Si quelqu’un (moi ?) vous a envoyé sur cette page, c’est qu’il ou elle estime que vous êtes dans le déni du problème climatique. Oh, bien sûr, vous êtes au courant qu’il y a un problème avec le climat : il change, il se réchauffe, et tout le monde en parle. Comprenons-nous bien : je ne dis pas que vous niez le changement climatique, juste que vous refusez juste les changements qui s’imposent.
Car pour limiter ce changement climatique, il va falloir changer beaucoup de choses :
- Changer notre façon de consommer, et consommer moins ;
- Changer notre façon de nous déplacer, et se déplacer moins ;
- Changer notre façon de nous alimenter, et consommer moins de viande ;
- Changer notre façon de produire et produire moins ;
- Changer notre façon de créer de la richesse, et la partager plus.
En fait, le plus dur, c’est d’abandonner ses habitudes, revisiter ses certitudes et pire encore, de renoncer à ses rêves. Ca n’est pas facile et on a tendance à nier les choses qui nous dérangent parce que la vie est alors plus facile à vivre.
Je sais de quoi je parle, je suis fait comme vous. J’ai été biberonné au marketing de la bagnole, du tourisme de masse et on m’a raconté toute ma vie qu’en travaillant plus, je gagnerais plus, pour aller en vacances plus loin et m’acheter une bagnole plus puissante, plus confortable, et plus “statutaire”. Sauf que ça n’est plus possible si on veut avoir un avenir pour nos enfants.
Car c’est bien ça le problème : on constate déjà depuis 1990 (le premier rapport du GIEC) et même depuis 1972 (le rapport Meadows, dit “du club de Rome”), que notre consommation effrénée mène la société occidentale à sa perte. 30 ans ou presque qu’on se dit qu’il faut faire quelque chose et qu’on accélère plutôt que de changer de direction.
J’écris ces quelques lignes fin juin 2019, en plein canicule. Elle n’a jamais été aussi précoce, les records de chaleur sont battus, 76 départements en vigilance orange, 4 en vigilance rouge, alors que le Haut Comité pour le Climat remet un rapport au gouvernement en déclarant : « Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ».
Cette canicule pourrait n’être qu’un hasard, mais de nombreux signaux sont au rouge :
- Les oiseaux migrent plus tôt,
- la biodiversité s’effondre (la dernière fois que c’est arrivé, c’était lors de l’extinction des dinosaures),
- les émissions de CO2 liées aux voitures thermiques continuent d’augmenter,
- Ca serait risible si ça n’était pas effarant : Air France propose des billets d’avions moins chers avec le slogan “plus la température monte, plus les prix baissent”,
- La pollution de l’air tue 48 000 personnes par an en France (c’est 15 fois plus que les accidents de la route).
- La température augmente de façon très sensible en France :
Anomalie de la température moyenne annuelle de l’air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne en France (l’indicateur est constitué de la moyenne des températures de 30 stations météorologiques. Le zéro correspond à la moyenne de l’indicateur sur la période 1961-1990, soit 11,8 °C). Source
D’après le rapport spécial du GIEC sur les 1,5°C, nous sommes sur une trajectoire de deux degrés supplémentaires, ce qui signifie que sur la seconde moitié du XXIe S. :
- le nombre de jours et nuits chaudes continuera d’augmenter
- une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes de chaleur extrême dans les régions densément peuplées
- des réductions des rendements de maïs (-15%), riz, blés et autres cultures céréalières en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud-Est et centrale et en Amérique du Sud.
- Plus de 350 millions de personnes pourraient être exposées à des vagues mortelles de chaleur d’ici 2050 ;
- 490 millions de personnes exposées à une pénurie d’eau nouvelle ou aggravée.
En clair : plus de difficultés pour nourrir les gens, pour leur donner à boire, plus de chaleur mortelle.
Inévitablement, des populations qui vont quitter leurs pays devenus inhabitables, c’est à dire plus d’immigration. Quand on voit ce que ça donne autant pour les migrants ainsi que les tensions au sein des États européens alors que le nombre de nouveaux migrants en Europe ne représente que moins de 0,5% de sa population par an, on se dit que les choses vont vraiment se compliquer avec le réchauffement climatique.
Va-t-on arriver à limiter le réchauffement climatique à 2°C ? Oui, si nous arrivons à baisser nos émissions de CO2 de 20 % d’ici 2030. Sauf qu’aujourd’hui, même après s’être engagés à réduire nos émissions dans le cadre des accords de Paris, nous continuons à les augmenter.
Le communiqué de presse du GIEC pour leur rapport spécial d’octobre 2018 était clair :
Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, il faudrait modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société.
Je sais bien que c’est difficile à accepter, je suis passé par là. Mais si on veut donner à nos enfants (si vous en avez) ou à l’humanité les moyens de vivre sans famines ni guerres civiles, nous n’avons plus le choix, nous avons déjà trop tardé. Pour ma part, j’ai déjà commencé à changer mes habitudes. Je compte sur vous pour faire de même. C’est indispensable. Ça urge.