme 100 millions de tonnes d’eau par an) et refroidir les datacentres ;
  4. le changement d’usage des sols (en creusant des mines et en construisant des datacentres) ;
  5. l’effondrement de la biodiversité, qui est le plus préoccupant avec le climat, pour toutes les raisons ci-dessus.

La planète est dans un sale état, et accélérer l’IA c’est accélérer la destruction du vivant.

Cela m’ennuie beaucoup, car le numérique me passionne et l’IA une innovation impressionnante.

Mais faut lever le nez du guidon de nos activités polluantes et regarder le mur qui approche.

Alors, on prend le virage et on ralentit, ou on se laisse hypnotiser par d’impressionnants gadgets ?

De la même façon, le patron de Palantir déclare sur Instagram “Les USA sont les seuls à mener la révolution de l’IA” je paraphrase. Et les entrepreneurs français de crier au loup et qu’il faut qu’on fasse la même chose en Europe. Sauf que non.

On peut considérer qu’il y a une compétition entre la Chine, les US et l’Europe, et qu’il faut à tout prix éviter de se faire distancer, mais il y a un problème majeur : entre les concurrents au taquet et la ligne d’arrivée, il y a un gouffre mortel : les limites planétaires.

On l’a vu ci-dessus : cette compétition est mortifère.

IL faudrait aussi ne pas oublier que le rôle de l’économie, c’est d’organiser la société pour que chacun puisse vivre correctement, pas de faire crever de faim les plus faibles, les moins adaptables et ceux qui ne sont pas nés du bon coté d’une frontière et vue d’enrichir ceux qui sont déjà riches à crever.

Il va falloir enlever les lunettes datées du XXe S. et lever le nez du guidon. On fait quoi pour prendre le virage et éviter le massacre ?

Parce que je n’ai rien contre une bonne compétition (moi aussi j’ai des cicatrices pour le prouver) ou la préservation de la souveraineté, mais “we need to get our priorities straight”, comme on dit dans la Valley. Dans le terroir, on dit plutôt qu’il faut remettre l’église au centre du village…

(Ça va mieux en l’écrivant : ce billet est garanti sans IA.)

samedi 7 décembre 2024

Bilan : 6 ans de vélotaf

Sur LinkedIn, j’ai publié un billet à propos de mes 6 ans de vélotaf. Le voici :

“Mais pourquoi je n’ai pas commencé plus tôt ?” Chaque année, je me pose la même question.

Parce que chaque début décembre, je fête l’anniversaire de mon passage au vélotaf, le fait d’aller travailler à vélo. Auparavant, j’allais travailler en scooter ou à moto, et j’étais largement en surpoids… Et je le suis toujours ! Et je n’avais jamais le temps d’aller à la salle de gym faire un peu d’exercice.

Quand j’ai changé de travail, je me suis dit qu’il fallait arrêter le scooter, pas compatible avec un travail sédentaire. Alors j’ai acheté un vélo électrique, un Moustache Bikes. J’ai pédalé pendant 2 ans avec, en réalisant que le trajet de 4 km était bien trop court. Alors je l’ai rallongé. Au lieu de faire 8 km par jour, j’en faisais plutôt 12, 8 le matin et 4 le soir. Ou 16, 8 le matin et 8 le soir, soit jusqu’à 1h par jour d’exercice. L’assistance électrique du vélo était généralement au minimum, sauf quand je portais une veste et que j’allais à un rendez-vous important. Quand mes collègues prenaient le SUV de fonction pour aller à un rendez-vous, je prenais quand même mon vélo et j’arrivais toujours avant eux, et beaucoup plus détendu de n’avoir pas galéré dans les embouteillages puis pour trouver une place de parking.

Depuis, j’ai gagné du muscle, perdu du poids (-16 kg, tout de même !), et donc j’ai arrêté le vélo… électrique, pour passer au vélo normal/mécanique/musculaire (rayez les mentions inutiles).

Six ans plus tard, j’ai du parcourir plus de 24 000 km à vélo, j’ai résilié mon abonnement à la gym et pourtant , je suis en bien meilleure forme qu’à l’époque, il faut dire qu’à raison de 50 mn d’exercice par jour je brûle de la calorie au quotidien !

Mon vélo électrique du début est maintenant à la retraite, et sauf rares exception, je ne roule plus que sur des vélos musculaires.

J’ai aussi un vélo pliant, un Brompton Bicycle que je glisse entre 2 sièges de TGV quand j’ai un rendez-vous en région.

Mon seul regret ? Ne pas avoir commencé le vélo plus tôt. Si seulement j’avais su !

Les précédents bilans

jeudi 23 mai 2024

Comment l'IA et Windows 10 annulent les efforts de Microsoft pour le climat

Hier, j’ai publié ce billet sur LinkedIn. Il mérite sa place ici aussi, sur le Standblog.

Une annonce mirifique de Microsoft qui a bien mal vieilli, mai 2024

Les dirigeants de Microsoft annonçant la neutralité carbone en 2030. Source

Microsoft President Brad Smith, Chief Financial Officer Amy Hood and CEO Satya Nadella preparing to announce Microsoft’s plan to be carbon negative by 2030. (Jan. 15, 2020/Photo by Brian Smale)

En 2020, Microsoft annonçait une réduction massive de ses émissions de gaz à effet de serre au point qu’elles pourraient être réduite à zéro en 2030. C’était vraiment en avance de phase par rapport aux autres géants du numérique, et c’était une très bonne nouvelle.

Enfin… jusqu’à ce qu’il se passe deux choses :

1 - ils arrêtent de supporter Windows 10 l’année prochaine. Les utilisateurs de Windows 10 vont donc devoir passer à Windows 11. Le souci, c’est que ce dernier ne fonctionne qu’avec certaines puces de dernière génération. En fait, Microsoft a décidé de rendre incompatible Windows 11 avec des dizaines de modèles de processeurs Intel. Une étude de Canalys démontre ainsi que 240 millions de PC deviendraient obsolètes le jour où Windows 10 ne sera plus maintenu. Ce sont donc des centaines de millions de machines en bon état de fonctionnement qui vont venir polluer la planète. Et autant de machines neuves qu’il faudra fabriquer pour les remplacer ! Pas loin d’un million de tonnes de matériel et donc de déchets électroniques très polluants et quasi impossibles à recycler seront générés par une décision d’une entreprise qui fait… du logiciel !

Pour moi, c’est juste incompréhensible de faire passer comme progrès ce qui est en fait un scandale écologique à l’échelle planétaire.

On aurait pu croire qu’ils allaient s’arrêter là. Sauf que non :

2 - Alors que leurs émissions de gaz à effet de serre avaient été réduites, leurs investissements massifs dans l’IA les ont fait repartir à la hausse. En effet, la fabrication de nombreux datacenters, de milliers de serveurs mais aussi les quantités phénoménales d’énergie pour faire tourner l’IA (entrainement et inférence) sont bien sûr sources de carbone.

Alors on se demande où sont passées les bonnes résolutions de Microsoft quant à leur empreinte carbone ? Ça va donner quoi en termes de réputation ? Comment ça va se refléter sur le cours de l’action ?

Emission de GES de Microsoft : prévues vs effectives, mai 2024

Ailleurs

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