Le temps me manque, mais je ne peux pas laisser passer un fil Twitter de Gilles Babinet sur la 5G et l’écologie qui me parait manquer — disons pudiquement — d’objectivité et de précision.
Allez, c’est parti pour un debunk express, forcément critiquable, mais nécessaire.
Gilles Babinet, entrepreneur du numérique et conseiller du très libéral Institut Montaigne, qui nous parle d’écologie, chouette alors ! Et, surprise, il s’oppose aux experts du climat du Haut Conseil pour le Climat qui vient justement de publier un rapport sur la 5G.
Contestables ? Allons donc. Mais encore ?
Pourquoi le volume de données par utilisateur augmente ? C’est une excellente question, mais je m’étonne que Gilles la pose, tellement la réponse est évidente : les débits augmentent, les usages nouveaux apparaissent avec ces nouveaux débits, et ils touchent une population de plus en plus large qui adopte ces nouveaux usages plus consommateurs. Donc les volumes par utilisateurs explosent. Pour le comprendre, il suffit de voir dans la rue les gens faire de la visio juste parce qu’ils le peuvent, à la place d’un simple appel téléphonique. À titre d’exemple, je mesurais hier un call vidéo avec Jitsi, j’étais à 1200 kO/s. Un appel vocal, c’est 8 kO/s, soit 150 fois moins. Voilà comment, pour un service comparable (permettre à deux personnes de se parler), on multiplie la consommation par 150.
Oui, c’est vrai que la durée de vie des terminaux s’allonge. Dans un sens, c’est une excellente nouvelle. Et en même temps, et c’est une véritable catastrophe que ça ne change pas plus vite que ça. La vraie raison est que les constructeurs ont bien compris que les gens changent de mobile soit parce qu’ils l’abiment (mais avec les smartphones étanches et les housses de protection qui se généralisent, c’est moins fréquent) soit parce qu’il est démodé. Et la 5G, c’est ce qui justement démode les smartphones… et permet d’en vendre des nouveaux en remplacement. C’est bien pour cela que c’est utilisé comme argument de vente par tout le monde dans le secteur… alors que le réseau 5G débute à peine son déploiement et peine à convaincre.
Les pages d’accueils des 4 principaux opérateurs mobiles français font toutes la promotion du passage à la 5G
Soyons clairs : le marché du smartphone est en plein ralentissement, et c’est une très mauvaise nouvelle pour les constructeurs, mais une excellente nouvelle… pour l’environnement.
En effet, si on regarde l’empreinte carbone d’un smartphone, on se rend compte que 90% de l’énergie dépensée sur son cycle de vie provient de sa construction, et seulement 10% lors de son utilisation. Cela fait que la meilleure façon de limiter les émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie du smartphone, c’est de faire durer le plus possible le terminal. Le législateur l’a bien compris. En effet, si on se réfère à la proposition de loi sur l’impact environnemental du numérique, on voit que tout le chapitre II vise à « limiter le renouvellements des terminaux, principaux responsables de l’empreinte carbone du numérique ».
Et le 5G ne changement pas grand chose à cela car beaucoup de terminaux vendus sont déjà 5G ready (sic[1])
Je n’ai pas les chiffres sur la proportion de smartphones compatibles 5G, mais je doute que la plupart des terminaux déjà vendus et donc dans les mains des consommateurs soient 5G ready. À titre d’exemple, l’iPhone 12, premier iPhone compatible 5G, est disponible depuis 10 semaines seulement. D’autres fabricants comme Xiaomi, ont lancé des smartphones 5G bien avant, mais n’ont pas rencontré leur public vue l’absence totale de réseau 5G déployé en France.
En fait, la 5G change beaucoup de choses pour les fabricants avant tout ! Constructeurs de smartphones qui voyaient jusqu’à présent leur marché ralentir et espèrent le voir redémarrer, fabricants d’équipements réseaux qui voient ici l’occasion de relancer leurs ventes aux pays occidentaux déjà équipés en 4G. Pour eux, la 5G est une aubaine incroyable.
Oui, là je suis vraiment d’accord avec Gilles : il faut plus d’études sur les externalités, positives et négatives, du numérique… à condition qu’elles soient objectives. Et c’est là que le bât blesse…
Gilles enchaîne alors sur une étude :
Le problème des trop rares études disponibles, c’est qui les finance. Par exemple, celle citée ci-dessus l’est par la GSMA. Qui est GSMA (à part être l’organisateur du Mobile World Congress, le plus gros salon de promotion du mobile à Barcelone) ? C’est marqué page 4 de l’étude : ce sont les gens qui « représentent les intérêts des opérateurs dans le monde, ainsi que l’écosystème mobile, fabricants de terminaux, fournisseurs d’équipement, éditeurs de logiciels et entreprises de l’Internet ». Cela change-t-il quelque chose ? Oui, bien sûr, dans la mesure où ces cabinets, qui commercialisent leur travaux à prix d’or, s’assurent que les conclusions n’iront pas à l’encontre des intérêts de leurs commanditaires…
Oui, alors en fait c’est compliqué. Entendons-nous bien : je ne dis pas que Gilles Babinet ment ou qu’il a des actions chez les fabricants de terminaux ou les opérateurs. Je l’ignore et je lui fais confiance sur le sujet. Par contre, comme indiqué dans l’article qu’il mentionne, Gilles Babinet est entrepreneur et conseiller de l’Institut Montaigne, lequel est bien connu pour ses positions économiquement très libérales[2], c’est à dire empreint d’une certaine vision du monde.
Cette vision cornucopienne, qui estime que les innovations technologiques permettront à l’humanité de subvenir éternellement à ses besoins matériels, j’ai pu la partager en partie par le passé. Malheureusement, elle n’est pas compatible avec le changement climatique qui, comme je l’écrivais hier change tout. En effet, Gilles — comme beaucoup de gens de son âge et de son milieu professionnel — est encore ancré dans l’ancien paradigme où la croissance et le solutionnisme technologique nous sauverons.
D’autres, dont je fais partie, comme Jean-Marc Jancovici du Shift Project et probablement les autres membres du Haut Conseil pour le Climat, ont dépassé cette croyance et réalisé qu’elle n’était pas compatible avec l’impératif de réduire massivement (diviser par 6 !) nos émissions de gaz à effet de serre de façon à laisser une planète habitable à nos enfants.
À ce titre, ils sont en droit de questionner l’idée comme quoi en renouvelant toutes les infrastructures mobiles et tous les terminaux mobiles, en faisant exploser les usages et la bande passante, on va diviser par 6 l’empreinte carbone du numérique des français. Car c’est bien l’enjeu principal auquel nous devons faire face, en préférant les concepts de résilience et de frugalité à la croissance et au solutionnisme technologique.
Notes
[1] Je pars du principe qu’il a voulu écrire “le passage à la 5G ne changera pas grand chose à cela car beaucoup de terminaux son déjà 5G ready”.
[2] Cela lui a valu quelques controverses.
9 réactions
1 De c - 23/12/2020, 09:13
Merci pour cet effort de debunkage du debunker
si peux me permettre d'ajouter my 2 cents, il y aurait aussi quelques mots à ajouter sur la très douteuse "flatline" de la consommation des data centers qui revient à tout bout de champ, et qui est présentée par Gilles Babinet comme une vérité définitive. En guise d'incertitude, on pourra observer que l'Uptime Institue, qui n'est pas une pastèque en matière de data centers, a de sérieux doutes sur l'analyse de l'IEA : https://journal.uptimeinstitute.com... . Une autre étude, sur l'évolution des DC en Allemagne, va dans le même sens (https://www.researchgate.net/profil...). Donc en effet, les discours qui font de l'optimisation et de l'enablement l'alpha et l'omega de la politique environnementale du numérique sont assez suspects.
Bien à vous,
2 De mat - 23/12/2020, 09:16
Et puis ce n'est pas parceque l'on est indépendant de tout intéret économique que l'on ne se trompe pas.
ET VICE VERSA!!!!
Sinon c'est très réducteur au niveau de l'analyse.
Que l'on débute sa présentation en précisant ses conflicts d'intérets est une très bonne chose pour la suite de la réflexion commune. Qu'on l'utilise en fin de présentation, c'est de la manipulation, du hacking. "je n'ai pas de conflict d'interet, donc j'ai raison sur ce que je viens de dire"
3 De Yoko - 23/12/2020, 10:23
Ce que je ne comprends pas sur tout les arguments "usage d'internet", c'est qu'il n'est pas question de 5G, mais d'internet et de technologies associées. L'usage de vidéos haute définition vient grâce à la fibre et au h265 (c'est ça qui fait que YouTube diffuse toujours de plus en plus haute définition), il faudrait s'en inquiéter aussi ? L'usage du streaming s'est hyper démocratisé grâce à la fibre, à certaines lois, aux plate-forme de SVOD,...
S'il est urgent de faire quelque chose, je pense qu'il est urgent de s'intéresser au modèle plus qu'à l'un de ses résultats. Sinon ça ne donnera pas l'effet escompté puisque le modèle ne changera pas pour autant.
Je suis aussi surpris qu'on reproche à la fois à la 5G de permettre de trop utiliser le réseau tout en étant expliquant que ce n'est pas si bon que ça.
Pour ce qui est des téléphones, le renouvellement du parc s'effectue en 2 ans, le déploiement va prendre un certain temps et il y a une inertie des utilisateurs, je doute que ça change grand chose. Des early adopters vont y passer très vite, mais c'est en bonne partie ceux qui changent de toute manière leur téléphone souvent. Comme il y a de base un renouvellement je ne pense pas que ça change quelque chose sur 5 ans.
J'attends de voir ce que donne les études sur la santé et tout ce qui est directement lié aux antennes, mais pour ce qui est des usages, si on veux donner un coup d'arrêt et on le fait de manière plus globale et on a le recul de la 4G.
4 De Bruno Michel - 23/12/2020, 11:29
Bonjour Tristan,
je suis assez déçu de cet article. Bien que je partage la préférence des concepts de résilience et de frugalité à ceux de croissance et de solutionnisme technologique, je suis gêné par beaucoup de passages de ce billet. Pour du debunk, c'est quand même dommage d'être aussi peu solide.
Si, ces études sont contestables. Je ne dis pas quelles sont fausses ou que tout est à jeter. Mais elles prennent des hypothèses qui ne me paraissent pas justifiées. Par exemple, une part importante de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre imputée au déploiement de la 5G vient, selon ces études, de la très forte augmentation du nombre de casques de réalité virtuelle qui serait vendus. Personnellement, ça doit faire 30 ans que j'entends parler de casques de réalité virtuelle qui doivent arriver en masse dans les années à venir, ce n'est pas encore le cas, ça arrivera peut-être, mais je ne vois pas pourquoi on mettrait ça sur le compte du déploiement de la 5G. Il y a d'autres exemples dans ce style. Ces études sont contestables et j'espère que l'on aura d'autres études avec d'autres hypothèses et d'autres angles d'attaque pour y voir plus clair.
Je ne pense pas que tu le fasses exprès, mais tu utilises la technique de l'homme de paille. On s'en fiche pas mal du volume de données transférées, ce qui nous intéresse est plutôt la consommation électrique, ou mieux la quantité de gaz à effets de serre émise. Et autant il n'y a aucun doute que la quantité de données émise va continuer à croître de façon exponentielle, autant pour les métriques qui nous intéressent, c'est beaucoup plus difficile à évaluer et la tendance est plutôt à la stabilité.
Dans le détail, la production de gaz à effets de serre dans ton exemple provient à la fois de coûts de production (il a fallu produire la smartphone ou ordinateur qui a servi à tes appels, et les équipements réseau qui ont servi à les acheminer) et des coûts d'utilisation (l'électricité consommée par ton smartphone ou ordinateur pendant les appels par exemple). Les coûts d'utilisation mélangent des coûts fixes et des coûts qui dépendent de l'usage. Par exemple, la box ADSL/Fibre qui reste allumée 24h/24 chez soi consomme de l'électricité et ça ne dépend que très très peu s'il y a des données transférées ou non. Par contre, un smartphone consomme beaucoup plus pendant un appel que quand il est en veille. On voit donc bien que ce n'est pas parce que l'on transfère 150x plus de données que l'on va produire 150x plus de gaz à effets de serre. Ça se joue surtout sur deux endroits : est-ce que l'on a des coûts de production plus élevés parce que l'on a renouvelé plus vite son smartphone et est-ce que les coûts variables d'utilisation sont différents ? Pour le second point, il est à noter que ce n'est pas parce que les coûts sont variables que ça veut dire proportionnel à la quantité de données échangées. En pratique, un smartphone va probablement consommer à peu près la même chose pour transférer un appel vocal et un appel en visio (même si la différence de débit est importante) parce qu'en gros, c'est assez binaire : on envoie/reçoit des données ou on n'envoie pas. Par contre, pour la visio, l'écran et le CPU vont probablement consommer beaucoup plus pour afficher la vidéo que lors de l'appel audio. Donc, au final, l'appel vidéo a sûrement consommé plus que l'appel audio, mais si la vidéo a permis de mieux te faire comprendre et de réduire la durée de l'appel, peut-être que ça inverse le rapport et que c'est l'appel audio qui a consommé le plus.
Je ne suis pas convaincu, mais on est dans un débat d'opinions là où il faudrait des études. Oui, c'est utilisé par argument de vente, mais je ne pense pas que cela change quelque chose au volume de vente des smartphones. Pour moi, personne ne décide de changer de smartphone pour passer à la 5G. Par contre, les gens dont le smartphone arrive en fin de vie et qui veulent le remplacer ne veulent pas en prendre un qui serait dépassé dans 1 an et vont donc vouloir que leur nouveau smartphone soit compatible 5G. Le seul effet possible que je vois c'est une part plus importante de renouvellement de smartphones pour du neuf et moins pour de la récup / occasion, mais ça demanderait à être évalué. Les études du @hc_climat et du @theShiftPR0JECT prennent pour hypothèses que l'on va augmenter fortement la production de smartphones neufs (et donc des émissions de gaz à effet de serre liées), mais je n'ai rien vu pour étayer leurs hypothèses. Si tu as des sources sérieuses à ce sujet, je suis preneur. On en revient au point de départ sur le besoin d'autres études.
J'apprécie Jean-Marc Jancovici et le Shift Project, mais je trouve que sur le numérique, leurs études sont assez faiblardes. Par exemple, https://theshiftproject.org/article... est sensé montrer que la vidéo en ligne a un coût environnemental important. Mais c'est un gros gloubi-boulga de n'importe quoi. Ça mélange des coûts de production et des coûts d'utilisation. Pour les coûts d'utilisation, ça mélange les coûts fixes et les coûts variables. Et à la fin, ça prend la quantité totale de gaz à effets de serre émise par la quantité de données échangées pour annoncer que la vidéo en ligne est à l'origine de beaucoup d'émissions de gaz à effet de serre. Mais c'est impossible de savoir de combien on réduirait les émissions de gaz à effet de serre si les gens ne regardaient aucune vidéo en ligne, ou s'ils regardaient ces vidéos avec une résolution bien plus basse (et donc un débit plus faible). C'est un peu comme si dans le domaine du transport, je prenais toutes les émissions de gaz à effets de serre et que je divisais par le poids des véhicules qui transportent les gens et marchandises : le train devient un énorme producteur de gaz à effets de serre avec ce raisonnement.
Je ne suis pas d'accord, le numérique ne représente qu'une petite partie de nos émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui. Ça ne me dérange pas que cette part augmente à condition que ça permette de faire baisser d'autres sources (et à cette condition uniquement). Par exemple, si la 5G devait permettre à plus de personnes de télétravailler dans de bonnes conditions et éviter de nombreux trajets en voiture, ça serait un investissement valable. Je ne sais pas ce qu'il en est pour de vrai, et c'est pourquoi on a besoin d'études sur les externalités.
Ça, par contre, j'achète
5 De v_atekor - 23/12/2020, 17:10
Présenter la 5G comme écologique est quand même un haut niveau de greewashing.
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Sinon on a toujours le site de Fos sur mer qui brûle du coke pour produire de l'acier, 1.8 tonne de carbone par tonne d'acier. Après il faut laminer l'acier. Pour les cimenteries & verreries c'est un peu moins, mais globalement ça fait la journée de bricolage à 1T de carbone.
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Là encore, pas pour justifier des opérations de greenwashing, mais pour avoir (aussi) conscience que 4G ou 5G l'impact du choix sera marginal. Donc ok pour le signaler, mais non pas pour y passer plus d'efforts que ce que ça mérite.
6 De v_atekor - 23/12/2020, 21:22
Fait le test de l'ademe. Bon de base 4T/an, essentiellement occupés par le chauffage (électrique) et l'alimentation (1T chacun). Recommandation d'actions : faire du télétravail... arf c'est déjà le cas.
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Donc promis, je ne passerai pas sur de la 5G (il faudrait d'abord que je passe en 4G ce que je ne souhaite pas pour des raisons indépendantes du climat)
7 De Yves - 24/12/2020, 15:54
Pour correction (ça doit prendre 2' !) :
Dans le titre : Gille(s) Babinet
Dans la première phrase :
Le temps me manque, mais je ne (peux) pas laisser passer un fil Twitter de...
Voilà c'est tout, joyeux Noël et tout...
Yves
8 De Égide - 25/12/2020, 10:51
À phénomène planétaire règlement global.
Mais la souveraineté quoi !
Des bretteurs anti vs pro à fleurets mouchetés,
qu'on ne se blesse surtout pas,
tentent sans talents de nous divertir.
Un voyageur de passage dans l'auberge Rouge
pendant la nuit écarlate.
Front rouge de honte.
9 De v_atekor - 07/01/2021, 11:19
@Bruno michel. Très bon argumentaire. Et au sujet des casques de RA & RV, ce n'est pas encore la panacée, même lorsque ça offrirait des intérêts incontestables on encore est obligé de faire sans, quelque soit le prix qu'on y mette...
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Sur le lien volume de donnée/conso électrique, tu as également raison de souligner qu'on est à tout le moins certains de quelques points : des effets seuils très importants dans la plupart des supports physiques (avec une fibre, on consomme autant pour ne rien transmettre que pour transmettre au taquet) , et des limitations physiques pour tout ce qui est radio.
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Ce qui est plus grave, c'est que cette étude qui lie linéairement le volume de données transmise sert aujourd'hui de justification pour favoriser la voiture, puisqu'à raison de 1h de vidéoconf par jour on consommerait autant qu'une voiture pour faire 2x15 km par jour. Ce qui est aberrant, mais c'est une réaction dont il fallait se douter : certains en profitent pour pousser à l'immobilisme !
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Donc en parlant des externalités oubliées du numérique...