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En vedette : la collecte des données personnelles par Google

J’aborde dans mes présentations de façon quasi-systématique comment Facebook et Google collectent des données à l’insu de l’utilisateur. Le professeur Douglas C. Schmidt, Professeur d’informatique à la Vanderbilt University, et son équipe ont publié en août dernier un papier assez fascinant sur le sujet. Il est intitulé Google Data Collection.

Les données sont capturées pour l’essentiel de façon passive, c’est à dire sans action volontaire de l’utilisateur. Voici deux extraits, avec pour chaque la traduction par mes soins :

In an example “day in the life” scenario, where a real user with a new Google account and an Android phone (with new SIM card) goes through her daily routine, Google collected data at numerous activity touchpoints, such as user location, routes taken, items purchased, and music listened to. Surprisingly, Google collected or inferred over two-thirds of the information through passive means. At the end of the day, Google identified user interests with remarkable accuracy.

Dans un exemple de scénario “une journée dans la vie d’un utilisateur”, un véritable utilisateur avec un nouveau compte Google et un téléphone Android (avec une nouvelle carte SIM) vit normalement sa vie. Google a récupéré des données durant de nombreuses activités. On trouve la position de l’utilisateur, les voies empruntées dans ses déplacements, ses achats et la musique qu’il a écouté. De façon surprenante, Google a récolté ou déduit les deux tiers de ces informations de façon passive. À la fin de la journée, Google a identifié les intérêts de l’utilisateur avec une précision remarquable.

Both Android and Chrome send data to Google even in the absence of any user interaction. Our experiments show that a dormant, stationary Android phone (with Chrome active in the background) communicated location information to Google 340 times during a 24-hour period, or at an average of 14 data communications per hour.

À la fois Android et Chrome envoient à Google des données même sans interaction de la part de l’utilisateur. Notre expérience démontre qu’un mobile Android immobile (avec Chrome actif en tâche de fond) a communiqué à Google la position géographique 340 fois sur une période de 24 heures, soit une moyenne de 14 envois de données par heure.

Fait amusant, la première phrase de l’executive summary précise : « Google est la plus grande société de publicité en ligne au monde. Mais il est aussi le fournisseur du navigateur #1, la plateforme mobile #1 et le moteur de recherche #1 dans le monde ». Ça m’amuse de réaliser que j’ai été concurrent de Google dans ces 3 derniers domaines (mais pas dans la pub, dieu merci !). Il continue : « la plate-forme vidéo de Google (YouTube), le service de messagerie (Gmail) et l’application de cartographie (GMaps)ont plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois chacun. Google utilise le succès de ses produits pour récolter des données sur les comportements en ligne et dans la vraie vie de ses utilisateurs, données qui sont ensuite utilisées pour les cibler avec de la publicité payante. »

En vrac

• L’humanité est de moins en moins connectée à Internet « En 2014, les Nations unies calculaient que la moitié de l’humanité aurait accès à Internet en 2017. Désormais, ce seuil ne devrait être atteint qu’à la mi-2019. Et la décrue continue de s’accélérer. En cause : l’accroissement de la population mondiale, alors que la construction d’infrastructures pour étendre le réseau Internet stagne, notamment dans les zones les plus difficiles d’accès. En conséquence, si l’expansion d’Internet continue sa progression sur Terre, la part de la population mondiale à être connectée diminue. » ;
• Superbe formule : Machine learning is like money laundering for bias (le machine learning est aux biais ce que le blanchiment est à l’argent) explique le patron de Pinboard ;
• Comment choisir sa licence CC - Creative Commons. À lire pour tous ceux qui publient et veulent permettre la redistribution de leurs oeuvres !
• Most Americans aren’t aware that Facebook owns WhatsApp, or that Google owns Waze. Les français ne sont pas mieux logés : peu de gens savent que Waze, c’est en fait Google (qui a le droit de récupérer vos données, c’est marqué dans le contrat que vous avez signé sans le lire). Idem pour WhatsApp; filiale de Facebook, dont les fondateurs sont récemment partis écoeurés par ce qui est en train de se passer niveau confidentialité des données et des conversations (bah oui, Facebook commence à mettre de la publicité dans WhatsApp, basé sur ce qui se dit dans l’appli, ce qui forcément est incompatible avec la confidentialité) ;
• Jérémie Zimmermann (ex-Quadrature du Net) chez Thinkerview. Passionnant !
• Hygiène et écologisme numérique, par l’excellent Clochix ;
• The truth about algorithms, une vidéo intéressante qui mériterait d’être retranscrite. Par l’auteur du livre Weapons of Math Destruction ;
• Procès de Google - le (grand) Tribunal pour les Générations Futures 2017 — en vidéo. Maman, si tu veux juste voir le passage avec ton fils, clique ici ;
• Et si le conte du colibri n’était pas gnan gnan… ;
• La tech produit déjà plus de gaz à effet de serre que le transport aérien civil. « La planète brûle et nous regardons nos smartphones » ;
• Compte-rendu du FOSDEM 2018, et cette année c’est Loïc Dachary qui s’y colle pour organiser la Decentralized Internet Devroom ;
• A vegan diet is probably the single biggest way to reduce your impact on planet Earth. Deux idées intéressantes :
  • Meat and dairy provide only 18% of our calories and 37% of our protein, yet use up 83% of our farmland.
  • Without meat and dairy consumption, global farmland use could be reduced by more than 75% – an area equivalent to the U.S., China, the European Union and Australia combined – and still feed the world.
• Bolsonaro, Trump, Duterte… La montée d’un carbo-fascisme ?. Logique : les changements auxquels invite le changement climatique fait peur. Les populistes ont tout intérêt à flatter les électeurs apeurés et mal informés dans le sens du poil en leur disant “notre mode de vie n’est pas négociable” et “ce truc qui vous fait peur est une invention (des chinois / des gauchistes)”. En on enfonce le clou : Jaïr Bolsonaro, menace pour la démocratie et la planète ;
• Apple, Google, Facebook… Les nouveaux maître du monde, un reportage sur France 2 le 1er novembre 2018 à 21h, avec la participation de votre serviteur et de l’excellent Benjamin Bayart ;
• À Bruxelles, Tim Cook donne la position d’Apple sur les données personnelles (personnellement, même si je suis conscient qu’une part du discours de Tim Cook relève de la posture et de la communication, je regrette le ton blasé de ZDNet qui titre qu’il “récite son couplet”. En effet, l’enjeu des données personnelles mérite mieux que ça) ;
• IBM débourse 34 milliards de dollars pour mettre la main sur Red Hat ;
• Léa Douhard en a eu marre d’entendre « nous cherchons une femme pour ce poste de direction, pour cette conférence, pour cette interview, mais au final, c’est dur de trouver des noms ». Alors elle a compilé une liste de femme dans le numérique. Ca peut être utile…
• Comment installer des parkings à vélo sauve des vies ;
• le Canada fait une Taxe Carbone dont bénéficieront les ménages ;
• La dystopie en Chine, en vrai, en 2018 : Toute infraction relevée tel que fumer dans le train ou voyager sans billet impactera négativement votre score social ;
• This ‘two-faced’ membrane can create electricity—from nothing but salty water. À voir si cette membrane peut être industrialisée. Si c’est le cas, elle permet déjà de convertir par osmose 35% de l’énergie contenue dans l’eau salée ;
• Smartphones Are Killing The Planet Faster Than Anyone Expected. Un smartphone consomme 10 fois plus d’énergie à produire qu’à être utilisé sur une période de 2 ans. Autrement dit, le fait que les gens gardent leur smartphone plus longtemps est une bonne nouvelle. Le garder 3 ans au lieu de 2 est aussi une très bonne idée.