Apple a annoncé hier une pré-version réservée aux développeurs de son futur système d'exploitation, appelé OS X Mountain Lion. La presse en ligne s'est précipité pour annoncer les nouveautés. Certains pour dire que c'était génial, d'autres pour dire que c'est complètement nul. Finalement, les gens qui font les titres sont un peu comme Steve Jobs, avec une perception binaire du monde : soit c'est génial, soit c'est nul.

Pour ma part, je vais me concentrer sur une seule fonctionnalité, appelée GateKeeper.

Mais avant, un petit rappel :

  • Pour installer une application sur un ordinateur de bureau (Windows ou Mac), on va traditionnellement sur le site de l'éditeur du logiciel, on clique sur "Télécharger", et on installe le logiciel en question.
  • Depuis peu, Apple propose un App Store, comme sur l'iPhone. La grande différence entre les deux, c'est que sur l'iPhone (et l'iPad), c'est la seule option offerte. Et il n'y a qu'un seul App Store, celui d'Apple.
  • Il est fréquent que les éditeurs "signent" (c'est un genre de chiffrement) les applications pour s'assurer qu'elles n'ont pas été modifiées pendant le téléchargement. Un "pirate" pourrait en effet essayer d'intercepter le téléchargement et injecter un code malicieux aux dépends de l'utilisateur.
  • Pour l'instant, n'importe qui ayant les compétences peut écrire une application pour Windows ou Mac, et la publier sur son site Web, sans demander l'autorisation à qui que ce soit. C'est ce qui a permis l'explosion de la micro-informatique (avec la baisse de prix du matériel) : chacun peut faire un logiciel et le proposer au téléchargement.

La nouveauté appelée GateKeeper, c'est que l'utilisateur va disposer de 3 options dite de sécurité.

copie d'écran GateKeeper. Origine : Apple

La copie d'écran ci-dessus indique bien ces trois options. "Autoriser les applications téléchargées depuis :"

  1. Map App Store (uniquement)
  2. Mac App Store et les développeurs identifiés (option par défaut dans OS X Mountain Lion)
  3. N'importe où.

Je suis très préoccupé par l'approche d'Apple. Au nom de la sécurité (ce qui est louable en tant que tel), Apple se réserve le droit de bloquer l'utilisation de toutes les application d'un développeur qui aurait fait quelque chose qui n'est pas du goût d'Apple.

  1. C'est donner beaucoup de pouvoir de façon centralisée à une organisation. De plus, Apple a d'innombrables casseroles aux fesses (interdictions indues de l'iOS App Store).
  2. Je suis persuadé qu'à terme, l'option #1 sera cochée par défaut. L'option 2 n'est qu'une étape intermédiaire entre la 3eme option (situation actuelle) et la #1 (où Apple a tous les pouvoir sur la distribution des logiciels Mac, comme c'est déjà le cas sur iOS). Et même s'il est possible d'aller dans les préférences changer la valeur par défaut, les gens ne le feront pas, car ils ne l'ont jamais fait.
  3. Apple encourage déjà les éditeurs de logiciels à passer sur l'App Store. Par exemple certaines fonctionnalités du système, dont iCloud et Notification Center ne semblent pas être disponibles ni aux applications non signées, ni celles signées mais ne passant pas par l'App Store. Il n'y a pas de raisons techniques à cela, comme le remarque le Panic Blog.

Au final, Apple joue sur la peur des utilisateurs et l'envie des développeurs d'utiliser des fonctionnalités innovantes pour gagner encore plus de contrôle sur son écosystème, aux dépends des utilisateurs. Je pense que c'est un modèle de société qui est à l'opposé de ce que je souhaite : je préfère la liberté et le désordre occasionnel à l'ordre parfait.