Contrairement à ce qu'on pourrait croire, j'ai un avis nuancé sur la loi Création et Internet (dite ''Hadopi). Il y a du pour et du contre à mon sens dans cette loi. Le problème, c'est qu'il est devenu difficile de s'exprimer de façon nuancée dans ce débat. Voici donc mon avis sur le sujet :
Pour
Je comprends le désarroi des industries du divertissement (musique, films, jeux vidéos) face au téléchargement illégal. C'est normal d'être en colère quand on voit son chiffre d'affaire baisser. Je comprends que ces industriels demandent à l'état d'intervenir. C'est humain. Maintenant, je me pose une vraie question : est-ce qu'on est à un moment de l'histoire où ces industries doivent disparaître parce qu'elles sont devenues obsolètes ? Ca ne serait pas les premières ! Je pense à tous ces métiers qui ont disparu, toutes ces industries devenues quantités négligeables après une période faste, suite à des évolutions technologiques. En informatique, la carte perforée à laissé place au stockage magnétique. Le telex a disparu en faveur du fax qui va faire de même en faveur du mail. Les fabricants de bougie n'ont pas pu faire face à la fée électricité. Les moines copistes n'ont pas sur résister à l'imprimerie.
Je suis fan de musique, même si j'en parle peu sur le Standblog. Je suis bien sûr pour une rémunération des artistes, bien sûr. Par contre, les maisons de disques, qui prennent l'immense majorité de l'argent et qui sont en lointain rapport avec la création en elle même, m'indiffèrent nettement plus.
Je pense que l'offre légale a en effet plus de chance de réussir si elle n'a pas à faire face à une gratuité illégale. Je pense qu'il faut améliorer l'offre légale, car aujourd'hui, pirater est devenu trivial[1].
Maintenant, je ne vois pas comment passer de l'état actuel des choses, où tout une tranche d'âge télécharge illégalement depuis des années sans mettre à mal le droit à la vie privée, le droit d'utiliser les logiciels de son choix et sans déléguer à des acteurs privés (représentants du disques et fournisseurs d'accès) ce qui relève de la justice.
En ce qui concerne la licence globale, c'est peut-être la solution. Le principe n'est pas si différent de ce que fait la SACEM (aussi imparfait leur processus soit-il). L'inconvénient majeur, bien sûr, c'est de transformer les métiers des industriels (les producteurs, les maisons de disques). Or, ce sont eux – et pas les artistes – qui poussent le gouvernement à faire la loi Création et Internet.
Il y a quelques années, au moment des débats autour de la loi DADVSI (abondamment commentée sur le Standblog en son temps), j'avais des doutes sur la licence globale. Je pensais que l'industrie ne pourrait pas accepter une telle proposition. Quelques années plus tard, j'ai tendance à préférer cette solution, malgré les réticences de l'industrie. La licence globale est loin d'être une solution parfaite, mais c'est probablement "la moins pire".
Contre
- Les amalgames démagogiques qui plombent le débat. Non, tous les gens qui téléchargent n'auraient pas acheté le DVD.
- Le poids des lobbies dans la discussion, qui cherchent à préserver le status quo de leurs clients (les industriels du divertissement) plutôt que de voir qu'il faut évoluer.
- Le refus de comprendre que la création est l'affaire de tous, les artistes en tête, mais que la plupart des artistes n'ont pas de contrat avec l'industrie
- Le refus de comprendre que la gratuité existe dans le monde numérique. Mes photos sont gratuites. Sont-elles sans valeur ? Non. Firefox est gratuit, et pourtant il est très utile à des centaines de millions de gens.
- Le fait que les conseillers techniques des Ministères ne soient pas écoutés. Ils valent mieux que le projet actuel, j'en suis convaincu.
- La volonté de punir toute une tranche d'âge, ce qui est irréaliste.
- Le fait que la sanction est déclenchée et mise en oeuvre par des acteurs privés (respectivement l'industrie et les fournisseurs d'accès à Internet).
- L'obsolescence immédiate des moyens techniques demandés par le gouvernement. On peut voter tout ce qu'on veut, se mettre à dos les jeunes, mais si c'est pour ne rien changer au problème parce que le téléchargement illégal reste possible, tout cela est une gigantesque perte de temps, d'énergie et plus encore de crédibilité.
Conclusion
Le problème du téléchargement illégal existe. C'est un fait. Mais le projet de loi Création et Internet est totalement inadapté. Au lieu de préparer l'avenir, il essaye de protéger une industrie dont l'heure est probablement venue. Au passage, on hypothèque la vie privée des internautes et la place de la France dans la société numérique qu'on essaye de construire. A ce titre, je ne peux pas supporter la loi Création et Internet.
Notes
[1] j'ai testé pour vous et je vais faire un article sur je sujet
38 réactions
1 De Jean-Michel Planche - 12/03/2009, 19:24
>Au passage, on hypothèque la vie privée des internautes et la place de la
>France dans la société numérique qu'on essaye de construire.
... ainsi que le développement d'une infrastructure adaptée et l'innovation ouverte et oui, 100% oui, la place de la France dans la société numérique qu'on essaye de détruire ...
>A ce titre, je ne peux pas supporter la loi Création et Internet.
pareil et nous ne sommes pas des pirates pour autant.
Etonnant, non ?
2 De Charles-Antoine Couret - 12/03/2009, 19:38
Ce que je trouve marrant, c'est que dans ces débats, ce ne sont que les gros poissons qui parlent et plébiscitent cette loi. Les petits artistes eux refusent cette loi car au contraire le téléchargement illégal fait gagner en popularité certains illustres inconnus et qui gagnent bien plus avec des concerts qui eux attirent ainsi plus de monde.
Le gouvernement, du moins Christine Albanel est contradictoire. Cet après-midi, plusieurs amendements ont été soumis pour tuer la DADSVI (et les DRM) et de mettre plus de transparence dans la vente des contenus numériques (en soit, pour que le consommateur sache quelle partie de la vente revient à l'artiste). Notre ministre n'a rien trouvé de mieux que de répondre « c'est trop complexe à mettre en œuvre ». Ah bon ? Et la loi Hadopi alors ? Je pense qu'il n'est pas difficile de le faire afficher clairement ce droit de revient et qui pourtant pourrait être utile et que les consommateurs (et la France) se rendent compte qu'à moins d'être dans le top 50, vivre de sa musique est difficile pour un artiste !
L'autre problème de cette loi, c'est qu'il ne résoudra pas le soucis. Pirater la connexion wifi du voisin est d'une facilité déconcertante (et j'ai pu l'expérimenter sans soucis) sans oublier les réseaux cryptés de téléchargement qui empêcheront à l'État de savoir ce qui circule fait que la loi ne résoudra rien. Pire, on pourra condamner des innocents ! Le père qui travaille dans une boîte dont il est cadre, où Internet présente une place importante dans son métier en somme, doit-il être puni parce que son fils a fait une connerie ? Et la sœur pour ses études qui n'a rien demandé ? Sans oublier ceux qui seront victimes d'erreurs ou de piratages de leurs connexions qui devront attendre une décision judiciaire pour voir leur ligne réhabilitée. D'autant que la sanction sera prise par une entité non judiciaire, ni neutre vue qu'elle sera contrôlée notamment par les ayant droits.
Cette loi est très problématique, d'autant que pour se prémunir et prouver son innocence l'État nous fait don d'un mouchard propriétaire et non multi-plateforme. C'est ridicule, car j'utilise GNU/Linux je suis un méchant et je ne mérite pas autant de protection qu'un windowsien ?
Puis le problème sera repoussé. Téléchargement n'est qu'un manque à gagner potentiel, ce n'est pas une vente qui n'a finalement pas eu lieu car elle n'aurait pu jamais avoir lieu. Combien de fois j'ai pu voir des gens qui téléchargent des trucs « pour voir » et qui finalement les déçois ou même télécharger des trucs qu'ils n'auraient en temps normal jamais acheter. L'achat d'un CD est devenu secondaire dans le budget familial au profit des nouveaux médias (téléphonie, Internet, télévision) ou encore de l'électroménager ou du transport. Le téléchargement n'est donc pas le seul facteur de cette baisse brutale. Et pour cause, le cinéma est une industrie qui se porte très bien. Car le cinéma a su rebondir, le DVD et le cinéma ont une valeur ajoutée face au CD qui n'en a aucun. Le DVD a plusieurs langues/sous-titres très paramétrables, sans oublier les bonus ou encore la qualité. Le cinéma, avec les grands écrans et un équipement bien ficelé qui fait ressortir certains films bien mieux que sur un écran 17 pouces avec des enceintes de Carrefour...
Le CD va mourir après (20 ou 30 ?) ans de survie, c'est inéluctable à moins d'apporter une valeur ajoutée mais vu que les majors ne se bougent pas les fesses ça ne risque pas d'arriver. Pour confirmer mon propos, je crois que des études canadiennes et australiennes ont conclu que le téléchargement illégal n'était pas le seul facteur de la baisse des ventes des CDs, au contraire même parfois...
Bref une guerre de gros sous qui prendra fin quand les citoyens français porteront plainte à l'UE pour violation d'une règle européenne qui va être inscrite officiellement pour mettre à mal HADOPI.
3 De Delphine Dumont - 12/03/2009, 20:08
Effectivement, tous les gens qui téléchargent n'auraient pas acheté le CD/DVD ou une entrée en salle. Mais de nombreuses personnes, dont moi, téléchargent avant d'acheter. Avant de pouvoir télécharger, combien de fois ai-je acheté un CD où il n'y avait que 2 ou 3 titres de valables ? En me faisant ainsi avoir, je crois que j'ai pré-payé mes téléchargements, très largement. Désormais, j'hésite moins à acheter puisque je sais ce que j'achète.
4 De Plume - 12/03/2009, 20:19
@Tristan : Nous préchons des convaincus en grande majorité ! Tous les arguments que vous avez énoncés ont été réutilisé lors des débats d'hier (je n'ai pas pu voir aujourd'hui), de multiples fois bien qu'avec un mode de présentation et quelques nuances à chaque fois par tous les députés qui se sont prononcés contre cette loi et pour une réflexion juste à propos du téléchargement.
Aujourd'hui il est important d'aller convaincre au delà de nos nid douillet qu'est internet et la petite comunauté d'internaute avertis bien au courant de la situation. Quand j'ai parlé à une amie de la loi HADOPI en disant qu'il y avait aussi une possibilité que l'on paye une amende à la place. Elle m'a alors dit "Moi je trouve ça plutôt juste !" Horreur ! Je me suis bien sûr empressée de déballer la tonne d'arguments qui sont contre cette loi, elle a alors été plutôt d'accord avec moi...
Quoi qu'on en dise pour l'instant... la seule manière de se faire entendre ce sont les mass médias et les actions directes (comme une manifestation, d'ailleurs qu'a-t-elle donnée cette manif ??), ce sera le seul moyen d'avoir l'opinion publique à nos côtés pour faire pression sur le gouvernement et pouvoir enfin espérer une culture musciale plus riche, plus diversifiées et plus accessible !
5 De Kagou - 12/03/2009, 20:48
J'ai cherché une offre de téléchargement de dvd, j'en ai pas trouvé. J'ai regardé les offres de téléchargement d'albums, et j'ai trouvé les prix singulièrement trop élevés. La question est : comment changer les attitudes et faire baisser le téléchargement illégal ? Deux pistes. Le coût de la version numérisée bien trop élevé pour les albums et inexistants pour les films. Deuxième piste, faire de la vraie valeur ajoutée sur un dvd/cd. Daft punk avait mis une carte format CB avec un numéro de série unique donnant accès à un site sur Internet. C'est bête et simple à faire mais du coup le cd prend une valeur particulière, il est unique et apporte un vrai plus.
Après sur la loi, elle est dépassée avant même de sortir. Ce qui me fait peur , c'est que comme elle va être inefficace ils vont vouloir aller encore plus loin. Alors que pour moi ils proposent déjà de franchir un pas que je ne saurai tolérer.
6 De rs459 - 12/03/2009, 21:02
Qu’est ce qui arrive si un plaisantin mets un fichiers non-libre caché sous un titre libre ? il est évident que le logiciel pour recueillir les adresses IP des fautifs se basera sur la signature numérique du fichier et non sur son nom , sans quoi il serait simple de détourner le système ....
ABROGATION IMMEDIATE c’est une farce ce texte !!
7 De Victor Brito - 12/03/2009, 21:16
À propos du cinéma, la hausse de fréquentation des salles obscures qu'on observe actuellement montre que, dans l'industrie du cinéma (qui est, pourtant, mêlée au soutien de la loi Hadopi), tout n'est pas aussi noir qu'on voudrait nous le faire croire.
D'ailleurs, une étude d'UFC Que Choisir, dont les arguments sont repris par Univers Freebox, amène à la conclusion que la loi Hadopi est une mauvaise solution pour un faux problème. Et les arguments avancés par ces deux liens sont si intéressants que beaucoup, je parie, n'y trouveront rien à redire.
8 De zizipanpan - 12/03/2009, 22:07
Merci de préciser que les conseillérs techniques des ministères ne sont pas écoutés !
La Ministre de l'intérieur est persuadée qu'une solution du type de celle appliquée dans les prefectures (filtrage des url et liste noire) apporterait la solution à tout l'internet !
Cette solution d'accès à Internet appelée passerelle ORION (qui a le mérite d'exister pour les fonctionnaires) transforme le net en gross Minitel !
1) le url qui contiennent un mot clef comme sexe ou nude ne sont pas accessibles ( un article du monde parlant du rapport entre les sexes sera bloqué)
2) les adresses IP ne sont pa accessibles : seule les adresse avec une un nom DNS peuvent être accesibles
3) Seul les protocoles http et https (et ftp) sont accessibles : pas de peer to peer mais pas de voix sur ip non plus
4) les fichiers audio mp3, wav etc et video ont bloqués
5) Les url avec le mot "blog" sont bloquées
6) une liste imposante de sites n'est as accessible (doctissimo,facebook, twitter etc ...)
Bref , les agents qui veulent réellement accéder à internet achetent une clef 3G, surfent sur le wifi des particuliers installés à proximité de la prefecture ou s'achétent un I-phone ...
L'acces n'est réellement utile que si vous voulez des horaires SNCF si vous parler une autre langue que le Français ou l'anglais (les sites japonais ou allemands qui curieusement ne sont pas filtrés)
9 De Nico - 12/03/2009, 22:36
"pirater est devenu trivial" ? Je ne trouve pas. Pirater en laissant des traces partout, en récupérant de la mauvaise qualité, des DivX pleins de pixels en stéréo de base, des MP3 à 128kb/s alors qu'on pourrait avoir du Ogg Vorbis de meilleure qualité pour une taille de fichiers identique , en attendant trois plombes, oui, trivial. Mais pirater sans laisser de traces, proprement, comme un pro, des contenus en haute qualité, très rapidement, c'est pas une affaire de madame Michu, si ?
Alors si le piratage du plus grand nombre est un piratage de basse qualité, cela nuit-il vraiment à l'industrie (sans parler des artistes) ?
Il m'est arrivé de regarder en streaming sur mon PC un ou deux épisodes d'une saison de série américaine que je ne nommerai pas. Une fois que j'ai eu la confirmation que ça déchirait, j'ai attendu la sortie de l'intégrale de la saison en DVD. 60€. Ce qui a été dur effectivement. J'ai été tenté de continuer à regarder les autres épisodes en streaming tellement la sortie des DVD se faisait attendre, mais c'était vraiment trop mauvais. j'ai un home cinéma et une belle TV, j'entends en profiter. C'est là que l'industrie doit changer. Raccourcir les délais de sortie des DVD : après le gros des sorties en salles pour les films après les diffusions en exclu pour la TV, et pas 6 mois après. Pour les séries, sortir les épisodes au fur et à mesure et faire en sorte que le prix d'un épisode soit le même que quand on achète la saison d'un coup. Sinon, les spectateurs veulent attendre la sortie de la saison complète pour faire des économies, crise oblige, mais comme ils ne peuvent pas patienter, ils piratent. Seuls les personnes très fortes, qui ont arrêté de fumer sans patchs, peuvent se permettre d'attendre plus d'un an...
Pourquoi pas plutôt associer une mutation de l'industrie à une aide psychologie à l'arrêt du piratage comme pour le cannabis, l'alcool ou le tabac ? Avec un suivi, une formation, de l'information, de l'éducation... ah oui, j'oublie toujours ça, le but des politiques c'est justement de nous rendre dépendant du maximum de choses possibles afin de nous tenir en laisse avec des menaces de sanction. Tout ça pour avoir un électorat docile et accessoirement s'en mettre plein les poches. Mais n'oubliez pas, le pouvoir n'est pour la plupart, et malheureusement c'est ceux qui l'ont, qu'un moyen de s'enrichir et non pas un moyen de faire évoluer la société en pensant pour le bien collectif et non pour son propre bien personnel.
Allez, j'ai un plan de potager à finir moi. Y'a des choses plus importante que l'argent dans la vie, le plaisir des couleurs, de la terre amoureuse, d'une plante que l'on croyait morte et qui reprend gràce à nos soins, des odeurs de romarin, de thym de lavande et de chevrefeuille et des enfants qui vous disent "humm, papa c'est bon ton mangé !".
10 De Toub - 12/03/2009, 23:19
1) une offre alternative innovante pour contrer le piratage
Avant de dire que l'offre payante ne trouvera pas sa place tant que le piratage sera là, peut-être devrait-on commencer par mettre en place cette offre payante (directement ou non).
Une plateforme de diffusion nous permettant d'accéder et de découvrir des titres simplement (via le navigateur, à la deezer, ou via des services plus ouverts qui se greffe dans les players audio, comme last.fm) et d'accéder aux films introuvables dans la langue de notre choix, ne peut avoir d'équivalent illégal.
Dans quelques mois, il devrait être possible d'écouter un peu partout dans les grandes villes de la musique en streaming depuis son balladeur via le déploiement massif des technos sans fil (wifi, wimax).
Les offres non payantes illégales ne pourront financer le cout du streaming, alors que les offres payantes peuvent proposer quelque chose de très bon marché étant donné la masse d'utilisateurs.
Si le service est sans équivalent, et que le prix est adapté, plus de raison de perdre du temps à télécharger, puis à sélectionner et copier sur son balladeur, puisqu'on pourra tout avoir en instantané grâce au streaming.
2) un système de rémunération ne se limitant pas aux quelques chansons de la bande FM
Ça veut dire aussi innover au niveau de la répartition des revenus aux artistes (+ gd pourcentage pour les oeuvres que j'ai préférées par exemple).
3) et le live?
Enfin, une question un peu à part : prend-on en compte la place des festivals de musique en plein air qui poussent comme des champignons dans tous les bleds de campagnes dans la part des revenus de l'industrie musicale? Ce sont des lieux d'échange extraordinaires, des lieux bons marchés de haute qualité, de découverte d'artistes, et qui ne pourront jamais être piratés.
Je ne sais pas ce que ça rapporte à Universal, bien sûr...
Ça s'appelle la musique live, et la copie qu'on en fait ne remplacera jamais l'émotion d'une foule qui danse et qui chante!
11 De Da Scritch - 12/03/2009, 23:45
J'ai longtemps réfléchi...
dois-je écrire un billet fleuve sur comment la loi Hadopi va entraîner la cybercriminalité à racketter notre pays, à coup de plugins flash ou java qui seraient des clients bittorrent incomplets mais suffisant pour provoquer des actions judiciaires ? Ou en profitant du fait que le logiciel obligatoire va être payant et que c'est forcément tentant de faire du social engineering là dessus ?
Et puis en fait, non.
Je me dit que ces musiques qu'on entend tous les jours qui sont du divertissement, si elles sont moins achetées, si elles sont moins vendues, c'est qu'elles manquent de créativité. Même pour faire peur
http://www.youtube.com/watch?v=MNo9...
(et ça, c'est un groupe qu'il faut aller voir sur scène, car même si leurs albums sont excellents, rien ne vaut le live)
12 De Patatrac le modele economique - 12/03/2009, 23:54
Je vais apporter ma pierre a l'édifice.
Je travaille dans l'industrie du jeux vidéo et j'ai a ma disposition pas mal de données concrètes sur le piratage (ce qui évite les fantasmes dans un sens ou dans l'autre).
Quelques points/faits avérés sur le piratage des jeux PC:
- Quelque soit la méthode de protection (DRM dernièrement), elle est toujours cracker en un temps record.
- Faire confiance au public et sortir un jeu sans protection en faisant appel au bon sens du public ne fonctionne pas non plus (meilleur exemple le jeu communautaire "World of Goo" réalisé uniquement par deux personnes et qui a gagne de nombreux prix). Il y a eu une communication massive sur le fait que c'était un jeu indépendant, a bas prix, vendu sans DRM etc....résultat: massivement pirate.
- De quoi parle t'on lorsque l'on dit qu'un jeu PC est massivement pirate ? c'est très simple le taux de piratage s'établit entre 90 et 95%. Donc sur 20 joueurs, il y en a entre 1 et 2 qui a/ont paye(nt).
Ceci est vrai, quelque soit le cas de figure: avec ou sans DRM, indie ou publie par un mastodonte de l'industrie etc....a titre d'exemple World of Goo (-tel que communique par leurs créateurs- est pirate aussi dans cet ordre de grandeur + de 90%).
- Comment le sait-on ? Tout simplement car les jeux envoient des donnes anonymes sur leurs utilisateurs uniques. Un petit travail statistique grâce a d'autres données bien connue de l'industrie (desinstall/reinstall du PC et du jeu par la même personne etc...) et on obtient des chiffres avec un taux d'erreur ridicule. Donc on es pas dans le fantasme, il y a des données factuelles.
- Quelle répercussion ? Ce taux de piratage est démesuré et il tue très progressivement mais surement le jeu sur cette plateforme. Les développeurs jettent l'éponge et ceux qui peuvent partent développer sur console ou le piratage existe aussi mais n'est pas un puit sans fond.
- Évidemment que tout ces joueurs qui piratent ne sont pas des acheteurs perdus...mais quand il suffirait qu'environ 10% des pirates achètent un jeu pour double le chiffre d'affaire du jeu en question....aie.
C'est je crois vous en conviendrez un réel problème....enfin a la limite cela serait "uniquement" un problème moral si les développeurs continuaient de faire leur beurre mais a pars une poignée (principalement grâce au jeu online grâce a l'obligation d'avoir une cle d'authentification) et bien ce n'est plus le cas.
Donc je ne viens pas dire "vive hadopi" loin de la....mais il faudrait éviter de sous estimer les ravages du piratage dans le cadre du jeu video en tout cas (c'est le seul sur lequel j'ai une connaissance suffisante pour en parler) car quoi qu'il arrive il va falloir une solution et si elle pouvais passer par une prise de conscience des consomm'acteurs ce serait beaucoup plus responsable et citoyen.
Signe:
Un gars qui a lui même massivement pirate dans sa jeunesse
13 De Précaire - 12/03/2009, 23:58
Est-ce que le téléchargement est vraiment un problème ?
En tout cas, pour certains, ça a l'air d'être un bouc émissaire / une tête de turc en or ! Ils n'ont que ce mot là à la bouche.
Moi, je suis désolé, avant, je pouvais me payer un certain nombre de CD. Maintenant, ce n'est aujourd'hui plus du tout possible ! Alors, après, vous appelez ça la "crise" ou je ne sais quoi d'autre ... mais ça fait un certain temps que c'est un luxe que je ne peux plus du tout me permettre ! D'ailleurs, ça me fais tout d'un coup penser que je pourrais vendre mes "vieux" CD ... ça m'aiderait peut-être à m'en sortir ?
Je crois aussi qu'ils ne vivent pas sur la même planète que nous. Nous, on pense "manger à notre faim"... et eux ils pensent "brioche", pour reprendre la fameuse expression.
14 De Mpok - 12/03/2009, 23:59
EXCELLENT !!
Merci Tristan pour cet article.
ENFIN quelqu'un qui tente de peser le pour et le contre.. Ca change des "appels au blackout" qui ne traitent que des aspects négatifs.
Je suis évidemment CONTRE la loi en l'état, mais comme toi je ne fais pas l'amalgame facile "contre la loi = pour le téléchargement illégal".
Le côté "contre" n'a pas à être défendu plus qu'avant : voir les différents liens publiés ici-même ou sur l'ensemble de la blogosphère.
Le côté "pour" mérite attention, et ton message le souligne, avec des termes comme "peut-être", "est loin d'être", ou "est devenu trivial", les choses ne sont pas si simples...
(lire également le comentaire précédent).
Le côté "liberticide" de la loi (établi, et on peut se battre sur ce seul critère) ne doit pas éclipser les VRAIS problèmes auxquels doit faire face l'industrie de la musique et du cinéma.
Alors que leur modèle économique est fondé sur la rémunération du SUPPORT (cd, dvd), il faut aujourd'hui qu'ils s'adaptent à un marché qui priviligie la virtualisation de ce support (streaming, téléchargement).
A EUX de trouver les équilibres nécessaires (parce qu'il faut AUSSI se préoccuper des personnes employées actuellement dans la filière "production" de cds ou dvds) pour que chacun y trouve son compte.
Note : l'argument "rémunération des artistes" est certes valable, mais n'est en fait qu'une goutte d'eau dans le débat...
La "license globale" ne règle pas le problème, mais je suis d'accord, ce serait "moins pire" que la loi dite Hadopi...
15 De Laurent PATENOTRE - 13/03/2009, 00:20
Ce qui est le plus choquant dans cette loi, pour moi, c'est qu'elle interdit un mode de diffusion sur de nouvelles voies de communication, pour privilégier un mode de distribution basé sur une économie de la rareté (terme très cher à Tristan!). Si nous prenons le cas de la vidéo à la demande, les seules solutions légales existantes sont d'avoir une connection ADSL très rapide, ou d'utiliser des fichiers verrouillés pour un lecteur unique (DRM). Ces deux solutions sont exclusives et ne sont pas en adéquation avec les us et coutumes de Net. Cette loi empêche du même coup les initiatives utilisant ces voies. Une loie ne peut être respectée que si il existe des solutions légales permettant de répondre au besoin.
Par cette occasion, j'aimerais vous présenter notre projet AWAWAT qui est une solution de diffusion d'œuvres numériques, respectant les droits d'auteurs. Il ne s'agit pas d'auto-promotion, mais de montrer qu'il peut exister des solutions permettant de répondre à un besoin. Je pense qu'il est préférable d'ouvrir les débats vers des solutions potentielles que de contraindre par la loie.
L'objectif d'AWAWAT est de proposer une solution permettant d'utiliser légalement n'importe quelle œuvre numérique, sur tout lecteur compatible (Open Source, lecteur de salon, ...), n'importe quand; d'où son acronyme : Any Work, Any Where, Any Time.
Pour réaliser cet objectif nous allons utiliser le téléphone portable pour gérer les droits d'utilisation. Les fichiers vont être cryptés, et les droits d'utilisation seront caché dans l'applet du téléphone avec les clés de décryptage. Cette solution a pour principaux avantages:
Pour en savoir plus, je vous invite à aller sur le site du projet: http://awawat.com
Ce projet est naissant. Nous recherchons des partenaires humains, financier, indutriels... Nous avons surtout besoin de faire connaître cette offre. Le projet est très très ambitieux, et nous ne pouvons pas y arriver seul (comme 5 gars dans un garage).
16 De Thomas Savary - 13/03/2009, 00:38
Merci pour cet avis nuancé. Ça change des extrémismes anti-HADOPI. Je voulais apporter quelques nuances, concernant la musique qui m'est chère, la musique dite "classique".
Il faut savoir aujourd'hui que depuis au moins une douzaine d'années la majorité des publications intéressantes sont dues à des petits et moyens labels indépendants. Qui ne comptent qu'un tout petit nombres d'employés (presque toujours moins de 10 et souvent moins de 5). Parler d'industrie est alors quelque peu déplacé ou en tout cas trompeur.
La moindre production (comme le récital d'un instrumentiste qui apporte son instrument) revient à 9 000 €. Pour des disques qui, au niveau mondial, ne se vendront parfois qu'à quelques centaines d'exemplaires et rarement plus de quelques milliers ! Et on affirme péremptoirement que le C.D. à 20 € est cher...
En outre, l'affirmation qui voudrait que ce soit l'éditeur qui touche le plus sur la vente d'un disque est complètement fausse. Celui qui touche le plus, c'est le commerçant --- mais ce n'est pas propre au disque, c'est vrai pour la majorité des produits : livres, vêtements, cartes postales... Ensuite, c'est le distributeur (des sociétés comme Abeille musique, Harmonia mundi, Integral, Codaex, etc.). Puis l'éditeur. Ensuite les artistes. (Pour simplifier, je n'ai pas pris en compte la logistique ni l'usine de pressage.) Il faut bien que l'éditeur vive ! À condition qu'il serve à quelque chose, me dira-t-on !
Si certains pensent qu'un éditeur/producteur ne sert à rien, eh bien ils se trompent lourdement, en tout cas pour la musique classique. Les artistes ont souvent besoin d'être canalisés, de ne pas être livrés à eux-mêmes. Parce que parfois ils font un peu n'importe quoi : l'éditeur est là pour lui renvoyer un avis critique, l'empêcher de divaguer. Pour un bon ingénieur du son sur une production de musique classique, il faut compter de 3 000 à 5 000 €. C'est l'artiste qui va les avancer ? Et la location du lieu d'enregistrement ? La rédaction du livret de présentation ? Les traductions ? La mise en pages ? La maquette du boîtier ?
Évidemment, on peut renoncer à l'objet disque, et donc au boîtier. On peut considérer aussi que le livret n'est pas si important ou bien trouver d'autres moyens de diffuser les mêmes informations. Certains frais sont néanmoins incompressibles si on veut préserver un bon niveau de qualité. Très rares sont les artistes qui en ont les moyens financiers (la plupart, en France, sont des intermittents du spectacle, je vous le rappelle). Et même parmi les grands, qui ont fondé leur propre label pour s'auto-éditer, le résultat est parfois décevant. Le Néerlandais Ton Koopman a ainsi fondé son label pour achever la publication de son intégrale des cantates de Bach : non seulement il s'est pratiquement ruiné pour ce faire mais on ne peut pas dire que le résultat soit une franche réussite. Un éditeur exigeant aurait attiré l'attention de Koopman sur certains problèmes, à la fois techniques et interprétatifs, ou encore sur le choix de certains chanteurs...
Pour finir, je dirai qu'il est faux d'affirmer que le C.D. soit dépassé techniquement par la musique proposée légalement en ligne : aux oreilles d'un mélomane audiophile disposant d'un bon matériel, le M.P.3, le W.M.A. ou même l'OGG, c'est vraiment de la merde. Le S.A.C.D. a apporté une réelle amélioration technique mais le support est hélas resté marginal. Seul un format de compression sans perte comme le FLAC pourrait justifier la disparition du C.D. mais peu de sites en proposent actuellement, même pour la musique classique. Si le C.D. meurt, alors que ce ne soit pas trop vite ! Parce que, malgré ses défauts, on a encore besoin de lui, l'animal !
17 De krapo - 13/03/2009, 01:04
Un avis qui finalement ne me semble pas très nuancé... C'est un non très clair à l'HADOPI, mais un oui à la rémunération des artistes. Un peu l'avis de tous les opposants à ce projet de loi, en somme.
18 De azurams - 13/03/2009, 01:56
tout simplement, Merci Tristan !
J'endiscutais pas plus longtemps qu'hier soir avec un ami: s'il aime un artiste, il achète son CD, et le p2p a pu lui faire découvrir une miriade d'artistes qu'il n'aurait connu sinon.
Enfin, ma petite pointe créative à firefox, à écouter sur mon myspace (malheureusement pauve car manque de génie créatif) :
with firefox, you got a real new choice,
browsing safly, and more efficiently,
enjoy the tabbed browsing,
popup blocker and now more fishing,
live bookmarks, privacy settings....
http://www.myspace.com/azuramsmusic click sur firefox song.
19 De antistress - 13/03/2009, 02:46
quelques arguments m'interdisant de m'apitoyer sur le déclin autoproclamé des industries culturelles :
- offre musicale longtemps DRMisée et incompatible avec mon système linux
- offre VOD DRMisée et incompatible avec mon système linux
-> comment qu'on fait légalement ?!
Concernant l'industrie musicale, outre le pb d'absence d'offre légale pendant longtemps, parfait pour faire prendre des mauvaises habitudes aux internautes, j'ajoute que le prix des disques a augmenté avec l'arrivée du CD sans jamais redescendre à son niveau qu'il avait du temps des vinyles
Les mots "oligopole", "entente sur les prix" sont la loi du marché de la musique partagé entre 4 acteurs : Universal Music Group, EMI Group, Warner et Sony-BMG.
"En 2001, 97% des disques vendus ont été distribués par une des majors" www.reseaudocs.org/pmb/opac_css//doc_num.php?explnum_id=23 (1)
J'ai cherché la source de cette affirmation que l'on retrouve ici par exemple :
"A l'apparition du CD, très rapidement le vinyl disparait, le comble est que ça revient moins cher de fabriquer un CD qu'un vinyl mais le prix est quasiment doublé"
http://www.dailymotion.com/video/x3...
Trent Reznor de Nine Inch Nails :
"Since the CD came on the market, even with its relatively lower production costs compared to vinyl, labels saw it fit to increase prices exorbitantly while artists’ age-old contracts meant they got the same amount as before - and even granting that the labels invest in marketing and take risks, it is still a great rip-off”
http://blog.dogmazic.net/2007/09/li...
D'ailleurs ici la baisse du CA de l'industrie musicale s'analyse comme la fin de la bulle apparue avec le CD
http://www.numerama.com/magazine/10...
Et voilà les chiffres officiels :
1- "De l’analyse des principaux déterminants de la demande, on retient d’abord que la diffusion rapide du CD, par son effet sur la progression du prix de vente moyen d’un phonogramme, explique à elle seule 48 % de la croissance du marché depuis 1990, contre 52 % pour la hausse des ventes en volume (nombre d’unités de phonogrammes)"
www.wbm.be/dbfiles/doc48_industrieQuebec.pdf
2-
a) On apprend ici (lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/044000180/0000.pdf p.155) que "La diminution observée à partir de 1995 fait suite à une très forte croissance débutée en 1986"
Graphiquement on voit que le CA a été multiplé par 3.33 entre 1984 et 1995
Personnellement, je pense pas que ce soit du uniquement à une augmentation des volumes, mais bien à l'augmentation du prix de l'album lors du passage au CD, ce que nous allons démontrer.
b) Comparons avec les chiffres du rapport ses.telecom-paristech.fr/bourreau/Recherche/crise.pdf (2)
Graphique "Évolution des ventes d’albums en volume"
de 73 millions d'albums env en 1984 on passe à 115 env. en 1995 soit un volume multiplié par 1,57
c) Donc le prix de l'album a été multiplié par 2.12 sur 11 ans CQFD
Par comparaison, l'Indice des prix à la consommation a été multiplié par 1,38 sur la période http://www.insee.fr/fr/themes/conjo...
Le prix de l'allbum a cru 50% plus vite que le coût de la vie (et plus encore si on compare le prix de l'album aux autres marchandises puisque l'augmentation du prix de l'album a contribué à l'augmentation de l'indice de référence)
On peut vérifier ma lecture puisque le 1er rapport indique même clairement :
"Le marché a fortement crû au cours de la décennie quatre-vingt, ce qui correspond en particulier à l’apparition du compact disc, pour poursuivre sa progression jusqu’en 1995. Sur la période 1984-1996, la progression en termes nominaux est de pratiquement 400 %" (il s'agit de la progression du CA)
puis : " Au cours des vingt dernières années, et surtout sur la période 1980-1995, les ventes de phonogrammes ont progressé à un rythme historiquement très élevé, notamment grâce à la diversification des usages. (...) La période 1983-1995 s’est caractérisée par un doublement du nombre d’unités vendues" (il s'agit du nombre d'albums vendus)
On a donc bien des prix qui ont à peu près doublés à l'arrivée du cd
Bizarrement aucun rapport ne met en relation ces deux données (CA réalisé et nb d'albums vendus) pour en tirer la 3è : l'évolution du prix des albums.
Le même rapport signale comme explication de la baisse de l'industrie du disque "Alors que le marché de la musique manque de nouveaux supports, d’autres offres nouvelles captent sans doute une part plus grande de la demande culturelle. On observe en effet la diversification des modes alternatifs de diffusion : clips vidéo, DVD musicaux, passages radio, diffusion de musique au sein de lieux publics, etc., la diffusion de la musique n’ayant jamais été aussi large. Par ailleurs, la consommation de produits technologiques et interactifs croît très fortement, les logiciels, Internet, jeux vidéo, etc. ayant pris une part plus grande dans l’affectation des ressources des ménages en temps et en argent. La progression la plus spectaculaire dans le domaine des biens artisti-ques concerne l’édition vidéo"
"Aucune relation systématique ne peut être établie entre téléchargement et dégradation du marché"
Même si les majors aiment confronter les courbes inverses de la chute des ventes avec celle de l'essor d'internet. Mais on pourrait aussi montrer en face de la pente de la vente de disque l'essor de la vente de Maine Coon (ces gros chats américains commercialisés depuis un 15aine d'année seulement en France) pour décider d'interdire la vente de Maine Coon...
Chose interessante : " Les études menées sur le comportement d’achat des « copieurs » se rejoignent sur la stabilité globale des comportements d’achat dans le temps, même dans le cas de consommateurs recourant largement à la copie. Sur courte période (échelle des études), les gros consommateurs continuent de consacrer une part significative de leur budget à l’achat ; de manière symétrique, ceux qui achetaient peu auparavant n’accroissent que peu leur consommation. Ainsi, d’après la société Jupiter Media Metrix, 34 % des internautes recourant aux échanges de fichiers musicaux sur Internet dépenseraient plus d’argent en consommation de disques originaux, contre 15 % d’entre eux qui auraient réduit leurs dépenses. Près de 20 % des internautes qui n’ont pas accès aux logiciels d’échanges comme Kazaa ou Music City auraient également accru leurs dépenses en 2001. Il ressort donc des estimations de la Recording Industry Association of America (RIAA) que pour trois consommateurs de musique sur quatre aux États-Unis, les systèmes P2P (peer to peer) n’ont pas d’incidence marquée sur leur consommation de musique"
Pourtant le prix du phonogramme est déterminant :
"Baisser le prix des CD : solution miracle pour enrayer la chute des ventes ?
Après le refus de la Commission européenne de baisser les taux de TVA sur le CD, La Libre Belgique revient sur la thématique du prix du CD. De plus en plus d’acteurs de l’industrie phonographique sont convaincus que la relance d’un marché en perte de vitesse passe inéluctablement par la baisse du prix des CD. Aux Etats-Unis, Universal Music a ouvert la voie, en baissant ses prix de 25 à 35 %. Serge Alhadeff, porte-parole des magasins Fnac Belgique renchérit : «à la Fnac, lorsqu’on diminue les prix, les ventes augmentent de 10 à 15 %.». Du côté de l’Ifpi (fédération des producteurs de phonogrammes), on semble pourtant
manifester nettement moins d’enthousiasme pour une baisse généralisée des prix des CD"
www.conseildelamusique.be/pdf/acc_14/CROCHES_14.pdf
Là un député :
"Comment les persuader d'utiliser les plates-formes légales ? D'abord en baissant les prix : vous aurez, Monsieur le ministre à prendre des mesures incitatives dans ce domaine. Le mouvement consommateur français et le conseil de la concurrence seraient bien inspirés de s'intéresser à ce problème. Ensuite, en proposant de vrais catalogues : comment expliquer que les enregistrements des Beatles ne soient pas accessibles ? Est-il logique que la durée de protection soit de soixante-dix ans après la mort de l'auteur ? Il faudra avoir un jour le courage de modifier la directive européenne qui nous l'impose. "
"Enfin, concernant nos chères, très chères sociétés de perception et de répartition des droits, à peine effleurées à l'article 19, que penseriez-vous d'une pompe qui ne restituerait que 84 % de l'énergie fournie ? Tout ingénieur conviendrait qu'il y a bien des choses à rectifier. C'est le cas de la Sacem, dont les frais de gestion ont atteint 15,7 %"
http://www.assemblee-nationale.fr/1...
___
(1) qui analyse finement que le marché est victime de la grande distribution que les majors ont favorisée (p.42 du rapport ou 50 du pdf). Bref,les majors se sont tiré une balle dans le pied.
- et qui pose des questions de fond comme " LES DIFFICULTES D'ACCES AU MARCHE POUR LES PRODUCTEURS INDEPENDANTS ET LES SOLUTIONS PROPOSEES POUR Y REMEDIER" étrangement absentes des accords olivennes...
comme le pb des playlists en radio :
"En 1995, 56 300 titres différents étaient diffusés sur les 30 principales radios ). En 1996, ce chiffre est tombé à 48 000, pour arriver, en 1997, à 38 000,
et, enfin, à 24 400 en 2000.
Ainsi, en moins de six ans, le nombre de titres différents diffusés en radio a été réduit de 60 %.
Durant la même période, le nombre d’artistes différents diffusés à la radio a été divisé par deux."
Et une des causes :
"Deuxièmement, le comportement actuel des radios s’explique en grande partie par la main mise des sociétés en position dominante sur leur programmation.
De nombreux accords de publicité (achats d’espaces, accords au rendement, accords de partenariat) entre les majors et les radios conduisent à une situation appelée de "Pay per play" (littéralement "Payez pour que votre musique soit jouée")."
Autre morceau intéressant absent de la loi :
"Le risque de "verrouillage" de ce marché (internet) par les majors
Comme nous venons de le voir, le marché de la musique enregistrée sur Internet présente d’indéniables opportunités pour les indépendants. Mais un retour à une concurrence loyale, où chacun aurait sa place, n’est pas du goût de tout le monde... "
(2) Notez bien que tous les tableaux montrent l'évolution des chiffres sur de longues périodes, sauf bizarrement le prix d'un album ou on ne remonte pas, bizarrement, au delà de quelques années ! Ce qui m'a contraint à croiser les données pour avoir ce chiffre... Très étonnant AMHA.
Voyez les dates prises en compte pour analyser l'évolution du marché de la musique :
1970-2004 : Évolution des ventes de singles en volume p. 5
1970-2000 Evolution des ventes de singles aux États-Unis et en France p.6
1970-2003 Évolution des ventes d’albums en volume p.7
1970-2002 Évolution des ventes d’albums en volume par format p.7
1970-2004 Évolution des ventes d’albums en France et aux États-Unis p.8
1970-2002 Évolution des ventes de disques en France p.9
1998-2003 évolution des ventes de CD vierges en France p.11 (normal la diffusion des CD vierges est récente)
Et 1998-2003 Prix des albums / Prix des singles p.13 !!!
20 De Fakir Seditieux - 13/03/2009, 03:37
Personnellement je crois, bien que je puisse me tromper même si j'en doute fort, que les enjeux ne sont pas simplement ce que cette loi, à travers la plupart des débats sur les média de grandes audiences, en apparence, veut nous faire croire. Les enjeux dépassent largement les problèmes du droit d'auteur, de la pérénité des multinationales de la culture et des vilains pirates. Le coeur du problème ce n'est pas de protéger les droits et les revenus de Carlita et consorts.
Les indices qui m'amènent à m'avancer ne datent pas d'HADOPI ni même du DAvSI. Cela remonte même d'une période antérieure à la LEN/LCEN. Nos élites, nos dirigeants plus que la plupart de ceux des pays Anglo-Saxons ne se font pas à l'idée de partager ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir.
Ici nous sommes loin de Porto-Allegre - ok c'est pas une région anglophone mais ça montre encore plus cruellement notre retard - où une bonne partie du budget de la ville est gérée par les habitants eux-même. Le principe est simple mais la mise en oeuvre demande pas mal d'engagement de la part des citoyens.
Globalement les élus devraient être contents de cette évolution ; une bonne partie de problèmes à gérer serait transférés vers ceux qui régulièrement les vomissent. Et ben non, niente, nada, no, absolument pas. Ils veulent des électeurs qui viennent leur manger dans la main et leur demander des subsides à tout propos...
En quoi cette rétorique concerne t-elle HADOPI allez vous me dire ?
C'est très simple à travers HADOPI ce n'est pas le simple pirate qui est visé. Mais l'internaute citoyen. celui qui fait fi de tous les archaismes et fonctionnent/communiquent désormais en réseau et non plus sous forme hierarchique/pyramidale.
Est visé le|la gugusse moyen(ne) qui, à l'instar de son homologue us ayant participé à l'élection américaine en utilisant les atouts de l'Internet et des réseaux sociaux numériques, pense que l'on peut s'affranchir de la voix de son maître en utilisant toute la richesse des TIC. Dans un premier temps les analystes ont pensé que cette victoire était du pour partie à l'avance que le staf d'Obama avait pris en utilisant massivement ces outils de l'Internet.
Or des études convergentes semblent monter que l'usage de l'Internet dans le monde politique est nettement plus efficace pour la gauche que pour la droite. Cette dernière privilégie les relais de pouvoir comme les lobbyistes et les dirigeants des grands média, des grands corps d'Etat, provenant pour la plupart des grandes écoles, contrairement à la gauche qui fonctionne plus facilement avec les associations. Or celles-ci sont plus généralement de sensibilité de gauche et ont pour la plupart une plus longue pratique des réseaux sociaux numériques - qu'ils soient Web 2 ou non. Le PS ayant un fonctionnement de plus en plus similaire à ses rivaux de droite ne bénéficie en l'état d'aucun avantage. Pour rappel la défaite des états majors des principaux partis lors du référendum pour le TCE. Les nonistes l'ayant emporté définitivement dans les urnes après leur domination sur le Net. Chose qui n' a certainement pas été oublié par les états majors des partis.
En France l'équipe de N.Sarkosy a plus massivement investi durant sa campagne dans les outils numériques que ses rivaux. A t-il pour autant pleinement profité de cet avantage ? A t'il massivement investi et accentué leurs usages depuis son élection, surtout lorsque sa côte de popularité était au plus bas ? Il me semble que non et à semblé plutôt privilégier son action en direction des grands groupes de presse et des télévisions.
A t-il senti que quoiqu'il fasse il n'aurait jamais les faveurs du plus grand nombre sur le réseau (cf sa visite mouvementé du salon de l'agriculture 2008 ou d'une conférence de presse relayée par la RTBF à la sortie d'un repas avec V. Poutine il me semble). Il semble qu'à l'instar des autorités chinoises il faille mettre si ce n'est au pas, de troubler l'image publique d'un media si indépendant et si impertinent. Quoi de plus efficace pour dénigrer l'influence d'Internet que de perpétuellement répéter que c'est un repère de pédofiles et de pirates ?
On peut certes y faire du commerce mais pour le reste... ça vaut pas grand chose ... contrairement à TF1.
A mes yeux peu de doute que la cible prioritaire c'est tout l'Internet et par voie de conséquence ses usagers qui sont visés et non simplement les pirates, sinon pour quelle raison a t-on avancé la possible création d'une impossible liste blanche des sites autorisés plutôt qu'une liste noire pas si évidente que ça à maintenir à jour ?
Toutes raisons qui justifient de mettre le réseau et ses usagers sous écoutes - tout comme le faisait en son temps la STASI est-allemande - tout en déchargeant l'Etat de la mise en oeuvre - et plus encore de leur coût - de ces mesures en les reportant sur les FAI.
Il est peut-être nécessaire de répéter que le piratage c'est mal. Mais vouloir controler ou museler le Net par le biais d'HADOPI ou de toute autres mesures contraignantes et liberticides est bien pire encore, même si c'est pour éradiquer le mal. Non seulement elles mettent la démocratie en danger mais tout ceci nous renvoie à des époques qui font froid dans le dos.
Quoiqu'il en soit voici quelques articles qui compléteront celui de Tristan qui pour une fois n'est pas coutume me semble un peu trop limité ... à la lutte contre le piratage des oeuvres culturelles ... et pas du tout vers les moyens mis en oeuvre au détriment il me semble des libertés individuelles.
http://blogs.lexpress.fr/attali/200...
http://www.maitre-eolas.fr/2009/03/...
http://www.toolinux.com/lininfo/too...
http://www.01net.com/editorial/4041...
http://www.silicon.fr/fr/news/2009/...
http://www.svmlemag.fr/actu/04177/h...
http://www.svmlemag.fr/actu/04176/h...
http://www.pcinpact.com/actu/news/4...
http://www.betapolitique.fr/L-HADOP...
http://www.pcinpact.com/actu/news/4...
http://gnu-vautes.eg2.fr/howto-inst...
21 De Alain - 13/03/2009, 07:46
C'est bien connu : l'industrie automobile connaît les mêmes difficultés que l'industrie du disque. Et pour les mêmes raisons : c'est parce que les gens peuvent télécharger gratuitement des voitures ! Réprimons donc le téléchargement illégal des voitures et l'industrie automobile retrouvera sa santé
22 De RilaX - 13/03/2009, 08:02
Pendant ce débat parlementaire, il est clair que Madame la Ministre ne répond a aucune des questions technique justifiées. Sur le fonctionnement de la haute autorité par exemple, quand on lui rappelle les chiffres qu'elle a elle même cité (10.000 mails par jours, 1000 coupures par jours) et qu'on lui demande quel temps cela laisse a la nouvelle haute autorité pour la procédure contradictoire, elle ironise sur la gestapo. Ces questions techniques sont tout de même essentielles ! Au risque de voir cette haute autorité débordé et par la même inefficace. Et cette question etait soutenue par tous les autres groupes parlementaire que l'UMP, et même certains députés UMP.
Madame Albanel pense-t-elle que son projet est si bon et si parfait qu'il est inutile d'écouter des critiques justifiés et constructives venant parfois des propres banc de l'UMP ? Elle n'a répondu sur aucun des problèmes techniques que cette loi pose. Elle saborde elle même sa propre loi en la laissant en l'état.
Et que dire de son refus de l'amendement proposé par M. Jean Dionis Du Sejour, du nouveau centre, qui fait parti de la majorité, qui visait a augmenter le revenu des artistes en étendant le modèle de rémunération artistique que pratique les radios aux sites de streaming (radio sur internet). Ce qui n'aurait rien couté à l'État, et aurait au moins rapporté plus d'argent aux artistes ! Réponse : Non car vous excluez les producteurs de ces revenue supplémentaire, ce qui n'est pas gentil pour eux. Artistes, Maintenant, vous savez : cette loi n'est pas la pour vous protéger vous, ni pour augmenter vos revenus. Elle est la pour protéger les revenus des producteurs, et seulement les leurs.
Concluez en ce que vous voulez.
23 De Nicolas - 13/03/2009, 09:40
Patatrac le modele economique> Je ne suis pas sûr que le taux de piratage soit un bon indicateur. Il faudrait plutôt voir la marge du jeu.
Je me demande comment vos stats peuvent faire ressortir les installations multiples sur une même machine ou la réinstallation d'une version payante tout en restant anonyme (ou encore la revente d'un exemplaire légal de CD).
24 De Nicolas - 13/03/2009, 09:45
Thomas Savary> C'est amusant de lire à propos de la musique classique. Sachant que certain enregistrement ancien sont encore revendu chère. Même une responsable du label classique d'une majors disait que la marge éditeur était délirante, sur les morceaux de classique déjà rentabilisé.
Et concernant le prix... comment comprendre qu'un DVD coute un poil plus chère, voir le même prix qu'un CD ? On ne va pas comparer le coût d'un disque à celui d'un film !
25 De Nicolas F. - 13/03/2009, 10:42
Tout a été dit, mais je plussoie pour montrer qu'on est bcp à penser cela.
26 De kuira - 13/03/2009, 11:34
Des problèmes techniques à résoudre :
Près de la retraite je me pose une question sur l'évolution des technologies : en une vie, j'ai accumulé un certain nombre de produits culturels sur des supports devenus aujourd'hui obsolètes : vinyles, K7 audio, VHS achetés ou enregistrés "légalement" de ma TV. Je me trouve aussi avec d'autres supports plus récents et utilisables CD audio, DVD ...
Il existe des matériels pour numériser tous ces contenus et pouvoir les stocker, les transporter et les utiliser plus facilement sur l'ordinateur, un media-center, une clé usb etc à peu près n'importe où...
Cette numérisation, outre qu'elle nécessite un matériel particulier et des connaissances moyennes informatiques, est longue et fastidieuse.
Il est beaucoup plus facile de télécharger "illégalement" donc des documents que j'ai déjà (je ne vole personne).
Je me garde ça pour la retraite, ca demande du temps et des millions de personnes doivent être dans le même cas.
Oui, certains ont intérêt à nous interdire de numériser aussi ce que nous avons déjà pour nous obliger à repayer (souvent très cher) des produits que nous avons déjà payés.
C'est un aspect des choses dont il faut tenir compte et dont on ne parle pas beaucoup dans les débats sur hadopi.
A part ça, je trouve répugnant de compter chaque produit téléchargé comme une perte sèche, je suis d'accord avec ceux qui disent au contraire que le téléchargement favorise les ventes et les consommations "live" (concerts, cinéma...)
27 De dominik - 13/03/2009, 12:04
Vaste débat qui est enfin devenu une préoccupation publique. Ben oui, le problème se pose depuis l'instauration de la redevance sur les supports numériques par la commission Brun-Buisson mais personne ne se sentait concerné... et pourtant, ce n'était ni plis ni moins que les prémices de ce que nous subissons aujourd'hui.
On ne peut nier que la copie d'oeuvre nuise, mais à qui elle fait le plus de tort ? A l'artiste ? A ceux qui se grassent derrière depuis des décennies ?
La copie illicite a toujours existé. Elle a pris de l'ampleur avec les réseaux. Cependant le vrai malaise en revient à ceux qui n'ont pas souhaité s'adapter et prendre le virage au bon moment en proposant de nouvelles solutions de vente (la preuve que c'est possible -> iTunes !!!). Au lieu de cela, il a été choisi de diaboliser l'internet et ceux qui l'utilisent en les traitant de délinquants. L'apitoiement sur l'artiste et la filière a été privilégié au lieu qu'eux même se fassent une auto-analyse pour réaliser qu'ils n'étaient plus à la page, et même carrément largué. Le plus hypocryte, c'est le discours depuis de nombreuses années des ayants-droits qui continuent à nous faire croire que la baisse des ventes des vidéos et de la musique est liée au piratage. Ben voyons. C'est sur qu'en temps de crise, on préfère consommer de la musique que de s'acheter de la bouffe pour se nourrir (selon eux, ils devraient être la seule industrie à ne JAMAIS être dans le déclin) ! C'est bien connu. Et puis arrêtons de nous voiler la face : la création musicale n'a jamais été aussi peu convainquante voire nulle... pour preuve, mes mômes (de 10 à 15 ans) qui en viennent à se gaver de morceaux datant tous de 30 à 50 ans !!! Remarquez, c'est plutôt cool d'avoir une culture musicale commune
Bref, la loi Hadopi part d'un bon sentiment mais ce qui me dérange le plus, c'est que cela soit instrumentalisé par des industriels sous le couvert des ayants-droits et non par les véritables concernés (consommateurs compris), avec la volonté de faire progresser les circuits de distribution (cela reste un club très fermé) et aider les artistes eux-même par l'ouverture de nouveaux modes de rémunération. On joue la répression au lieu de proposer des solutions pérennes et accessibles à un plus grand nombre.
Petite aparté personnelle : - car je pourrais en dire long - je trouve par exemple complément débile que je doive chercher une version pirate des films DVD que j'ai acheté pour les mettre banalement sur mon iPhone ou tous lecteurs multimedia ! Bravo les mecs ! Donc à court terme, si on suit la logique de la loi HADOPI, je suis susceptible de me faire couper ma ligne alors que ce sont les industriels qui sont hors la loi car lorsque j'achète mon DVD, je dois pouvoir en faire - sans restriction aucune - une copie privé (dans le cadre d'un usage strictement familial). Est-ce bien logique ???
Mais bon, il ne faut pas être dupe sur la loi HADOPi et les textes qui sont passés ou sont en préparation : la volonté actuelle des industriels et des gouvernements (ou personnes influentes) est de prendre la main sur l'internet et d'en faire un outil professionnel et rémunérateur. Cela passe tout d'abord par la diabolisation de son usage et ses utilisateurs, le côté immoral de télécharger sans payer, puis ensuite par la mise ne place de règles drastiques (lois !)... et enfin, l'obligation de posséder un statut professionnel (ou légal) pour diffuser son contenu sur la toile et mieux contrôler les flux d'information, et ainsi apposer des taxes, gagner du blé,... etc.
Bref, on va vers la professionnalisation de l'internet et je prédis la fin des blogs personnels et la diffusion gratuite dans quelques courtes années. C'est Paco qui me l'a dit !
28 De Wally - 13/03/2009, 13:04
Une petite remarque que je viens de me faire... Mme Albanel a déclaré que l'accès à Internet chez soi n'était pas quelque chose de fondamental.
Pour tous les abonnés dégroupés, couper l'accès à Internet revient à couper le téléphone. Est-ce normal ? Et les numéros d'urgences ?
29 De Pierre Goiffon - 13/03/2009, 14:18
Bonjour,
J'ai été ravis de lire le commentaire de Thomas Savary (#16, visiblement le a href ne passe pas), car je voulais moi-même répondre sur le point "industrie dont l'heure est venue".
Car que les maisons de disque voient leur CA diminuer dans de telles proportions est bel et bien un danger pour la création : les artistes ont besoin de temps et d'être accompagnés ! Ne serait-ce que pour avoir accès à des moyens techniques (matériel d'enregistrement, ingénieur son) et financiers (de quoi vivre pendant que l'on crée).
Il est évident que le monde de la musique change... Mais il ne faut pas oublier qu'il faut trouver un nouveau fonctionnement pour que demain on puisse toujours écrire, composer et interpréter.
Quant à l'argument avançant une piètre qualité des disques récents, ça ne me parait pas pertinent. Quelque soitent les jugements de valeurs que l'on peut émettre sur les artistes actuels, il faut avant tout préserver la diversité, et pour cela il faut bien donner les moyens aux artistes de créer. Sans maisons de disque, le paysage serait tout autre !
Enfin, l'impact réel des "téléchargements illégaux" n'est pas du tout démontré. On peut aussi se dire que le budget "loisirs" des ménages ces 10 dernières années a été grévé par bien plus de dépenses qu'avant (accès internet, téléphonie, home cinéma, dvd, concerts, ...). Et évidemment on pense aussi à ces études montrant que les "plus gros téléchargeurs" sont aussi de très grands acheteurs de musique...
Bref dans tous les cas, en effet le projet de loi semble totalement aberrant (je me suis également fendu d'un billet pour évoquer les raisons principales à mon sens : http://www.pingmachine.org/2009/03/...), mais quoi qu'il en soit il y a un grave problème et il faut trouver des solutions !
30 De manu2015 - 13/03/2009, 14:51
Bonjour,
J'ai bien cherché la nuance dans l'avis mais j'ai rien vu. Sous le mot "Pour" vous exprimez votre idée qu'il faut certainement faire quelque chose. Vous êtes peut-être Pour une loi, mais surement pas pour la loi hadopi, pas avec ces propos.
Enfin voilà je suppose que quand on comprend les enjeux du projets de loi on ne peut pas en dire grand chose de favorable (il faut être un homme politique pour ça surement).
31 De manu2015 - 13/03/2009, 15:13
@Wally
A mon avis, le fournisseur d'accès te fournit ce qu'il veut.
32 De Thomas Savary - 13/03/2009, 19:03
@Nicolas (comm. no 24)
Je ne crois que nous parlions de la même chose. Ce que vous évoquez, c'est la pratique d'un grand nombre de majors qui déclinent ad nauseam leur riche fonds de catalogue en rééditions plus ou moins économiques. Je parlais quant à moi de nouvelles interprétations, de nouveaux enregistrements.
Et je m'exprime ici en tant qu'ancien chargé de communication d'un label indépendant. À l'époque, nous étions six salariés. Aujourd'hui, à ma connaissance, après que le label a failli faire faillite, il n'en reste plus que deux. Un obscur label publiant des disques sans intérêt d'artistes sans talent et aux ventes ridicules ? Pas du tout, il s'agit du label Alpha, dont une majorité de disques reçoit un excellent accueil critique et obtient les plus hautes récompenses (plusieurs Diapasons d'Or de l'année et Chocs du Monde de la musique de l'année, une floppée de Diapasons d'Or, Chocs du M. de la mus., 9 ou 10 de Classica-Répertoire, 5 de Goldberg, des Editor's Choice de Gramophone...).
Je suis fier d'avoir pu travailler pour ce label hors du commun. Et ça m'énerve d'entendre certains discours ("Les éditeurs s'en mettent plein les poches et vivent sur le dos des pauvres artistes" ou "Le disque est trop cher" --- alors que la durée moyenne des C.D. est souvent moitié plus longue que celle des vinyles d'autrefois, que les prises de son actuelles sont généralement bien supérieures à celles d'il y a seulement vingt-cinq ans et que les notices accompagnant les C.D. sont elles aussi beaucoup plus longues), des discours qui ne sont pas sans fondements concernant certains éditeurs d'enregistrements de musique classique (les plus visibles, ceux appartenant aux majors, en fait une minorité), mais qui sont complètement à côté de la réalité des éditeurs indépendants dont l'activité se rapproche bien davantage de l'artisanat que de l'industrie.
"Le disque est trop cher" (alors qu'une majorité de disques classiques à prix fort sont aujourd'hui légèrement moins chers qu'au début des années 1990 — ne parlons pas des éditions économiques qui se sont multipliées) : pour moi, c'est le discours de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent (ce n'est pas un crime) ; le problème, c'est que j'ai l'impression que beaucoup ne cherchent en fait pas du tout à savoir — afin de se donner bonne conscience quand ils téléchargent illégalement ces enregistrements ?
Telle qu'elle se présente, avec les solutions techniques envisagées, et telle que la défendent certains (Besson, comme parfait exemple), le projet de loi HADOPI est mauvais. Pourtant, à mon sens, il convient cependant de s'attaquer au problème du téléchargement illégal, qui prive les différents acteurs de la musique enregistrée d'une partie (difficile à évaluer mais pour moi réelle, sans aucun doute) des revenus auxquels ils ont droit.
Cordialement,
Thomas Savary
33 De Fakir Seditieux - 14/03/2009, 06:28
Pour compléter ma petite liste voici 2 liens où l'on peut voir que la France a bien oeuvré pour se placer au mieux dans le mauvais peloton :
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2...
http://www.privacyinternational.org...
34 De Fakir Seditieux - 15/03/2009, 04:12
Un petit dernier pour finir le week-end
C'est une petite surprise agréable - peu de journaux ayant traité ce sujet sous cet aspect - vu que leurs craintes rejoignent les miennes ou vice et versa...
Quoiqu'il en soit je partage tout à fait l'analyse de cet article du Monde Diplomatique, avec un petit faible pour les 4 derniers paragraphes. Et surtout je me sens un peu moins seul
http://www.monde-diplomatique.fr/ca...
35 De Nico - 15/03/2009, 10:43
Thomas Savary> Le gros souci, c'est que le téléchargement est impossible à arrêter en soi... toute mesure technique peut être contournée par principe.
Je crois que la plupart des gens sont de cet avis : il FAUT rémunérer DECEMMENT les artistes, les producteurs, etc... c'est du bon sens (chaque maillon a son utilité, comme vous l'avez très bien expliqué). Seulement, la plupart des gens ne comprennent pas pourquoi les artistes ont si peu sur le prix d'un CD.
Ajoutez à ça :
-une production grand public "de merde" de plus en plus médiatisée (tellement de reprises, et on n'entend parler que de ça : attention, je ne dis pas qu'il n'y a PLUS que ça, mais que moi, pékin moyen pas trop branché musique, je n'entends parler que de ça),
-une certaine dose de mauvaise foi de certains gros majors,
-la crise (pour ma part, si je dois me restreindre, c'est clair que la musique dégage en premier => pas indispensable et je peux en écouter à la radio),
-un changement des habitudes (oui, je préfère acheter un DVD plutôt qu'un CD, et je pirate pas de CD pour autant, j'ai 3 à 400 CD "originaux" chez moi),
-etc...
A mon sens, la solution a ce problème, c'est déjà la qualité. Pourquoi j'achète un DVD ? Regardez un Divx, vous comprendrez vite, idem pour le MP3, là je viens d'acheter une édition CD de Gustav Holst et de "ses planètes", y a pas photo côté qualité. Autant de la réalisation que du contenu. Payer pour de la qualité, c'est justifié et indémontable.
Ensuite, il y a les prix... 20 euros un CD, c'est pas simple pour le smicard.
Ensuite, c'est l'éducation. Typiquement, je trouve scandaleux l'exemple du jeu World of Goo. Pour ma part, je ne condamne pas ceux qui piratent pour tester et qui achètent ensuite, mais je condamne fermement ceux qui piratent et qui utilisent sans vergogne.
Après il y a le répressif. Est-il (là, je pose la question, je n'y connais rien en juridique) si compliqué de démolir juridiquement un site qui hoste du contenu non légal soumis à droit d'auteur ou qui met à disposition des liens vers du téléchargement illégal ? (ne me dites pas que ça sert à rien parce qu'un autre site peut sortir juste après, sinon ça servirait à rien de lutter contre le traffic de drogue, vu qu'il y en a toujours qui passe à travers les mailles)
Peut-être qu'en rendant un visage "humain" à tous ces intervenants, ça permettrait de sensibiliser les gens. Perso, je n'y connais rien sur comment se fait un disque ? Y a un travail d'éducation à faire peut-être ?
36 De Philippe - 15/03/2009, 14:48
Je pensais que le problème était que les gens n'achetaient plus de disque ... Je ne vois pas en quoi couper la connexion internet va inciter les gens à acheter !!
Ensuite est-ce que les milliers d'artistes présent sur la scène mondiale peuvent-ils (doivent-ils ?) tous vendre 50 000 albums en même temps ?
Ne faut-il pas changer de modèle économique ?
37 De jmdesp - 16/03/2009, 11:59
Pour compléter l'aspect étude nuancé Clubic a fait un dossier très intéressant sur l'offre légale au Japon, et comment en étant simple et facile d'utilisation, elle a réussi à faire reculer le piratage :
http://www.clubic.com/actualite-264...
38 De Charlie Echo - 16/03/2009, 12:02
Deux questions à se poser :
- pourquoi le droit de VENDRE son contenu est-il moins respectable que le droit de le DONNER ?
Si des artistes veulent protéger et vendre leurs oeuvres, libres à eux ; les clients décideront d'acheter ou de ne pas acheter.
Le rôle de l'Etat est d'assurer à chacun la possibilité d'avoir son mode de rémunération, et donc de protéger la propriété intellectuelle.
- Si toute une génération de jeunes fait des excès de vitesse, devra-t-on remonter la vitesse limite autorisée, ou bien mettre des radars ? Ca n'est pas parce que toute une génération fait des bêtises qu'il faut autoriser les bêtises...
C'est quand-même fou de voir que ce débat est rendu stérile par des espèces de jalousies aussi puériles que "les Major ont trop vécu, il faut qu'elles crèvent".
Laissons les "artistes indépendants" mettre leur contenus gratuitement en ligne s'ils le veulent. Mais laissons les "artistes non indépendants" vendre le leur. Et nous verrons bien, dans 5 ans, ce que le public est prêt à payer pour du contenu...