Ce billet est le premier d'une série sur l'économie. Pour en savoir plus, se réferer à mon introduction et à l'ensemble de la catégorie Economie du Standblog.
L'économie des biens matériels, c'est l'économie dite classique. Le fonctionnement est bien connu dans notre société occidentale : j'ai un bien (par exemple une baguette de pain), et je te la vends, ami lecteur. Une fois que l'échange a été réalisé (pain contre argent), je n'ai plus le bien.
Cette économie est une économie de la rareté : plus un bien est rare, plus il est cher. Corollaire : j'ai intérêt à organiser la rareté (voire la pénurie) si je veux vendre cher un bien dont je dispose. En effet, plus un produit est rare, moins il y a de concurrence, et plus je peux le vendre cher (et donc gagner plus par objet vendu).
L'économie des biens matériels, c'est celle dans laquelle ont vit en permanence, quand on fait les courses (quand un poireau est dans mon cabas, il n'est plus sur l'étalage), quand on paye son logement (si le logement m'est loué, il ne peut pas être en même temps loué à un autre).
L'économie de ces biens matériels est basée sur l'atome, la rareté. Elle concerne ce qu'on appelle les biens rivaux, et l'économie repose sur un échange, celui d'argent contre le bien désiré, voire sur le troc (un bien désiré par l'un en échange d'un bien désiré par l'autre). C'est "l'économie de tous les jours", pourrait-on croire. C'est même le principe économique qui dirige l'essentiel de notre société. Et pourtant, il existe d'autres systèmes économiques, et je vais en parler dans un prochain article.
32 réactions
1 De tfe - 30/09/2008, 13:30
Billet fort intéressant sur la stratégie de Apple avec les iphones par exemple. Faire un produit "rare", avec peu d'exemplaire pour gonfler les prix.
2 De Tristan - 30/09/2008, 14:14
@tfe : oui, la stratégie d'Apple est superbement executée, aussi. Par exemple, ils ont fait un iPhone 1 qui était vendu très cher à des gens qui étaient prêts à payer le prix (dont moi). Ca en a fait un produit de luxe, exclusif, attirant. Et un an plus tard, le même modèle, amélioré, est vendu beaucoup moins cher. Après des mois de désir, les gens se jettent dessus, et l'iPhone 3G se vend comme des petits pains !
3 De titine - 30/09/2008, 14:21
Mais Tristan, un cheval bon marché c'est rare, donc - selon ta logique où ce qui est rare est cher - un cheval bon marché c'est cher ?
Bon allez, je rigole, j'attends la suite.
Un simple remarque, au paragraphe 2, tu indiques que plus un produit est rare, moins il y a de concurrence, c'est pas tout à fait vrai. La rareté est lié à la disponibilité des matières premières, ou à la protection d'un détenteur d'un brevet qui organise cette rareté. La présence ou non de concurrence est est encore une fois liée à l'existence de brevet permettant d'interdire la concurrence, mais concurrence et rareté ne sont pas directement liées ! Ou alors j'ai pas tout compris à ton argumentaire...
4 De trepo - 30/09/2008, 14:25
pour partager sur ce thème, j'ai bien aimé lire :
"un autre regard sur l'économie" afin de "sortir de la pensée unique"
http://www.onpeutlefaire.com/articl...
5 De ned ludd - 30/09/2008, 14:55
@tfe :
Un iphone n'est absolument pas un produit rare. Tu peux t'en acheter un avant ce soir.
Apple et les autres multinationale n'organisent pas la rareté des biens manufacturés. Au contraire, l'explosion des coûts de création d'usines de micro-électronique ( loi de moore) les incitent à vendre un masse toujours de plus grande de produits de moins en moins solide. En clair, Apple préfère te vendre un iphone à 150€ qui sera obsolète dans 2 ans, plutot que de te vendre un iphone à 300€ qui aurait une durée de vie de 4 ans. L'exemple est simpliste mais l'idée est là. Pour apple, le design n'est qu'une forme d'obsolescence programmée pour que le geek achète un "ipod nano" alors que son "ipod classic" est encore en état de marche.
Ce qu'Apple organise c'est le "sentiment de rareté", l'idée qu'on a eu de "la chance" de pouvoir acheter un iphone, et que par conséquent on est quelqu'un de moderne / branché / en avance sur temps / whatever .... Notons bien que ce tour de passe-passe marketing fonctionne à merveille sur les couches les plus éduquées de la population, là ou les publicités classiques ont tendance à échouer.
L'ironie est dans tout cela c'est qu'Apple réussit a vendre la même camelotte à des millions de personnes justement en faisant croire cette camelotte les rendra unique et "spécial". D'ailleurs les armées de fanboys Apple qui poirottent devant les magasins les jours de lancement de produit sont un symptome assez flagrant de cette croyance que l'acte d'achat est une forme de réalisation personnelle.
Pour revenir sur le décalage énorme entre le "sentiment de rareté" et la "rareté réelle" des objets qui nous entourent ( on prend l'exemple de l'iphone, mais c'est pareil pour les DVD "collector", les clios "série limitée" et autre attrape-couillons...) , on peut voir un parallèle intéressant avec l'émergence du marketing politique et notamment la décalage entre le "sentiment d'insécurité" et l'insécurité réelle, mais ça c'est une autre histoire
6 De Lapinator - 30/09/2008, 14:58
QQ points qui me viennent à l'esprit
Ce n'est pas parce qu'un objet est rare qu'il à de la valeurs, un ordinateur avec un pentium 133 par exemple ne coute pas bien chére, pourtant aujourd'hui c'est un produit rare, pourquoi parce que personne n'en veut, un objet veau le prix de ce qq'un est près à payer pour l'avoir. La rareté n'est qu'un facteurs parmi d'autre sur le prix. On retrouve le même constats dans le prix du pain qui n'est pas le même dans tous les régions, ou le prix des logements.
Quand au bien rivaux, la notion même de "bien immatériel" est une gageure, un bien est par nature matériel. sinon ce n'est pas un bien. En fait dans cet expression on essaye de d'attacher les notions de bien avec tout ce qui avec sur un autre chose. ( Je reste volontairement évasif, pour forcé le lecteur à trouvé de lui même la réponse, mais je met aussi cette devinette qui met sur la piste : Qu'est-ce que l'on peut donnée tout en le gardant à la fois ? )
Quand a Apple, il n'organise pas la rareté de ses produits, mais vent à un certain prix, à prendre où à laissé, Nitendo, le fait de temps en temps sur ces grosse productions, pour 2 raisons, 1 pour mesuré le marché, 2 pour faire parlé du produit, mais cela ne dure jamais très longtemps, Nitendo fini toujours de répondre à la demande.
7 De Yoolight - 30/09/2008, 14:58
Cet article est intéressant, j'attends la suite avec impatience...
8 De yann - 30/09/2008, 15:02
Coucou Tristan,
Pour enrichir ton post, je rajoute une nouvelle dimension :
Il faut confronter une situation de monopole (ou d'oligopole, plus fréquente), avec celle d'une véritable concurrence.
Avec une vraie concurrence, le bien est rarement rare (comme c'est bien dit ?), car un gentil concurrent fera tout pour faire pareil, pour moins cher, ou mieux.
Les situations de monopole (olygolpole) sont donc rares :
- les diamants en font un peu partis
- les opérateurs téléphoniques
- le Nutella
Mais Nutella n'organise pas la rareté. Pourquoi ? Car il préfère inonder le marché et faire des économies d'échelle, et ainsi empècher un concurrent d'arriver.
Résultat, c'est bien rare que l'on puisse générer de la rareté dans le monde actuel, et elle est souvent généré par une insuffisante de moyens de production, ou de distribution.
De même, les vraies situations de concurrence n'existent pas dans le monde physique.
Internet bouleverse la donne à ce niveau. La distribution es plus aisée, la concurrence plus facile.
Mais avec des situations de monopole comme celle de Google dans les navigateurs, la vraies situations de concurrence est aussi mise à mal.
9 De Jérôme - 30/09/2008, 15:19
Il faut également qu'il y ait de la demande pour l'objet proposé : si personne ne veut de l'objet, peut importe sa rareté
10 De Tom T - 30/09/2008, 15:28
Pas facile d'expliquer simplement les concepts économiques, chapeau, j'ai hâte de voir la suite.
Après, pour ce qui est de l'Iphone, l'organisation artificielle de la rareté ne tiens pas longtemps dans une économie en concurrence (qui a dis "entente sur les prix" ? pas moi !)
Apple a pour le moment une avance en terme de technologique et d'image qu'elle monnaye c'est normal (personne ne nous mets une arme sous la tempe pour acheter). Seulement la concurrence s'organise.....
Blague à part, à chaque fois que j'entends prononcer "rareté" je repense au sophisme :
- tout ce qui est rare est cher,
- un cheval bon marché est rare
- donc un cheval bon marché est cher
11 De wistily - 30/09/2008, 15:51
On reste un peu sur sa faim... C'est le teaser du teaser ?
12 De Peck - 30/09/2008, 16:00
"plus un produit est rare, moins il y a de concurrence, et plus je peux le vendre cher (et donc gagner plus par objet vendu)"
C'est vrai, mais plus il est cher moins les acheteurs seront nombreux. Donc je n'ai pas toujours intérêt à organiser cette rareté.
13 De anti-tfe - 30/09/2008, 17:08
"Billet fort intéressant sur la stratégie de Apple avec les iphones par exemple. Faire un produit "rare", avec peu d'exemplaire pour gonfler les prix."
Apple a mis les chaînes de production sur les rotules pour satisfaire toute la demande et a baissé les prix pour l'augmenter. Ni iPhone ni Apple sont mentionnés dans son discours...
Sinon, il n'y a pas grand chose à dire, sur cette article. Le premier billet introduisait l'économie, le second l'économie de l'immatériel (et non de l'abondance : le temps est rare, la réputation aussi, les compétences pour fabriquer tout cet immatériel également...), cher Tristan, n'aie pas peur : arrête de te tâter et jette-toi dans le bain, qu'as-tu à dire sur le sujet ?
14 De Guid - 30/09/2008, 17:23
tfe: pas trop d'accord, Apple gonfle les prix de ses produits car il réussit à installer une hype (campagne marketing, réputation, ergonomie etc) sur ceux-ci. Personnellement, je n'ai jamais vu une fnac en manque d'Ipods...
15 De viktor - 30/09/2008, 18:27
On commence en douceur, attention au premier virage (à droite, à gauche ?) !
16 De quentin - 30/09/2008, 18:38
Mais ça ne marche pas pour le jetable, où le but n'est pas de vendre un produit cher, mais d'en vendre une grande quantité. C'est le cas de presque tous les produits de grande consommation (vêtements, nourriture...) qui tendent à devenir des "consommables", peu cher mais peu durables.
17 De Emeric - 30/09/2008, 19:06
Ou la méthode de Sony avec ses Playstation, souvenez vous le lancement de la PS2.
On pourrait dire aussi que la même méthode est employée par l'OPEP, entre autres...
18 De joey - 30/09/2008, 20:11
tfe > ah bon, c'est nouveau ça. En plus le billet "sur la stratégie d'Apple" alors qu'Apple n'est menionné nulle part... je sais pas, ça sent un peu la fixation.
19 De FredBezies - 30/09/2008, 20:24
Cela me fait penser à un livre que j'ai lu récemment. Il est vrai que seule l'économie matérielle peut jouer la rareté.
Ce n'est pas en créant des verrous artificiels sur des fichiers numérique - qu'on fera toujours d'une manière ou d'une autre disparaitre ou que l'on contournera - que l'industrie du disque compensera la fin du modèle de la vente juteuse des galettes de plastique.
20 De JM Salaun - 30/09/2008, 20:48
Sur la comparaison avec la baguette de pain, voir ici
:
http://cours.ebsi.umontreal.ca/blt6...
21 De Ralph - 30/09/2008, 21:23
Je ne pense pas qu'on puisse comparer cela à la stratégie d'Apple (sauf peut-être métaphoriquement)
Je pense que pour Apple, deux ressorts économiques sont habilement mélangés : le snob-effect et l'effet de mode :
Je veux un Apple parce que c'est à la mode, c'est tendance. Je suis d'ailleurs prêt à payer plus cher cet Apple (en toute connaissance de cause) histoire d'être dans le coup... Alors qu'il n'y a PAS de rareté du tout sur ces produits (exception faite, bien sûr, de la période de lancement qui est savamment organisée pour créer l'illusion de rareté quelques jours ou semaines. Notez que les prix ne descendent guère après cette période)
Non, je pense que notre ami Tristan veut surtout faire allusion à l'économie des logiciels qui à cette double particularité :
que l'on cède.
1/ Quand on vend un logiciel, on ne se possède pas du "bien" (le mot est ici inapproprié, j'en conviens
2/ Le cout de fabrication des logiciels est quasi nul (en terme d'argent ET en terme de temps!)
@ bientôt
22 De souqueta - 30/09/2008, 22:39
Merci pour ce billet instructif, je suis impatient de lire l'article qui suivra!
PS: L'economie utilitariste existait egalement a l'age classique ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilit... ).
23 De Hippa - 30/09/2008, 23:05
Un cheval de course boiteux... C'est rare :D
Arrrh je n'ai pas pu m'empêcher.
24 De kwaker21 - 30/09/2008, 23:45
Très intéressant comme "analyse" de l'économie basée sur les biens matériels ! Mais à quels autres systèmes économiques penses-tu ? Aller ! Vite ! Raconte
25 De v_atekor - 01/10/2008, 09:40
Le problème de la rareté n'est que la moitié de l'analyse. On parle d'offre et de demande.
La rareté ne parle que d'offre et donc occulte une énorme partie du problème.
26 De Acouphene - 01/10/2008, 10:55
Cette rareté organisée fonctionne très bien également dans le monde des jeux vidéo... quel constructeur n'a pas été confronté à une rupture de stock, plus ou moins due à des problèmes de production (version officielle), ce qui permet de plus de générer du buzz autour de la marque et du produit...
27 De maha - 01/10/2008, 15:39
Mais d'où vient l'argent? Qu'est ce que ça représente?
http://www.bankster.tv/
28 De Nicolas - 01/10/2008, 16:59
"Résultat, c'est bien rare que l'on puisse générer de la rareté dans le monde actuel, et elle est souvent généré par une insuffisante de moyens de production, ou de distribution."
Il y a d'autres moyens. Par exemple, dans la technique, la mode est d'investir massivement dans une technologie et d'avoir suffisamment d'avance pour renchérir au maximum le cout d'entré de nouveau arrivant. C'est ce que l'on reproche a Alcatel de vouloir tout faire au lieu de choisir des marchés et écraser la concurrence à coup d'investissement énorme.
Par exemple, en semi conducteur, le cout unitaire d'une nouvelle usine augmente à chaque génération. Même si le cout d'un transistor diminue, la mise de départ augmente. De mémoire, on doit être entre 5 et 10 milliard d'euros. Partir dans des voies peu chère, pourrait encourager la concurrence, tant que cela ne pose pas de problèmes, cela continuera. Quand une seul usine coutera 20 ou 30 milliard, il y aura un soucis, on ne peut pas avoir 2 sites de productions dans le monde !
Le but est toujours le même : avoir la plus grosse part de marché possible pour pouvoir contrôler ses marges (les monter quoi :).
29 De jorkar - 01/10/2008, 23:52
Voici un documentaire très troublant sur la façon dont les banques (et le reste de l'économie ) vivent.
L'argent dette de Paul Grignon : http://vimeo.com/1711304
30 De Hamid - 02/10/2008, 22:43
Oh excellent documentaire, merci de l'avoir partagé!!
31 De Benoit - 03/10/2008, 00:20
@tfe et Tristan : je pense que le cas de l'Iphone est mal choisi : il n'est pas rare. C'est le marketing qui le rend très désirable et donc de grande valeur. Pas sa rareté qui est faible : en dehors des premiers jours, tout le monde a pu en acheter. Bien sûr les stocks ne sont pas infinis et ça coute cher de ne pas avoir de liste d'attente.
J'aurais pris comme exemple les invitations à google mail du début (mais du domaine immateriel et jouant sur l'effet marketing de réseau) ou plutôt l'exemple de Ferrari qui pourrait tenter de vendre autant de voiture que Porsche et d'entrer en concurence. Mais alors la marque ne serait plus une marque d'exception. Alors les Ferraris devraient être des voitures sans défaut (ou plutôt raisonnables comme les Porsches) et ne pourraient pas se permettre leurs caprices (mécaniques, délais de livraison, prix...). entre les deux, Ferrari a choisi.
Je suppose que tu as d'autres développements dans ton bloc-note parce que ce billet est une toute petite introduction presque décevante. Pourtant ton annonce précédente était alléchante.
32 De Guillaume - 03/10/2008, 11:32
@Tristan: bel essai, mais loin d'être transformé !
le terme biens matériels est très mal choisi... d'abord parce qu'il y a aussi les services dedans (qui sont tout de même l'essentiel de l'économies de nos pays développés...). Il aurait à mon avis plutôt fallu dire "non numérique" que matériel, ca aurait été plus adéquat.
D'autre part, il y a de nombreux contre-sens (voire de non-sens) économiques dans ton billet:
- depuis les années 60, ce n'est plus la rareté seule qui fait la valeur d'un bien, au vu de la profusion de biens disponibles à un prix toujours plus bas.. C'est le marché, cad déséquilibre entre l'offre et la demande. Ex: combien vaudrait commercialement parlant un bien unique au monde, mais dont personne ne veut? Ex 2;: pourquoi une copie parfaite de tableau ne vaudra-t-elle jamais la valeur du tableau original?
- ce n'est pas la rareté du bien qui est la base du système mais la capacité à contrôler la diffusion d'un bien (même s'il n'est pas à vous) (cf: bien "non numérique...) (vu comme cela, la gratuité sur internet n'a rien d'une nouveauté... d'ailleurs la télé et la radio l'appliquent depuis plus de cinquante ans... )
Voilà, voilà.. comme quoi il vaut toujours mieux partir sur des postulats solides et éprouvés, surtout pour le reste de ce que tu développes.
Je suis curieux de connaître le reste. A suivre, donc...