février 2009 (42)

samedi 28 février 2009

Sortie de Thunderbird Beta 2

Voilà, l'annonce de la sortie de Thunderbird 3 Beta 2 a été publiée (mais je suis à la bourre !). David Ascher, responsable de Mozilla Messagingexplique ce qu'apporte cette Beta, au dela des nombreuses corrections de bogues. On en profite aussi pour inaugurer un nouveau site, MozillaMessaging.com. Pour plus d'information sur Thunderbird 3 Beta 2, reportez vous aux notes de version ou à l'article de 01Net: La bêta 2 de Thunderbird 3.0 à télécharger.

vendredi 27 février 2009

En vrac environnement

Si vous avez des liens intéressants dans ce domaine, merci de me l'envoyer sur mon twitter ou par mail (Mon_prénom@Mon_nom.com).

jeudi 26 février 2009

En vrac

Quote of the day

Tom Watson MP, Minister for Digital Engagement (UK) has declared:

Open Source has been one of the most significant cultural developments in IT and beyond over the last two decades: it has shown that individuals, working together over the Internet, can create products that rival and sometimes beat those of giant corporations; it has shown how giant corporations themselves, and Governments, can become more innovative, more agile and more cost-effective by building on the fruits of community work; and from its IT base the Open Source movement has given leadership to new thinking about intellectual property rights and the availability of information for re–use by others.

Source: Chief Information Officer Council.

Hadopi : Blackout du Net français

Appel au blackout à cause d'HADOPI

Je cite la campagne de Black-Out  de La quadrature du Net :

Devant le ridicule d'un gouvernement qui s'entête à vouloir déconnecter du Net des familles entières sans preuves valables ni procès, la Quadrature appelle les citoyens épris de liberté à procéder au « black-out » de leurs sites, blogs, profils, avatars, etc. Comme en Nouvelle-Zélande, seul pays avec la France où la « riposte graduée » devait être imposée par la loi, pour finalement être repoussée : pour protester contre cette loi imbécile et sa « liste blanche » de sites autorisés, le Net français doit agir et se draper de noir.

Vous aussi, vous pouvez participer au Black Out.

Quelques liens pour se documenter ailleurs :

Et une petite vidéo qui mérite le détour : Hadopi c'est le mal

Et aussi sur le Standblog :

mercredi 25 février 2009

Quelques liens sur la crise

Quelques liens en vrac sur le thème de la crise économique et l'opportunité de renflouer ceux qui ont creusé le trou, alors qu'il serait plus sage d'investir dans le durable. Je ne prétends absolument pas avoir un avis tranché sur le sujet, mais je me pose des questions alors que je me renseigne sur ce sujet. Il y a nécessairement à boire et à manger la dedans...

  • La relance économique en photos. Voilà un sujet qui me trotte dans la tête depuis longtemps : on cherche à remettre debout un système qui est mort. On essaye de "revenir comme avant", comme si les choses n'allaient pas changer. La galerie photo humoristique est étonnante à cet égard : on est condamné à répéter la même bêtise de plus en plus grosse ;
  • Méfiez vous du pétrole pas cher !, dernière tribune de J.M. Jancovici (dont vous n'avez pas fini d'entendre parler ici, vu que je viens de commander ses deux derniers bouquins, C'est Maintenant et Le changement climatique expliqué à ma fille) ;
  • Dans la même veine, on demande sur quelle action parier à ceux qui ont prédit le clash alors qu'ils recommandent des changements drastiques. Il s'agit quand même de Nouriel Roubini et Nassim Nicholas Taleb !
  • Pour les anglophones, un truc à voir absolument : Crisis of Credit, ou pourquoi on en est arrivé là à partir des fameux subprimes. C'est pédagogiquement brillant, et ça ne donne pas du tout envie de donner des milliards à Wall Street. Ce qui me chagrine, c'est que je pressents que la crise financière, ici expliquée, est très comparable à la crise mondiale qui est en train de se dérouler, au point de vue industriel, énergétique et écologique. Aura-t-on une classe politique capable d'accepter ces enjeux et de les traiter ? Je le souhaite de tout coeur, mais je ne suis pas très optimiste.
  • Très bon talk de Barry Schwartz lors de TED : La vrai crise ? C'est qu'on a arrêté d'être sages. Un vibrant plaidoyer pour réintroduire une notion de morale dans la vie. Arrêter de faire des choses parce qu'elles sont lucratives, mais les faire parce qu'elles sont justes. (Merci à Alexis-Pierre pour m'en avoir parlé) ;
  • Credit crunch mustn't stifle climate change action. Extrait d'une citation d'Ashok Khosla, co-président du Club de Rome :

The world needs a new accounting system: "one that measures rainforest loss as asset depletion rather than, as now, simply as income"

En français :

Le monde a besoin d'un nouveau système comptable, "un qui mesure la perte des forêts tropicales comme réduction des stocks et pas simplement comme revenu".

Sortie de Safari 4 Beta

Sortie de Safari 4 Beta hier, pour Mac et Windows. C'est un vrai plaisir de voir Apple investir à nouveau dans Safari. L'interface utilisateur a plusieurs "nouveautés":

  • Les onglets sont en haut de la fenêtre et remplacent la barre de titre, comme Chrome. D'un coté, on gagne en place disponible pour le contenu, d'un autre c'est très perturbant, comme la disparition du menu dans la version Windows.
  • Mode Top Sites qui affiche une mosaïque de sites les plus visité, un peu façon Speed Dial d'Opera
  • Mode cover flow (genre iTunes et iPhone) pour naviguer dans l'historique et les marque-pages (ça ne m'a pas convaincu)
  • Barre d'adresse intelligente (comme Firefox 3)
  • Choix entre Yahoo et Google comme moteur de recherche (mais uniquement pour Windows ???). Toujours pas possibilité de rajouter le moteur de recherche de votre choix.

Pour le développeur, c'est la fête :

  • support des éléments audio et video et bien sûr canvas de HTML 5 (comme Firefox 3.1)
  • Offline support (comme Firefox 3)
  • La compilation Juste à Temps de JavaScript, appelée SquirrelFish jusqu'à présent, est renommé en Nitro. C'est l'équivalent de TraceMonkey pour Firefox et V8 chez Chrome.
  • Support de XML 1.0 (comme Firefox depuis la 1.0, sauf erreur)
  • De nouveaux outils pour le développeur, dont un débogueur JavaScript et un genre de Firebug. Firefox avait montré la voie, suivi par Opera et maintenant par Safari.

Coté rapidité, Safari 4 Beta rejoint Google Chrome et les versions en cours de développement de Firefox (3.1 Beta 2 et Minefield, future 3.x). Il est confirmé qu'IE8 est obsolète avant même sa sortie, malgré le progrès réalisé depuis IE7 (qui est le prochain boulet du Web, dès qu'on se sera débarrassé d'IE6).

Mise à jour : Gizmodo note que coté mémoire, c'est pas terrible dans leur test sous Windows : 14 tabs open, it ate over 400MB of RAM.. Coté interface, on note la disparition de l'indicateur de chargement dans la barre d'adresse ; celle de la barre de titre (remplacée par un tooltip quand on survole l'onglet) et celle des ciseaux dans la barre d'outils (fonctionnalité présentée comme "révolutionnaire" en son temps, qu'elle a visiblement fait" :-) ).

mardi 24 février 2009

Upcoming trip to Utrecht, in the Netherlands

Next week, I'll be in Utrecht (The Netherlands) for two very different events:

  1. On Thursday March 5th, the Annual NOIV Congress (Open and Connected Government initiative), which goal is to promote Open Source and Open Standards within the Dutch administration
  2. On Friday March 6th, the first MozCamp in The Netherlands, a community-oriented event. More technical, less formal, more "bazaar-like" where we'll demonstrate Open Web demos (with the now famous Paul Rouget)

Both events are of course... Open, but registration is needed in both cases.

Laptop, Janskerkhof, Utrecht

Laptop & bikes in Utrecht, under Creative Commons licence by Prupert

Here are more details below about MozCamp Utrecht:

  • What is it about? It's an event for people passionate about the open web. Each event includes discussion, hands-on-demos and collaborative scheming about ways to promote and protect the open participatory nature of the internet. It's not just about Mozilla. It's about making the web more open. More details on the agenda.
  • Who should attend and participate? Local Mozillians, bloggers, designers, hackers, creative commonors and other open web aficionados
  • Where? SURFnet
  • When? Friday 6 March, 2009 from 10:00 to 17:00
  • Want to know more? Please visit the MozCamp Utrech Wiki page
  • Interested? Please register.

The overarching idea behind MozCamp Utrecht is that the Open Web is both powerful and flexible. For those who have attended Mark Surman's talk at Fosdem recently, you may remember that Mark has mentioned "Hackability"/"Malleability" (ordinary users can bend / remix / shape / invent new stuff based on the Web) as one of the values needed for the Web and the Open Source world. What we want to do in this MozCamp is demonstrate the power of the Open Web by showing amazing stuff that you can do in 2009 with the new wave of modern browsers. But we also want to demonstrate the creativity that can happen with such a flexible technology based on Web standards (GreaseMonkey, Add-ons and Ubiquity, anyone?). Also, we want people to participate. I'm sure that what we'll show and discuss will be very interesting (Paul demos are already a big hit) and exciting, but I want to discuss on how people can participate to the Open Web / Open Source movements. Interested? Register!

11 years after, Mozilla is still exciting

This afternoon, I exchanged a couple of informal emails with a British journalist on various topics, when he asked me:

What's the next big news from Mozilla?

Mozilla is going to turn 11 next month and well, many things are getting me excited these days, so I gave him a couple of links. I thought I could share them with my readers. Here is the response I gave:

  • We're hard at work to ship Firefox 3.1 which will bring a lot of innovation to Web developers. We're not yet ready to articulate why it's so cool (at least to ordinary people, but we're working on it), but here is a quick demo that will make Web developers cry
  • Another thing that takes a lot of our energy is Firefox for mobile, codenamed Fennec.
  • Mozilla Labs is a new effort that focuses on distributed open innovation. Among their many projects, Ubiquity and Bespin.
  • The market of Web browsers sees innovation, with Google Chrome, and Apple Safari 4 Beta (released today). It's good for the Web, so Mozilla is happy.

Since I've responded, Paul Rouget has published yet another cool demo based on the video and canvas elements (if you happen not to have Firefox 3.1 Beta 2 running, you should check Chris Blizzard's screencast)[1]. One thing to note is that we had lunch Paul and I today when we discussed ideas for his next demo. Then the idea of changing the background of a live video popped-up, and in a couple of hours, the video was shot, imported, and the demo was built. It says a lot about the power and simplicity of Web technologies (and Paul's skills, too :-) ).

In the meantime, our colleague Dion has published a very cool article about the evolution of browsers: Browsers are finally catching up; It isn’t the Future of Web Pages is it?. Go read it as I won't paraphrase it. My writing would not make it justice.

Now I guess that you understand why I'm still excited about Mozilla after all these years!

Notes

[1] Yeah, I'm the guy on the video. We usually try to put more attractive people in our videos, but Delphine has a bad cold so she was not so keen on appearing on the video this time. But at least, she appeared on the ArsTechnica article!

Actu Mozilla : Paul et Delphine stars du Web !

Mon collègue Chris Blizzard (un des fondateurs de Mozilla, depuis peu employé) a fait récemment une présentation à la conférence SCALE 2009 (Los Angeles). Chris y a repris une démonstration réalisée par Paul Rouget, co-fondateur de XULfr.org. Cette démo a ceci de fascinant qu'elle repose sur de la vidéo. La vidéo native dans le navigateur, ça fait quelque temps qu'on en parle, mais là, Paul pousse le concept beaucoup plus loin dans la mesure où il fait une analyse de la vidéo en temps réel pour détecter le mouvement d'image[1], le tout évidemment en JavaScript. Pour cela, il utilise les fonctionnalités suivantes :

Pour ceux qui lisent l'anglais, Paul décrit sa démo : Video, Canvas, Worker thread - A movement tracker.

Là où ça commence à être rigolo, c'est que pour détecter un mouvement dans une vidéo – pardonnez moi cette lapalissade – il faut une vidéo. Paul a donc demandé à notre collègue Delphine de faire l'andouille devant la caméra achetée par Mozilla quelques jours plus tôt. Et de fil en aiguille, la vidéo a fini dans un screencast de Chris et même dans un article élogieux sur Ars Technica qui écrit :

La démo la plus impressionante qu'il a montré pendant sa présentation utilisait du JavaSCript dans les Worker Threads pour détecter le mouvement dans une vidéo. Il faut le voir pour le croire.

Quelques milliers de clics et de lectures plus loin, Delphine est en passe de devenir une star du Web :-D

ArsTechnica: video de Chris Blizzard dans laquelle on trouve une vidéo de Delphine

ArsTechnica: copie d'écran de la video de Chris Blizzard dans laquelle on trouve une vidéo de Delphine

Sources :

Quelques autres liens sur ce qui se passe chez Mozilla ces jours-ci :

Notes

[1] Firefox 3.1 compilation nocturne nécessaire, ne fonctionne pas chez moi en Beta 2.

Hadopi : non, la Joconde n'a pas été volée

Luc Besson a encore marché dedans et balance une n-ième métaphore foireuse à propos du téléchargement illégal de films en écrivant: "On ne vole pas les tableaux au Louvre il me semble !".

J'ai vu récemment le film Hitman produit par Luc Besson. D'après moi, ça ne vaut pas les 7,99 EUR de son DVD, et je trouve quand même que comparer ça à quelque chose qui mérite d'être exposé au Louvre, c'est quand même manquer un tout petit peu de modestie !

La différence majeure avec une oeuvre qu'on vole dans un musée, c'est évidemment que quand quelqu'un fait une copie illégale d'un film, l'original est toujours en place. C'est toute la différence entre la Joconde, qui est un bien matériel et le contenu d'un DVD, qui est un bien immatériel.

La Joconde - Mona Lisa - Musée du Louvre

La Joconde - Mona Lisa - Musée du Louvre

Mais il y a peut être quelque chose à faire avec la métaphore du musée et des oeuvres. Je vais donc essayer de la reprendre.

Quand un ado télécharge illégalement une copie du film Hitman, il ne prive pas les autres personnes du film. Il ne vole pas un tableau. Il profite du tableau sans payer. Luc Besson devrait plutôt dire "On en rentre pas au Louvre sans payer il me semble !". Là, ça serait une métaphore beaucoup plus juste. Ensuite, parmi tous les gens qui profitent sans payer, on peut se demander combien auraient été prêts à payer pour. Sûrement une minorité, qui représente le manque à gagner. Maintenant, des études ont démontré que parmi ceux qui n'étaient pas prêts à payer pour apprécier Hitman, une partie voudra acheter le DVD du 5eme élément de Luc Besson (qui est autrement meilleur).

Maître Eolas explique ça d'une autre manière :

J’émets simplement des doutes sur la réalité de l’étendue du préjudice que les ayants-droits prétendent subir à cause du téléchargement par des particuliers (télécharger une œuvre ne fait pas obstacle à l’acheter par la suite pour l’avoir en meilleure qualité ou bénéficier des bonus, et rien ne permet d’affirmer que ceux qui ont téléchargé une œuvre l’aurait acheté s’ils avaient été mis dans l’impossibilité de se la procurer de cette façon)

Mais revenons à la métaphore du musée du Louvre : le problème de Luc Besson, c'est qu'aujourd'hui, une immense partie de la population peut profiter du musée sans payer, à cause de la dématérialisation des oeuvres. Par ailleurs, l'offre légale n'est pas adaptée. Imaginez le Louvre avec 2 heures de queue sous la pluie pour rentrer, avec un ticket à 10 EUR. Ou sinon, vous avez une petite porte sur le coté, que tous les habitués connaissent, où on rentre gratuitement pour faire la queue. Evidemment, pas d'escalier roulant pour monter à l'étage, et les marches sont un peu glissantes et mal éclairées, mais on accède tout de même au Louvre et surtout à ses oeuvres. Bien évidemment, la plupart des gens passent par la petite porte ! Mais si on offrait des pass pour la saison, qui évitent de faire la queue et qui permettent aussi d'avoir accès à l'escalator, je suis sûr qu'on arriverait à avoir plus de gens qui payent. Un tel projet existe dans le monde de la culture, ça s'appelle la licence globale.

Il y a un truc que tout le monde semble oublier, c'est qu'aujourd'hui, le téléchargement illégal est rentré dans les moeurs. Toute la jeune génération a pris le pli. Dans une cour d'école en 2009, le premier gamin qui dit qu'il paye sa musique et les films qu'il regarde, ses camarades lui lancent des pierres !

Bon, on peut toujours essayer de foutre en tôle la moitié d'une tranche d'âge, mais je doute de l'efficacité de la solution... Vu l'étendue des dégâts, la licence globale, dont je n'étais pas un partisan au départ, me paraît être la seule solution viable à l'heure qu'il est.

Luc Besson, a raison d'être en colère, rappelons le. Il voit le succès de son entreprise mis en danger par le changement. Mais être en colère ne donne pas le droit de dire des contre-vérités pour faire voter une loi dangereuse et inefficace. Après tout, les fabricants de bougies eux aussi ont ralé quand l'ampoule électrique s'est répandue. Personne ici ne regrette de ne pas les avoir écouté !

En vrac

01Net : les entreprises doivent aussi participer

Voilà, mon nouveau billet vient d'être publié sur 01Net.com : Open source : les entreprises doivent participer !.

Le billet est sorti hier, mais j'ai tellement de trucs à faire que je suis en retard même pour annoncer mes propres publications ailleurs :-D

On notera que les commentaires sont bien meilleurs que d'habitude ! J'ai l'impression que quand je demande aux lecteurs de 01Net de commenter, c'est infiniment plus constructif !

lundi 23 février 2009

Hadopi, le retour de DADVSI ?

Méfiez-vous des discours simplistes et liberticides

Méfiez-vous des discours simplistes et liberticides

Fichtre, la loi Création et Internet (aussi nommée loi Hadopi) nous réserve des rebondissements à rendre jaloux les scénaristes hollywoodiens. Il semble de plus en plus qu'Hadopi soit un mauvais remake de DADVSI.

Le dernier rebondissement consiste à essayer d'imposer des mouchards (joliment appelés "moyens de sécurisation", on se croirait dans 1984) sur les machines des utilisateurs. Cerise sur le gateau : on va vous les vendre, ces mouchards !

L'APRIL appelle à la mobilisation contre les mouchards et leur non-interopérabilité[1] et Thierry Noisette apporte plus d'information sur ce qui se passe en coulisse.

Franchement, la perspective de faire tourner un logiciel qui me flique sur ma machine, c'est vraiment un truc qui me rend dingue ! (mais je vais arrêter là avant de péter un câble et devenir vulgaire)...

Pour se calmer, quelques liens à propos d'Hadopi :

Notes

[1] Mise à jour : j'ai changé l'intitulé du lien qui portait à confusion. Désolé !

dimanche 22 février 2009

Annonce de service

Certains lecteurs auront remarqué que le Standblog vient de passer la surmutipliée. Ca tient à plusieurs choses :

  1. d'abord j'inaugure une version toute neuve de DotClear (installée par Mr Xave l'étalon de Bruxelles, qu'il soit remercié ici et que l'amour emplisse sa vie !) et ça me fait bien plaisir de pondre des billets en rafale.
  2. j'ai lu plein de livres passionnants récemment, et que ça fait bouillonner mon neurone, du coup le blog sert d'exutoire !
  3. La loi Hadopi et plus précisément le fait que nos élites aient l'air de vraiment mal comprendre ce qu'est Internet me fait bouillir en tant que citoyen qui a la chance de comprendre les enjeux et qui croit très immodestement qu'il a des talents pédagogiques.
  4. Bénédicte et les enfants sont en vacances et j'ai la crève, donc je passe ma vie au chaud devant mon écran.

Toutes mes excuses aux lecteurs qui se retrouvent inondés d'articles, mais ça devrait se calmer la semaine prochaine !

Dr Jekyll, le syndrome de Pénélope et le climat.

Il y a deux ans, j'écrivais "Le Syndrome de Pénélope" qui explique nos intérêts en tant qu'individus préoccupés par l'avenir de la planète, sont souvent en contradiction avec notre métier. Je découvre aujourd'hui qu'il y a 4 ans, J.M. Jancovici avait déjà écrit Dr Jekyll, Mr Hyde, et le climat. Je suis à la bourre ;-) Allez, je cite deux paragraphes de son excellent billet, qui parle de solutions :

Que signifierait de réconcilier le consommateur - et donc aussi la consommatrice - et le(la) citoyen(ne) ? De l'avis d'à peu près tous ceux qui se sont penchés sur la question en restant libres de leurs propos, un élément émerge de manière récurrente : il n'y a pas de solution volontaire au problème du changement climatique sans augmentation progressive du prix de l'énergie fossile, à travers la fiscalité ou tout autre mesure économique équivalente. Cela permet de faire partager l'effort à tous, et peut-on vouloir l'effort comme citoyen sans accepter implicitement sa traduction progressive dans les prix comme consommateur ? Incidemment, l'absence d'efforts volontaires ne signifie pas, bien sûr, l'absence d'efforts à tout jamais : si nous ne chargeons pas dès maintenant d'aller vers une division volontaire des émissions humaines de CO2 par 2 (pour le monde, c'est cela l'impératif physique minimum), ce sont des régulations involontaires qui s'en chargeront à notre place, peut-être bien avant 2100, et elles ont toutes les chances d'être plus désagréables.

Il faut donc espérer que ce qui s'est passé avec le tabac, où les discours ont eu peu d'effets directs, mais ont fini par rendre les hausses de prix socialement acceptables, se passera pour l'énergie. A force de dire et répéter que les combustibles fossiles sont mauvais pour la planète, ce qui n'aura probablement que peu d'effet direct sur leur consommation, on peut espérer que cela amène à accepter "un jour" - prochain si nous voulons éviter des ennuis sérieux avant que mes enfants n'aient l'âge de M. Chirac - une hausse graduelle et indéfinie du prix du gaz naturel, du fioul domestique, du kérosène, du charbon, du fioul lourd, et bien sûr des carburants routiers. Faire est à ce prix. Mais le prix à payer pour ne "rien faire" ne risque-t-il pas d'être bien plus élevé ?

Hervé Kempf, dans son dernier livre au titre particulièrement mal trouvé Pour sauver la planète, sortez du capitalisme écrit page 125 quelque chose qui pourrait très bien s'appliquer à aux énergies fossiles :

Ainsi pourra-t-on développer une tarification progressive selon le volume. Par exemple, tout le monde a besoin quotidiennement d'une certaine quantité d'eau. Celle-ci sera fixée à un prix pas. Puis la quantité suivante – pour plus de douches, par exemple, ou l'arrosage du jardinet – sera davantage facturée. La quantité supplémentaire – pour laver des voitures ou remplir une piscine – encore plus cher. Ce principe de tarification progressive – amorcée en France avec le "bonus-malus" qui renchérit ou allège le prix des automobiles selon leur niveau d'émission de gaz carbonique – pourrait s'appliquer à de nombreuses consommations, notamment dans l'énergie. Il s'agit d'inverser le principe actuel selon lequel plus l'on consomme, moins on paye à l'unité.

Filtrage d'Internet : la grande illusion (partie 2/2), proxy, routage et chiffrement

Dans l'article précédent, j'ai tenté d'expliquer pourquoi filtrer Internet était déraisonnable compte tenu de sa volumétrie.

Cette fois-ci, je vais expliquer pourquoi les notions de routage (au sens très large) et de chiffrement rendent le filtrage impossible compte tenu de ce qu'on espère comme résultats (un Internet toujours utilisable) et comme moyens (moins d'un milliard d'euro par an pour la France).

On peut se promener dans Internet

Là, touche du doigt mes compétences en terme de réseau informatique (mais bon, ça fait bien longtemps qu'on a dépassé celles des politiques ;-) ). Je prie donc mes lecteurs de tolérer les approximations que je vais énoncer ci-dessous, qui sont soit le fruit de mon ignorance, soit des artifices pédagogiques.

Pour faire simple, on peut avoir l'air de se connecter à un service apparemment inoffensif, lequel va ensuite se connecter à un service interdit, par un mécanisme de passerelle. Par exemple, Arthur aime les images interdites (genre un dessin d'un type avec une moustache en brosse à dent et une chemise brune qui fait des trucs avec un cheval de moins de 18 ans tout en expliquant entre deux râles que les chambres à gaz n'ont jamais existé). Pour faire simple, appelons ce site "X". Evidemment, si ce site X est hébergé dans un pays étranger où la liberté de parole est sacrée (comme aux USA) ou dans un autre où ce genre de considérations n'ont pas lieu d'être (il y en a un paquet), il est possible que ce site soit là depuis longtemps et ne risque pas de changer d'adresse. Donc malgré la taille immense et les changements permanents du Net, les fins limiers anti-pédophiles connaissent l'adresse du site et l'on ajouté à la liste noire (coup de bol). Mais voilà, Arthur peut se connecter à un site qui n'est pas dans la liste noire, et qui a l'air tout à fait légitime. Appelons le "O" comme "ordinaire". Arthur va se connecter à "O" sans problème, puisqu'il n'est pas dans la liste noire. Et puis il va lui demander d'aller chercher pour lui d'aller chercher le contenu du site "X" et de l'afficher. Les systèmes de protection n'y verront que du feu et Arthur va pouvoir nourrir ses plus bas instincts.

Bilan : des millions d'euros dépensés (merci le contribuable) mais ils n'empêchent pas Arthur de continuer à faire ses cochonneries (merci Kleenex).

Cet exemple simpliste[1] n'est qu'un parmi d'autres à utiliser le principe du proxy (qui est justement utilisé en entreprise pour économiser l'accès au réseau). Il existe par exemple des passerelles entre le Web et le protocole NNTP (les Newsgroups et sa hiérarchie alt.binaries.erotica.* dont je vous laisse deviner la teneur). Ces passerelles sont très utiles (on s'en sert tous les jours chez Mozilla de façon professionelle et légale). Il en existe aussi entre le Web et le mail. Ca s'appelle le Webmail, et c'est même la façon préférée de centaines de millions de gens d'accéder à leurs messages. Je vous fais grâce du protocole BitTorrent, dont l'utilisation est légale et même très utile pour les fichiers volumineux distribués largement. Ou encore des systèmes comme Rapidshare et les dizaines de systèmes qu'on va pouvoir inventer beaucoup plus rapidement que le gouvernement en va pouvoir les interdire ou les contrôler. Il existe aussi des techniques comme le Tunneling[2] ou l'Onion Routing, qui sont des variantes complexes d'Arthur qui cherches des photos de canassons. Cela permet des choses très légitimes (les VPN, la protection des blogueurs dans les pays où c'est nécessaire), ou des trucs plus tordus (faire du tunneling sur DNS pour accéder gratuitement au Web sans payer le Wifi des hotels).

Le chiffrement existe et il est utile

Le chiffrement – souvent appelé à tort "cryptage" – est le procédé qui permet de rendre la compréhension d'un document impossible à toute personne qui n'a pas la clé de (dé)chiffrement. Les ordinateurs sont assez doués pour faire du chiffrement, et c'est tant mieux, car c'est la clé de voute de la sécurité sur Internet. Tout l'intérêt du chiffrement, c'est que la tentative de comprendre ce que signifient les données qui transitent sur le fil se solde par un échec[3].

Quand j'accède à mon Webmail, ma connexion est chiffrée. Pareil pour ma banque, évidemment. Même quand j'accède au Wiki de Mozilla pour lire une information pourtant publique, c'est chiffré. Le bon sens dit qu'il faut chiffrer tout ce qui peut l'être, même les communications non sensibles. Pourquoi ? Parce que plus il y a de communications chiffrées qui transitent, moins on sait repérer celles qui sont importantes, ce qui rajoute à la sécurité de ce qui mérite d'être protégé. C'est pour ça que le chiffrement est de plus en plus commun sur le Net (et c'est bien). Bien sûr, on peut déclarer le chiffrement illégal. C'était le cas à une époque : la France considérait que c'était une arme de 3eme catégorie, alors que les USA interdisaient l'exportation de technologies de chiffrement pour les mêmes raisons. Ca a retardé le progrès d'Internet d'une part, ça a limité la sécurité des utilisateurs, et ça a contribué encore un peu plus au retard de la France pour ce qui est Internet. J'espère qu'on a appris cette coûteuse leçon et qu'on saura la transposer à la problématique du filtrage !

A propos du chiffrement, il faut bien comprendre qu'il se combine au reste de la problématique. En particulier, les réseaux privés virtuels sont une combinaison de la "promenade sur Internet" évoquée ci-dessus, avec du chiffrement pour protéger une partie de la connexion.

On notera dans le genre plusieurs documents qui expliquent comment surfer de façon anonyme :

Voilà pourquoi, d'un point de vue technique, le filtrage d'Internet est une aberration. Il y a d'autres raisons liées plus directement à une certaine vision de l'Internet et de ses usages que j'aurai l'occasion d'exprimer dans d'autres billets (si j'en trouve le temps). Mais j'ai fait ici, avec le billet précédent, le tour des raisons techniques qui me viennent à l'esprit.

Et vous, chers lecteurs, voyez-vous d'autres raisons techniques qui font que le filtrage d'Internet est une coûteuse bataille perdue d'avance ?

Notes

[1] Je l'ai déjà indiqué dans l'article précédent, je fais de la vulgarisation, et donc des approximations. Merci de ne pas m'en vouloir. L'objectif ici est de faire toucher du doight la complexité de la matière qu'on cherche à légiférer, pas d'avoir une rigueur technique extrème.

[2] Merci à v_atekor, gentil lecteur, qui explique très bien ce concept dans un commentaire : "Le tunneling, c'est l'histoire d'un transporteur de coffre fort qui passe la douane. Il livre des coffres à des clients, et n'a évidement pas les clefs des coffres qu'il transporte. Le gars est en règle, mais on ne peut pas ouvrir les coffres"...

[3] Plus précisément, il existe quantités de méthodes (d'algorithmes) de chiffrement. Certains peuvent être brisés, mais ça demande l'immobilisation d'une telle puissance de calcul qui fait que c'est économiquement impensable de décrypter une portion signification des messages chiffrés.

samedi 21 février 2009

Filtrage d'Internet : la grande illusion (partie 1/2), la volumétrie

Mon ami Pierre Col (celui qui aime les motos rouges qui vont trop vite) tient un blog sur ZDNet.fr. Son dernier billet explique pourquoi le filtrage d'Internet est coûteux et inefficace, démonstration à l'appui.

Son article m'a donné envie d'aller plus loin et de démonter les deux mythes que les politiques trop crédules envers les lobbyistes considèrent à tort comme des solutions possibles : le filtrage par liste noire et le filtrage par liste blanche. Kezako ? Disons que parmi les différents dispositifs destinés à s'assurer que les citoyens ne font pas de bêtises, certains pensent qu'il faut "filtrer Internet". C'est à dire qu'à chaque fois que quelqu'un va se connecter à un site pour en afficher le contenu sur son ordinateur, il va falloir s'assurer :

Dans le cas présent, l'approche entre "refuser l'accès à un site interdit" (approche "Liste noire") est très différente de celle qui "n'autorise l'accès que sit le site est autorisé" (approche "liste blanche"). Ca tient principalement à trois facteurs :

  1. Internet est immense et en évolution permanente (et c'est sa plus grande qualité)
  2. On peut se "promener"[1] dans Internet.
  3. Le chiffrement existe et il est nécessaire

Ces deux derniers points seront publiés dans un article à venir.

Internet est immense et en évolution permanente

Comment faire comprendre à quelqu'un qui n'est pas spécialiste du problème cette immensité qu'est le Web ? J'ai cherché dans le dossier de presse de Google (format PDF), et voici quelques chiffres qui donnent le vertige :

nous devons faire face à l’expansion permanente du Web. Lorsque nous avons commencé, en 1998, Google indexait autour de 25 millions de pages par jour. Aujourd’hui, nous en sommes à des milliards de pages chaque jour. Autant dire que les bottes de foin dans lesquelles nous cherchons nos aiguilles sont devenues gigantesques.[2] (...) aujourd’hui, (nos) robots indexent des milliards de milliards[3] de pages[4]. Pourtant, la tâche est loin d’être achevée. En effet, à chaque exploration du Web par le robot Googlebot, environ 10 à 20 % du contenu est entièrement nouveau !

Dans ces "bottes de foins virtuelles", on va demander au gouvernement français de trier le bon grain de l'ivraie. Quand on pense qu'on a pas été capable en Europe de faire un moteur de recherche concurrent de Google malgré les sommes englouties, on peut imaginer le succès d'une entreprise de filtrage de l'Internet. On me dira que certains logiciels vendus aux entreprises permettent de faire un tel filtrage. C'est vrai, mais c'est particulièrement inefficace et grossier. J'ai ainsi deux anecdotes personnelles qui démontrent cela :

  1. Lors d'un passage dans l'aéroport de San Francisco, un point d'accès Wifi est ouvert. Je me connecte en attendant mon avion et je vais lire mes blogs préférés. Parmi ceux-là, celui de Laurent Gloaguen. Je n'ai pas pu : l'accès était interdit. Pas "moralement conforme". Peut-être parce que Laurent est homosexuel ? Parce qu'il a posé nu sur son blog ? Je ne l'ai jamais su. L'accès à ce site m'était interdit pour des raisons arbitraires. (En plus, interdire un blog gay à San Francisco, faut vraiment pas être à l'écoute de ses utilisateurs, mais je m'égare)
  2. Un blog de geek, celui de mon ami et maintenant collègue Paul Rouget (qui parle essentiellement de code JavaScript et de développement de logiciels Libres) a du changer de nom de domaine. Pourquoi ? Parce que l'ancien, sexyLizard.org était considéré comme obscène par les filtres.

Dans le cadre d'une liste blanche, on va chercher à valider qu'il ne contient rien d'interdit avant de le mettre dans la liste. Mais l'avalanche de nouveaux sites, de nouvelles pages ne permet pas de faire cela de façon assez rapide et assez fiable. Soit on va laisser des sites interdits passer, soit on va empêcher plein de sites de toucher leur public en France juste parce que la mise à jour est lente.

Dans le cadre d'une liste noire, le problème n'est pas plus facile. Car les sites illégaux (téléchargement d'oeuvres contrairement aux désirs du créateur, pédo-pornographie et autre) changent d'adresse en permanence, bien plus que les sites légitimes...

Voilà pourquoi l'idée de filtrer Internet est une dépense d'autant plus coûteuse qu'elle est vouée à l'échec.

Dans une suite à venir de ce billet, je donnerai d'autres arguments qui sont liés à la structure même du Net et au besoin de sécurité des applications légitimes.

Et vous, chers lecteurs : que pensez vous du filtrage d'Internet ? Ca vous paraît faisable et sensé ?

Notes

[1] Je manque d'idées pour expliquer ce concept, j'appelle donc mes lecteurs au secours. Comment expliquer la notion d'Onion Routing et le tunneling à des politiciens ?

[2] Page 2

[3] l'emphase est de mon fait

[4] Page 8

En vrac

vendredi 20 février 2009

Meurs IE6, Meurs !

Merci à Framablog pour cette traduction d'un article de Wired :

Mise à jour : Merci à Schmorgluck qui a réalisé le visuel ci-dessous à la suite de cet article...

Meurs IE6, Meurs

A propos d'Hadopi

Quelques liens sur ce sujet chaud :

Ah, j'oubliais 3 liens "humoristiques :

  1. L'UMP, accusée de contrefaçon par MGMT, veut désamorcer l'affaire ;
  2. L'album de U2 fuite sur le Net avant même sa sortie, la faute à... Universal Music ;
  3. Rappelons que la fuite du DVD "Bienvenu chez les Ch'tis'' "Les Bronzés 3" provenait de chez... TF1 ! (je ne retrouve plus le lien, si un lecteur l'a, laissez le dans les commentaires...) Mise à jour : au temps pour moi, il s'agissait du film Les Bronzés 3

Mise à jour : Les droits d'auteur pour les nuls, chez le très instructif Maître Eolas. "Notez bien ceci pour le moment : le droit d'auteur est né pour protéger les auteurs des éditeurs. Ça aura son importance."

Actu Mozilla : Bespin et l'agenda partagé

Bespin, le dernier rejeton des Mozilla Labs est sorti récemment, et l'un de ses auteurs, Ben Galbraith, vien de publier deux billets qui expliquent ses choix technologiques :

  • Bespin and Canvas: Part 1 répond aux questions suivantes :
    • Pourquoi le choix de Canvas ?
    • Qu'en est-il de la compatibilité avec d'autres navigateurs autre que Firefox et Webkit ?
    • A quand une version mobile ?
  • Bespin and Canvas: Part 2 répond quant ) lui à ces questions :
    • Qu'en est-il de l'accessibilité
    • Et pourquoi pas SVG ?
    • Peut-on espérer une version éditeur seul ?
  • Daniel, qui est dans le développement d'éditeurs depuis un bon bout de temps (2000, 2001 ? 1991, me dit-il) en rajoute une couche : Bespin, canvas, SVG, DOM and other thoughts. Conclusion intéressante qui recadre bien le débat à mon sens : "labs are here to make experiments, things that don't seem ordinary or even reasonable, labs are here to pave the future, not do what all others are doing too". Rappelons que Bespin est une "expérience de laboratoire" et non pas un produit...

L'autre annonce concerne l'outil d'agenda partagé dans Thunderbird. On trouve deux billets très importants :

  • Lightning-in-Thunderbird status update. David explique pourquoi Thunderbird 3 n'intégrera pas de fonctionnalités d'agenda. ;
  • Au même moment, le principal développeur de l'agenda publie Calendar Project at a critical juncture. En gros, c'est un appel à participation. Je traduis : "si vous avez utilisé Lightning et que vous connaissez les technologies Mozilla (XUL, JavaScript et CSS), ou que vous voulez aider à tester, écrire de la documentation ou autre, contactez nous !".

Sur ce sujet, j'ai eu cette semaine une discussion passionnée avec quelqu'un qui travaille dans un établissement public français, et qui voulait que "Mozilla fasse ceci, mais aussi cela". C'était justement à propos de l'agenda dans Thunderbird. Je crois qu'il y a un malentendu profond à ce sujet. Beaucoup de gens voient Mozilla comme un fournisseur de solutions logicielles gratuites. Ca n'est qu'un aspect des choses. Mozilla, c'est avant tout une communauté de gens qui font du logiciel Libre. Si la communauté ne fait pas ce que vous souhaitez, rejoignez la communauté Mozilla, et faites ces choses. Pour paraphraser Kennedy : "ne demandez pas ce que Mozilla peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour Mozilla". Peut être que les utilisateurs d'entreprise ne comprennent pas cela. Mais peut-être alors faut-il considérer que l'approche de Mozilla n'est pas la bonne ? Peut-être que c'est la relation commerciale client-fournisseur à la sauce Microsoft qui est la bonne ? Je n'en sais rien encore, mais c'est à ceux qui utilisent les logiciels Libres sans pour l'instant contribuer à leur développement (en nature ou financièrement) qu'il faut poser la question... A défaut de comprendre qu'"Un logiciel Libre est gratuit une fois qu'il a été payé", on verra le modèle Microsoft perdurer...

jeudi 19 février 2009

Rendez moi mon Microsoft !

Citation de Steve Ballmer, patron de Microsoft, lors d'une table ronde à Barcelone :

I agree that no single company can create all the hardware and software, (...) Openness is central because it's the foundation of choice.

Version française par mes soins :

Je suis d'accord pour dire qu'une seule entreprise ne peut pas créer tout le matériel et toutes le logiciel (...) l'ouverture est essentielle car elle permet le choix.

Quelle mouche a piquée Steve Ballmer ? Pourquoi parle-t-il d'ouverture ? D'abord, il faut connaître le contexte, celui du GSMA Mobile World Congress, le grand show du mobile, industrie où Microsoft est totalement à la ramasse.

C'était une pierre dans le jardin d'Apple, qui fabrique le matériel (iPhone) et le logiciel qui le fait tourner. Mais en fait, le problème c'est qu'Apple permet la création d'applications pour l'iPhone (ils en font même la publicité ces jours-ci à la télévision) mais exige le contrôle absolu de ce qui peut ou ne peut pas tourner sur l'iPhone. Pour cela, ils ont mis en place un iPhone Store, contre lequel Mozilla et l'EFF se battent.

Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, le logiciel, c'est une notion qui peut être coupée en deux (au moins) : le système d'exploitation d'une part et les applications d'autre part. On pourrait même réécrire la phrase de Ballmer de la façon suivante :

Je suis d'accord pour dire qu'une seule entreprise ne peut pas créer tout le système d'exploitation et toutes les applications (...) l'ouverture est essentielle car elle permet le choix.

Bref, Microsoft a une position sensée (ici dans l'univers du mobile) quand elle n'est pas en situation de monopole. C'est rassurant... A dire vrai, c'est comme ça que j'aime Microsoft. Quand "l'ogre de Redmond" n'est pas en position de monopole ou de position dominante, il se transforme en "concurrent de Redmond", et c'est généralement bénéfique pour l'ensemble de l'industrie. Ils se mettent à innover, à jouer le jeu des standards, à écouter leurs utilisateurs. Souvenons nous, comme l'indique Daniel, que sans Microsoft, il n'y aurait pas eu de CSS ni d'Ajax dans les navigateurs. A l'époque, Microsoft jouait le jeu des standards et du W3C. Dès lors qu'ils ont été en vue du monopole, c'était foutu. Mort. Il aura fallu attendre qu'une fondation à but non lucratif secoue le cocotier et gagne 20 % du marché pour que Microsoft se sente menacé et se réveille.

Alors voilà : rajoutons encore 30 ou 40% de parts de marché à l'ensemble des navigateurs modernes (Safari / Chrome / Opera / Firefox et les autres), et on verra Microsoft se décarcasser pour implémenter HTML 5 au lieu de chipoter. Tout le Web en bénéficiera.

Donnons encore quelques dizaines de pourcent de parts de marché à Linux et Mac en terme de PC de bureau, et on verra Windows devenir correct. Regardez Vista, cet accident industriel. Il aura fallu ça pour que Microsoft se ressaisisse et sorte une beta prometteuse de Windows 7. Mais ça n'est qu'un début.

Il y a trois ans, Hugh McLeod (blogueur et dessinateur) et Steve Clayon (employé Microsoft) lançait uen campagne interne informelle, Microsoft : change the world or go home. 3 ans plus tard, rien n'a changé. Microsoft ne change pas de l'intérieur. Il faut donc le changer de l'extérieur...

Donnons une bonne raclée à Microsoft, ça nous rendra le Microsoft qui innovait et faisait avancer l'industrie, comme il y a 15 ans.

J'ai envie de retrouver ce Microsoft là. Pas vous ?

Conférence en ligne sur l'énergie et le réchauffement climatique

Un lecteur dont le nom m'échappe (désolé) m'a envoyer un lien vers la passionnante Conférence de Jean-Marc Jancovici (vidéo et diapos) donnée aux cadres de Spie.

Je suis un lecteur de la prose de J.M. Jancovici depuis bien longtemps et j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur le Standblog.

Jean-Marc Jancovici : 'Plus ça va (le PIB) moins ça va (le CO2)'

Jean-Marc Jancovici : 'Plus ça va (le PIB) moins ça va (le CO2)'

Ce qui est intéressant dans cette présentation, c'est qu'elle est extraordinairement documentée, solide, mais aussi (relativement) courte : 1h40. (Pour ceux qui veulent, il y en a une version longue donnée dans le cadre de cours aux élèves ingénieurs de l'école des Mines, mais ça dure 16 heures !).

Oui, bon, 1h40, ça peut sembler beaucoup, mais c'est juste le temps d'un film Hollywoodien (ou d'une soirée télé devant TF1) et c'est encore plus intéressant. On peut se demander comment ce sujet dont on nous rebat les oreilles peut encore être intéressant. Ca tient à plusieurs choses :

  • Jean-Marc Jancovici n'est pas partisan ni politique : il a une approche d'ingénieur qui fait face à un double problème (la consommation de pétrole et le réchauffement climatique) et il disseque le sujet avec brio.
  • La présentation est particulièrement fournie en données. C'est l'antithèse d'un discours militant, et c'est ça qui est convaicant.
  • Il est très bon orateur (1h40 sans mollir, c'est fort !)

Si les rapports entre économie, croissance, énergie, pétrole et réchauffement climatique vous intéressent, je ne saurais trop vous recommander de réserver 1h40 à cette présentation.

Réflexion faite, même si ces sujets là ne vous intéressent pas plus que ça, mais si vous voulez savoir quel monde on risque de réserver à nos enfants (monde qui sera très différent du nôtre, à n'en pas douter), vous devez voir cette présentation.

Chapeau, M. Jancovici !

mercredi 18 février 2009

Le rodéo - peplum d'Hadopi

Toutes mes excuses pour ce titre tordu : ça m'apprendra à écrire des billets avec la migraine :-/

Nombreux sont mes lecteurs qui m'ont contacté pour me signaler les deux excellents billets de Maître Eolas[1].

Il faut dire que l'enjeu est grave : la loi Hadopi passe devant l'Assemblée Nationale. Oui, je sais, avec des noms comme HADOPI, on ne risque pas de se sentir attiré par le débat public. Voici donc une définition gentiment offerte :

Le projet de loi "Création et Internet" ou "HADOPI" a été voté au Sénat le 30 octobre 2008 (...). Elle a pour objet de mettre en oeuvre la "riposte graduée" visant à couper l'accès aux internautes suspectés de partage d'oeuvres sans autorisation. Une autorité (l'HADOPI), instaurée par le texte, agira sur dénonciation d'acteurs privés travaillant pour les industries du divertissement (syndicats professionnels, enquêteurs privés). (...)

Je ne vais pas vous expliquer pourquoi la loi Hadopi est inefficace, inapplicable et dangereuse, vu qu'une excellente note de synthèse (format PDF) l'explique déjà très bien.

Voilà pour le contexte : cette loi plus que douteuse et promue par l'industrie des médias va bientôt passer devant l'Assemblée nationale. Du coup, les différents acteurs impliqués s'agitent pour raconter leur version de l'histoire (c'est légitime), et ils ne rechignent pas devant les âneries sur ce sujet à la fois technique et sensible (l'industrie des médias ayant déjà les deux pieds dans la tombe, elle n'a pas peur de franchir les limites, mais du coup, c'est nettement moins légitime).

Dernièrement, le président de la république qualifiait Internet de "Jungle sauvage" qu'il voulait transformer en "fantastique lieu de création et d’échange". Pour l'occasion, je m'étais fendu d'une réponse polie.

Et puis on a vu débarquer les portes-flingues, et la jungle sauvage a tourné au rodéo de Far West. Du grand n'importe quoi, du burlesque.

Mesdames et messieurs, premier dans l'arène : Luc Besson, chevauchant sa tribune dans le journal Le Monde, très subtilement intitulée Halte au piratage à grande échelle via Internet !.

Seulement voilà, Maître Eolas veille au grain et dégaine un texte brillant et drôle[2] : Quelques leçons de droit (et même un peu d'économie) à l'attention de Luc Besson.

Voici par exemple un endroit où Maître Eolas démontre que le remède serait pire que le mal :

Heu… Luc… Sans vouloir être désagréable, le Conseil constitutionnel a déjà dit que la riposte graduée était contraire à la Constitution. C'est au considérant n°65. Ce que propose le projet de loi internet et création (appelé souvent à tort HADOPI), c'est, de fait, dépénaliser au profit d'une autorité administrative ayant un pouvoir de sanction après avertissement. Ce qui risque fort d'être pris pour une légalisation du piratage individuel (mes amis économistes te parleront du pouvoir des incitations, et dans ce cas de la disparition de l'aversion de la perte), puisqu'aucune sanction ne sera possible tant que l'internaute n'aura pas été averti au moins une fois. D'où le sentiment d'avoir le droit de télécharger tant qu'on n'a pas été averti, puisqu'on ne risque rien. Alors qu'aujourd'hui il est punissable dès le premier téléchargement. Tu râles parce qu'on téléchargerait 500.000 films par jour ? Je ne suis pas sûr que tu adores la suite.

Je vous ai déjà dit que j'étais fan ? Maintenant, vous savez pourquoi ! ;-)

Une fois que Luc Besson a mordu la poussière et que Maitre Eolas, – grâce lui soit rendue – est sorti avec les oreilles et la queue du producteur, un autre cow-boy est entré dans l'arène. Qui ça ? L'inénarrable Frédéric Lefebvre, qui a déjà eu l'honneur des colonnes du Standblog, mais pas en bien. Bon, je re-situe, c'est le type qui a été pressenti pour prendre le poste de secrétaire d'état à l'économie numérique mais qui, devant la levée de bouclier[3], a promptement été retiré de la course en faveur de NKM[4]

Frédéric Lefebvre, c'est celui qui a réussi à déclarer devant les députés – à propos du filtrage d'Internet, toujours – accrochez-vous, ça pique un peu les yeux :

L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ?

Oui, c'est lui. "Une bonne tête de vainqueur", comme on dit parfois ;-)

Bah le mec, il a recommencé dans le journal 20 Minutes en déclarant :

Les sites comme beeMotion sont des dealers.

Une subtilité de cow-boy, je vous dis !

Heureusement, Maître Eolas veille toujours au grain et balance un féroce billet : Tout le monde n'a pas le talent de Luc Besson. Il y décortique la longue litanie des âneries de Frédéric Lefebvre, au point de conclure :

Mes bras étant tombés, j'écris la suite de ce billet en tapant sur mon clavier avec mon front.

Et puis ensuite on a eu la cow-girl, Madame la ministre de la culture Christine Albanel, qui est passée devant les commissions de l'Assemblée Nationale, et là, c'est la Quadrature qui lui colle 0/20 !

Cette succession de bêtises racoleuses et simplistes me consternent, au point que j'ai pondu un joli panneau :

Méfiez-vous des discours simplistes et liberticides

Méfiez-vous des discours simplistes et liberticides[5]

Alors que les choses soient claires : je n'incite personne à faire des copies illégales (au point que je passe pour un vieux con vis à vis de mon entourage !). Par contre, si j'écris ce billet, c'est en tant que citoyen concerné par Internet et par la loi de son pays (et la liberté de ses concitoyens). Il est important d'avoir un débat public sur ce sujet, et franchement, voir cette loi ratée (comme la précédente, DADVSI) menée par des gens qui ne semblent pas comprendre la nature même d'Internet tout en étant influencés par une industrie, ça n'est pas digne d'une démocratie moderne... C'est pourquoi j'encourage mes lecteurs à écouter un autre son de cloche que les discours simplistes de gens qui ne comprennent rien à Internet, par exemple en se tournant vers les gens qui essayent de comprendre en quoi cette loi est dangereuse : La Quadrature du Net.

Notes

[1] je me retiens de l'appeler "Mon ami Maître Eolas" car ça serait prétentieux, même s'il a gentiment accepté de prendre une photo avec moi et le Capitaine)

[2] Comme toujours, suis-je tenté de dire, mais pas parce que cet homme est presque mon ami ;-)

[3] Je parle d'arène et de boucliers, s'il n'y avait pas les cow-boys, on pourrait croire à un peplum !

[4] Non, ça n'est pas un groupe de rap, faut suivre, merde !

[5] Merci à [Delphine pour l'idée : Avec Besson, le pire n’est jamais loin.

En vrac

lundi 16 février 2009

01Net : Libre et cloud computing

01Net vient de publier mon dernier billet en date à propos des limites des licences libres dans le cloud computing. J'y tente une expérience nouvelle pour moi chez 01Net. Là où les commentaires ont souvent été "rugueux" par le passé (c'est peu dire), je tente d'y lancer le débat. On va voir comment ça se passe.

Voici la question que je pose là-bas :

Et vous, chers lecteurs, qu'imaginez-vous comme solution pour concilier la protection des données et la flexibilité du cloud computing ? Une extension du navigateur qui garde une copie locale ? L'obligation pour les services de proposer une exportation des données dans un format ouvert ? Ou bien le confort du cloud computing vaut-t-il que l'on néglige la sécurité des données ?

On peut aussi essayer de répondre ici, dans les commentaires du Standblog ! A vous de jouer...

vendredi 13 février 2009

Community, participation, innovation... for an Open Web

Explaining what Open Source means is always a challenge. First, you have to explain what "source code" is. Good luck with that! And if the people you're talking to have not run away or fallen asleep, then you have to explain that people contribute to the code. If there is someone still listening to you, chances are that he or she is already convinced by Open Source... But the notions of participation, community and innovation are central to the Mozilla project. They're also a key differentiator with the "blue E". There must be a better way.

Firefox in Motion video screenshot

Enter Laurent (an Ubuntu and Firefox user) and his team, who decided to donate some of their time and skills to tackle this issue with their favorite tool: video.

Here are the (fantastic) results in HD:

  • Director: Julien Gilles de la Londe
  • Soundtrack: Raphael Fiorda[1]
  • Management: Laurent Fraisse for Ozprod

This video is under

Of course, in the spirit of the Open Web and Open Source, this video is available under a Creative Commons license BY-NC-SA and several formats (including Ogg Theora[2]) so that you can remix it and localize it!

Congratulations to Laurent, Julien and Raphaël for their amazing community work, very cool ideas and superb execution!

P.S.: pass the word on your blog if you have one: this work deserves to be seen by many people!

Notes

[1] It really sounds like a Mobi song. Really cool!

[2] Also in HD

En vrac

Quelques articles sur Microsoft et la Commission Européenne

Mes collègues ont rédigé plusieurs billets et documents sur ce sujet chaud (depuis près de 12 ans !). Les voici :

Il est probable que ce billet sera mis à jour au fil de l'eau.

Annonce de l'éditeur Mozilla Bespin

Je commence par enfoncer une porte ouverte : Mozilla soutient la notion de Web ouvert, bâti sur les standards, où chacun peut participer, par opposition aux technologies propriétaires, qui nécessitent de passer sous les fourches caudines de certains acteurs (je pense à Flash et Silverlight, au hasard).

Le reproche principal que l'on fait aux technologies ouvertes, ça n'est pas tant le manque de fonctionnalité que l'absence d'outils de développement d'application.

C'est à cela que s'est attelé l'équipe des Mozilla Labs dédiée aux outils de développement. Elle est constituée des célèbres Ben Galbraith et Dion Almaer, co-auteurs d'Ajaxian.

Logo Bespin

Le résultat de leur travail, c'est Bespin, qui est pour l'instant à sa version 0.1, et bien sûr sous licence Libre MPL.

Les auteurs de l'outil on voulu qu'il ait les caractéristiques suivantes :

  • Facile à utiliser, pour pouvoir plonger dans le code rapidement
  • Collaboration en temps réel, pour éditer un fichier avec d'autres personnes en même temps
  • Ligne de commande intégrée (comme vim et emacs)
  • Extensible et intégré, pour avoir des commande comme Ubiquity
  • Super rapide, y compris pour des fichiers de grande taille
  • Accessible de partout (du moment qu'on dispose d'un navigateur moderne respectueux des standards). Bespin est donc une application Web.

Le site est ouvert, on peut d'ores et déjà commencer à s'en servir !

Plus d'info :

mercredi 11 février 2009

Building a hackable world

Mark Surman, doing his keynote at Fosdem '09

Mark Surman, doing his keynote at Fosdem '09

Mark Surman gave a keynote at Fosdem. His slides are now available, and he has just published an article on this very topic: The future of open: what’s on your map?.

In his conclusion, Mark tried to answer the question "what do we need for the future to remain open?". Here are his 3 suggestions:

  1. Strong values, freedom beyond just code
  2. Great free software, that people love to use
  3. Users as hackers, anyone can bend anything

Let's review them.

1 - Strong values, freedom beyond just code

The 4 freedoms (study / copy / modify / share) have made FLOSS very successful, but now that Cloud computing is getting popular, we need more than just the 4 freedoms. Mark has mentioned the Franklin Street statement, which is a step in the right direction.

2 - Great free software, that people love to use

FLOSS will keep succeeding if it's capable of innovating and not doing just the same thing as its proprietary counterpart. It must be better (or just stay better) with also a better user experience. I guess that this notion of "software that people love to use" is a way to underline the importance of market share, needed in order to reach critical mass and shape the market.

3 - Users as hackers, anyone can bend anything

This is – in my opinion – what's the most interesting and easy thing to do.

Mark gave a few examples about enabling users to hack, in the most general sense. The openness of the code is enabling hacking, of course. But the idea is to take this further and open it to a new bigger crowd: the users.

  • Contributing to Wikipedia
  • Remixing videos, reusing pictures under CC license, for example
  • Installing a plug-in in Wordpress or a Firefox extension.

This notion of a hackable world is central in my opinion, and one of the very reasons I'm in love with the Open Web: instead of being limited to consuming content (information and/or applications), the users can enjoy the content the way they want. The first examples of a hackable Open Web that come to my mind are:

  • Accessibility. Not everyone can use a mouse. Not everyone can read small fonts. Not everyone can read quickly a ticker. Not everyone can distinguish every color. This is where accessibility is key (and where proprietary technologies often limit the user experience).
  • Server-side mashups, the issue is that users rarely operate servers... However we're lucky to have several options on the client-side:
  • GreaseMonkey. How a script can change the page I'm seeing on the fly. This gives me control over the application even if I can't control the server side of things.
  • Various Add-ons such as CustomizeGoogle that enable me to add features to specific sites with a couple of clicks
  • Ubiquity, an amazing (extensible) extension that enables client-side mashups.

I'm working with many people inside and outside the Mozilla community to demonstrate this in the upcoming MozCamp Utrecht early March, hoping to see similar events being hold in other countries in a near future.

mardi 10 février 2009

Anti trust et position dominante

Alors que la Commission Européenne est arrivé à la conclusion que Microsoft a endommagé le marché des navigateurs Web et que Mozilla propose son aide dans cette affaire, il y a un certain nombre de choses à bien comprendre. Prenons par exemple l'objection d'un lecteur, Quentin, qui écrit dans un commentaire :

Ca me choque assez peu finalement que Microsoft embarque IE (il faut bien quelque chose pour télécharger Firefox après tout...), ni le bloc-note, le solitaire ou Paint d'ailleurs, pas plus qu'Ubuntu embarque Firefox par défaut... Tant que c'est gratos..."

Je ne suis pas avocat, et ce que j'écris ci-dessous est forcément imparfait. Mais je crois que ça a le mérite d'être compréhensible pour qui se demande pourquoi Microsoft a des ennuis :

  1. Ubuntu et Windows sont dans deux situations très différentes. Windows a le monopole de fait des OS pour PC. (Pour info, aux USA, on définit le monopole à "plus de 2/3 du marché").
  2. Il faut savoir que les monopoles privés[1] sont mauvais pour le consommateur, car on n'est plus dans une situation de "concurrence libre et non faussée", celle qui favorise les prix les plus bas et dont profite le consommateur. Dans une situation de monopole privé, le consommateur n'a plus le choix (par définition) et donc le monopole fixe les prix qui augmentent énormément.
  3. Donc le législateur cherche à limiter le nombre de monopoles. On notera qu'il n'est pas pas illégal d'être un monopole. Par contre, ce qui est illégal, c'est d'utiliser un monopole existant (celui de Windows par exemple) pour gagner une situation de monopole sur un autre marché (les navigateurs Web, par exemple, en intégrant Internet Explorer). Aux USA, la loi anti-trust (anti-monopole) vise à réglementer cela. En Europe et en France, on parle "d'abus de position dominante", mais le principe est similaire.

Ubuntu n'étant pas en situation de monopole (loin s'en faut !), il peut intégrer tout ce qu'il veut. Idem pour Apple avec Safari. Ca n'est par contre pas le cas pour Microsoft, qui tombe ainsi sous le coup de la loi. En effet, en intégrant Internet Explorer

Je précise ce point pour que mes lecteurs comprennent bien que Microsoft, parce qu'il a un monopole / une position dominante n'est pas traité de la même façon que les autres acteurs. C'est un sujet sur lequel je vais avoir l'occasion de revenir, compte tenu de l'envergure du problème.

Notes

[1] En ce qui concerne les monopoles d'état, le problème est différent. Le monopole par exemple de la SNCF a permis la construction d'un réseau d'excellente qualité (Mise à jour : d'après les nombreux commentaires, l'exemple de la SNCF est mauvais. Mea culpa !) mais c'est essentiellement une question politique et les avis sont partagés.

A propos d'Internet Explorer et la Commission Européenne

Mitchell Baker, Chair de Mozilla Foundation a publié un article important : The European Commission and Microsoft. Elle y cite la Commission Européenne :

L'inclusion par Microsoft d'Internet Explorer dans le système d'exploitation Windows réduit la concurrence entre les navigateurs Web, affaiblit l'innovation technologique pour finalement limiter le choix des utilisateurs.

...et ajoute :

Dans mon esprit, il n'y a absolument aucun doute que l'affirmation ci-dessus est correcte. Pas la moindre ombre de doute. J'ai été impliquée dans le développement de navigateurs Web de façon continue avant même que Microsoft ne commence à travailler sur Internet Explorer. Les dégâts que Microsoft a provoqué envers la concurrence, l'innovation et le rythme de développement du Web est à la fois particulièrement visible et continu. On peut se demander s'il est possible de remédier à cela et si oui, comment. Mais ces questions ne changent pas le fait de départ. Les méthodes de Microsoft ont fondamentalement réduit (et même presque éliminé) la concurrence, le choix et l'innovation dans la façon que les gens ont d'accéder à Internet.

Le problème, c'est qu'il n'est pas simple de réguler le marché. Mitchell l'explique :

L'étendu des dégâts est si important qu'il est difficile de trouver un remède effectif dans les temps. Je crois que ça vaut le coup d'essayer. Il est facile de se tromper en regardant les parts de marché de Firefox et de se dire que le problème n'est plus et que les dommages sont réparés. Mais cela n'est pas le cas. Le ralentissement de l'innovation et du choix causé par Microsoft persiste. Mozilla s'efforce de réduire cet impact négatif en agissant directement, et les résultats sont encourageants. Si la Commission Européenne peut trouver un remède effectif qui permette aussi d'améliorer la concurrence, l'innovation et le choix, ça serait franchement bienvenu.

Le billet de Mitchell est long et complet. Pour faire court :

  1. Microsoft a durablement et volontairement gravement endommage la concurrence sur le marché des navigateurs Web ;
  2. Le marché est cassé, et le succès de Firefox ne signifie pas que le marché fonctionne à nouveau correctement ;
  3. Il serait bien de disposer d'une solution au problème pour rétablir une vraie concurrence sur ce marché. Mozilla souhaite collaborer, mais le remède ne va pas être facile à trouver.

Quelques articles sur le sujet :

Les réactions de mes collègues :

Actu Mozilla

lundi 9 février 2009

En vrac

Internet, jungle sauvage ?

Lu sur Ecrans.fr une déclaration de Nicolas Sarkozy :

Internet pourra devenir enfin un fantastique lieu de création et d’échange et non une jungle sauvage où il serait permis de piller les œuvres des créateurs.

Gnous à queue blanche

Gnous à queue blanche

J'ai un point de vue très différent de notre président de la République. D'après moi :

  1. Internet est déjà un lieu fantastique de création et d'échange. Pour faire bref, voici quelques exemples très concrets qui démontre que c'est déjà le cas pour moi :
    1. le Standblog, mon blog, qui va fêter ses 7 ans cette année.
    2. Mozilla, projet de logiciel Libre auquel je participe depuis ses origines. Il fête sa onzième année. Grâce à Internet, il a permis à des dizaines de milliers de personnes de collaborer de façon à produire un logiciel utilisé par 230 millions de personnes dans le monde. Il n'est qu'un exemple parmi des milliers d'autres.
    3. Wikipedia, que j'utilise quotidiennement, et sa partie Wikimedia Commons, à laquelle je contribue quand je le peux, en complément du service Flickr.com.
  2. Il n'est pas permis de piller les oeuvres des créateurs sur Internet. Il y a des lois contre ça. Celles sur le droit d'auteur en particulier, qui s'y appliquent tout comme pour l'écrit et la vidéo. Par conséquent, on ne peut pas dire qu'Internet soit une "jungle sauvage". Il y a des lois, il suffit de les appliquer. C'est un peu comme l'interdiction de vente liée qui est dans la loi, mais qu'on n'applique pas (et tant pis pour le consommateur). Je publie sur Internet depuis 1996. Ca fait 13 ans. Des crétins qui pillaient mes oeuvres, ça s'est déjà vu. J'ai eu l'occasion de leur régler leur compte. Ca n'est pas pour autant que j'ai demandé à espionner mes concitoyens !

vendredi 6 février 2009

Opera prépare un nouveau moteur JavaScript

Dans un billet du blog développeurs d'Opera, on apprend qu'un nouveau moteur JavaScript, appelé Carakan est en cours de conception chez Opera. J'ignore à quel point leur approche diffère du JIT-Tracing de Mozilla TraceMonkey (qu'on trouve dans Firefox 3.1 Beta 2), mais les résultats sont prometteurs. C'est un plaisir de voir Opera se pencher sur ce problème et s'apprêter à rejoindre les moteurs JavaScript Open Source V8 (dans Google Chrome), SquirrelFish (Apple Safari) et TraceMonkey (Firefox). Il semble toutefois que ça ne sera pas avant Opera 11 qu'on verra cette technologie arriver dans les mains des utilisateurs.

A l'heure qu'il est, seul Microsoft n'a pas annoncé de progrès pour son navigateur dans ce domaine. Plus que jamais, le slide de John Lilly ("Tous les navigateurs s'améliorent en terme de standards, de performance de JavaScript... mais pas tous à la même vitesse.") est d'actualité.

Every browser is getting better on standards, JS performance, etc... But not at the same pace.

Every browser is getting better on standards, JS performance, etc... But not at the same pace.

Mise à Jour : John Resig vient de publier une conférence passionnante sur la performance de JavaScript dans les navigateurs.

mercredi 4 février 2009

A propos d'Opera et de la qualité du logiciel Libre

Il y a quelques jours, une interview de Christen Krogh, Chief Development Officer d'Opera Software était publiée. Les propos tenus m'ont fait bondir. Depuis, j'ai échangé des mails avec Christen, et ce dernier à tenu à s'expliquer (en français ! grâce à l'aide de son collègue Florian). Les voici :

Merci de signaler tout ça, Tristan. Les interviews sont difficiles, et les faire publier correctement l'est tout autant :-)

En ce qui concerne la qualité des navigateurs open source, ce que je voulais dire est qu'Opera a confiance dans sa propre qualité comparé à la compétition, en particulier pour les plates-formes embarquées, et dans notre capacité à porter rapidement vers de nouvelles plates-formes. Je n'avais pas l'intention de dire que les navigateurs open source n'étaient pas, ou ne seraient jamais, de qualité suffisante en général.

Pour ce qui est des parts de marché, Yandex indique qu'Opera a 25%, ce qui nous vaudrait une deuxième place. Mais ce n'est pas la que je voulais en venir. J'essayais de mettre en valeur le fait que les parts de marché d'Opera dans ces régions étaient comparables à celles des principales versions d'IE (IE6 et IE7), contrairement à la région dans laquelle cette interview avait lieu (Etats-Unis). Nous avons vu des stats ou l'écart est faible et d'autres ou il est plus grand (c'est bien connu que mesurer les parts de marché est un exercice difficile).

Je réitère les propos que je tenais à propos d'Opera Software dans mon dernier billet sur le sujet : "j'ai beaucoup de respect pour Opera, la rapidité de leur logiciel, leur ténacité, leur respect des standards". (Je rajoute que je considère Opera comme un allié dans la bataille pour les standards du Web et la diversité des implémentations, tout comme Webkit).

mardi 3 février 2009

John Slater à Paris

Un des avantages collatéraux de Fosdem, c'est qu'il fait venir en Europe de l'Ouest plusieurs de mes collègues américains, et comme chez Mozilla nous sommes partageurs, nous en faisons profiter les autres. Par exemple, en offrant à John Slater la possibilité de donner une conférence sur le design chez Mozilla ) l'Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle...

J'imagine qu'il présentera son dernier dada (qui consiste à développer une communauté artistique autour de Mozilla appelée Creative Collective.

En vrac

Notes

[1] Merci à Omar et Sonny qui m'ont signalé la coquille maintenant corrigée.

lundi 2 février 2009

01Net : le prix des logiciels

Le billet de la semaine chez 01Net vient d'être publié, il s'intitule Un logiciel moins cher ne veut pas dire moins bon (le titre n'est pas de moi !). Le premier troll est déjà dans les forums :-)

Si vous tombez sur des billets parlant de Libre dans l'entreprise et qui méritent que je leur torde le cou, mentionnez les dans les commentaires : je suis toujours à l'affut d'idées d'articles ! (Attention, chez 01Net, je me dois de parler "Open Source et entreprise", et ne pas tomber dans la publicité).

PS : je ne vais probablement pas publier d'article lundi prochain, la faute à une semaine très chargée et Fosdem ce week-end.