En Vrac

Impacts du numérique

Intelligence artificielle

  • C’est vieux, mais c’est une bonne citation : Yoshua Bengio, l’un des pères de l’IA moderne a déclaré : “Right now, there’s no guarantee that AI won’t turn against humans,” he says. “There are strong theoretical arguments that it will turn against us if we continue in the current direction.” Traduction par votre serviteur : Pour l’instant, rien ne garantit que l’IA ne va pas se retourner contre l’humain. Mais il y a des arguments théoriques puissants qui montrent qu’elle va se retourner contre nous si nous continuons dans la même direction”.
  • J’ai joué à Universal Paperclips. Extrait de la fiche wikipédia : ” C’est un jeu incrémental américain de 2017. L’utilisateur joue le rôle d’une intelligence artificielle (I.A.) programmée pour produire des trombones. Le titre du jeu et son concept général s’inspirent de l’expérience de pensée de maximiseur de trombones décrite pour la première fois par le philosophe suédois Nick Bostrom en 2003. Au départ, l’utilisateur clique sur un bouton pour créer un seul trombone à la fois. À mesure que d’autres options apparaissent rapidement, l’utilisateur peut vendre des trombones pour obtenir de l’argent afin de financer des machines qui fabriquent automatiquement des trombones. À différents stades, la croissance exponentielle atteint un plateau, obligeant l’utilisateur à investir des ressources telles que de l’argent, des matières premières ou des modules informatiques pour inventer une autre avancée technologique afin de passer à la phase de croissance suivante. En fin de partie, à la suite de la conversion de toute la matière de l’univers en trombones, l’I.A. atteint l’omnipotence et redémarre l’univers, donnant un score au joueur”. C’est flippant.
  • Comment l’IA pourrait mal tourner ?
  • Echec de l’IA Copilot Pro dans Office 365, Microsoft l’inclut en standard et augmente ses prix, pour l’instant dans certains marchés-tests comme l’Australie. Pour les abonnements familiaux, seul le détenteur de l’abonnement aura le droit au service, mais pas les autres membres de la famille. Paradoxalement, on estime que l’IA coûte beaucoup plus cher que les 20$ par mois qui sont facturés au client, mais qui n’apporte pas un service suffisant par rapport à la somme demandée. On se souviendra que nous sommes dans une période dite de land-grabbing, autrement dit les fournisseurs d’IA subventionnent leurs offres et les proposent moins cher que ça ne leur coûte, en espérant ainsi acheter des parts de marché. Mais au bout d’un moment, le marché va siffler la fin de la récré, et seuls les deux premiers fournisseurs vont tirer leur épingle du jeu, et tous les autres vont devoir retirer leurs offres. Et les prix augmenteront massivement.
  • Janco sur les déchets générés par l’IA : L’IA engendrera autant de pollution que 10 milliards d’iPhone jetés d’ici 2030. Alors en fait, c’est bien pire que ça. Je ne remets pas en cause l’étude, qui décrit la pollution engendrée par la fabrication de serveurs pour l’IA qu’on va retrouver dans les datacentres. Mais cela passe outre 2 énormes marchés de produits électroniques qui vont reprendre à marche forcé des cycles de renouvellements cours et donc très producteurs de déchets : le PC (avec IA intégrée) et le smartphone (avec IA intégrée aussi). Là où le PC avait arrêté sa fuite en avant en faisant durer le matériel depuis la fin de la loi de Moore, alors que le smartphone allongeait sa durée de vie (tant mieux !), la manie de l’IA va pousser tout le monde à renouveler son matériel informatique de plus en plus rapidement. C’est donc l’équivalent de 10 milliards de smartphones pour les datacentres, mais des milliards de vrais smartphones d’ici 2030 (avec de plus en plus d’IA dedans) et des milliards de PC (avec eux aussi de l’IA dedans). Plus les 240 millions de PC jetés à la benne ou recyclés sous Linux à cause de Windows 11. Bref, à cause de la production de matériel, l’IA mène l’humanité dans le mur.
  • Énergie : l’une des deux centrales à charbon de France reprend du service avant l’arrivée du froid. C’est symptomatique du fait que plus on consomme d’électricité, pire est son empreinte. Et justement, l’IA, au niveau énergétique, c’est une catastrophe en forte croissance !
  • IA, révolution socio-climatique en suspens ?, un très bon papier du CNNum, qui fait bien le point sur le sujet.
  • Podcast - Le fardeau environnemental de l’IA et les déboires d’Intel. La journaliste et philosophe Célia Izoard y explique ce qu’est une mine et pourquoi on en a besoin pour faire du numérique. Extrait : “L’IA, c’est traiter des quantités inouïes de données avec des quantités inouïes d’énergies et de matières. Mais quel type de société peut se permettre des superpuissances de calcul de cette taille ? »” ;
  • OpenAI and others seek new path to smarter AI as current methods hit limitations. Autrement, dit, rajouter plus de données dans un LLM ne produit pas de meilleur résultat, ce qui est embarrassant, car c’était la méthode employée jusqu’à présent.
  • Comment l’IA consomme-t-elle l’eau ?, un papier de recherche par Shaolei Ren de l’Université de Californie à Riverside. C’est dans ce papier qu’on estime que GPT-3 consomme 0,5 L d’eau ;
  • Quelle confiance en les résultats d’une IA ? par Xavier Leroy ;
  • Nobel d’économie : progrès, pouvoir et démocratie face à l’intelligence artificielle„ recension du livre Power and Progress, Our Thousand-Year Struggle Over Technology and Prosperity, écrit par Daron Acemoglu et Simon Johnson, qui viennent d’obtenir le prix Nobel d’Économie. Le livre explique que “la contribution de la technologie au bien commun n’a été rendue possible que grâce aux luttes sociales : elle n’a pas été spontanée.”
  • Intelligence artificielle : un désastre environnemental, une interview de votre serviteur dans La Tribune Dimanche ;
  • Comme pour confirmer mes propos : Data-center reliance on fossil fuels may delay clean-energy transition , un article qui explique comment l’utilisation de carburants fossiles pour faire tourner les datacentres retarde la transition énergétique. En effet, construire de nouvelles sources d’énergie électriques (renouvelables ou nucléaires) prend du temps et donc en attendant on fait redémarrer les centrales à gaz, à fioul ou à charbon pour faire tourner des ordinateurs, en particulier des GPU très énergivores pour faire tourner de l’IA ;
  • Microsoft Ignite 2024 : des Agents IA tout partout…. Dans mes interventions publiques sur EROOM, je parle de la loi de Moore et de sa corollaire la loi de Wirth, “le logiciel ralentit aussi vite que le matériel”, souvent caricaturée dans les années 1990 et 2000 par “Ce qu’Intel vous donne, Microsoft vous le reprend”. Et je donne comme exemple que Windows et Office, entre 1998 et 2018, ont augmenté leur minimum de mémoire nécessaire par 171, en interrogeant l’auditoire : “est-ce que Word et Excel sont 171 fois mieux qu’avant ? Oui, ils sont mieux, mais 171 fois ? Pas sûr !”. J’explique alors que la raison derrière cela, c’est l’attrait de la fonctionnalité, pas toujours utile, qu’on va écrire vite et mal, pour donner envie au client de passer à la toute dernière version. Et rendre le matériel existant obsolète. Certes, il fonctionne toujours, mais on le considère comme obsolète parce qu’il semble “trop lent”. Mais le matériel ne ralentit pas : on fait juste tourner du logiciel plus gourmand car mal écrit avec plus de fonctionnalités que ce pour quoi il a été conçu au départ. Cette époque est révolue. La loi de Moore a cesser de faire augmenter les performances en single thread depuis 2015. Combiné avec la montée en puissance des smartphones, le marché des PC stagne depuis des années. Les constructeurs font la grimace, les fondeurs comme AMD et Intel aussi. Et pourtant, c’est une excellente nouvelle, car cela incite à conserver le matériel beaucoup plus longtemps. Or, c’est la fabrication du matériel qui génère plus des trois quarts de l’empreinte environnementale du numérique. Donc faire durer le matériel, en optimisant le logiciel, est la meilleure façon de réduire massivement l’empreinte du numérique. Sauf que les constructeurs menés par Microsoft, ne l’entendent pas de cette oreille. Tous veulent re-dynamiser leur marché. Idem pour les fabricants de smartphones, qui ont le même problème. L’IA semble être la solution magique pour cela : elle fait un buzz incroyable, et c’est dont l’occasion de faire accélérer à nouveau les marchés du PC et du smartphone, en générant de l’obsolescence.

Mobilité

  • En Espagne, l’entraide à vélo après les inondations ;
  • Je pense que l’e-bike va se rapprocher d’une voiture” explique un employé Bosch qui travaille sur les vélos à Assistance Électrique (VAE). Bosch sort une nouvelle version de son moteur le plus sportif, le Performance CX. Il se trouve que je suis très partagé. Propriétaire d’un vélo Moustache de 2018 équipé d’un tel moteur, je vois bien qu’il y a des progrès à faire, mais l’augmentation de la complexité, de la difficulté de maintenance m’inquiète plus qu’elle ne m’excite. La phrase “Je pense que l’e-bike va se rapprocher d’une voiture” résume bien leur état d’esprit… et mes inquiétudes. Si c’est pour faire des vélos qui ne peuvent être maintenus que par des concessionnaires officiels disposant de l’indispensable “valise”, on gagnera peut-être en confort, mais on perdra en liberté. Ce genre de choix est rarement gagnant, surtout si le monde devient plus chaotique (cf le lien ci-dessus sur l’Espagne, où la simplicité du vélo et sa maintenabilité est essentielle) ;
  • Le vélo est facteur d’émancipation, et ça n’est pas la moindre de ses qualités : Grâce aux cours de vélo, ces femmes se réapproprient la ville.
  • Comparateur de vélos cargo par le designer Louis Eveillard ;