En relisant les commentaires d'un vieux billet de blog d'un collègue, Anthony (non, je procrastine pas, je teste le Web ;-), je suis retombé sur un excellent commentaire sur le développement personnel, écrit par Florent Verschelde[1]. Anthony explique qu'il a peur de ne pas être parfait, et que bien entendu, ça le paralyse et l'empêche d'aller vite. Réponse de Florent :
si tu veux creuser la partie «paralysie» du sujet je recommanderais bien deux de mes livres de chevet: “Status Anxiety” d’Alain de Botton, et “The Gifts of Imperfection” de Brené Brown. Pour une version courte on peut aussi aller voir sur ted.com les confs “The power of vulnerability” (Brown) et “A kinder, gentler philosophy of success” (de Botton). Et puis aussi “On being wrong” (Kathryn Schulz). (…) Oh, j’ai loupé la conf la plus directement en rapport avec le sujet: “Barry Schwartz on the paradox of choice”.
Je n'ai pas eu le temps de tout voir ni tout lire, mais je vous recommande chaudement la vidéo d'Alain de Botton: A kinder, gentler philosophy of success (elle est sous-titrée en français).
Elle lance quelques idées qui font réfléchir :
- Dans un monde où tout semble possible, si on n'a pas beaucoup de succès, c'est qu'on est un raté : l'échec est, semble-t-il, de notre faute. Mais c'est faux, car tout n'est pas possible dans ce monde.
- L'idée (fausse) que nous vivons dans une méritocratie est source de pression pour beaucoup de gens. Ca n'est pas pour rien que dans les librairies, la moitié du rayon développement personnel soit pour "devenir riche et réussir tout ce qu'on entreprend" et l'autre moitié soit "comment retrouver confiance en soi".
- Souvent, on choisit une carrière ou un métier à cause de la pression sociale, pour que les autres posent sur nous un regard admiratif.
- Si on achète beaucoup de choses, ça n'est pas tant parce qu'on est devenu matérialiste, mais parce qu'on veut être admiré.
- La prochaine fois que vous voyez un type rouler en Ferrari, ne soyez pas jaloux, c'est juste quelqu'un qui a un immense déficit d'amour
- Une petite partie de notre vie (par exemple le travail, un titre, une position, un attribut) ne suffit pas à nous définir en entier.
A la lecture du commentaire de Florent, j'ai aussi acheté ces deux livres :
- Status Anxiety qui existe aussi en version française papier.
- The Gifts of Imperfection.
Je vous tiens au courant une fois que je les ai lus !
Et vous, vous vous sentez parfois paralysés dans la vie par peur de ne pas être à la hauteur ? Quelles techniques utilisez-vous pour contourner l'obstacle ? Une lecture à proposer ?
Note
[1] Commentaire repris et édité avec l'autorisation de l'auteur.
10 réactions
1 De Emmanuel - 11/04/2013, 19:14
Une lecture en cours, au titre similaire : "l'apprentissage de l'imperfection" de Tal Ben-Shahar.
Côté "technique de contournement", je me remémore souvent quelques passages du manuel d'Épictète https://fr.wikisource.org/wiki/Manu... (ce qui dépend de nous, ce qui n'en dépend pas).
2 De Zachary - 11/04/2013, 20:56
Bonsoir Tristan,
C'est la première fois que je poste un commentaire sur ton site alors que je le suis depuis près de dix ans (alors que j'étais en cinquième !) tant ton billet me semble vrai !
J'ai eu la chance de pouvoir faire de bonnes études... mais j'ai eu la grande bêtise de suivre la voie royale dont tout le monde m'a vanté ; une grande école d'ingénieur, suivi d'un grand établissement parisien pour préparer l'Éna. De l'économie, du droit, des notes, des dossiers ! C'est finalement avec deux bons diplômes et à 23 ans que je m'aperçois que tout cela ne me rendra jamais heureux.
Moi, ce que j'aimais, ce qui me passionnait même, c'était l'informatique. Je peux aujourd'hui encore coder en TeX ou en Python jusqu'à quatre heures du matin sans m'en apercevoir.
Comment la pression sociale a-t-elle pu me conduire à faire des notes d'économie et des dissertations de droit alors que je ne m'épanouis pas avec ça ?
Résultat, c'est peut-être un beau gâchis, mais plutôt qu'aller en banque ou en conseil, plutôt que d'utiliser ces deux diplômes, je vais essayer de me reformer un peu et de rechercher un emploi en info en espérant que mon "inexpérience" ne me fera pas repartir de trop "bas"
Tu écrivais une fois qu'il fallait absolument s'orienter vers ce qui nous plaisait, vers le domaine où l'on pourrait faire la différence, plutôt que vers ce qui semblait prestigieux ou apprécié. J'aurais du suivre à ce moment
Puissent les plus jeunes te lire et suivre tes conseils !
3 De fran - 12/04/2013, 08:51
Bonjour,
Sur le sujet de la peur et de la maitrise de ses peurs, je suis récemment tombé sur ce bon article : http://vincent.jousse.org/aimer-ses...
++
4 De Keldan - 12/04/2013, 09:52
Sur les conseils de Frederic LOPEZ, "Imparfaits, libres et heureux" de Christophe ANDRE. Ca réconforte
Merci pour ces conseils de lecture.
5 De Siko - 12/04/2013, 12:05
A propos de "Une petite partie de notre vie (par exemple le travail, un titre, une position, un attribut) ne suffit pas à nous définir en entier"
Lorsqu'on me demande ce que je fais dans la vie, je ne parle jamais de mon travail en premier. En général les personnes qui posent la question sont surpris de cette réponse et pense que je ne travaille pas. C'est assez amusant.
C'est pour moi très important de ne pas placer le boulot en premier (et pourtant j'aime mon travail).
6 De Regis - 12/04/2013, 14:31
Petite pensée personnelle qui me poursuit depuis que je programme (pfffiuuu 31 ans déjà) : "Le mieux, c'est pour la version 2". Et d'autre part : "Il n'y a que ceux qui font rien qui ne font pas d'erreur". Mais : "Ce n'est pas l'erreur qui est importante mais la façon de la réparer (proverbe japonnais)" pour enfoncer le clou : "Avant de savoir courir, il faut apprendre à marcher. Avant d'apprendre à marcher, il faut savoir ramper".
D'autre part, on peut rouler en Ferrari parce qu'on aime ça (V8, V12 bruit, toussa). J'en connais qui roule en Harley-Davidson pour cette même raison... :D
Perso je préfère les Aston-Martin (même si je roule en Saxo).
7 De swimmer21 - 12/04/2013, 14:43
Ah, immédiatement me vient la notion de driver "sois parfait" en Analyse Transactionnelle. L'idée est de dire que notre plan de vie se déroule aussi sur des mini-séquences de quelques minutes qui se déclenchent dans certaines conditions (stress, besoin de reconnaissance...).
Simple, aisé à comprendre, le livre sur la process communication Comment leur dire de gérard Collignon. C'est simple, efficace, carré et avec un background théorique costaud. C'est moins glam' que des romans mais on progresse assurément.
8 De Nico - 12/04/2013, 21:51
Perso, je trouve cette peur stimulante. Quand on en est envahi sous stress, on est forcé de court-circuiter son cerveau pour trouver quand même une solution. Droit au but !
J'ai pas de lecture sur le sujet, si ce n'est d'apprendre à transformer cette peur en simple voix extérieure qu'on entend mais qu'on n'écoute pas. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est un exercice intéressant.
Tu m'inspires un billet tiens.
9 De Tristan - 15/04/2013, 16:47
@Nico : oui, cette peur est stimulante, mais elle vient avec un coût psychologique très lourd qui provoque la procrastination. J'ai prévu un article sur ce sujet.
@Regis : oui, j'ai tout de suite fait le parallèle entre la Ferrari et ma Harley, pendant la vidéo ! En l’occurrence, j'ai acheté ma Harley (1ere moto neuve de ma longue expérience de motard !) au moment où j'ai commencé à arrêter de me dire "tu ne le mérites pas". Elle avait bien un effet psychologique, mais pas celui-ci
10 De Olivier Hoeffel - 19/04/2013, 08:47
Je conseille comme dans le premier commentaire la lecture du livre de Tal Ben Shahar, "l'apprentissage de l'imperfection" (il existe en format poche)
.
On y découvre le concept d' "optimalisme", une autre vision vers laquelle les perfectionnistes peuvent essayer de tendre (et il faut bien l'avouer, il ne suffit pas d'en prendre conscience pour y arriver, c'est bel et bien de nouvelles habitudes à prendre et de mauvaises habitudes à perdre).