- Le 22/02/2018, c’est le prochain meetup Cozy Cloud : Faire le point sur le nouveau Cozy et préparer la suite (roadmap, Banks, IA…). Inscrivez-vous !
- German court says Facebook’s privacy settings and use of personal data are illegal ;
- Sur 190 cas de lanceurs d’alerte étudiés au sein de 6 agences US de renseignement, 1 seul a été réglé en faveur du lanceur d’alerte, 189 à la faveur de son employeur. Pas étonnant que les agences de renseignement en question aient essayé d’enterrer le rapport !
- Valérie Peugeot : ‘Nous ne sommes pas propriétaires, mais maîtres de nos données’. Valérie Peugeot (ex-CNNum) est toujours aussi pédagogue !
- Ce que Thunderbird a appris au FOSDEM ;
- L’État dévoile la liste des logiciels libres qu’il recommande : ici en version PDF ;
- Interview du ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui lâche une petite bombe : « nous allons analyser les données avec de l’intelligence artificielle pour être encore plus efficaces. Une expérimentation a ainsi été lancée dans onze départements. » ;
- Comment protéger sa vie privée sur Internet ? - L’Esprit Sorcier. Pas super enthousiasmante, mais didactique !
- Le Conseil national du numérique sert-il à quelque chose ? ;
- Rare interview de Mitchell Baker, où elle parle en particulier de la neutralité du Net ;
- La mécanique Burn Out, en replay sur France.tv jusqu’au 20/02 ;
- Hier, c’était la remise du rapport de l’ARCEP :
- Humanités scientifiques et numériques pour les élèves de 1ère dès la rentrée 2019 ;
- Google is replacing Facebook’s traffic to publishers ;
- Les Pages Framasite : plus c’est facile, plus on partage !. NextINpact en parle ;
- Je découvre les vidéos de Tucker Carlson, un journaliste très très à droite comme l’Amérique sait en faire (il ne croit pas au réchauffement climatique, il est anti-avortement, contre l’interdiction du tabac et l’obligation de la ceinture de sécurité, il veut réduire le rôle de l’état, et trouve que John McCain et Georges W Bush sont trop à gauche. Forcément il est contre la régulation des armes à feu). Et pourtant, il présente une émission (sur Fox News, évidemment !) où il dit pis que pendre des GAFAM. Il y a quelque chose de profondément gênant à se retrouver du même coté qu’un présentateur télé populiste… Quelques unes de ses vidéos :
- Temps de cerveau disponible : la résistance aux GAFA s’organise ;
- J’étais parti pour faire un récapitulatif de toutes les fois où Facebook s’est vraiment vraiment foutu du monde. J’ai même fait un appel aux bonnes volontés sur Twitter. J’allais par exemple vous parler de la fois où Facebook finançait la plupart des experts qui se sont prononcés en faveur de Facebook Messenger for Kids — Facebook Funded Most of the Experts Who Vetted Messenger Kids. Et puis je me suis dit que c’est le genre de truc où il faudrait un wiki pour fédérer un effort collaboratif. Et suis tombé sur Criticism of Facebook, avec ses 454 notes de bas de page ! Du coup j’ai laissé tomber. Qu’on se rassure, il existe aussi Criticism of Google !
- Les suites de Meltdown & Spectre : une flopée de procès pour Intel. 30 procès tout de même !
- Apple confie son datacenter iCloud en Chine à une société locale. Autrement dit, c’est open-bar pour le gouvernement chinois qui va pouvoir accéder à toutes les données qu’il veut… Ils n’ont certes pas le choix, mais ça fait tâche…
février 2018 (4)
mardi 20 février 2018
En vrac du mardi
mardi 20 février 2018. En vrac
vendredi 16 février 2018
Facebook sans boussole morale
vendredi 16 février 2018. Technologie
Mise à jour du 19/02/2018 : Le magazine Usbek & Rica me fait l’honneur de reprendre mon article : Facebook, un navire dont le capitaine a perdu sa boussole.
Je titrais récemment la mauvaise réputation de Facebook, qui vient juste derrière Marlboro quand on demande aux américains de choisir les entreprises qui sont toxiques pour la société. Cette semaine continue dans la même veine, avec Wired qui balance une couverture choc :
“Réparer Facebook”
Début janvier, Zuckerberg, qui apparaît abimé sur le photomontage ci-dessus, promettait qu’il choisissait comme objectif personnel pour 2018 de “réparer Facebook”.
Un mois et demi plus tard, on constate à quel point Facebook ne peut pas être “réparé”, pour la raison toute simple que la notion même d’éthique a toujours été absente de la culture d’entreprise. Le slogan de départ chez Facebook était “move fast and break things”, “aller vite et casser des choses”. Et on le voit à l’œuvre : casser des règles, des lois, des concurrents, et même des gens.
Mais continuer à piller les gens en misant sur leur besoin de sécurité
Aujourd’hui encore, on constate deux choses qui sont graves à mon sens, à savoir exploiter le besoin de sécurité des utilisateurs en vue de tirer plus d’eux. Deux exemples récents le prouvent :
- Facebook, aux USA, a utilisé le numéro de téléphone que vous pouvez fournir pour sécuriser votre connexion[1] pour vous spammer par SMS. Et si vous répondez, Facebook publie vos réponses sur votre page
- Depuis quelque temps, Facebook vous propose — pour être plus en sécurité — d’utiliser gratuitement un service de VPN. Seulement voilà, Facebook est propriétaire de ce service et en profite pour pomper encore plus de données, comme par exemple le temps que vous passez chez les services concurrents (voir aussi en français) ;
Si Zuckerberg était si impatient de “réparer Facebook”, ne croyez-vous pas qu’il aurait pu mettre fin à ces deux pratiques scandaleuses qui visent à faire levier sur le sentiment d’insécurité des gens pour leur soutirer plus de data et plus d’attention ?
Pour moi, Facebook est un navire dont le capitaine a perdu sa boussole et son compas. Il affirme à qui veut bien l’entendre qu’il sait où il va, sans savoir où cela se trouve.
Un manque éthique ancré de longue date : l’affaire de la dopamine
L’errance morale de Facebook est profondément ancrée dans l’entreprise, la preuve en est dans l’affaire de la dopamine, qui date de 2004.
La dopamine est un neurotransmetteur qui est émis par le cerveau et provoque du plaisir quand on reçoit des likes, des citations ou des commentaires sur les réseaux sociaux. Sean Parker, ancien président de Facebook en 2004 et 2005, expliquait comment les neurosciences et les pics de dopamine étaient utilisés pour rendre les gens accros à Facebook.
Expliquer cela au grand public
J’en ai fait une ou plutôt deux conférences :
- En quinze minutes, orientée grand public : Tristan Nitot - Prenons-nous le risque de vivre dans Matrix ? ;
- En 55 minutes, pour les geeks : à Toulouse Capitole du Libre
- présentation format PDF (8,7Mo)
- Transcription par l’équipe de l’APRIL que je remercie au passage ;
- Si les silos, c’est votre truc : présentation sur Slideshare.
Argent partout, éthique nulle-part
Voilà, s’il fallait résumer le business de Facebook, on pourrait dire qu’ils se sont inspirés de la bonne vieille économie de l’attention (vous savez, quand le patron de TF1 expliquait qu’il “vendait à Coca Cola du temps de cerveau humain disponible”, en 2004) qui s’est transformée, grâce au numérique, en économie de l’addiction. Rendre les utilisateurs accros pour les gaver de publicité. Prendre leurs textes, leurs photos, leurs vidéos, leurs contacts, leurs données personnelles, filer de la dopamine en échange, pendant qu’on monétise les données avec de la publicité ciblée auprès d’annonceurs parfois douteux (russes ou racistes).
C’était déjà ça le modèle de Facebook en 2004. Alors retrouver une boussole morale pour “réparer Facebook” ? Bonne chance, Mark…
Note
[1] Les spécialistes parlent de 2FA / 2-Factor Authentication.
vendredi 9 février 2018
En vrac du vendredi
vendredi 9 février 2018. En vrac
En vedette : la mauvaise réputation de Facebook
Un ancien employé de Google et de Facebook s’est demandé quelle était l’opinion des américains sur Facebook. Extrait :
we asked 2,000 Americans to identify (from a list) any companies that are having a negative impact on society (data below). When Facebook was shown in one survey beside brands that are known for being unhealthy or disliked, one in four people selected Facebook as having a “negative impact on society.” That’s almost twice the number of people who selected Wal-Mart. When Facebook was shown alongside other tech companies (in a separate survey), roughly one in three Americans identified Facebook as having a negative impact on society. That’s four times more than the number of people who selected Google.
Traduction par votre serviteur :
Nous avons demandé à 2 000 américains d’identifier dans une liste d’entreprises celles qui avaient un impact négatif sur la société. Quand Facebook était listé au milieu d’entreprises qui sont connue pour leur toxicité ou leur mauvaise réputation, une personne sur 4 a choisi Facebook comme “ayant un impact négatif sur la société”. C’est environ deux fois plus que nombre de personnes qui ont sélectionné Wal-Mart[1] Dans un autre sondage, quand Facebook était listé avec d’autres entreprises du numérique, un tiers des américains a identifié Facebook comme ayant un impact négatif sur la société. C’est quatre fois plus que pour Google.
On apprécie que Facebook est juste après la marque Marlboro quand il est comparé avec des marques d’autres industries et a une réputation pire que celle de MacDonald’s. Si on le compare juste avec d’autres marques du numérique, Facebook est le pire, de très loin…
En vrac
- Faut-il créer un label « Internet bio » permettant aux services respectueux de faire la différence ? ;
- Facebook nous prend en otage, explique Olivier Auber ;
- The punk rock internet – how DIY rebels are working to replace the tech giants ;
- Tweaking Firefox to improve privacy with About:config ;
- Mark Zuckerberg is ‘rearranging the deck chairs on the Titanic,’ author Andrew Keen says ;
- Les fake news n’existent pas, explique Stéphane Bortzmeyer. Les mensonges, les rumeurs, les manipulations, le complotisme, si, et depuis toujours ;
- Kai-fu Lee (Sinovation Ventures): AI bubbles to burst by end of 2018 ;
- Il faut gérer les attentes (des investisseurs, du grand public) explique le français Gilles Moyse : “On observe un rapport valeur réelle / valeur fantasmée absolument disproportionné. Des investisseurs sont prêts à mettre des millions sur des choses qui n’existent pas et n’existeront pas.” ;
- Gilles Moyse, à propos de souveraineté numérique « A un niveau personnel, mais aussi professionnel, tout le monde dépend des pages Facebook et des rankings de Google. Si on entrait en conflit avec les Etats-Unis, ils n’auraient pas à envoyer un seul soldat : ils auraient juste à éteindre Google, le GPS, les services internet… » ;
- L’Open Source a 20 ans : comment cette philosophie a-t-elle révolutionné le développement ? ;
- Chrome : le bloqueur de pubs ne bloquera pas grand chose « Google explique que moins d’1% des publicités en ligne seront touchés par son adblock ». Étonnant, non ?
- Les conductrices Uber gagnent 1,24 dollars par heure de moins que les conducteurs : pourquoi ? “les chauffeurs masculins ont plus tendance à conduire dans des lieux aux tarifs plus élevés, à aller plus vite ou à accepter des trajets plus longs. Sans compter que les femmes restent moins longtemps sur la plateforme, alors même que les chauffeurs Uber les plus expérimentés sont souvent mieux payés. Les habitudes du quotidien jouent aussi. « Les hommes travaillent plus d’heures et prennent plus de courses que les femmes, en moyenne. Pourquoi ? Notamment, parce que les femmes ont plus de contraintes — par exemple, emmener les enfants à l’école le matin, devoir amener Johnny à son match de football… Et je pense que ces contraintes font que les femmes ont moins d’expérience et bénéficient moins d’apprentissage par la pratique »” explique l’auteur de l’étude ;
- Voilà qui devrait faire réfléchir à la notion de smart-city : À Marseille, un algorithme pour « anticiper la sécurité ». « Ce centre de supervision, inédit dans une grande ville française, devrait recueillir l’ensemble des données publiques disponibles : mains courantes de la police municipale, captations des caméras de surveillance, informations relevées par les marins-pompiers ou les agents des espaces verts… Développé par Engie Ineo, l’outil vise à croiser ces informations avec les données des opérateurs de téléphonie mobile, de transport public et de l’AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille) pour « aider la police municipale à mieux anticiper la sécurité » lors de grands événements comme des matchs de football ou des manifestations de rue, en croisant les données présentes et passées. ». Fichtre, mais c’est un vrai cyber-panoptique qu’on se prépare !
- C’est décidé je quitte Facebook , avec un joli témoignage de pénible sevrage de dopamine : “Pour Neil, 36 ans, la séparation a été douloureuse. « J’ai d’abord ressenti un grand vide et l’angoisse de l’absence. Je crois vraiment qu’on peut mourir numériquement. » Avant cette rupture, l’écrivain était tombé dans la spirale du « like » allant jusqu’à se sentir déprimé quand il n’obtenait pas le précieux sésame sur ses publications. « Quand on a aucune réaction, aucun partage ni commentaire, on a vite l’impression qu’on n’intéresse personne et ça pèse sur le moral ».” ;
- Décès de john Perry Barlow, pionnier d’Internet, auteur de la déclaration d’indépendance du Cyberespace (ici en français), co-fondateur de l’EFF (première asso de défense des droits sur Internet) et prolifique parolier du groupe mythique de rock psychédélique Grateful Dead (voir sa bio complète) ;
- Olivier Ertzcheid a commis une nouvelle déclaration d’indépendance du cyberespace, modernisée et s’adressant aux GAFAM, du texte de Barlow, et c’est superbe ! « Nous étions des citoyens endormis, vous avez fait de nous des utilisateurs passifs, nous sommes en train de nous réveiller et nous préparons notre exil. »
- Décidément, le débat autour de l’éventuelle patrimonialité des données continue :
- Les internautes réclament un usage moins opaque et une maîtrise de leurs données personnelles, une tribune (au passage on remarquera qu’elle signée par 4 femmes) ;
- La propriété des données personnelles est une fausse bonne idée expliquent Serge Abiteboul et Gilles Dowek ;
- Pour une protection sociale des données personnelles.
- Cloud et données personnelles, une discussion à trois avec Korben, Remouk de DansTonChat et votre serviteur ;
- Article passionnant sur une maison avec des objets connectés : The House That Spied on Me, avec des détails sur les données qui fuitent et chez qui elles vont. “When you buy a smart device, it doesn’t just belong to you; you share custody with the company that made it.” (Quand vous achetez un appareil connecté, vous ne vous appartient pas qu’à vous, vous en partagez la garde avec l’entreprise qui l’a produit” ;
- “Rien ne s’est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée” disait Jules Verne, qui est né il y a 190 ans au moment où j’écris ces lignes. Ca pourrait bien être un proverbe de libriste, ça !
- En plus des caméras de surveillance, de la surveillance des réseaux sociaux, de la note publique assignée à chaque citoyen, la Chine équipe sa police de lunettes à reconnaissance faciale. Parfois, on ferait bien d’arrêter le progrès !
- La domination des géants du numérique est-elle un nouveau colonialisme ? demande Antonio Casilli dans une interview.
- Dans son rapport public annuel 2018, la Cour des comptes a reconnu l’intérêt du logiciel libre, décrit comme un « puissant facteur d’efficience et d’influence » mais aussi une façon de répondre à un « enjeu de sécurité et de souveraineté », et c’est bien !
Note
[1] Géant de la distribution qui, parce qu’il sous-paye ses employés, interdit les syndicats et ruine les autres magazins, a une réputation effroyable dans le pays.
vendredi 2 février 2018
Données personnelles et droit de vendre des organes humains
vendredi 2 février 2018. Politique
Photo de Rainer Zenz sous licence CC-BY-SA[1]
Il semblerait que j’ai froissé Gaspard Keonig, en comparant la vente de données personnelles (qu’il veut rendre possible dans un récent rapport de son think tank Génération Libre) à la vente d’un rein lors d’un Facebook Live sur la vie privée[2]. Smashée façon punchline entre deux des questions d’internautes balancées en rafales, ma réponse manquait forcément de profondeur. Un tweet rageur et une série de mails de Gaspard plus tard, il est temps de donner une réponse plus claire et plus posée.
Pourquoi comparer la vente de données personnelles à la vente d’un rein ?
À propos de patrimonialité des données
Gaspard, avec qui j’ai d’excellentes relations par ailleurs, m’accuse de de “degré zéro” du débat. Certes, le format Facebook live (tout comme Twitter) laisse trop peu de place à la réflexion de fond et au débat, favorisant la phrase qui tue. Mais je revendique l’existence d’un fond de vrai, et même d’un vrai fond.
Tout d’abord, j’ai commencé à réfléchir au concept de “patrimonialité des données” du temps du CNNum (que j’ai quitté en fin de mandat il y a tout juste deux ans). À l’époque déjà, cela me semblait être une mauvaise idée. Plus tard, le CNNum suivant publiait un intéressant avis sur “La libre circulation des données dans l’Union Européenne”. La page 3 ne peut pas être plus explicite en s’intitulant “Écarter la propriété des données”. Cet extrait résume assez bien ma position :
l’introduction d’un système patrimonial pour les données à caractère personnel est une proposition dangereuse à plusieurs titres. Elle remettrait en cause la nature même de cette protection pour les individus et la collectivité dans une société démocratique, puisque la logique de marchandisation s’oppose à celle d’un droit de la personnalité placé sur le terrain de la dignité humaine.
De la non-patrimonialité du corps humain
Quel rapport avec les reins ? Il faut savoir qu’il est interdit, en France, de faire commerce de ses organes, et c’est bien. En effet, on considère l’humain comme une entité qu’on ne peut soumettre à des contrats. C’est ce qu’on appelle l’Indisponibilité du corps humain (on parle aussi de non-patrimonialité du corps humain), définit dans l’article 16-1 du code civil[3]
Article 16-1 : Chacun a droit au respect de son corps. Le corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial.
Peut-on séparer l’individu de ses données personnelles ?
Aral Balkan, en anglais et à l’occasion de la journée des données personnelles, s’expliquait ainsi (traduction approximative par mes soins) :
Séparer une personne de ses données, c’est retirer à celles-ci ses droits humains, c’est en faire un objet qu’on peut commercialiser. Tous les droits ainsi conférés à l’objet (les données) seront donc moindres que ceux protégeant le sujet (la personne). En traitant les gens et leurs données comme étant des notions différentes — l’une en sujet, l’autre en objet — ce qu’on finit par faire c’est de rendre commercialisable les gens en les découpant en tranches prêtes à être vendues au plus offrant. Voici, en substance, le business model de la Silicon Valley : numériser les gens et être propriétaire des versions numériques.
Voilà. Permettre la patrimonialisation des données personnelles, c’est — métaphoriquement — permettre de revendre par appartements son moi numérique, c’est faire commerce de son corps numérique, en quelque sorte, ce qui est interdit en France pour son corps physique, au nom de la dignité humaine.
Rapport de force
Quand bien même on changerait d’approche en France pour permettre la revente de ses données personnelles, reste une question cruciale : est-ce que ça pourrait vraiment changer la donne ?
On sait à quel point le fisc a du mal à faire payer les impôts sur les sociétés à Facebook, Google et consorts. Les fonctionnaires de Bercy, pourtant très compétents et bien payés (normal, le sujet est d’importance !) sont désemparés alors qu’il s’agit de récupérer quelques milliards ? Alors vous imaginez bien la totale impuissance de l’individu, déjà dépouillé de ses données personnelles à négocier seul face aux GAFAM.
Pour aller plus loin
Trois autres personnes, bien plus profondes dans leur analyse, ont écrit mieux que moi sur ce sujet :