Ce billet fait partie d’une série suite à un long road trip de plus de 2500 km sur une moto électrique Zero Motorcycles prêtée par la marque. Voici un récapitulatif des articles :
- Road trip : une idée (électrique) à la con
- Road trip électrique : l’itinéraire (partie 1 sur 2)
- Road trip Electrique : l’itinéraire (partie 2 sur 2)
- Savoir éco-conduire pour économiser de l’énergie
- Quelles applications pour voyager loin avec une moto électrique ?
- Road Trip à moto électrique Zero SR/S : mes réponses à vos questions
Me voici donc de retour à Paris après 10 jours sur la route à faire un petit tour de France à moto électrique (pense à lire le billet d’intro si ça n’est pas déjà fait). Je récapitule ici l’itinéraire employé. On remarquera que mes traces ne sont pas toujours indiquées sur les cartes, car il m’est arrivé de ne pas enregistrer mon trajet sur certains tronçons.
0 - Dijon - Paris — 320 km
Comme je l’indiquais dans mon précédent billet, je suis allé chercher la moto à Dijon pour la ramener ensuite à Paris après un trajet épique d’environ 320 km. Je remets alors le compteur journalier à 0.
1 - Paris - Le Mans — 220 km
Le départ se fait sous la pluie. Veste étanche, pantalon de pluie, surbottes, sac étanche, je suis bien équipé, mais j’aurais préféré partir sous le ciel bleu, ou au moins sur une route sèche. Du coup, moi qui comptais prendre la vallée de Chevreuse, je change pour l’autoroute puis la nationale 12 direction Dreux avec la moto en mode Rain (couple et puissance moteur réduits). Pas folichon, mais plus sûr. Au bout d’un moment, la pluie cesse, et je peux plus sereinement emprunter les petites routes. J’ai prévu de recharger ma batterie à Châteauneuf-en-Thymerais après 100 km de route. La borne est libre, elle fonctionne, tout semble aller comme sur des roulettes (électriques). Sauf que nous sommes lundi et que l’activité déjà réduite habituellement dans ce village en limite de parc du Perche l’est encore plus. Finalement j’achèterais dans une boulangerie un très médiocre hot-dog béchamel que je vais manger tiède dans un bistro un peu glauque qui veut bien m’accueillir. L’ambiance est assez morose, mais on fait aller, après tout, je savais bien que c’était une idée à la con !
45 minutes plus tard, la batterie est à 100 % comme prévu, je suis content, la charge a bien marché du premier coup ! Je programme le GPS direction Le Mans via le Perche, toujours aussi joli. Je le traverse par les départementales, en respectant comme d’habitude les limitations de vitesse, d’autant plus que la route est humide et que je suis très chargé.
Malgré les conditions pas idéales, j’apprécie vraiment le confort de la Zero. Guidon large, suspensions très confortables. On pourrait regretter les jambes assez repliées, mais cela a le gros avantage de soutenir le poid du corps et donc de préserver mon arrière-train.
En rouge, le trajet. En bleu, des trajets précédents
J’arrive à l’hôtel du Mans où j’avais prévenu que j’avais une moto électrique. Le parking de l’hôtel m’accueille moyennant finances et me permet (sans supplément !) de me brancher sur la prise domestique toute proche. Je vais pouvoir charger en quelques heures pour repartir demain. En attendant, je sors dîner avec les organisateurs de l’événement Connect et l’autre conférencier, le champion olympique Edgar Grospiron, personnage très sympathique. Nous traverserons la vieille ville du Mans après la sympathique soirée. Le lieu est magique !
Le lendemain matin, j’ai mis le réveil, je tiens à assister à la présentation d’Edgar Grospiron, et j’apprécie sa simplicité et son humilité quand il raconte son histoire, entre bosses, blessures, erreurs et retour triomphant. C’est inspirant et très plaisant.
Mon tour vient de présenter ma conférence, où on fait un tour d’horizon des technologies du numérique pour conclure sur la Covid et changement climatique. C’est la première fois que j’aborde ce sujet en public, et il semble bien reçu. C’est un soulagement de voir que mon travail en amont me permet d’assurer ! Je fais quelques vidéos, quelques photos, discute avec des visiteurs et des exposants, et il est l’heure de reprendre la route. L’événement a eu lieu à la MMArena, le grand stade de foot du Mans, juste à coté du circuit auto/moto, d’ailleurs des motos sont en train de tourner. En me dirigeant vers la Zero, je vois un vélo cargo qui m’arrache un sourire et je pense à quel point il peut sembler incongru dans ce temple du moteur thermique et de la compétition. Il me paraît pourtant promis à un grand avenir, comme si c’était lui qui avait raison sur le long terme, dans un paysage où il semble étranger.
Je me dirige vers ma moto électrique, sangle mon sac et je pars en silence. Quelques minutes plus tard, je réalise que sans le vouloir, j’emprunte la célèbre ligne droite des Hunaudières qui fait partie du circuit. Quelle drôle de sensation de rouler ici, dans le sifflement discret du moteur électrique et de sa courroie de transmission, loin de toute idée de battre des records ou des concurrents, occupé juste par le plaisir de rouler calmement sur de longues distances pour découvrir de nouveaux paysages…
2 - Le Mans - Tours — 100 km
Je me dirige donc vers Tours. L’étape du jours est particulièrement courte car je savais que je ne pourrais quitter Le Mans qu’en fin de journée. J’arrive à l’hôtel en centre ville, très modeste, mais avec un atout de charme pour moi : il a une borne de charge rapide ! L’hôtel est vieillot et tarabiscoté, mais le patron est très sympa et le personnel aussi. Un rapide dîner en ville me laisse le temps de travailler sur mon speech de vendredi à Toulouse.
3 - Tours - Périgueux — 315 km
Nouveau départ sous un temps menaçant, je mets (encore !) les vêtements de pluie. Mais en traversant le village de Barrou, je vois un garage comme dans le temps, qui répare des motos, des vélos et des tronçonneuses, je décide de m’arrêter pour faire une photo, le nom m’a interpelé :
Le patron sort, on discute franchement, le tutoiement vient facilement, il me pose des questions sur l’électrique — c’est la première fois qu’il en voit une — super sympa. Il est temps de repartir vers Périgueux ! J’enfourche la Zero et m’éloigne dans un sifflement qui ne dérange personne.
Je continue mon chemin sur les départementales. La pluie recommence, mais la route dans la forêt est belle :
Je charge à Chauvigny après 114 km.
Je longe la Dordogne et passe tout près du Bugue (ce qui ne manque pas de sel pour un informaticien !), et le soleil daigne pointer son nez :
Ce soir, je dors à Périgueux. À l’hôtel, la réceptionniste me donne la chambre 007, je me dis que c’est l’effet “moto électrique du turfu” qui me vaut cet honneur, et puis juste après elle me montre où charger la moto, juste à coté des poubelles, que nous pousserons pour l’occasion. Mon égo, boursouflé quelques instants, revient à un état normal, et c’est tant mieux…
4 - Périgueux - Cahors - Toulouse — 257 km
Départ avec les vêtement de pluie… ça devient une manie ! Le temps se lève alors que j’approche de Cahors, où je déguste une salade comme on sait les faire dans le coin juste à coté du pont de Valentré, où je charge à nouveau :
J’arrive à Toulouse habillé en marin pêcheur, ça fait un peu tache dans le bel hôtel réservé par les organisateurs de la Mêlée Numérique. Le réceptionniste, très sympathique, m’a réservé une place près d’une prise domestique. On branche, quand je redescends de ma chambre, je le voir courir partout : les plombs du parking ont sauté, la Zero tire trop de courant ! J’appelle mon contact chez Zero pour savoir comment résoudre le problème : il y a une manipulation à faire sur le câble pour réduire la puissance consommée par la charge. Ça mettra le double de temps, mais peu importe, j’ai la nuit devant moi. Ce soir, je mets la touche finale à ma présentation pour demain matin. Challenge : expliquer le changement climatique en 3 slides !
5 - Toulouse - Castelnaudary - Perpignan — 270 km
Hier, après ma journée à la Mêlée Numérique qui s’est déroulée sous la pluie, j’ai pris la moto pour aller dîner avec des copains motards. 9°C au retour, ça pique !
Au lever, je reçois un SMS d’un des copains qui me dit “si tu ne tardes pas, tu peux partir avant la pluie et rouler au sec”. Sauf que non, la pluie arrive avant mon départ. Bref, j’enfile encore la tenue de pluie, comme tous les jours sauf pour Le Mans - Tours… Qui disait que ce road trip était une idée à la con ? Moi ! (Et j’avais raison).
Je prends la rocade et un bout d’autoroute pour sortir de Toulouse. Coup de bol, le vent assez fort m’est favorable, je constate que l’autonomie augmente alors que je roule. Comme je n’ai pas utilisé mon GPS moto (Calimoto) pour le début de l’itinéraire, celui-ci n’apparaît pas sur la carte. Je sors vite de l’autoroute — elle n’a pas d’autre intérêt que d’aller vite et ça n’est pas mon approche — à Montgiscard et je prends la route qui longe. Arrivé à Castelnaudary, la météo est plus clémente, j’enclenche l’application Calimoto (celle qui m’a servi pour faire les copies de cartes) et je prends des petites routes, ça va être génial !
À un moment je me demande si je n’ai pas traversé l’océan atlantique par mégarde pour arriver… à Montréal !
Plus au sud, les Pyrénées sont bien enneigées :
C’est que du bonheur que de rouler sur ces routes au revêtement inégal. Les paysages sont beaux, je suis rattrapé par deux motards en 4 cylindres. On roule de concert, je les dépose à la première sortie de virage, pourtant je ne suis qu’en mode Eco, ça aurait été pire en mode Sport ! Ils finissent par me rattraper dans les virages, étant beaucoup moins chargés que moi et connaissant la route. Un peu plus loin, on s’arrête pour boire un café pendant que je charge la moto, à Quillan. On discute moto, électrique vs thermique, un peu de mauvaise foi motarde pour épicer la conversation. C’est vraiment sympa, ils me proposent de m’accompagner encore. Ils feront demi-tour quelques dizaines de kilomètre plus loin après être passé par les gorges de la Pierre-Lys. C’est un aspect que j’apprécie à moto et à vélo, cette possibilité de faire des rencontres impromptues avec des gens qu’on n’aurait pas rencontré autrement, de plaisanter, échanger autour d’une passion commune.
Je continue donc la route seul. Ce soir, je loge pour quelques nuits chez un copain qui a une maison à Perpignan. Merci Alex !
6 - Boucle Perpignan - Cerbère — 120 km
Je profite d’être à Perpignan pour aller faire un tour plus au sud où j’ai des souvenirs (St Cyprien, Banyuls et Collioure). La route entre Collioure et Cerbère est sublime ! Bitume parfait, des virages à n’en plus finir, du ciel bleu et la mer juste en bas… Sortie de route interdite et probablement fatale !
Collioure est encore plus joli, surtout hors saison :
Je demande à une policière municipale où je pourrais prendre une photo de la moto avec le panorama derrière sans que ça soit illégal (il est évidemment interdit de se garer sur l’allée piétonne qui longe le fort), elle me répond avec son accent du coin « Oh, moi je dirais juste pas vu pas pris ! ». Bon, on va faire comme ça
Je repars, direction Banyuls où je déjeune, au bord de la plage, puis direction Cerbère :
L’ancien poste frontière avec l’Espagne, désaffecté :
Un peu plus loin, la vue sur l’Espagne :
Au retour, petite séance photo en bord de mer et une bonne averse sur le coin de la figure fait que je rentre directement par la grande route plutôt que la les virages de la côte.
Demain, je vais faire un tour dans l’arrière-pays puis je rentre à la maison, toujours par les petites routes ! On en reparle dans le prochain billet…