Il est arrivé il y a quelques jours un incident au Royaume du Maroc : un groupe Facebook militant pour la séparation entre religion et enseignement a été fermé, tout comme le compte du créateur du groupe. Pourtant, le groupe et son créateur respectaient les conditions générales d'utilisation imposées par Facebook, ainsi que la législation américaine (pays d'origine de Facebook). J'ai appris par la suite que le groupe avait réapparu et que son créateur avait la possibilité de créer un nouveau compte (en ayant perdu l'ancien). D'autres personnes ont subi des problèmes similaires (dont Rodrigo Sepulveda Schulz ou Robert Scoble).

Il y a plusieurs choses qui sont vraiment dérangeantes dans ces affaires : d'une part le côté arbitraire de la sanction, et d'autre part la lourdeur de cette sanction.

Le côté arbitraire de la sanction

Un beau jour, Facebook a décidé de supprimer ce groupe et ce compte, qui pourtant ne violait pas les conditions générales d'utilisation du service. Comme ça. On censure ainsi un groupe par une décision opaque, sans raison apparente. Il n'y a aucune notion de justice dans cette décision.

La violence de la sanction

Pour le groupe en question, c'est la mort. Pour l'individu, c'est pire. Son login disparaît, la clé de son réseau et de beaucoup de ses données. Ses photos, ses vidéos, ses applications FB, ses messages, son mur, son carnet d'adresses, tout disparaît, comme s'il était viré de sa vie en ligne, enfermé à l'extérieur. Il a construit son réseau de relations, il a donné à Facebook sa liste d'amis, mais il l'a perdue. Comble de l'absurde, c'est en voulant faire une sauvegarde de ces informations que Robert Scoble a été bloqué de Facebook. Pour la plupart des gens qui perdent leur compte FaceBook, c'est un peu la fin de leur vie sociale...

Tout ce billet pourrait n'être que l'expression de mon amertume et une mise en garde contre FaceBook, tout puissant face à des utilisateurs qui n'ont qu'une compréhension très partielle des limites du modèle. Mais une magnifique interview d'Eben Moglen (le juriste qui a travaillé sur la GPL) par Glyn Moody donne une ébauche de solution technique qui pourrait bien signer la fin du Minitel 2.0 : La liberté contre les traces dans le nuage. Eben Moglen y explique en 2eme page comment des petits ordinateurs comme le Shivaplug ou le Linutop 2 pourraient bien changer la donne en permettant la construction d'un réseau social distribué (ou a-centré) dont chacun pourrait contrôler un bout et surtout contrôler son niveau de participation. En effet, l'identité en ligne, la liste de nos relations, les archives de nos messages échangés sont bien trop précieuses pour être confiées à quelconque organisation privée, quelle qu'elle soit.