Comment est-il possible d’avoir les fonctionnalités offertes par le Cloud, avec des applications disponibles en permanence, avec nos données, sans pour autant laisser nos données à des tiers qui veulent les récupérer ?
C’est tout à fait possible, à condition d’avoir la maîtrise du serveur sur lequel tournent ces applications et où sont hébergées nos données.
L’auto-hébergement
On peut imaginer dès aujourd’hui qu’au lieu de mettre toutes nos données chez Google ou des services comme Dropbox.com (stockage de fichiers), Evernote.com (stockage de notes), Flickr.com (partage de photos), on les mette sur des serveurs qui seraient physiquement chez soi, directement connectés à l’ADSL. Comme il s’agit d’un usage individuel, l’ordinateur n’a pas besoin d’être surpuissant, ce qui permet d’avoir recours à des machines à bas coût consommant très peu d’électricité et ne chauffant quasiment pas. Par exemple, il existe des machines comme le Raspberry Pi qui sont de la taille d’une carte de crédit, valent une quarantaine d’euros et ne consomment que quelques Watts (compter 70 euros environ pour un kit complet avec boitier et alimentation). En connectant une telle machine à un disque dur USB, il est possible de disposer d’un serveur personnel à un prix ridiculement bas.
Par ailleurs, il existe d’ores et déjà dans le commerce une catégorie de produits appelés NAS (Network-Attached Storage). Ce sont des boitiers pouvant accueillir plusieurs disques durs associés à un petit processeur permettant de faire tourner un système d’exploitation et des applications. Certains de ces systèmes font tourner des logiciels libres.
Les limites de l’auto-hébergement
le A d’ADSL
L’accès Internet haut débit se fait très souvent avec une technologie appelée ADSL, qui signifie « Asymmetric Digital Subscriber Line ». Le souci, c’est le A d’ADSL, qui signifie que le débit des données est asymétrique : les données arrivent vers l’abonné plus vite qu’elles n’en partent. On dit alors que le débit sortant est inférieur au débit entrant. Cela peut-être avantageux dans le cas où on reçoit plus de données qu’on n’en émet, mais c’est un handicap quand il s’agit d’avoir son propre serveur à la maison, qui émet plus qu’il ne reçoit.
Par ailleurs, les fournisseurs d’accès Internet ont le plus souvent dans le contrat qui les lie à leurs abonnés spécifié qu’il était interdit d’héberger un serveur à la maison. À la lumière de ces clauses, on imagine sans peine que le choix de la technologie asymétrique ADSL ne relève pas du hasard et vise plutôt à verrouiller le client dans une position de consommateur.
Cela dit, la fibre optique, technologie bien plus rapide que l’ADSL, commence à se répandre. Et même si elle est aussi asymétrique, on arrive à avoir des débits sortants qui sont tellement importants que cela n’est plus un problème.
L’alimentation électrique
Il est des régions où le courant est moins stable qu’ailleurs. Cela peut être gênant dans la mesure où cela affecte la disponibilité du serveur et de l’équipement réseau.
La sauvegarde des données.
Chaque installation serveur doit disposer d’une procédure de sauvegarde. On peut imaginer une sauvegarde chiffrée envoyée à d’autres systèmes de façon réciproque, chacun ayant une copie chiffrée. De tels systèmes distribués existent, comme par exemple MaidSafe.
L’administration du serveur
Les utilisateurs de Cloud sont habitués à ce que le sytème fonctionne directement et sans maintenance. En cas de problème, les équipes gérant le cloud résolvent le problème. C’est un défi que les solutions libres et décentralisées vont devoir relever : de telles solutions doivent être triviales à administrer pour qu’une grande partie des utilisateurs puisse s’en charger. Cela peut sembler utopique pour l’instant, mais cela n’est pas impossible à réaliser.
13 réactions
1 De HMA - 05/03/2015, 07:34
Je ne suis pas sûr que le fait d'héberger un serveur chez soi soit "le plus souvent" contractuellement interdit.
J'ai en mémoire Numericable qui l'avait interdit (mais aurait fait marche arrière), mais c'était OK pour Orange, Bouygues, Free, SFR.
Par contre il est vrai qu'ils ne facilitent pas la tâche (IP dynamique, ...), c'est le moins qu'on puisse dire, mais je n'ai pas connaissance d'interdiction contractuelle.
2 De OliCat - 05/03/2015, 07:35
Hello,
Coquille ici : Certains de ces systèmes sont déjà équipés font tourner des logiciels libres.
Et la : avec nos données, sans tomber pour autant laisser nos données à des tiers qui veulent les récupérer ?
3 De OliCat - 05/03/2015, 09:14
coquilles:
"Par ailleurs, il existe d’orEs et déjà dans le commercIe une catégorie ... "
"Certains de ces systèmes sont déjà équipés font tourner des logiciels libres."
Sinon :
"Par ailleurs, les fournisseurs d’accès Internet ont le plus souvent dans le contrat qui les lie à leurs abonnés"
--> Ne serait-ce pas plutôt les abonnés qui sont liés par contrat à leur fournisseurs ?
"En cas de problème, les équipes gérant le cloud résolvent le problème"
--> En cas de problème, les équipes gérant le cloud le résolvent (par exemple)
Et sur le fond : Je pense que l'utilisateur doit entendre que le choix de solutions libres s'accompagne aussi et je dirais même - nécessairement - d'un effort dans la prise en main des outils; l'effort, un concept que le marketing des solutions propriétaires s'est appliqué à gommer puisqu'il implique le contraire de leur intention à rendre l'utilisateur dépendant.
OliCat
4 De Elessar - 05/03/2015, 09:57
Tu exagères un peu, la plupart des fournisseurs d'accès n'ont pas de clause interdisant l'hébergement, en fait je n'en connais qu'un seul qui a une telle clause — d'ailleurs illicite de l'avis de l'ARCEP, donc inapplicable et réputée non écrite — Numéricâble, ainsi que ses opérateurs virtuels.
5 De Leon - 05/03/2015, 10:55
La première phrase est curieuse "sans tomber pour autant laisser nos données"
Certains de ces systèmes sont déjà équipés ET font tourner des logiciels libres.
Tu parles de débit entrant et sortant, très pédagogique pour vulgum pecus mais on parle plutôt de débit montant et descendant, terminologie que l'on retrouve dans tous documents des FAI.
Sur ce sujet, le SDSL existe mais l'offre est plus que limitée (aux abonnés pro).
Concernant l'alimentation électrique, il existe de petits onduleurs avec prise USB pour une centaine d'euros, suffisants pour arrêter proprement le NAS.
D'ailleurs, tu parles de "stabilité du courant". C'est un peu vague. Il y a des coupures (des microcoupures aux coupures de longues durée - on a eu une coupure de 13 heures il y a qq semaines !) qui peuvent être graves voire destructrices pour nos équipements. Mais concernant les variations *faibles* de tensions, les équipements informatiques semblent peu concernés. Les variations de fréquences, à ma connaissances sont plus que rares. Reste évidemment la foudre. Là...
6 De 22decembre - 05/03/2015, 11:20
Cette phrase "Certains de ces systèmes sont déjà équipés font tourner des logiciels libres." est bancale.
7 De v_atekor - 05/03/2015, 14:29
Le "A" de Adsl est complètement secondaire dans cette optique, les débits étant incroyablement plus élevés qu'il y a 10 ans. Ce qui me semble nettement moins réaliste, est que les utilisateurs s'équipent de NAS et laissent leur bécane fonctionner H24.
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Dans certains pays émergeant qui comptent une grosse part des utilisateurs, ce n'est même pas envisageable (J'ai déjà du mal à rester en com' skype+video plus de 15minute avec l’Amérique du sud, même les connections ssh, pourtant économes en bande passante, coupent parfois... ), mais passons sur eux, il suivront l'effet réseau au fur et à mesure de l'amélioration de l'infrastructure.
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Même à 70€ la machine, ça fait déjà un bel investissement pour beaucoup de monde. Si beaucoup ont plusieurs écran, il existe aussi pas mal d'endroits où il n'y a qu'une machine partagée entre plusieurs tâches et personnes. C'est généralement un portable, avec toutes les conséquences qu'il y a sur la stabilité de la connexion. Pour eux, le gain sera marginal, sans compter qu'il te faudra une redondance particulièrement forte.
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Je vois mal que tu puisses y arriver sans incitation financière, sans arriver à un nième réseau libre entre libristes, façon Jabber, qui sont peut être les personnes qui ont le moins besoin de ce genre de système, tant elles connaissent les moyens de sous les radars. Donc : solution jouable, oui, mais avec incitation financière à la clef, malgré les risques, chez les "gratuits" de se faire dépouiller de sa vie privée. Big Brother reste un monstre plus éloigné que le banquier !
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Alors éventuellement on peut avoir des formules du genre "soit vous payez 100€ puis 10€ par ans, soit vous vous équipez et recevez Xct par mois"... ça peut être un bon moyen incitatif à gain nul si les calculs sont bien faits.
8 De Guy - 05/03/2015, 17:05
Bonjour,
Pour changer des américains, les français font aussi dans l'hébergement de fichiers, Hubic de OVH par exemple.
GM
9 De Valérie Martin - 06/03/2015, 01:18
S'équiper d'un serveur ? Alors que plein de nouveaux utilisateurs ne se connectent que via la 4G, pour bon nombre d'usages un poste fixe ou même un micro-ordinateur portable ne se justifient plus, on va massivement vers la dématérialisation... alors proposer un serveur à domicile -même si c'est une "appliance" clé en main- c'est sacrément à contre courant.
10 De v_atekor - 06/03/2015, 09:26
A noter que les fameuses box internet sont effectivement connectées en permanence à internet et peuvent jouer ce rôle fort bien, mais... il faut passer par ceux qui possèdent les lignes.
11 De Fred - 06/03/2015, 10:11
@Valérie Martin: Je ne crois pas que le serveur à domicile soit à contre courant. Pour ma part j'y suis venu depuis 1 an.
Cela n'est pas du tout incompatible avec l'utilisation mobile en 4G, au contraire! Accéder à ses données persos hébergées chez soit via son mobile en 4G est tout à fait dans l'utilisation! La 4G a même facilité cette utilisation.
Une marque de NAS a même développé un ensemble d'applications mobiles dédiées à ça, qui permettent d'accédé à :
- Sa musique
- Ses fichiers (service de syncronisation)
- Ses vidéos
- Ses téléchargements
- Ses notes
etc.
Cela rend totalement transparent l'accès au serveur à domicile, et de manière aussi fluide que des services centralisés "gratuits".
Pour moi la plus grande utilisation de mobile que d'ordinateur fixe n'est pas le problème.
12 De Fred - 06/03/2015, 12:00
@v_atekor Je suis d'accord. La freebox a un peu commencé, avec accès depuis l'extérieur, et serveur VPN intégré. Mais elle est loin de fournir toutes les applications nécessaires comme centralisation des contacts, calendriers, fichiers, etc.
13 De SansNom1 - 07/03/2015, 06:51
Bonjour,
Vous parlez de l'auto-hébergement, je suis fondamentalement d'accord avec les questions de fond sur le ADSL vs SDSL et ses conséquences, mais que penser des offres serveurs dédiés à très petit prix, p.ex. kimsufi chez OVH ?
Certaines choses sont certes interdites pour la propre sécurité du service et du data center, mais globalement on est quand même largement maître de son serveur, tout en ayant résolu les problèmes d'alimentation et de débit.
Bien sûr, reste le problème de l'administration du dit serveur. Dans une certaine mesure il doit y avoir moyen d'y remédier en développant des distributions linux clés en main spécialement prévues pour cet usage; mais qu'on soit réellement hébergé à la maison ou dans un data center, ça ne changerait pas grand chose à ce sujet.
Sachant que la plus petite offre kimsufi OVH est équivalente à 100 Go chez dropbox, le prix ne me paraît pas être un gros problème en tout cas.
Merci!