Donald Trump par Michael Vadon (CC-BY)
Voilà, Donald Trump a gagné l’élection présidentielle américaine. Le monde est sous le choc et certains se ravissent. Il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de cet événement, mais il y a déjà une leçon à retenir : quand on donne à quelqu’un en qui on a confiance des pouvoirs extraordinaires, comme la possibilité de faire de la surveillance de masse ou ficher les gens, il faut se souvenir qu’on les donne aussi à son successeur[1].
Le 20 janvier 2017, Donald Trump sera aux commandes de l’Amérique, celle de la NSA, institution qui dont le cœur de métier est la surveillance de masse[2]. Il s’est fait remarquer dans sa campagne par ses prises de positions tranchées contre certaines minorités (de race, de genre ou de croyance religieuse). En ce qui concerne la technologie, Trump a promis la censure d’Internet et de s’attaquer à ceux qui protègent la vie privée de leurs utilisateur.
En France, Bernard Cazeneuve a passé en douce, pendant le week-end de la Toussaint, sans prévenir la secrétaire d’État au numérique, un décret visant la création du TES, un mégafichier biométrique de 60 millions de français. L’année dernière, c’était la loi Renseignement qui était passée, autorisant la surveillance de masse d’Internet et des communications mobiles.
En 2016, on ne peut pas raisonnablement considérer le président en place comme un fou sanguinaire voulant discriminer les gens par leur race, leur genre, leur religion ou leur orientation sexuelle.
Mais en 2017 ? En 2022 ? La surveillance de masse et le fichage des citoyens seront bien en place, bien huilés. Que voudra faire le/la futur(e) président(e) de la République avec ces outils à l’énorme potentiel répressif ?
Et d’ici là, qu’aurons-nous fait, nous informaticiens, citoyens et consommateurs, pour empêcher le dérapage de notre société vers plus de flicage et de surveillance ?
Notes
[1] Cory Doctorow: When you build mass surveillance, you don’t just put power in the hands of those you trust, but also the next guy.
[2] En prime, il aura aussi les codes nucléaires..
9 réactions
1 De v_atekor - 09/11/2016, 14:57
C'est juste, d'où l'intérêt de contre-pouvoirs. Mais je me soucie moins des données personnelles aux USA que dans le reste du monde, précisément parce que, in fine, les lois américaines (avec tous leurs défauts et futurs amendements) s'appliqueront aux états-unis... mais surtout parce qu'ils ne s'appliqueront pas ici.
2 De Roger - 09/11/2016, 15:11
PS pour 2: Les codes ne seront plus à la Maison Blanche .... (source: http://www.inquisitr.com/2898385/ob...)
3 De Nico - 09/11/2016, 15:48
+1000 pour tout ce que tu as dit, et cela devrait aussi nous inviter à réfléchir à nos chères données qui sont dans de magnifiques silos… américains.
4 De toto - 09/11/2016, 18:03
Une fois de plus on s'interroge sur le sens du mot "Démocratie".
Avec l'élection de Trump on est bien en face de deux choix qui étaient possibles : opter pour la peste ou pour le choléra.
Mme Clinton ne doit pas désormais passer pour celle qui a perdu et qui était pourtant mieux que Trump, c'est elle le choléra.
La démocratie Américaine a permis ce genre d'élection : une personne néfaste sur bien des points est au pouvoir.
Le gros défaut qu'on partage ici avec eux, c'est qu'il faut avoir la fragile chance de pouvoir élire un personnage qui soit quelqu'un de bien.
Une grande réforme de tout le système et une remise à plat de notre univers serait la seule solution.
5 De Arnaud - 09/11/2016, 19:26
Commencer un article par "voilà" marque bien le sentiment déconcertant de cette élection où la terre entière était convaincue de l'issue. Continuons à propager la bonne parole de ne pas exposer n'importe quoi n'importe où n'importe comment.
6 De cdg - 10/11/2016, 08:41
Apres le Brexit, Trump. Il faudrait quand même que nos dirigeants arrêtent de vivre dans leur bulle et se rendent compte de ce que vit et subit une grosse parties des electeurs. Trump n a pas ete elu car il est un coureur de jupons (probablement pas pire que DSK/Baupin pour ceux qui pensent que les USA sont des dégénérés) ou qu il ne croit pas au réchauffement climatique mais que le monde a ete cree en 7 jours ... Il a ete élu par des gens qui souhaitent pouvoir vivre de leur travail
Sur l aspect surveillance, le plus dangereux ne sera pas tant un fou sanguinaire qui decide de gazer une partie de la population (tres tres peu probable et irralisable sans l appui d un bonne partie de la population de toute facon) mais la coalition de grosses multinationales qui decide de tout regenter et de vous forcer a passer sous leurs fourches caudines (on a en a deja eut un exemple avec une compagnie d assurance voulant moduler ses tarifs en fonction de votre usage de facebook)
7 De v_atekor - 10/11/2016, 10:31
@Arnaud : que veux tu, on peut admettre que les américains aient leurs propres idées et craindre la versatilité d'un homme qui aura en charge la politique étrangère de son pays, peu ou prou sans garde fous. C'est leur président, mais c'est notre problème.
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Il y a une grosse confusion entre le respect de l'avis des électeur américains (dont je me fou, pour être clair), et les conséquences internationales (et Européennes) lorsqu'on a écouté les discours de cet homme. Les gardes fous et contre -pouvoirs des pays - de quasiment tous les pays - ne fonctionnent qu'à l'intérieur de leurs frontières. A l'extérieur, il aura carte blanche ou presque.
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Il ne t'a pas échappé que Obama avait pu envoyer des drones et des avions sans demander l'avis au parlement puisque du moment qu'il n'y a pas de citoyen américains engagés sur le sol étranger (hors forces spéciales entre autres), il n'a besoin d'aucun accord ?
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Alors maintenant tu peux craindre sérieusement les conséquences chez nous du vote de raz-le-bol là bas, à commencer par le sort des données Européennes captées aux USA et/ou avec des agents en Europe.
8 De Tumpetist - pipotiste - 11/11/2016, 10:47
Hello,
À propos de la CNIL et de TES, il faut bien se rappeler le contexte de création de cette commision il y a près de 40 ans, et lorsqu'on juge sur les premiers faits (affaire SAFARI, en 1973) on reste stupéfait : tout ça pour ça, tant de blabla, tant d'années, tant de pognon du contribuable pour en arriver là, comme si rien n'avait été fait, comme si à l'époque personne n'aurait bronché... nous sommes bien au pays des froggies
. Comme quoi, ce n'est que de la préparation psychologique, vous ne voulez pas de quelque choses bon pour des intérêts privés, ou qui se considèrent comme "supérieurs" il s'en trouvera toujours d'autres plus puissant et patients pour vous le faire bouffer à terme.
Je demande la dissolution de la CNIL.
Quant à trump, après un magnat du pétrole qui n'en pensait pas moins, le monde s'en est sorti sans guerre thermonucléaire et sans retour au moyen-âge alors que personne n'avait conscience de la surveillance de masse déjà en place.
Il ne changera rien au désastre programmé du réchauffement climatique, le climate lag étant d'environ 35~40 ans, à l'époque de la CNIL et avant, c'est le rapport de Rome qu'il aurait fallu étudier davantage.
9 De jojo - 16/11/2016, 21:34
Le vote Trump est finalement compréhensible. Une des raisons souvent invoquée pour l'expliquer est le fait que ce soit une sorte d'un ras-le-bol de la classe politique couplé à un sacrifice pour 4 ans.
Les politiciens ont montré à quel point ils sont loin du peuple, ils sont devenus les nobles d'autrefois, méprisant le peuple (et c'est hélas pareil en france). Voter Trump c'est une manière de leur dire que cette époque est révolue : les politiciens, on n'en veut plus.
Alors biensûr le mandat Trump sera douloureux, possiblement terrible (pour les droits des femmes en particulier, et l'éducation), mais ça passera.
Ce qui compte plus que tout, c'est "l'après-Trump". Les américains auront-ils le choix entre un énième politique targuant un misérable "j'ai compris, j'ai changé" et un Trump bis ? Ou bien quelque chose d'autre va t-il émerger ? Un gouvernement plus technique que politique ? Un gouvernement punk comme cela a été le cas dans un pays nordique ? (et ils ont fait du très bon boulot)
Ce qui me fait très peur parcontre, c'est tout le crédit que ça donne à la famille Lepen. A la différence de Trump, ils sont rodés à la politique et ont les moyens de mettre en œuvre leurs idées.
J'ai vraiment, vraiment la trouille cette fois.