C'est étonnant de voir Microsoft évoluer ces derniers temps, écartelé entre la pression de l'actionnaire, le caractère de son bouillant directeur général Steve Ballmer, d'un coté, et le pragmatisme business, juridique (surveillance antitrust), les demandes des clients, celles de la communauté des développeurs, sans compter la concurrence.

Cela amène Microsoft à faire ce qui est bien, mais sans pour autant pouvoir s'empêcher de déraper (en espérant que ça ne se verra pas). Voici trois cas trouvés dans l'actualité du jour, qui démontre que Microsoft est capable de jouer simultanément les trois rôles du bon, de la brute et du truand :

  • Le bon : on devrait assister à une normalisation des relations entre Microsoft et l'Open Source Initiative à propos de récentes licences Shared Source. En effet, j'apprends que l'OSI prend de la distance avec un Eric Raymond de moins en moins fréquentable, et Microsoft qui pourrait entamer des discussion avec l'OSI, sans en avoir l'air. C'est bien.
  • La brute : après avoir fait mine de forcer ses partenaires produisant des lecteurs MP3 à utiliser exclusivement le format Windows Media Player (a l'exclusion d'autres comme Real, Apple et Microsoft fait marche arrière quand il réalise qu'il vient de franchir la ligne jaune. La surveillance suite au procès Antitrust aurait-elle finalement un sens ? Si oui, je m'en réjouis...
  • Le truand : on connaissait les très étroites relations entre Microsoft et la sulfureuse BSA, souvent qualifié de "Milice privée" à la botte de Microsoft. Et voilà qu'arrive une nouvelle association, l'AFDEL, pour regrouper les éditeurs français du logiciel... Voilà une bonne initiative, pourrait-on se dire, enfin une association française, qui pourrait défendre le développement français de logiciels face à l'hégémonie américaine, Microsoft en tête. Mais voilà, les choses ne sont pas aussi reluisantes, et c'est Fred Couchet qui, suite à une petite enquête, titre AFDEL, nouveau cheval de Troie de Microsoft ?. L'AFDEL semble bien être très liée à Microsoft, au point que c'en est troublant.

Voilà qui prouve, une fois de plus, qu'une entreprise (surtout quand elle est aussi grosse que Microsoft) n'a pas de cohérence dans son action ni de sens moral. Que Microsoft (ou tout autre grande société, que ça soit AOL[1] ou Google) n'est ni bon, ni mauvais par essence.

Je ne crois pas qu'il faille être "anti-microsoft" ou "pro-microsoft".

Par contre, compte tenu de l'immense influence que peut avoir cette société sur des sujets aussi divers que la création artistique et culturelle (via les DRM, les formats Windows Media), le partage de l'information (bureautique, Internet, téléphones mobiles, assistants personnels), le divertissement (Media Center, Xbox), il convient de surveiller les agissements de Microsoft, pour les dénoncer (ou les applaudir) si besoin est. C'est pour cela que j'en parle autant sur le Standblog.

Notes

[1] qui, en son temps, a été capable de financer le projet Mozilla tout en distribuant Internet Explorer à des millions d'utilisateurs.