Il y a quelques jours, on me disait sur LinkedIn “Avec l’IA, la seule limite, c’est notre curiosité”.

Sauf que non.

Le problème, c’est que l’IA n’existe pas dans le vide, mais sur une planète. Et la notion de limites planétaires, ça existe. On en a recensé 9, dont 6 sont déjà largement dépassées et la 7e est en cours.

Le recours à l’IA pose problème dans plusieurs d’entre elles, dont :

  1. le climat (pour alimenter les datacentres, on émet massivement des gaz à effet de serre, on prolonge la vie des centrales à charbon) ;
  2. la pollution (pour fabriquer les fameux GPU et autres équipements) ;
  3. la consommation d’eau pour fabriquer le matériel (par exemple TSMC consomme 100 millions de tonnes d’eau par an) et refroidir les datacentres ;
  4. le changement d’usage des sols (en creusant des mines et en construisant des datacentres) ;
  5. l’effondrement de la biodiversité, qui est le plus préoccupant avec le climat, pour toutes les raisons ci-dessus.

La planète est dans un sale état, et accélérer l’IA c’est accélérer la destruction du vivant.

Cela m’ennuie beaucoup, car le numérique me passionne et l’IA une innovation impressionnante.

Mais faut lever le nez du guidon de nos activités polluantes et regarder le mur qui approche.

Alors, on prend le virage et on ralentit, ou on se laisse hypnotiser par d’impressionnants gadgets ?

De la même façon, le patron de Palantir déclare sur Instagram “Les USA sont les seuls à mener la révolution de l’IA” je paraphrase. Et les entrepreneurs français de crier au loup et qu’il faut qu’on fasse la même chose en Europe. Sauf que non.

On peut considérer qu’il y a une compétition entre la Chine, les US et l’Europe, et qu’il faut à tout prix éviter de se faire distancer, mais il y a un problème majeur : entre les concurrents au taquet et la ligne d’arrivée, il y a un gouffre mortel : les limites planétaires.

On l’a vu ci-dessus : cette compétition est mortifère.

IL faudrait aussi ne pas oublier que le rôle de l’économie, c’est d’organiser la société pour que chacun puisse vivre correctement, pas de faire crever de faim les plus faibles, les moins adaptables et ceux qui ne sont pas nés du bon coté d’une frontière et vue d’enrichir ceux qui sont déjà riches à crever.

Il va falloir enlever les lunettes datées du XXe S. et lever le nez du guidon. On fait quoi pour prendre le virage et éviter le massacre ?

Parce que je n’ai rien contre une bonne compétition (moi aussi j’ai des cicatrices pour le prouver) ou la préservation de la souveraineté, mais “we need to get our priorities straight”, comme on dit dans la Valley. Dans le terroir, on dit plutôt qu’il faut remettre l’église au centre du village…

(Ça va mieux en l’écrivant : ce billet est garanti sans IA.)