La nouvelle société de Tariq Krim – Jolicloud – vient de sortir une version en pré-Bêta de son système d'exploitation pour Netbook, et ça fait du bruit. J'ai demandé à Tariq ce qui caractérise l'approche JoliCloud, et sa réponse tient en quelques mots :
- Choix
- Cloud Computing
- Neutralité
- Vie privée
- Open Source (ou logiciel libre)
- Gratuité
- Élegance
On notera beaucoup de choses en commun en termes de valeurs entre Jolicloud et Mozilla. Logiciel libre, choix, gratuité, respect de la vie privée et élégance. Nombreux sont ceux qui vont opposer Jolicloud à ChromeOS, le système d'exploitation de Google pour Netbooks. Il est vrai que les deux sont destinés aux netbooks et reposent sur l'association d'un noyau Linux à un navigateur moderne. Pourtant, on va trouver des différences qui sont autant de preuves de divergences de vue entre Google ChromeOS et Jolicloud :
- Installation sur un Netbook existant. C'est la démarche de Jolicloud, là où ChromeOS est destiné à être installé par les fabricants de PC sur des machines dédiées, avec un matériel défini par Google. Par exemple, ChromeOS ne pourra pas tourner sur des machines dotées d'un disque dur. Seuls les systèmes de stockage de type SSD (mémoire flash) seront supportés par ChromeOS.[1]. Jolicloud est compatible avec plus de 200 netbooks à l'heure actuelle.
- Choix du navigateur. Jolicloud repose sur de la technologie Mozilla alors que ChromeOS repose sur… Chrome (on s'en serait douté). Il est tout à fait normal pour un système d'exploitation pour netbook d'offrir un navigateur par défaut. Sauf qu'avec Jolicloud, on a le choix de son navigateur (Firefox par défaut, Chrome en option, peut être d'autres comme Opera ?)
- Installation d'applications locales. Google empêche toute installation locale de logiciels. Peut être sera-t-il possible d'ajouter des extensions Chrome ? Je l'espère. À l'inverse, Jolicloud offre une logithèque qui est celle de Linux. Chez Mozilla, on essaye de rendre les applications Web aussi puissantes que les applications natives (installées sur votre ordinateur plutôt que s'exécutant dans le navigateur). J'aime l'approche de Jolicloud qui est "ça n'est pas parce que c'est possible de remplacer les applis natives par des applis Web qu'il faut impérativement le faire !"
- Choix des services en ligne. ChromeOS exige que l'utilisateur soit identifié auprès de Google avant de pouvoir accéder à quoi que ce soit sur Internet. En terme de vie privée, c'est un vrai problème (je prépare un article sur le sujet pour développer mon propos). Ca n'est pas l'approche de Jolicloud, qui offre le choix en terme d'accès aux services en ligne sans forcer l'utilisation de certains (identification par le compte Google).
- Maturité alors que Jolicloud approche du stade Bêta (prévu pour janvier prochain), il est déjà installé et testé par plusieurs dizaines de milliers de personnes. A l'heure qu'il est, quelques milliers de personnes ont pu faire tourner ChromeOS dans des machines virtuelles, sans grand succès d'ailleurs (problèmes de connectivité dans les machines virtuelles, sans laquelle on ne peut se loguer et accéder à l'interface de ChromeOS).
Lors d'une récente présentation à Paris, il disait "installer un nouvel OS est aussi facile que d'installer un nouveau navigateur". C'est visiblement chose faite avec Jolicloud Express, qui permet d'installer le nouveau système d'exploitation… depuis Windows :
Jolicloud Express : Installation de Jolicloud depuis Windows
Quelques liens complémentaires :
- DownloadSquad : Jolicloud pre-beta now ready for download, and I love it ;
- LifeHacker : Jolicloud Netbook OS Is a Bit Like Chrome OS with Awesome Desktop Applications ;
- 01Net.com : Jolicloud, l’OS pour netbooks à l’essai gratuitement ;
- Jolicloud Blog : Announcing the Pre-Beta Release.
Post-Scriptum : il se trouve que ceci est le 4000ème billet du Standblog
Notes
[1] Oui, je sais, il existe des patches qui permettent d'installer un proto de ChromeOS sur des netbooks avec disque dur, mais on sait bien que Google ne souhaite pas les intégrer.
7 réactions
1 De DreaMs - 16/12/2009, 10:00
Oui mais qu'en est-il de la "sécurité" et de la "rapidité" ?
Si Google a fait certains choix c'est pour aboutir à certains résultats en terme de performance et de sécurité. C'est pour marquer une rupture avec ce que les autres OS peuvent nous apporter à l'heure actuelle.
Jolicloud a choisis la transition douce, mais du coup quelle sont les vrai avantage de Jolicloud vis à vis d'un système traditionnel ?
2 De Nico - 16/12/2009, 10:58
Tout ça, c'est sympa... mais quid de la compatibilité avec des programmes Windows ?
3 De greg - 17/12/2009, 16:38
Peut être mon prochaine os ...
4 De scbb - 18/12/2009, 00:46
@ Nico
Les nouveaux OS ont une stratégie de positionnement à mi-chemin entre un ordinateur et un smartphone.
On aura donc, encore, des incompatibilités d'humeur à moins d'utiliser des services en ligne et (ou) des logiciels compatibles entre eux.
Perso, je ne suis pas du tout convaincu par le système sans DD. Du fait que tous nos fichiers soient stockés sur des serveurs, que se passe-t'il quand la connexion au Net est impossible ou que le serveur est down ? C'est ce qui m'est arrivé hier sur le site d'un éditeur de texte collaboratif (dont je suis globalement satisfait).
5 De Fakir Séditieux - 18/12/2009, 04:51
En dehors de l'aspect esthétique propre à JoliCloud - the design - qu'apporte t'il de plus que la version Moblin que l'on trouve sur les distrib majeures comme Mandriva ?
Il ne faut pas voir malice dans ma question mais je m'interroge sur la viabilité et donc la pérennité du projet. Utilisateur de Netvibes je ne peux que louer Tarik Krim d'avoir créé ce lecteur que jamais je n'aurais utilisé si l'auteur de ce blog n'en avait pas à moult reprises fait l'éloge, vu que je ne voyais, à tord, ce qui le distinguait d'un lecteur de flux RSS orienté desktop. Or je vois que pour JoliCloud cela recommence. Et une fois encore fois ces louanges m'échappent et vu que je n'ai pas de Netbook...
Concernant l'abscence du respect de la vie privée par la plupart des entreprises présente sur le Net je considére que c'est avec l'Hadopi et ses soeurs telle la Lopsi l'un des 2 grands sujets de cette année 2009 - bien que ces problématiques ne datent pas d'aujourd'hui (cf la vague de protestations lorsqu'un ex-leader du monde numérique voulait il y a 6-7 ans ficher tout nos ordinateurs et par voie de conséquence leurs propriétaires pour ... je ne sais quoi d'ailleurs si ce n'est nous rejouer big brother...).
L'affaire Schmidt/Dotzler semble en être un exemple particulièrement édifiant. Mais comme maitre Fangorn le dit dans son article on pourrait se poser la question si nous usagers, ne sommes pas co-responsables de cette situation par manque de vigilance ou jemenfoutisme congénital. Pas seulement eux mais aussi des entités/entreprises, qui essayant de survivre dans un monde de brute tout en offrant une alternative non-monopolistique, ont manqué elles aussi de vigilance.
Survivre tout en participant à la netdiversité en ayant des gènes de réelle éthique et ce sans se compromettre avec des acteurs qui peuvent avancer soit masqué (la plupart du temps), soit à découvert ou même les 2 - plus diabolique encore - comme Google AMHA n'est pas une mince affaire. Le fait que Aza Dotzler propose de basculer de Google Search à Bing - Microsoft - si l'on a des doutes sur l'attitude de la firme de Mountain View montre de façon édifiante que l'on a aucune, ou si peu, d'alternative concurentielle.
C'est comme pour Linux. Potentiellement il n'a pas à rougir face à Snow Leopard ou Windows 7. Excepté, et ce qui fait la différence pour l'utilisateur lambda, son IHM - son desktop - techniquement dépassé (que ce soit Gnome, XFCE, LXDE ou KDE 4) car manquant d'homogénéité tant dans l'apparence que dans la communication entre les appli. Si on a un doute, il suffit de comparer les menu des principales appli ou bien leur navigateur de fichiers. Tous différents. Et ce quelque soit l'environnement sélectionné et même si ces applications appartiennent à ce même environnement. Quand au simple copier-coller entre 2 applications appartenant l'une à Gnome l'autre à KDE c'est une simple vue de l'esprit mais certainement pas une réalité.
Cet échec du Bazar face à la Cathédrale - quasiment le seul il me semble - risque pourtant d'être crucial. Si Linux pouvait à l'instar de Mozilla à l'heure actuelle avoir une part de marché qui le rendrait un des acteurs incontournables à côté de MacOS et de Windows il permettrait par ricochet à des entreprises comme Mozilla d'avoir une moins grande incertitude existentielle et moins dépendantes de ces acteurs gigantesques présent un peu partout et quelque fois en tant qu'acteur quasiment monopolistique (Windows, iPhone), auquelles s'ajoute Google et son terific Gsearch. Cette faible présence dans le home desktop rend beaucoup d'acteurs plus fragiles alors que Linux est en soit même une très grande réussite puisqu'il est présent aussi bien sur les mainframes, les routeurs, les box, les serveurs Web, les serveurs de mails, etc. Et la plupart du temps en tant qu'acteur principal. Mais ce qui fait sa gloire et son honneur c'est qu'il laisse survivre à ses côtés tout un éco-système en bonne santé comme le montre la réussite d'AMP (Apache, MySql, Php/Perl/Python).
Il serait peut-être temps que tous ceux qui doivent leur existence, leur réussite à Linux lui donnent les moyens d'initier et de développer un environnement moderne et même d'avant garde comme avait pu être en sont temps celui de NeXT ainsi que toutes les applications qui feront sa réussite. Certe l'avenir est dans les nuages selon certains oracles mais gare aux effets perverts du machin - le cloud - et ainsi de laisser en friche le domaine de l'environnement utilisateur pour ce seul prétexte. Il faut dépasser les vaines gesticulations de Schuttleworth (Ubuntu/Canonical) et prendre le taureau par les cornes. Il ne faut pas non plus se lancer dans des expériences aussi brillantes soient elles mais qui ne susciteront pas l'adhésion de madame Michu.
Il faut se servir des réussites de Steve Jobs dans ce domaine. Mac première période, NeXStep, Mac OS X. Que des réussites - je ne parle pas de perfection entendons nous bien - qui doivent inspirer le prochain univers du bureau Linux et de l'ensemble des appli qui en feront leur égal. L'univers de Mozilla et de bien d'autres entreprises du net , et c'est là le paradoxe, dépendent d'une alternative crédible présente sur le PC de chacun, d'une manière autre que confidentielle, sinon il n'y aura que bientôt plus que 3 acteurs privés et privatifs qui reigneront sur le net. Déja 2 de ces acteurs ont quasiment vérouillé leur accès au Net, même s'ils n'en sont qu'à leur balbutiement. Apple avec son MacOS/Safari/iTunes et l'iPhone d'une part et de l'autre Google avec son GoogleSearch omnipotent et ses Android et Chrome divers, tous en devenir.
Quelle sera la place de Firefox/Fennec et autre acteurs alternatifs comme Opera dans ce cas de figure ? Qu'adviendra t'il alors des standards, bien qu'avec 3 acteurs majeurs ça peut le faire ? Mais devrons nous, à part quelque Geeks accéder au Net en acceptant d'être sous la tutelle d'entreprises privées ? Cela me fait penser au tout début de l'internet grand public aux USA à l'époque de Mosaic. Le pricipal réseau était accessible uniquement par une interface privée/payante pour accéder à ce réseau totalement privé et étanche du Web. Il n'a pas survécu parce qu'il n'a pas su évoluer, se libérer de ses chaînes, et ses dirigeants n'ont pas su investir suffisament et de manière intelligente. Mais tout le monde ne manque pas de clairvoyance. Il semble que les dirigeants de Google n'en manque pas.
Demain qui dit que Gmail ou tout autre killer-app ne sera pas accessible uniquement à partir de Chrome OS, non pas pour simplement dominer le Web mais tout simplement pour satisfaire les actionnaires de Google ?
Un Web libre, indépendant, multipolaire, dépend d'outils de qualité, respectant les libertés de chacun par le biais d'un éco-système riche et varié ou chaque utilisateur est libre de laisser ses données en toute sécurité aussi bien dans les nuages que sur son PC ou sa clé USB. Et non être soumis à un prestataire unique ou presque lui même totalement dépendant d'enjeux économique.
Une des alternatives possible est la création d'un Mozilla OS ou d'un Opera OS. Mais là encore soit il serait entièrement dédié au cloud soit il offrirait des fonctions nettement plus limitées et par voie de conséquence offrirait un choix plus limité à l'utilisateur. Même dans le cas où les fonctions de stockage sur le terminal absent de Chrome Os soit possible.
En l'état JoliCloud et Moblin peuvent aussi représenter une alternative. Mais leur limitation ne seront elles pas un frein à leur généralisation face à l'pffre Apple par exemple ?
http://masterfangorn.free.fr/?p=454
6 De Tristan - 18/12/2009, 15:45
@Fakir Séditieux, qui écrit des choses très intéressantes :
> Demain qui dit que Gmail ou tout autre killer-app ne sera pas accessible uniquement à partir de Chrome OS, non pas pour simplement dominer le Web mais tout simplement pour satisfaire les actionnaires de Google ?
> Un Web libre, indépendant, multipolaire, dépend d'outils de qualité, respectant les libertés de chacun par le biais d'un éco-système riche et varié ou chaque utilisateur est libre de laisser ses données en toute sécurité aussi bien dans les nuages que sur son PC ou sa clé USB. Et non être soumis à un prestataire unique ou presque lui même totalement dépendant d'enjeux économique.
> Une des alternatives possible est la création d'un Mozilla OS ou d'un Opera OS.
Je suis tout à fait d'accord avec les deux premiers paragraphes et les enjeux qui y sont exprimés.
Par contre, je diffère sur la solution proposée. Je vois en Weave et Raindrop des ébauches de solutions (mais je manque de temps pour répondre plus précisement). Continuons la discussion !
7 De DreaMs - 18/12/2009, 18:18
@Fakir Séditieux @Tristan
Je vais me faire l'avocat de Google en espérant rester objectif sur mes propos:
Sur le 1er point : qu'est ce qui ferait que les actionnaires voudrait limiter le potentiel de google aux uniques possesseurs de Chrome OS alors que leur but est de toucher le maximum de monde ? Ok ct un exemple. Quand bien même il ferait quelque chose dans le genre je tiens à noter que Google est exemplaire dans le "Vos données ne sont pas enfermés chez nous, vous pouvez par des moyens standard les migrer vers d'autres horizons." (voir http://www.dataliberation.org/).
Sur le 2ème point je dirais : Pourquoi ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier si le panier nous parait adapter et répond à nos besoins ? Les raisons idéologiques suffisent t'elles à me convaincre de me compliquer la vie en mettant mes fichiers chez googles, mes mails chez yahoo, tchatter avec msn ... Encore une fois l'important est d'être pleinement informé de ce qu'ils font avec nos données (voir un premier pas de google avec https://www.google.com/dashboard/). Il ne faut pas oublier que la fonction de google c'est de vendre de la publicité. Pour cela ils ont besoin de nous cibler au moins. Et au final si l'on accepte le modèle de société de consommation je trouve plutôt cela bien. Autant recevoir des pubs susceptible de nous intéresser plutôt que des spams de viagra.
Je suis d'accord sur le 3ème point et le réponse de Tristan. Un minimum de concurrence apporte toujours du positif.
Pour moi le modèle idéal serait de pouvoir découpler les service (webmail, photos, documents ...) des données. Du coup on pourrait choisir d'aller voir ses mails sur gmail ou sur yahoo mail sans migration. Mais cela reste parait compliqué voir impossible à mettre en oeuvre.
PS: Je trouve qd même étonnant le double débat d'internet ou d'un coté des personnes se plaignent qu'on leurs volent des informations qu'on les espionnes, alors que ces mêmes personnes en exposent à foison sur Facebook & co.