C’est le nouveau scandale Facebook : comment les patrons du réseau social ont tout fait pour ne pas porter le chapeau suite aux multiples scandales dans lesquels la firme était impliquée. Le New York Times balance, et ça fait mal !
- Nier puis cacher l’utilisation par la Russie de Facebook en vue d’influencer la présidentielle américaine de 2016 avant de la minimiser ;
- Refuser d’adresser la situation au Myanmar qui a mené au génocide des Rohingyas (l’ONU parle de “dizaines de milliers d’individus tués, violés ou agressés”) ;
- Tenter de minimiser l’affaire Cambridge Analytica (ça n’a pas marché !) ;
- Embaucher une agence de communication aux pratiques douteuses, Definers, en vue de dire du mal des concurrents pour dévier l’attention de Facebook, quitte à publier des mensonges. Definers a aussi accusé George Soros d’attaquer Facebook ;
- Faire du lobbying de façon à ce que les concurrents Google et Twitter soient aussi entendus au Sénat de façon à ce que Facebook soit plus noyé dans la masse.
Parallèlement à cela, je tombe sur un article dont le titre est Facebook propose aux publicitaires de cibler les utilisateurs croyant au « génocide blanc ». Ca me rappelle quelque chose, je fais des recherches (dans Qwant !) et je retombe sur cet article de ProPublica de septembre 2017 : Facebook a permis à des annonceurs publicitaires de cibler des gens détestant les juifs (et aussi des gens voulant savoir “comment bruler des juifs”, entre autres). Très embarrassés par ces faits, les dirigeants de Facebook ont “promis de mieux surveiller la chose”. Tu parles Charles ! 14 mois après avoir fait des promesses, ils recommencent la même erreur et continuent à s’enrichir en vendant de la pub aux gens ciblant des racistes. Les mots me manquent.
Il faut dire que l’année a été compliquée pour Mark Zuckerberg, alors qu’en début d’année, il présente ses vœux et annonce que 2018 sera l’année où il mettra toute son énergie pour “réparer Facebook”. Quelques semaines plus tard, le scandale Cambridge Analytica éclate.
On peut envisager que Facebook, malgré ses moyens financiers démesurés, n’ait pas de temps à consacrer à modérer la publicité raciste et conspirationniste parce que trop occupé par les élections Midterm aux USA. Soit.
Et pourtant… le journal Vice a pu passer de la publicité électorale marquée comme approuvée par des candidats (comme Mike Pence pourtant pas au courant) et même… au nom de l’organisation Etat Islamique !
Vous imaginez le scandale qu’on aurait eu si de la publicité pour un candidat français passait sur les réseaux sociaux avec la bandeau “publicité approuvée par Daech” ? C’est pourtant exactement ce qui s’est passé sur Facebook aux USA.
Et pourtant, c’est le réseau social le plus important au monde, et on leur laisse gérer les communications entre plus de deux milliards d’êtres humains. Les bras m’en tombent.
Mise à jour :
Voici de quoi on parle avec les publicités… Une publicité proposée par un utilisateur nommé “Ratatouille pour le Sénat”, censé être approuvé par le candidat “Etat Islamique” (qui n’a pas approuvé la pub et n’est d’ailleurs pas un candidat), avec une image en plus tout à fait consternante (publicité créée par les russes pour influencer les élections américaines). Le WTF est total !
Nouvelle mise à jour :
Le Washington Post publie une longue liste des fois où Mark Zuckerberg, patron de Facebook, a présenté ses excuses suite à des horreurs commises par son entreprises, jurant qu’on ne l’y reprendrait plus… avant de recommencer ! 14 years of Mark Zuckerberg saying sorry, not sorry.
11 réactions
1 De Hervé - 20/11/2018, 21:29
C'est dans l'ADN de Facebook depuis le début, on ne peut même plus être surpris de ça. On peut juste se demander "jusqu'où ça ira trop loin".
2 De PDG - 20/11/2018, 22:20
"et annonce que 2018 sera l’année où il mettra toute son énergie pour “réparer Facebook”. "
C'est sans doute une coquille (2019 ?), mais il l'avait pas aussi effectivement dit pour 2018 ?
3 De Raoul - 20/11/2018, 23:16
Mark Zuckerberg a des ambitions présidentiels.
C’est absolument terrifiant.
Seul l’application des lois anti trust pour empêcher le rachat par facebook de la prochaine application social pourra limiter l’influence de Facebook.
C’est peu probable car il s’agit d’une question de vie ou de mort pour Facebook. Mais ironiquement cela pourrait être les ambitions de Zuckerberg qui pousserait le gouvernement américain à agir.
4 De jojo - 21/11/2018, 02:16
À propos des rohingyas, il faut savoir que ce sont eux qui ont essayé de s'emparer de territoires en birmanie avant de se faire taper sur les doigts.
5 De S.deCampou - 21/11/2018, 07:58
Je suis pareillement atterré par cette suite d'affaires qui dénotent un cynisme et une violence inouïe de la part de cette entreprise. Il semble néanmoins qu'il y ait aussi un mouvement d'abandon.
Peut-être aussi le retour de ces bons vieux blogs, de ces commentaires...
6 De TR666 - 21/11/2018, 10:43
La cas Facebook c'est du pipi de chat...le vrai problème de fond est la corruption et les réseaux d'influence. Quand les dirigeants politiques et les groupes privés travaillent ensemble pour nous la mettre profond en longueur de journée et sur tous les sujets.
7 De Lúcia - 21/11/2018, 13:05
Merci pour cet excellent article!
Heureusement les personnes comme vous existent !
8 De Tristan - 21/11/2018, 15:21
@Jojo : c'est plus compliqué que "c'est lui qui a commencé". C'est même indémerdable, voir par exemple https://fr.wikipedia.org/wiki/Rohin... pour les détails. Et je ne pense pas que ça mérite un génocide.
@PDG : non, pas de coquille, il annonçais le 4/1/2018 que 2018 serait l'année ou il réparerait Facebook. J'ai pas bien vu la qualité des résultats, pour ma part !
@TR666 : non, Facebook n'est pas du pipi de chat. C'est un groupe privé qui abime les institutions et dresse les gens les uns contre les autres pour de l'argent (plus par négligence et appât du gain que par méchanceté, faut dire). Quant aux politiques et aus autres entreprises, ne tombons pas dans le conspirationnisme, merci.
@Hervé : là, on voit que c'est bien trop loin... Depuis trop longtemps !
9 De Nicolas - 21/11/2018, 22:24
> Refuser d’adresser la situation au Myanmar qui a mené au génocide des Rohingyas (l’ONU parle de “dizaines de milliers d’individus tués, violés ou agressés”) ;
Quel est l'implication de Facebook sur ce point ?
10 De Jacques-Olivier - 22/11/2018, 12:27
Ce qui me rassure un peu c'est que quelqu'un comme Tristan Nitot, une personnalité sur le numérique et l'engagement concernant les libertés numériques, , puisse en parler aussi ouvertement aujourd'hui. C'est un changement qui est en train de s'opérer on dirait, plus seulement dans les cercles de "déjà convaincus".
11 De PDG - 22/11/2018, 21:22
@Tristan: Ok. C'est notamment vu l'absence de résultats que j'ai cru à une coquille.