La messagerie est un vrai problème en termes de fuite des données. En effet, la communication est censée être privée entre les participants, mais les messages transitent en clair sur le réseau, ce qui permet à certains acteurs du numérique de lire le contenu, l’analyser, collecter les listes de vos correspondants de façon à créer un « graphe social », genre d’annuaire qui liste qui connaît qui.

Éviter GMail

GMail est l’un de ces acteurs, et ils l’affirment haut et fort dans leurs conditions générales d’utilisation :

Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris les e-mails) (…) lors de l’envoi, de la réception et du stockage des contenus.

Mais au-delà de lire nos emails, Google utilise Gmail comme un cheval de Troie qui permet de suivre un utilisateur dans sa navigation Web sur PC, mais aussi de relier cet utilisateur à son smartphone, qui se connecte avec le même identifiant.

Voilà pourquoi se débarrasser de GMail doit être une priorité pour qui veut limiter le pistage par le géant de Mountain View. Heureusement, quitter GMail ne signifie pas pour autant abandonner à jamais toute possibilité d’envoyer des emails !

Utiliser une autre boite aux lettres

La plupart des fournisseurs d’accès à Internet proposent des boites aux lettres, souvent avec un Webmail (possibilité de consulter sa messagerie depuis n’importe quel navigateur Web). Il suffit de chercher sur le site de votre fournisseur d’accès comment accéder au Webmail et de communiquer à vos correspondants l’adresse qui vous a été attribuée quand vous avez pris votre abonnement à Internet.

Utiliser un « vrai » client de messagerie

Un client de messagerie comme Mozilla Thunderbird (compatible Mac, Windows et Linux) est téléchargeable gratuitement depuis https://www.mozilla.org/fr/thunderbird/. Comme Firefox, c’est un logiciel libre, fait par la même Mozilla Foundation.

Les utilisateurs d’Apple (Mac, iPad et iPhone) peuvent utiliser l’application Mail.app, qui est bien faite, à défaut d’être libre.

Pour les téléphones Android, on pourra utiliser l’application libre K-9 Mail.

Les paramètres nécessaires pour indiquer à ces logiciels quelle boite aux lettres utiliser sont listés sur le site Web de votre fournisseur d’accès.

Pour aller plus loin

Rien de ce qui est expliqué ci-dessus n’est très compliqué, mais on peut aller plus loin pour plus de contrôle. Voici quelques pistes à ce sujet.

Encourager ses proches à quitter GMail

Une fois qu’on a quitté Gmail, Google continue bien souvent à lire nos emails et donc à savoir ce qui nous intéresse. Ça n’est pas de la magie ! Comme Gmail est un grand service de messagerie utilisé par des millions de gens, il y a de fortes chances que parmi nos interlocuteurs, une forte proportion soit encore sous Gmail. De ce fait, Gmail voit transiter nos messages quand nous écrivons à nos contacts qui sont encore sous Gmail. Pour limiter cela, il faut encourager nos proches à quitter Gmail. Cela risque bien sûr de prendre du temps, mais Rome ne s’est pas bâtie en un jour !

Avoir son propre nom de domaine

Cela fait une quinzaine d’années que mon adresse email est tristan@nitot.com, et ça fait toujours son petit effet quand je la communique à un nouveau contact. De plus, cette adresse est facile à mémoriser pour les gens que je rencontre.

Il est tout à fait possible pour tous de disposer de l’équivalent, pour peu qu’on achète son propre nom de domaine, dans mon cas « nitot.com ». Pour cela, il faut aller voir des sociétés comme Gandi.net ou Online.net qui offrent de tels services pour une douzaine d’euros par an, incluant un nom de domaine (s’il est disponible) ainsi qu’une ou plusieurs boites aux lettres, pour offrir en cadeau aux membres de la famille !

Les plus doués pourront aussi utiliser OVH, dont l’interface est moins intuitive que les deux autres.

Apprendre à chiffrer ses messages avec GPG (Gnu Privacy Guard)

Il faut savoir que quand la notion d’email a été inventée, il n’était pas prévu de chiffrer son contenu. Et aujourd’hui, c’est toujours le cas : quand on envoie un email à un correspondant, le message est relayé par plusieurs serveurs de messagerie qui sont susceptibles de le lire. Envoyer un email aujourd’hui, c’est un peu comme envoyer une carte postale sans enveloppe : les postiers peuvent la lire, même si on se doute qu’ils ne le font que très rarement.

Il est possible de chiffrer ses messages, mais cela demande un effort certain. La Free Software Foundation offre un bon tutoriel qui explique bien comment s’y prendre : Autodéfense courriel.

Il est aussi possible de se rendre dans des événements gratuits appelés « cafés vie privée »[1]. Animés par des bénévoles, ce sont des occasions de rencontrer d’autres personnes intéressées dans le chiffrement de leurs messages, et d’apprendre le fonctionnement de GPG et d’autres logiciels de chiffrement.