Luc Besson a encore marché dedans et balance une n-ième métaphore foireuse à propos du téléchargement illégal de films en écrivant: "On ne vole pas les tableaux au Louvre il me semble !".
J'ai vu récemment le film Hitman produit par Luc Besson. D'après moi, ça ne vaut pas les 7,99 EUR de son DVD, et je trouve quand même que comparer ça à quelque chose qui mérite d'être exposé au Louvre, c'est quand même manquer un tout petit peu de modestie !
La différence majeure avec une oeuvre qu'on vole dans un musée, c'est évidemment que quand quelqu'un fait une copie illégale d'un film, l'original est toujours en place. C'est toute la différence entre la Joconde, qui est un bien matériel et le contenu d'un DVD, qui est un bien immatériel.
La Joconde - Mona Lisa - Musée du Louvre
Mais il y a peut être quelque chose à faire avec la métaphore du musée et des oeuvres. Je vais donc essayer de la reprendre.
Quand un ado télécharge illégalement une copie du film Hitman, il ne prive pas les autres personnes du film. Il ne vole pas un tableau. Il profite du tableau sans payer. Luc Besson devrait plutôt dire "On en rentre pas au Louvre sans payer il me semble !". Là, ça serait une métaphore beaucoup plus juste. Ensuite, parmi tous les gens qui profitent sans payer, on peut se demander combien auraient été prêts à payer pour. Sûrement une minorité, qui représente le manque à gagner. Maintenant, des études ont démontré que parmi ceux qui n'étaient pas prêts à payer pour apprécier Hitman, une partie voudra acheter le DVD du 5eme élément de Luc Besson (qui est autrement meilleur).
Maître Eolas explique ça d'une autre manière :
J’émets simplement des doutes sur la réalité de l’étendue du préjudice que les ayants-droits prétendent subir à cause du téléchargement par des particuliers (télécharger une œuvre ne fait pas obstacle à l’acheter par la suite pour l’avoir en meilleure qualité ou bénéficier des bonus, et rien ne permet d’affirmer que ceux qui ont téléchargé une œuvre l’aurait acheté s’ils avaient été mis dans l’impossibilité de se la procurer de cette façon)
Mais revenons à la métaphore du musée du Louvre : le problème de Luc Besson, c'est qu'aujourd'hui, une immense partie de la population peut profiter du musée sans payer, à cause de la dématérialisation des oeuvres. Par ailleurs, l'offre légale n'est pas adaptée. Imaginez le Louvre avec 2 heures de queue sous la pluie pour rentrer, avec un ticket à 10 EUR. Ou sinon, vous avez une petite porte sur le coté, que tous les habitués connaissent, où on rentre gratuitement pour faire la queue. Evidemment, pas d'escalier roulant pour monter à l'étage, et les marches sont un peu glissantes et mal éclairées, mais on accède tout de même au Louvre et surtout à ses oeuvres. Bien évidemment, la plupart des gens passent par la petite porte ! Mais si on offrait des pass pour la saison, qui évitent de faire la queue et qui permettent aussi d'avoir accès à l'escalator, je suis sûr qu'on arriverait à avoir plus de gens qui payent. Un tel projet existe dans le monde de la culture, ça s'appelle la licence globale.
Il y a un truc que tout le monde semble oublier, c'est qu'aujourd'hui, le téléchargement illégal est rentré dans les moeurs. Toute la jeune génération a pris le pli. Dans une cour d'école en 2009, le premier gamin qui dit qu'il paye sa musique et les films qu'il regarde, ses camarades lui lancent des pierres !
Bon, on peut toujours essayer de foutre en tôle la moitié d'une tranche d'âge, mais je doute de l'efficacité de la solution... Vu l'étendue des dégâts, la licence globale, dont je n'étais pas un partisan au départ, me paraît être la seule solution viable à l'heure qu'il est.
Luc Besson, a raison d'être en colère, rappelons le. Il voit le succès de son entreprise mis en danger par le changement. Mais être en colère ne donne pas le droit de dire des contre-vérités pour faire voter une loi dangereuse et inefficace. Après tout, les fabricants de bougies eux aussi ont ralé quand l'ampoule électrique s'est répandue. Personne ici ne regrette de ne pas les avoir écouté !
38 réactions
1 De Toub - 24/02/2009, 11:53
En effet, on ne va pas au Louvres sans payer (sauf le dimanche?), et en effet, on paye pour l'accès à tout le musée, et non pas avant de voir chaque tableau (en essayant de deviner lesquels vont nous plaire).
Les systèmes globaux comme last.fm ou deezer (qui sont légaux) permettent de découvrir un paquet de groupes, et si je ne vais pas aller acheter le CD, j'irai surement les voir quand ils passeront près de chez moi.
L'argent va alors à l'artiste, pas à la maison de disque... et c'est un autre "problème".
2 De LeConcombreMasqué - 24/02/2009, 12:02
Je cache mon identité. Oui je télécharge des tonnes de films/dessins animés. Oui j'ai une divx box sur ma télé. Oui j'en profite comme mes enfants.
Mais : aurais je payé les dvd équivalents ? Bien sur que non !
Dernier truc qui me fait pas rentrer dans les cases : dimanche dernier j'ai acheté le pack complet de la panthère rose (4x4 dvd), un truc comme 40€, juste avant c'était wall-e. J'ai d'ailleurs tout les pixar en DVD (tout comme en dvd). Un autre truc, j'aurai jamais acheté l'album des virgins si je l'avais pas d'abord téléchargé et écouté.
Alors, voleur ? Consommateur avisé ? Vu ce que je paye comme taxes sur mes cd perso+taf, mes disques dur perso+taf etc. Je dirai plutôt : consommateur avisé !
3 De Felipe - 24/02/2009, 12:28
@Tristan et @Toub : Le Louvre est gratuit pour tous le premier dimanche de chaque mois comme les 33 autres musées nationaux http://www.culture.gouv.fr/culture/... sans compter les réductions ou gratuités à certaines catégories de personnes.
4 De jmdesp - 24/02/2009, 12:37
Ce qui est amusant concernant la licence globale, c'est que la justification de l'industrie de l'audio-visuel pour nous dire que ce n'est pas possible est qu'on ne saurait pas suivre précisément quels artistes ont été téléchargés pour les rénumérer équitablement.
Mais la même industrie s'imagine par contre capable de mettre en place une solution pour empêcher les gens de télécharger ?
L'industrie s'imagine capable d'arriver à mettre en place un système empéchant de télécharger suffisament efficace pour que malgrés tous leurs efforts les gens ne puisse le contourner, mais un système que les gens n'auraient aucun intérêt à essayer de casser puisqu'il se contente de mesurer le téléchargement, un système que l'on peut motiver les gens à utiliser volontairement puisqu'il sert à donner de l'argent aux artistes qu'ils téléchargent, donc qu'ils apprécient le plus, c'est impossible ?
5 De Kévin Hinault - 24/02/2009, 12:47
Avec ta métaphore, tu illustres parfaitement le principe que maitre éolas à énoncé dans ses derniers billets : la différence entre "représentation et reproduction" : En effet, quand on va au musée, on ne vole pas la joconde ... mais on ne l'achète pas non plus et c'est la toute la différence ! on achète la possibilité de la "voir". Idem quand on va au cinéma : on n'achète pas l'écran ni la bobine pour les emmener chez soi.
M. Besson confond supports et données comme beaucoup de personnes.
En fait si on regarde bien, le problème du téléchargement n'existe dans la tête des éditeurs : Ils ne savent pas s'adapter à la diffusion sans support physique. Leurs entreprises se sont basées sur le concept de la diffusion d'œuvre à grande échelle via des supports physiques mais aujourd'hui le support physique (CD, DVD ...) n'est plus viable parce qu'Internet permet cette chose incroyable : le support et la donnée sont devenues indépendants.
Mais l'effet est là : toute la chaine de distribution "physique" est perturbée et les éditeurs qui ne sauront pas diffuser via ce nouveau moyen de transport vont tous mourir à petit feux. Aujourd'hui ils ne font que se débattre contre internet.
Un éditeur intelligent s'en sortira seulement s'il recentre ou transforme ses activités, les autres vont tenter de manipuler/forcer/soumettre/etc les gouvernements à coups de billets puis leurs activités disparaitront et ils accuseront internet. Dans n'importe quel domaine si une entreprise essaie désespérément d'aller contre l'évolution de la technologie, elle disparait.
Pour reprendre ta comparaison, l'industrie de la bougie n'avait pas la même puissance que les éditeurs donc ils n'ont pas pu faire de lobby et donc ils ont évolués en fournissant d'autres produits, avec formes, des odeurs, etc ...
6 De Sylvain - 24/02/2009, 13:06
Tout ceci est incompréhensible pour tous les gens qui ne mesurent pas l'impact financier de cette nouvelle façon de consommer.
Prenons juste la dématérialisation des CD et DVD en un format téléchargeable : ça transforme toute l'industrie de la production (en gros les chaînes qui pressent les CD et les DVDs).
Maintenant si l'on considère toutes les majors dont la seule raison d'être était la promotion des artistes mais également l'accompagnement dans les investissements financiers pour produire une oeuvre et la distribuer - on se rend compte à peu de chose près - qu'actuellement elles ne servent plus à rien !
Selon moi, avec peu d'investissement financier actuellement on est capable de produire et distribuer une oeuvre. On peut d'ailleurs le voir avec les vidéos amateur qui font du "buzz" sur internet : bien souvent elles sont faites et distribuées avec très très peu de moyens.
Bref l'industrie du disque part en croisade pour maintenir un prix de 15€ pour un CD audio alors que les coûts de productions doivent revenir - selon moi - à 3€, les royalties à 1.5€ et le reste représente alors un investissement marketing et une marge nette.
7 De Fred - 24/02/2009, 13:07
De toute façon Luc Besson n'est pas connu pour avoir inventé l'eau chaude.....
8 De greg - 24/02/2009, 13:19
Je suis content que vous puissiez afficher sur cette page un reproduction de La Joconde. Vous ne pouvez en faire autant des oeuvres de Luc Besson, et c'est une chose de plus qui sépare ses productions de l'art.
Le parallèle exacte avec les musées serait : en France, on n'a pas le droit de prendre des photos dans les musées.
Je garde un très bon souvenir de ma visite du MoMa, dont j'ai pu partagé les clichés avec mes parents qui ne pourront probablement jamais s'y rendre.
9 De Jean - 24/02/2009, 13:33
Effectivement pour le principe d'une licence globale, dès lors bien sûr que ce ne soit pas une taxe qui entre dans les caisses de l'Etat, mais bel et bien une redevance reversée aux ayants droits, et de préférence sur des critères un peu moins aléatoires que ce qui sert de base de calcul à la SACEM pour les reversements des droits de diffusion.
En aparté : le Mona Lisa exposé au Louvre est en fait une copie (l'original, d'une valeur évidemment inestimable, est mieux gardé que Fort Knox).
10 De MrTuTu - 24/02/2009, 13:34
Sympa la métaphore de la bougie
Ce qui est clair (et tu le dis), aucune solution n'est à l'heure actuelle capable de rivaliser avec le téléchargement illicite.
Maintenant, quand on entend certaines personnes dirent "la fibre, ça ne sert qu'à favoriser le piratage", ce n'est pas demain qu'une solution sera mise en place.
Le problème, c'est que les gens qui sentent leur business vaciller ont le bras long et ne se remettent pas en question : le problème est tout trouvé !
11 De oomu - 24/02/2009, 13:37
l'analogie du musée est intéressante
et comme Felipe, la premiere chose qui m'est venue à l'esprit c'est : "ET le musée y a des entrées GRATUITES le 1er dimanche du mois et divers mécanismes pour aider les gens à voir les oeuvres !!!"
et puis surtout, on oublie que le net a dématérialisé les choses. et que d'ailleurs les musées résistent à mettre en ligne les oeuvres, en haute qualité, sur le web.
Bref, les TEMPS changent et NON on reviendra pas en arrière, le progrès est tellement stupéfiant.
Il faut mettre en vente, vendre, vendre à tous, tout le temps, par tous les mécanismes, VITE !
12 De viktor - 24/02/2009, 14:09
La licence globale ? Je ne vois toujours pas comment ça serait moins une utopie que le filtrage d'internet (une dystopie dans ce cas-là). En évacuatant les questions techniques (répartition), je pense qu'à terme, tous les concepts d'abonnement illimité sont contre-productifs.
Et il me semble que Tristan parle parfois de surconsommation sur son blog d'ailleurs.
Ceci dit l'analogie avec le Louvre est intéressante (il ne faut évidemment pas faire la queue devant la pyramide comme tous les touristes). Pour l'élargir à tous les grands musées du monde, est-ce que ceux-ci ne verraient pas leur rentrées financières très significativement augmentées si l'on pouvait faire une visite virtuelle complète en ligne pour quelques euros ? Ou une visite partielle gratuitement ?
C'est l'importance d'internet comme vecteur de trafic et de promotion, d'échange et de partage que les gros businessmen de la "culture" ont besoin d'intégrer dans leur manière de réfléchir.
Les CD et DVD permettaient de très grosses marges aux gros éditeurs (pricing qui permettait aussi à de petits éditeur d'exister), alors c'est vraiment de l'hypcrisie que de parler de la défense de la culture en inventant des Protocoles des Sages du Son et de l'Image.
Non, mon analogie n'est pas déplacée, les discours répétés de Besson, Seydoux, Nègre, Albanel & co sont malhonnêtes comme la pire propagande, qui vise à inventer un discours officiel et détourner l'attention de leurs propres turpitudes. S'ils arrivent à se convaincre eux-mêmes qu'ils ont raison, c'est qu'ils viennent de se trouver une nouvelle forme de racisme, celui contre internet.
13 De fmarcia - 24/02/2009, 14:10
"Luc Besson, a raison d'être en colère, rappelons le."
Vraiment ? Comme le dit Me Eolas, "... quand le client est accro, on l'oblige à payer pour assouvir ses besoins (la place de cinéma à 10 euros, puis le DVD à 30 euros, le pay per view à 3 euros, sinon il y aura le passage à la télévision… financé par la pub ; la place de concert à 50 voire 100 euros, l'album à 25, la sonnerie à 2 euros, le single à 1 euro lisible sur un seul lecteur compatible)." (source : http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/...).
Oui, ses raisons, enfin *sa* raison, c'est son argent. C'est tout.
14 De Jean - 24/02/2009, 14:33
"Luc Besson, a raison d'être en colère, rappelons le. Il voit le succès de son entreprise mis en danger par le changement."
Oui et non.
D'abord, comme tes explications le démontrent, le manque à gagner est infiniment moindre que ce qu'on veut nous faire croire (ceux qui n'auraient jamais payé, puis qui, finalement, séduits, envisager d'acheter le DVD pour avoir une meilleure qualité).
Ensuite, parce qu'il n'y a pas un Luc Besson, mais 3. Il y a le scénariste, le réalisateur et le producteur. Le seul des 3 qui est réellement menacé, c'est le dernier. Mais c'est aussi le revers de la médaille : à force de multiplier le superficiel (remarque pas spécifiquement adressée à Besson mais au cinéma en général, et aussi à la musique), on a transformé le concept d'oeuvre en celui de produit jetable.
Très peu de films contemporains entreront au panthéon des films cultes aux côtés des 10 Commandements, de la Grande Vadrouille, de Ben Hur ou d'Autant En Emporte Le Vent. Le problème étant bien sûr que quand on fait du film jetable, il ne faut pas s'attendre à des recettes durables dessus.
Même remarque dans la musique. Autrefois les majors investissaient dans des carrières, et avaient pour cela des directeurs artistiques. Ces derniers furent ensuite priés de privilégier la simple distribution de disques produits à l'extérieur par des tiers (producteurs indépendants). Aujourd'hui il n'y a pour ainsi dire plus de directeurs artistiques, ce sont les marketeux qui décident quel partenariat avec quelle boisson pétillante ou avec quelle voiture va permettre de vendre le disque. Reprenez les top 10 des 5 dernières années, vous serez effarés de redécouvrir une quantité d'artistes qui ont alors cartonné... et que vous aviez déjà oubliés.
Le problème du produit culturel jetable, c'est que contrairement au rasoir BIC :
1/ il ne répond pas à un besoin aussi important,
2/ il fait fonctionner l'affectif (arme à double tranchant, car de nos jours soit on adore soit on déteste),
3/ il sera sacrifié dans le budget bien avant la machine à expresso, la clé USB ou l'abonnement à Meetic.
15 De ralez paquerettes - 24/02/2009, 14:41
A la radio, un chercheur à qui on demandait quel pouvait bien être l'intérêt de la recherche fondamentale a répliqué: "On a pas inventé l'ampoule en perfectionnant la bougie, ne pas savoir à quoi ça va servir n'est pas une raison suffisante pour ne pas chercher". Ici, c'est toute une industrie qui est rouillée à force de ne pas bouger, trop occupée qu'elle est dans sa quête du profit immédiat et dont le summum de la prise de risque, de l'innovation est le CD deux titres. Leur colère est compréhensible. Ce sont des dinosaures, ils voient une comète foncer sur eux, ils ont juste assez de capacité de raisonnement pour savoir qu'il vont en prendre plein la gueule mais trop peu pour avoir le début d'un embryon de solution. Je regrette que ça finisse dans un cataclysme, mais je ne regrette pas que ça finisse.
16 De Comme une image - 24/02/2009, 15:06
Hum... Si « Le cinquième élément » est « autrement meilleur » que « Hitman », je n'ose même pas imaginer de quelle daube effroyable il doit s'agir.
Cela dit, ça fait un moment que j'ai arrêté d'aller au cinéma (ou même devant la petite lucarne) vérifier si Luc Besson filme ou produit toujours de la merde.
C'était ma contribution non constructive au débat Hadopi (en lien, un billet de 2006 sur LB).
17 De Suricat - 24/02/2009, 15:09
Le truc qui me gène avec la licence global, c'est le prix que certains imagines : 30€ par mois. 360€ par an ? Même au plus fort de ma consommation, je n'achetais pas 10 albums par an et 10 places de ciné. Et là ce serait plus. Même en téléchargeant, je n'ai pas plus d'un album tous les deux mois que je garde vraiment en écoute. ET j'ai même essayé d'en acheter (Sick Puppies pour ne pas les citer) : impossible... Autant l'idée de la licence globale me semble intéressante, autant je pense qu'il n'y a pas de raison que mes grands parents (heu, ok, ils n'ont pas d'accès Internet mais en paye quand même un pour la téléphonie illimitée) qui ne télécharge rien paye pour tous les autres... Vaste débat ! D'autant que j'ai déjà bien l'impression de me faire méchamment ponctionné par les taxes "copie-privée-que-tu-n-as-pas-le-droit-de-copier" sur *tous* les supports aujourd'hui, qui ressemble furieusement à une licence global dont pas un rond ne va dans les poches des artistes mais dans celles des majors.
Et on rejoint Toub@1 : ce sont surtout les poches des majors qui se vident, ce qui est bien là le "problème"...
18 De Chriistian Meloche - 24/02/2009, 15:46
Il y a pas si longtemps, avant l'Internet, nous n'achetions pas plus les disques car les étudiants d'hier comme ceux d'aujourd'hui n'ont pas beaucoup d'argent. De plus les maisons de disques ont des plans de marketing qui place une ou deux bonnes pièces par album seulement et qui réduisent au maximum le nombre de pages du feuillet avec les paroles et les photos...
Non, avant, il y avait toujours celui qui "compilait" sur cassette la musique du moment et de qui nous pouvions faire des copies.
Donc rien ne change
19 De oaz - 24/02/2009, 16:07
Le débat semble quand même être en train d'évoluer. La question qui va prendre de l'ampleur dans les mois à venir, c'est plutôt de savoir quel est le "bon" tarif pour le "pass" saison.
Au Louvre, la carte annuelle (réservée aux "professionnels", il est vrai), c'est 30€, soit le prix de 3 entrées.
20 De eraser - 24/02/2009, 16:09
+1 pour LeConcombreMasqué
Je télécharge parfois de films sur mon ordi. Mes amis ne savent pas le faire et ne veulent pas télécharger.
Mais le résultat est flagrant.
J'ai acheté beaucoup plus de film que mes amis qui me les taxent de surcroit pour les voir sans les payer.
Les téléchargeurs sont aussi consommateurs. Et de plus taxer à tous les niveaux.
Lorsque l'on achète des supports de stockage on est taxer et retaxer . CLé usb, disque dur, lecteur mp3, média vierge ?
Alors pourquoi nous demander de payer ? encore et encore ?
Quand à la musique. Je ne sais pas si c'est moi mais la qualité des albums qui sortent baissent de plus en plus.
1 ou 2 singles puis quelques titres fourre tout pour appeler ça un album...
D'ou le retour à de vrais artistes à qui ont a envie de donner de l'argent. ET on le fait dans ces cas précis.
21 De enzopitek - 24/02/2009, 16:12
Et pourquoi ne pas organiser une journée blackout comme en Nouvelle Zelande ?
C'est symbolique mais ca fait du beuz contre ces attaques en règle (hadopi et liste blanche) contre la liberté d'expression ....
22 De Jérémie - 24/02/2009, 17:24
En tant que consommateur, je suis plutôt pour la licence globale. Ça simplifie tout. Mais le problème de la licence globale, c'est l'équité entre les producteurs (ou les artistes si vous préférez). Et en tant que créateur (ou producteur), je suis plus frais.
Il m'est arrivé d'écrire ou de traduire (et de faire publier) des livres très spécialisés, à très petit tirage (moins de 2/3000). C'est peu de chose, mais c'est une manière de débuter, et quand les temps sont durs c'est un revenu appréciable. Je suis certain qu'il y a, rien qu'en France, des dizaines de milliers de personne comme moi chaque année (qu'ils créent de la musique, des logiciels, des livres, des BD, peu importe).
Est-ce que quiconque peut croire qu'un système français de licence global va me prendre en compte ?
Aucun soucis pour Besson, Hallyday et les autres. Ils ont les moyens d'avoir les avocats et les lobbyistes pour avoir (au moins) leur juste part du gâteau. Mais les petits, sans parler des tous petits petits petits comme moi ?
Alors vous me direz, la licence globale ne s'appliquerait qu'à la musique. Ou aux vidéos. Mais ça ne change pas grand chose au problème :
- il y a des petits dans la musique, et dans la vidéo.
- le public ne fera pas la différence... si le piratage (aujourd'hui commun, répandu) est payé par le public (la licence globale), le public téléchargera ce qu'il voudra ; pour être fonctionnel une telle licence globale devrait s'appliquer à tous les biens immatériels.
Je ne suis pas contre la licence globale. Mais je ne suis pas pour non plus. Pour être pour, il faudrait que l'on me démontre que l'autorité qui supervisera tout cela (et la répartition du gâteau) soit compétente, indépendante et objective ; et il faudra des mécanismes précis pour protéger les petits.
Rappelons que les petits sont les grands de demain. Une mauvaise licence globale pourrait totalement étouffer (encore plus qu'aujourd'hui, oui oui c'est possible) toute possibilité de rémunération des jeunes créateurs inconnus.
Il est par contre évident que le pack législatif actuel est une honte pour la France, encore pire que le dernier sur le sujet (ce qui était pourtant difficile).
23 De e_ther - 24/02/2009, 17:33
Il semble effectivement que Besson et consorts n'aient rien compris à Internet, ni aux possibles modèles économiques qu'il peut permettre.
Mais après avoir visionné la présentation de C. Albanel devant la commission de l'Assemblée, je me dis qu'au fond, ce que semble vouloir le gouvernement, avec ce projet mal ficelé, ce n'est pas tant de couper nos connexions Internet (1000 "actions"/jour prévues pour l'Hadopi, c. à d. 365000/an ! Si le but est de ruiner le potentiel économique numérique français, la stratégie est la bonne), que de proposer une transaction qui verrait l'utilisateur installer lui-même un spyware dans sa machine, pour prouver sa bonne foi et éviter par avance d'être accusé et de se retrouver dans la situation kafkaïenne de devoir faire la preuve de son innocence alors même que cela nécessite des connaissances techniques qui dépassent la plupart des internautes (quel % des internautes sait ou comprend le fonctionnement d'Internet, d'un proxy, etc. ?).
Si on résume en recontextualisant : fin de la séparation des pouvoirs, contrôle de l'ensemble des médias dominants, stratégie d'affrontement social et de mépris politique (un leader syndical français a tout de même été tué dans des circonstances pour le moins troubles, on attend toujours un mot du Président de la République à ce propos, pardon je digresse), volonté de contrôle d'Internet, etc.
A l'arrivée, un espion dans chaque machine + un pare-feu qui agirait comme un filtre interdisant l'accès aux sites "illégaux" (dixit N. Sarkozy, dont on attend toujours qu'il précise sa pensée) !
Ça fait envie, vraiment…
@ Jean (#9)
En réalité, le cas de La Joconde est un peu plus complexe.
Il y a 2 copies et un original, mais vous ne saurez jamais laquelle vous regardez. De fait, La Joconde est inestimable, aussi n'est-elle couverte par aucune assurance !
24 De Julien Tartarin - 24/02/2009, 18:05
Pour le cinéma, Gaumont, Pathé et UGC (et sans doute d'autres) proposent des cartes illimitées pour une vingtaine d'euros mensuels.
25 De Kévin Hinault - 24/02/2009, 18:41
@Jérémie. La différence entre de la diffusion à la radio d'une musique et la diffusion d'une musique sur internet, c'est qu'on peut très facilement établir combien de fois tel ou tel auteur à été écouté et ce très très précisément sans pour autant enregistrer des données personnelles (nom, ip, etc..). La radio ne permet pas de savoir combien de personnes ont entendus "titre chose" ou "titre truc".
La répartition de l'argent serait alors plus équitable. Seul souci : il faudrait prévoir des instances de contrôles de ces "écoutes" mais indépendantes pour éviter les manipulations des chiffres par les majors. En france, c'est la SACEM qui gère la répartition mais on en connait les limites et il n'est pas sur qu'elle puisse s'adapter.
@Suricat : Concernant la licence globale. Je crois qu'elle fonctionnerait plus en mode abonnement donc si tes grands parents ne désire par écouter de la musique sur internet, il n'aurait pas a payer (enfin j'espère).
Personnellement, je passe 8 à 12h par jour sur mon pc avec de la musique dans les oreilles en écoute sur des sites légaux de diffusion. Je suis complètement partant pour payer et rémunérer les artistes que j'ai écouté.
-J'en profite pour donner un exemple concret de l'utilisation des sites de diffusions : aujourd'hui j'ai découvert "the puppini sisters", j'ai écouté tous les albums, ça m'a vraiment plus : je vais les acheter dans les prochains jours.
26 De hypocrisie - 24/02/2009, 20:34
ça fait dèjà des années que ce débat tourne en rond autour de l'hypocrisie des deux camps...
27 De jpgaulier - 24/02/2009, 21:07
Pas de possibilité de faire de rétro-lien, alors je pointe le sujet qui va un poil plus loin : http://jp.gaulier.info/blog/index.p...
28 De Jérémie - 24/02/2009, 21:41
@Kévin Hinault (25) : heu, je ne crois pas avoir parlé de la radio... ?
Quand au fait de compter les téléchargements, je n'y crois pas un instant. Encore une fois, on peut faire une approximation valable pour Madonna, Besson ou Jackson. Ignorer un ou deux réseaux, ça ne changera pas leur vie.
Mais quand les volumes sont très faibles (quelques centaines ou milliers de téléchargement par mois), «compter» tous les réseaux devient critique. Et le comptage des réseaux Emule ou Bittorent chiffrés, des sources alternatives (usenet, irc), ou tout simplement du prochain réseau à la mode...
Les autorités sont suffisamment incompétentes pour ne pas savoir que le projet actuel est une vaste farce (on ne parle ici que du pan technique), comme l'ensemble des projets sur le sujet. Filtrer ? Quand le µTorrent localisé français sera par défaut totalement chiffré et pré-configuré pour utiliser le port 80 (ou 443 ou n'importe quel autre port classique), j'attend encore de voir la technologie de l'espace qui permettra de repérer les paquets en temps réel sans un taux monstrueux de faux positifs.
Encore une fois, je m'inquiète pour les petits. Les petits livres, les petites musiques, les petits auteurs de logiciels non FLOSS, et j'en passe.
Quand aux compétences de répartition, la SACEM n'est _absolument pas_ compétente, et encore moins objective. C'est une société de droit privé, qui n'a aucune mission de service public. Comme toute entreprise, son seul et unique objectif est de faire le maximum d'argent (quand on voit ce qu'ils collectent vs ce qu'ils reversent, on a même pas besoin de lire leurs statuts pour le comprendre). Que ce genre de société utilise abondamment le droit de recours d'une instance officielle de répartition («regardez là vous vous êtes trompés, vous ne donnez pas assez à l'auteur X») c'est tout à fait normal. Mais ils ne doivent pas avoir le mot final sur cette répartition.
29 De Kévin Hinault - 24/02/2009, 23:42
@Jérémie et après j'arrête de polluer ton blog tristan
En effet, tu n'as pas parlé de radio, c'est moi qui est extrapolé ce que tu disais pour comparer deux modes de diffusions : la radio AM/FM et la diffusion sur internet.
Je ne parlais pas de "téléchargement" mais "d'écoute" ce qui est radicalement différent : on peut écouter de la musique sur internet (deezer, jiwa, ...) sans pour autant utiliser des réseaux de téléchargement. Ce sont ces sites là (et de futurs sites du même genre) qui pourraient très facilement être mesurées.
30 De viktor - 25/02/2009, 01:38
Merci 'ralez paquerettes' (15), ton exemple sur l'innovation vient à point nommé pour résumer le contexte à ceux qui avancent à reculons avec une bougie. Par exemple, des gens qui chercheraient des "preuves" dans le passé pour imaginer les business models de demain ; des paléonthologues du futur en quelque sorte (coucou Laurent Cl.))!
Julien (24) : oui, t'inquiètes qu'on est au courant. Pour moi le succès des offres illimité est l'arbre qui cache la forêt : les français désertent les salles. Même si, dans les statistiques, il y a plus d'entrées, elles sont très concentrées sur une petite population. Concrètement il s'agit de moins de 15% de gens qui font 75% des entrées (ah! les fonctionnaires de la Culture et du CNC ne vont surtout pas risquer qu'on remette leur labeur en cause en publiant ce chiffre).
hypocrisie (26 ) dans les deux camps ? Je ne vois pas en quoi les citoyens sont hypocrites. C'est l'hypocrisie des éditeurs audiovisuels, et des structures qui en dépendent (SACEM, SACD...), qui fait apparaître le consommateur comme un profiteur qui cherche à défendre une forme d'anarchie (manière déjà pas objective de décrire internet) contre la loi (qui condamne déjà la contrefaçon sous quelque forme que ce soit).
Ah, c'est plus facile de renvoyer dos à dos deux camps (tous pourris!) que de se poser et réfléchir aux arguments avancés...
31 De Arnaud - 25/02/2009, 08:51
http://lafeuilledemanioc.20minutes-...
Peut être que Luc Besson devrait songer à un autre réseau de distribution non ? Il a les mains liés par les cinémas non ? (OOOh serait il dans la peau d'un internaute ayant un dvd sous linux ?)
Il devrait tenter la distribution selon Kassandre !!
32 De Romain - 25/02/2009, 09:46
Les films de Mr Besson lui ont permis de gagner beaucoup d'argent. C'est tout à fait son droit d'en vouloir encore. Simplement qu'il admette, et que nos responsables politiques admettent, que ce n'est pas de Création Artistique qu'il est ici question, mais bien simplement et purement de business.
Un véritable artiste ne crée pas pour l'argent. Dire que le piratage tue la création est une aberration. Et dissocier tant que possible argent et création ne peut être qu'une bonne chose pour le second.
Il y a tant d'artistes qui restent dans l'ombre pendant que les majors monopolisent les médias de masse. Par exemple, pourquoi n'exigerions-nous pas des chaines du service public de promouvoir labels indépendants et musique libre plutôt que de servir la soupe aux Johnny et consor ? Quand les médailles de l'ordre du mérite seront elles distribuées non pas sur la notoriété d'un "artiste" mais sur son véritable talent ? C'est tout un système qui est à revoir.
33 De Nico - 25/02/2009, 09:50
Tout est dit : le manque à gagner "réel" est surement bien moindre que celui "potentiel"... et ceux qui piratent sont moins emmerdés que ceux qui achètent légalement (jeux vidéos par exemple).
On veut donner une image de pilleurs pour ceux qui téléchargent... faudrait arrêter de dire des bêtises, tout le monde ne télécharge pas comme un porc tout ce qui passe (d'ailleurs, ceux qui font ça ne regardent même pas ce qu'ils prennent, bonjour le préjudice)... personnellement :
-oui, je télécharge un peu en avance deux séries dont je suis fan, mais je les achète en DVD ensuite (pour les bonus, la qualité d'image, etc...), donc aucun préjudice au final ! (j'ai 4 à 500 DVDs... donc le fait qu'internet soit chez moi ne transforme pas ma DVD-thèque en Divx-thèque)
-vu la qualité de la musique actuelle... je n'en télécharge pas du tout ("Are Aine Bi" de m....), et je n'en achète que très peu (je crois que mon dernier CD acquis c'est celui de Thomas Dutronc, excellent)
D'ailleurs, pourquoi j'irai télécharger sans arrêt ? En supposant que je télécharge, allez, 5 films par mois... je n'aurais quand même pas le temps de les voir. J'exagère ? On me prête des fois des séries en DVDs, je n'ai pas le temps de les voir. Je préfère aller au ski, au cinéma, etc... Alors, pourquoi j'irais m'emmerder à télécharger des films ?
(surtout des films tout pourris de Yamakasis qui protègent des putes dans des Audi en banlieue ! Merci Mozinor ! )
La plupart des gens sont bien évidemment d'accord qu'il faille rémunérer les artistes pour leur boulot, seul problème : quand on paie un CD, très peu va à l'artiste... l'initiative de RadioHead prouvent qu'il y a moyen de mieux rémunérer les artistes (en envoyant le fric directement dans leur poche) et d'avoir des prix raisonnables pour le consommateur.
34 De tonton - 25/02/2009, 16:30
ah aujourd'hui il est pris dans le système qu 'il souhaite defendre
son film n'est pas distribuée dans les salles de banlieu car trop compliqué pour le distributeur dominant !!!
trop compliqué pour les éditeurs l'interopérabilité
trop compliqué faudra voir le pouvoir législatif de trop compliqué enfin de compte
ceux qui gouvernent souhaite respecter ceux qui veulent pas se casser la tete alors tout le reste va suivre
35 De Wendy - 25/02/2009, 21:10
Je me demande pourquoi acheter un DVD ou un CD, rentrer à la maison, passer du temps à riper, décrypter, encoder avec la meilleur qualité possible puis le distribuer sur InterNet.
Comment, lorsqu'on travaille dans un labo de cinéma, on peut prendre le risque de voler une copie d'un film et de l'offrir à des inconnus ? Parce le produit plaît ? ne plaît pas ? se venger de la société ? par sport ?
Cela reste un mystère pour moi qui n'a envie ni d'acheter pour les autres, ni risquer de perdre mon boulot... ni le temps de le faire
Wen
36 De kafeine - 26/02/2009, 18:18
Une bonne idée non pour militer contre la riposte graduée ? http://www.laquadrature.net/fr/APPE...
37 De manu - 27/02/2009, 12:18
à propos des fabricants de bougies, un texte de F. Bastiat (économiste et député français du XIXè siècle), la pétition des marchands de chandelles contre le soleil :
http://bastiat.org/fr/petition.html
" Nous subissons l'intolérable concurrence d'un rival étranger placé, à ce qu'il paraît, dans des conditions tellement supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu'il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit; car, aussitôt qu'il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s'adressent à lui, et une branche d'industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète."
38 De Arnaud - 27/02/2009, 19:51
@Wendy : Je pense que c'est par "elitisme" (le mot est mal choisi) pour être le premier à l'avoir et donc le distribuer aux amis. Il ne faut pas négliger ce cet aspect social !
Un peu comme celui qui gravait les CDs et les distribuait dans les cours de lycée il y a 12 ans
D'ailleurs plus on ca renforcer la pénalisation et plus on va augmenter cet aspect la : ceux qui sauront récupérer les films/musiques seront les rois