Avez-vous déjà imaginé de renoncer à toute informatique pendant un mois ? Pas de mail, pas de PC, pas de smartphone, pas de Wifi ? Pendant un mois entier ? Ou même une semaine ?

Il suffit d’essayer d’imaginer cela pour comprendre à quel point l’informatique et l’Internet ont pris un rôle central dans nos vies. Nous utilisons ces outils pour nous tenir au courant de l’actualité, pour rester en contact avec nos proches même s’ils sont loin, pour nous distraire, pour vérifier la véracité d’une information sur Wikipédia (ou le copier/coller pour un devoir), pour savoir comment aller d’un point à un autre ou pour acheter en ligne.

Le temps où l’ordinateur était une affaire de spécialiste est maintenant bien loin, car l’informatique et Internet nous touchent, nous qui sommes équipés, au quotidien. Mieux : il y a quelques années encore, un ordinateur connecté à Internet était une grosse boite métallique avec un câble d’alimentation et un câble réseau. Aujourd’hui, Il y a de fortes chances, cher lecteur, que vous ayez dans votre poche un ordinateur au moins aussi puissant que ceux de l’époque, alimenté sur batteries et connecté sans fil à Internet. C’est un ordinateur, même si on appelle cela plutôt un smartphone.

L’informatique a changé radicalement ces trois dernières décennies, et son omniprésence a transformé le rapport que nous avons avec elle : elle est disponible alors que nous nous déplaçons, et nous avons accès à des ordinateurs et des volumes de données de tailles insoupçonnés il y a encore peu de temps. Je ne cesse de m’étonner d’avoir dans la poche une encyclopédie dans plusieurs langues, des cartes du monde entier, et un accès aux toutes dernières infos, parfois sur des sujets des plus pointus. Le progrès réalisé est formidable et les possibilités sans cesse croissantes continuent de m’émerveiller chaque jour. J’aime l’informatique, j’aime Internet, et j’aime ce qu’ils me permettent de faire.

Pourtant, il y a comme un malaise.

Récemment, j’ai eu une drôle d’impression en retrouvant sur de nombreux sites la photo d’un objet que j’avais envisagé d’acheter, comme si ce dernier me suivait. J’ai appris plus tard que c’était une technique de marketing appelée retargeting ou « reciblage publicitaire ». J’ai demandé à Wikipédia, qui m’a expliqué :

Le reciblage publicitaire (en anglais : behavioral retargeting, behavioral search retargeting ou simplement retargeting) consiste à afficher des messages publicitaires sous forme de bannières sur des sites internet après qu’un internaute a fait preuve d’un intérêt particulier pour un produit sur un autre site. Des sites tels que PriceMinister, les 3 Suisses et Amazon.com utilisent les reciblages publicitaires.

Ah, quel soulagement, je ne suis donc pas fou ! C’est mon ordinateur qui informe des sites marchands que j’ai déjà été intéressé par certains articles sur d’autres sites marchands… Tout d’un coup, je regarde mon ordinateur d’un œil méfiant.

Les choses se sont aggravées quand un beau jour mon téléphone m’a envoyé une alerte : « il est temps de partir pour l’événement ». Mon téléphone avait pris l’initiative de regarder dans mon agenda l’heure et le lieu de mon prochain rendez-vous :

Introduction_-_Google_Now_Agenda.png

Il a ensuite pris l’initiative, sans que je ne lui demande rien de se renseigner sur les horaires des métros et même du tarif des tickets de métro pour me dire qu’il fallait rentrer chez moi :

Introduction_-_Google_Now_Android.png

D’un coté c’est pratique, mais c’est aussi surprenant, et je n’ai pas le souvenir de lui avoir donné la permission de faire cela. J’ai effectué quelques recherches pour comprendre et j’ai entendu parler d’un service de Google appelé « Google Location Services » . J’ai cliqué sur le lien maps.google.com/locationhistory qu’on m’avait envoyé, et je suis tombé sur la carte suivante :

Introduction_-_Google_Location_history.png

Ce que l’on y voit tracé en rouge, ce sont mes déplacements (ici, pour la date du 2 décembre 2014). Mon téléphone, connecté à Google et doté d’un GPS, me piste au quotidien et envoie mes déplacements en permanence quelque part sur un ordinateur chez Google. Mon ordinateur et mon téléphone sont toujours avec moi, savent tout de moi et certains logiciels qu’ils embarquent remontent ces informations à des ordinateurs dont j’ignore tout. Je suis surveillé en permanence, aussi bien dans mon usage de l’Internet que celui de mon téléphone… sans avoir rien demandé ! Comme je le disais plus haut, je suis passionné d’Internet et d’informatique, mais je réalise que ce n’est plus moi qui contrôle mon ordinateur ni mon smartphone.

C’est ce que je voudrais explorer dans ce petit livre : Comment prendre le potentiel positif de l’informatique connectée sans tomber dans la surveillance de masse. Avoir le beurre… et l’argent du beurre. Ou plutôt, comment avoir le Nutella sans finir obèse à cause de l’huile de palme. Pour ça, je vous invite à lire cet ouvrage, que j’espère aussi instructif que facile à lire (d’autant qu’il est garanti sans matières grasses) !