octobre 2005 (71)

lundi 31 octobre 2005

C'est halloween...

Et dans le monde anglo-saxon, c'est important[1]. Du coup, ça donne des tas de variations sur ce thème :

Logo Firefox découpé dans une citrouille

Notes

[1] Aussi pour des raisons financières, mais pas seulement...

Autre citation à contre-courant

Citation extraite d'une interview de Steve Jobs parue dans The Independent :

Et finalement, quelle est le dernier truc technologique qu'il (Steve Jobs) a acheté, non fabriqué par Apple, et qui lui a vraiment fait plaisir ? Il s'arrête de longues secondes, regarde le sol, pose ses mains sur ses genoux, regarde au loin. En fait, j'ai acheté récemment un vélo. C'est vraiment... merveilleux.

dimanche 30 octobre 2005

A contre courant

Voici une citation extraite d'un livre que je n'ai pas lu, Nouveau tour du monde d'un écologiste, par Jean-Marie Pelt, et trouvée dans un billet d'Emmanuel Delannoy. Une citation qui me fait probablement passer pour un doux dingue, mais après tout, il faut s'assumer...

Viendra un jour où le darwinisme (la lutte pour la vie) n'apparaîtra plus comme l'explication unique et ultime de l'évolution, la prise en compte de l'importance décisive des phénomènes de coopération, restés jusqu'ici dans l'ombre, finissant pas s'imposer. Comme il y a eu un avant Darwin, il y aura un jour un après Darwin. On comprendra alors toute la puissance des forces créatives fondées, comme on voudra, sur la coopération, ou la symbiose, ou la solidarité, et, pour tout dire, au niveau conscient, sur l'amour.

Voilà qui n'est pas sans résonner avec un billet d'Olivier Meunier rapportant les propos d'Albert Jacquard :

Le travail essentiel sera d'extirper dans les esprits l'idée qu'on doit être meilleur que l'autre. Non je ne dois pas être meilleur que l'autre, je dois être meilleur que moi, grâce à l'autre.

(les autres citations que rapporte Olivier sont trop isolées du contexte à mon sens pour rendre justice à l'auteur.)

Allez, hop, une petite illustration, un type en bateau-maison avec son vélo sur le pont, qui descend la Seine. En arrière plan, les voitures se succèdent en rangs serrés et vont dans la direction opposée.

bateau descendant la Seine en sens inverse des dizaines de milliers d'automobilistes

Merci à Ph|re pour le lien.

En vrac

samedi 29 octobre 2005

Google et le logiciel Libre

eWeek nous propose un très bon article sur Google et le logiciel Libre. Le chapô explique résume parfaitement ma vision :

Google pourrait bien ne pas proposer de système d'exploitation Libre ou de suite bureautique Libre, mais l'entreprise supporte, utilise et fait la promotion du logiciel Libre.

En effet, le nombre de Libristes travaillant pour Google va croissant. (Si le sujet vous intéresse, sachez que Karl tient une liste des ingénieurs pointus embauchés par Google et Yahoo).

Pour les développeurs du Libre, c'est tout bénéfice : cela leur donne un bon employeur pour travailler sur le sujet qui les passionne, à savoir le logiciel Libre auquel ils contribuent.

Pour le marché, c'est bon. J'en veux pour preuve cette citation de Chris Di Bona (monsieur Logiciels Libres chez Google), extraite de l'article de eWeek :

Quand Firefox a commencé à être vraiment compétitif, Microsoft a été forcé à améliorer son Internet Explorer (...) Avant Firefox, IE stagnait. Maintenant que Microsoft a de la concurrence, ils ont commencé à l'améliorer. Ce genre de concurrence est bon pour tous.

On peut raisonnablement imaginer que Google utilise le logiciel Libre contre Microsoft, comme autant de batons jetés dans les roues du géant de Redmond. Mais cela serai extrêmement réducteur. Google est avant tout un très grand utilisateur de logiciels Libres, en particulier sur ses dizaines de milliers de serveurs. Google bénéficie énormément du travail fait par les développeurs du Libre et renvoie l'ascenseur à la communauté. C'est bien.

Pourtant, on peut craindre que le logiciel Libre, en tant qu'outil dans les mains de Google, ne soit réduit au statut d'arme concurrentielle, utilisé par une grande entreprise pour affaiblir son concurrent. Notons au passage que ça ne serait pas nouveau, si Netscape a lancé Mozilla et si Sun finance OpenOffice.org, ça n'est pas seulement pour la beauté du geste.

Le monde du logiciel Libre va-t-il pâtir de cette situation, écrasé qu'il serait sous le poids des géants ? Je ne le pense pas. Car le logiciel Libre a pour lui une botte qui n'a rien de secrète : la possibilité de faire un fork grâce à l'obligation de redistribution du source de la GPL. Autrement dit, si Google fait une mauvaise utilisation du logiciel, le code source est disponible (s'il est sous GPL) et la communauté peut reprendre le travail et le mener dans la bonne direction. Il pourrait alors s'avérer que la GPL soit l'épée de Damoclès qui empêche Google de mal se comporter. Car a quoi servirait de voir Google remplacer Microsoft si c'était pour se retrouver avec une entreprise ayant les mêmes pratiques ?

vendredi 28 octobre 2005

Tirons sur les blogs !

Le magazine Forbes, normalement sérieux, vient de lancer trois articles extrêmement négatifs contre les blogueurs :

  1. Attack of the blogs ;
  2. Fighting back ;
  3. Who is Pamela Jones ;

C'est vraiment consternant d'être de mauvaise foi à ce point-là. Le papier sur Pamela Jones est à vomir. J'ai écris un article décriant le point de vue opposé, pour ceux qui veulent connaître le revers de la médaille.

BoingBoing propose une réponse à ce torchon de Forbes. En substance, Forbes dit que les blogs peuvent détruire une réputation. Et c'est vrai, si c'est mérité. Prenons le cas des antivols Kryptonite, qui est très révélateur de ce point de vue-là. Une société sort un produit défectueux[1]. Il s'agit en l'occurence d'un antivol qui s'ouvre en quelques secondes à l'aide d'un stylo Bic, et la blogosphère s'empare de l'affaire, vidéos à l'appui. La société propose alors de remplacer les antivols incriminés. Il est indéniable que la blogosphère est un contre-pouvoir, comme la presse, qui perd là l'exclusivité de son privilège. Elle seule pouvait, jusqu'à présent, toucher autant de monde.

Là où Forbes a raison de soulever un lièvre, c'est le caractère moutonnier de la blogosphère. Il suffit qu'un ou deux blogs influents désignent une cible pour que quantité de blogueurs s'engouffrent sans discernement et clouent au pilori la victime, que ça soit vraiment justifié ou pas. La subtilité, le discernement n'ont que peu de place dans un tel mécanisme...

Enfin, Forbes lève un autre problème, qui est que celui qui choque le plus est celui qui est le plus remarqué. Non, pas celui qui dit la vérité, ni celui qui explique le mieux, ni celui qui expose le ieux la subilité de la réalité, mais celui qui dit les choses les plus choquantes. La preuve, le site de Forbes est très probablement en train d'enregistrer un pic de fréquentation comme il en a rarement connu...[2] Forbes fait mieux que parler du problème, il l'incarne. Mais n'oublions pas que les trolleurs sont légions dans la blogosphère, et s'attaquer violemment à des sujets consensuels ou à des personnes en vue est souvent une façon détournée de faire de l'audience, aux dépends de sa crédibilité, bien le plus précieux pour le blogueur.

Pour référence, les articles de :



Notes

[1] impossible d'oublier cette BD de Dilbert, où le patron s'étonne "mais depuis quand il est interdit d'arnaquer des innocents pour son profit personnel ?"

[2] Etonnament, les blogs américains mentionnent le fait qu'il faille s'enregistrer pour consulter l'article, mais ça n'a pas été le cas pour moi. Parce que je suis en Europe, ou parce que l'enregistrement de l'article a été supprimé devant l'afflux de visiteurs ?

Skaters at the Trocadéro

skater au trocadero

See the whole Skater set on FlickR.com.

L'effet papillon appliqué aux blogs et à la technologie : le cas MS-ODF

Je ne me lasse pas de regarder l'information rebondir, s'amplifier, se déformer, de façon imprevisible à l'échelle du globe. Un météorologue a étudié ce principe et l'a appelé l'effet papillon. Voici un exemple très récent :

  1. Dan Farber, blogueur pour ZDNet, discute avec Ray Ozzie, CTO de Microsoft et explique que Microsoft travaille avec une société française pour déterminer la difficulté d'exporter des documents Office au format ODF.
  2. Format-Ouverts.org relève l'information ;
  3. le Standblog fait un lien vers Formats-Ouverts.org dans un billet en vrac. J'affirme qu'il ne peut s'agir que d'une me too feature ;
  4. deux employés de la société Clever-Age laissent des commentaires sur FOo et sur Standblog indiquant que Clever-Age a prototype Libre appelé OOo Word Filter ;
  5. FOo met son billet à jour et prévient Pamela Jones, qui fait le blog Groklaw (lecture incontournable) ;
  6. Groklaw publie un long billet ;
  7. Slashdot fait une brève ;
  8. Malheureusement, Déclaration officielle d'un porte parole de Microsoft : We have no plans to directly support the OpenDocument format at this time / Pour l'instant, nous n'avons pas l'intention de supporter directement le format OpenDocument.

L'évidence s'impose : si on veut voir Microsoft adopter Open Document Format, il faut continuer à mettre la pression... La pérennité, l'interopérabilité et l'indépendance par rapport au fournisseur monopolistique est à ce prix-là.

Fin de soirée

Je l'ai rapidement évoqué dans un récent billet, j'improvisais ce soir une petite sauterie. Chacun apporte un truc, j'ai préparé des pates au pesto alla genovese, on boit et on discute. Mes invités viennent de quitter les lieux. Comme la plupart étaient lecteurs du Standblog, je leur ai demandé ce qu'ils pensaient des fils tronqués. Un seul a répondu que cela lui importait peu. Tous les autres m'ont dit qu'il souhaitaient voir mes fils RSS retrouver leur intégrité. Comme j'ai un mental de moineau (surtout avec un coup de punch dans le cornet) et que j'aime faire plaisir à mes amis, je n'ai pas pu leur résister. Dont acte : les fils RSS du Standblog comprennent dorénavant la totalité des billets. Enjoy.

jeudi 27 octobre 2005

Des agrégateurs Web comme s'il en pleuvait

Comment se tenir au courant d'un seul coup d'oeil sur un sujet précis ? Bien sûr, on peut utiliser un agrégateur RSS de course, avec des catégories... Ou bien on peut visiter une page dédié à cet effet. Je commence par vous en indiquer deux nouvelles, et ensuite on retrouvera les références :

Cela vient en complément des grands classiques :

Notons que ces pages utilisent Planet, un logiciel Libre. La page d'accueil de leur site liste un certain nombre des sites utilisateurs.

Voilà, avec ça et l'ouverture d'un groupe d'onglets dans Firefox, vous pouvez vous construire votre propre rubrique En vrac à vous tout seul ! L'autre possibilité est d'utiliser un agrégateur, comme les live bookmarks de Firefox ou la fonctionnalité de lecture RSS de Thunderbird.

Halte aux rumeurs

On me parle d'un cas de grippe aviaire en Seine et Marne, prétendue preuve à l'appui (fichier JPG). Que les choses soient claires : c'est faux. (Oui, il vaut mieux en rire qu'en pleurer). (via Olivier).

En vrac

Me voilà donc revenu de Genève. Pendant que j'avais le dos tourné, Foo et Pascal ont fait tout le boulot pour moi...

Bon, je vous laisse, ce soir j'ai un diner avec quelques geeks : il faut que j'aille finir de préparer le punch.

mercredi 26 octobre 2005

De la difficulté de bloguer

Il est parfois, souvent, des coïncidences qui n'en sont peut-être pas. Avant hier, on me demandait dans une interview de lister les inconvénients du blog. J'ai parlé du souci de devoir faire face aux trolls, ces discours provocateurs et destructeurs, qui ne sont là que pour semer la zizanie, perturber la communication et la compréhension. Attaques personnelles, procès d'intention, citations retirées de leur contexte, tout est bon pour ruiner un processus de pensée qui ne rentre pas dans le schéma du trolleur, parce qu'il est trop différent ou trop subtil, parce que le lecteur n'est tout simplement pas prêt. Il faut se résoudre à tenter d'expliquer ce qu'on a voulu dire à quelqu'un qui ne veut pas entendre. On perd un temps. Ou bien on ne veut pas le perdre, et on supprime le commentaire agressif et injurieux, et c'est parti pour un baroud d'honneur sur le thème de la censure et des blogueurs fascistes.

Je ne savais pas si j'allais vous parler de cela. J'ai pris une photo avant-hier pour illustrer mon propos, et je l'ai publiée sur FlickR :

Ma nouvelle montre posée sur mon clavier

Et puis je suis tombé sur ce billet de Karl, qui met le doigt sur le poujadisme de certains, tribuns sur leur blog ou dans les commentaires des autres blogs, toujours prompts à dégainer l'idée simple, la formule fausse mais frappante, qui décrit un problème de façon partielle mais tellement plus séduisante que la réalité des situations, de la complexité de la vie et des hommes. Ils me font penser à ces sales gosses qui débarquent sur la plage et piétinnent votre chateau de sable juste pour le plaisir de détruire.

Alors voilà, merci Karl pour ce petit coup de coude qui me fait publier ce billet.

Bloguer, c'est accepter d'être balloté entre la satisfaction de partager avec ses lecteurs et commentateurs ; la difficulté de trouver le temps de réfléchir pour et d'écrire ; et la crainte de se faire écharper par un énervé en mal de reconnaissance.

Mais Karl n'est pas seul dans l'histoire. Vendredi, je publiais cet auto-portrait, pris dans mon salon pour fêter les 100 millions de téléchargement de Firefox. J'ai mon T-Shirt I'm blogging this, offert par Peter il y a tout juste deux ans, pour mes 37 ans. Je suis mal rasé, vendredi oblige. Je l'aime bien, cette photo. Et c'est pour ça que j'ai éclaté de rire en tombant sur ce dessin de Hugh MacLeod, qui représente une pierre tombale... Ah tiens, à propos de pierre tombale, voici un vieux truc au goût douteux que j'avais fait avec une appli trouvée en ligne par un lecteur. Mieux vaut tard que jamais !

Demain est un autre jour, et ce jour sera probablement sans billet, la faute à un déplacement sur Genève pour une conférence sur la sécurité où j'aurai le plaisir d'intervenir.

mardi 25 octobre 2005

En vrac

Notes

[1] la compatibilité IMAP est un gros plus par rapport à GMail.

[2] Et ça n'est pas une blague : 3615 LAPOSTENET. Quant à l'absence d'Ajax, c'est plutôt à mettre dans la rubrique des défauts.

lundi 24 octobre 2005

En vrac

it has become clear lately that the term "Web 2.0" is not referring to new technology, or to improved old technology (like Microformats and WHATWG) but to the second Internet bubble. Internet Bubble 2.0 would be a more accurate term. This is clear when you look at Flock, or at the recent $400e6 IPO for a french dating site, or for that matter at Google. Not that I'm complaining or anything, it's nice to be given a chance at riding the rising wave since I missed the last one. But it does mean that you have to once again take everything with a big grain of salt. Expect people to make bold statements that make absolutely no sense and have everyone agree with them.

Le standblog est mort (et ressuscité), vive l'Apinc !

Ceux qui se connectent au Standblog le week-end l'auront sûrement remarqué : le Standblog était en carafe l'essentiel du week-end, ainsi que tous les autres sites hébergés sur le serveur. Tombé en panne sur le coup de 10h30 le samedi, il aura fallu attendre 22h15 le dimanche pour qu'il revienne.

Quoi, un hébergeur qui fait planter plusieurs sites et met 36 heures pour redémarrer, mais c'est un scandale !

Bah non. Si j'écris ce billet, ça n'est pas pour râler, mais pour remercier les administrateurs. Car voilà, le Standblog est hébergé par l'APINC. Quand le serveur est tombé en panne, les utilisateurs ont été conviés à venir faire un tour dans le canal IRC des administrateurs pour les soutenir. Et on s'est retrouvé à plus de 70 utilisateurs dans ce canal, pour tenir la chandelle.

Bien sûr, il n'est pas agréable de voir son site fermé pendant 36 heures. Bien sûr, j'aurais râlé si un prestataire commercial m'avait joué pareil tour de cochon. Mais voilà, l'APINC est un hébergeur associatif, qui me permet d'héberger trois sites (dont le Standblog et OpenWeb), pour la somme faramineuse de... 15 Euros par an en tout. Alors voilà, plutôt que de râler, j'ai décidé de remercier les deux administrateurs bénévoles qui ont passé une bonne partie de leur week-end à résoudre le problème. Pour cela, je les ai invité à venir boire un coup à la maison. Je vous laisse, on sonne à la porte !

(Billet publié 3 heures plus tard, une fois les deux sympathiques administrateurs repartis et mon bar vidé ;-) )

samedi 22 octobre 2005

Faut-il être pour ou contre Microsoft ?

C'est étonnant de voir Microsoft évoluer ces derniers temps, écartelé entre la pression de l'actionnaire, le caractère de son bouillant directeur général Steve Ballmer, d'un coté, et le pragmatisme business, juridique (surveillance antitrust), les demandes des clients, celles de la communauté des développeurs, sans compter la concurrence.

Cela amène Microsoft à faire ce qui est bien, mais sans pour autant pouvoir s'empêcher de déraper (en espérant que ça ne se verra pas). Voici trois cas trouvés dans l'actualité du jour, qui démontre que Microsoft est capable de jouer simultanément les trois rôles du bon, de la brute et du truand :

  • Le bon : on devrait assister à une normalisation des relations entre Microsoft et l'Open Source Initiative à propos de récentes licences Shared Source. En effet, j'apprends que l'OSI prend de la distance avec un Eric Raymond de moins en moins fréquentable, et Microsoft qui pourrait entamer des discussion avec l'OSI, sans en avoir l'air. C'est bien.
  • La brute : après avoir fait mine de forcer ses partenaires produisant des lecteurs MP3 à utiliser exclusivement le format Windows Media Player (a l'exclusion d'autres comme Real, Apple et Microsoft fait marche arrière quand il réalise qu'il vient de franchir la ligne jaune. La surveillance suite au procès Antitrust aurait-elle finalement un sens ? Si oui, je m'en réjouis...
  • Le truand : on connaissait les très étroites relations entre Microsoft et la sulfureuse BSA, souvent qualifié de "Milice privée" à la botte de Microsoft. Et voilà qu'arrive une nouvelle association, l'AFDEL, pour regrouper les éditeurs français du logiciel... Voilà une bonne initiative, pourrait-on se dire, enfin une association française, qui pourrait défendre le développement français de logiciels face à l'hégémonie américaine, Microsoft en tête. Mais voilà, les choses ne sont pas aussi reluisantes, et c'est Fred Couchet qui, suite à une petite enquête, titre AFDEL, nouveau cheval de Troie de Microsoft ?. L'AFDEL semble bien être très liée à Microsoft, au point que c'en est troublant.

Voilà qui prouve, une fois de plus, qu'une entreprise (surtout quand elle est aussi grosse que Microsoft) n'a pas de cohérence dans son action ni de sens moral. Que Microsoft (ou tout autre grande société, que ça soit AOL[1] ou Google) n'est ni bon, ni mauvais par essence.

Je ne crois pas qu'il faille être "anti-microsoft" ou "pro-microsoft".

Par contre, compte tenu de l'immense influence que peut avoir cette société sur des sujets aussi divers que la création artistique et culturelle (via les DRM, les formats Windows Media), le partage de l'information (bureautique, Internet, téléphones mobiles, assistants personnels), le divertissement (Media Center, Xbox), il convient de surveiller les agissements de Microsoft, pour les dénoncer (ou les applaudir) si besoin est. C'est pour cela que j'en parle autant sur le Standblog.

Notes

[1] qui, en son temps, a été capable de financer le projet Mozilla tout en distribuant Internet Explorer à des millions d'utilisateurs.

vendredi 21 octobre 2005

Aperçu d'Opera 9.0

A peine ai-je terminé un billet sur Flock que Laurent Denis, grand utilisateur d'Opera devant l'éternel, me signale dans les commentaires qu'une pré-version 9.0 d'Opera est disponible au téléchargement. Le Changelog (journal des modifications) de cette version est bourré de bonnes nouvelles. Jugez plutôt :

  • Raccourcis claviers plus proches des autres navigateurs (favorise l'adoption) ;
  • option opera:config, dans le même genre que about:config de Firefox ;
  • meilleure crypto (dont la desactivation de SSL V2) ;
  • support de Web Forms 2.0 !!!
  • support de canvas !!! (comme Safari et Firefox 1.5)
  • userAgent fixé par défaut sur Opera (bon pour les stats, ça !)
  • progrès coté XSLT ;
  • progrès coté plug-ins ;
  • progrès coté Acid2 (forcément !) ;
  • Support de SVG basic partiel (au lieu de Tiny) ;

Woohoooo ! Je suis ravi de constater que du coté d'Opera, on n'a pas baissé les bras, et qu'on continue à progresser coté XML/XSLT (c'était un point faible, surtout pour des applications comme Google Maps), mais aussi pour les propositions du WHATWG : avec Safari, Mozilla et Apple sur le même bateau (et, j'espère, une solution pour IE en add-on), c'est un vrai progrès, ouvert et documenté, pour le Web...

Nos utilisateurs ont du génie et mes lecteurs un grain de folie

Oui, les utilisateurs de Firefox ont du génie dès qu'il s'agit de faire des trucs dingues, et le lancement de Firefox One le prouve ! Il s'agit d'un ballon sonde capable de voler à 30.000 m d'altitude, dont le lancement est prévu pour samedi. Il portera une bannière Firefox ! (voir aussi la brève de l'Expansion.com et celle de Neteco).

Dans le même genre, deux initiatives privées :

Par ailleurs, SpreadFirefox propose à chaque utilisateur de se prendre en photo avec une Illustration 100 Millions de téléchargements pour ensuite la publier sur le site. Les plus amusantes seront récompensées par des bons d'achat sur le Mozilla Store américain[1]. Jorge l'a déjà fait. Moi aussi. Et vous ? (oui les marmottes aussi sont les bienvenues !)

Notes

[1] J'imagine qu'en tant qu'employé de Mozilla Europe, je suis disqualifié d'office...

Actu des navigateurs : Flock et les autres

Je ne sais pas ce qu'il leur prend à tous, mais ça remue du coté des navigateurs ! Voyez plutôt :

Mais en fait, le truc le plus important, c'est probablement la sortie d'une pré-version de Flock. En substance, Flock est un navigateur qui s'intègre avec des fonctionnalités à la mode comme Flickr (publication en ligne de photos numériques), les blogs et Delicious (gestionnaire social de signets).

Le design est joli, le navigateur fonctionne bien (on sent la touche Firefox), reste à voir à l'usage si les fonctionnalités sont faciles à utiliser.

Quelques liens à ce sujet :

En vrac

A propos des standards et de l'accessibilité

Elie Sloïm (oui, encore lui !) signe d'une main de maître un double article qui fait mal : Conformité, validation et surqualité (avec une suite). C'est un article qui change grandement la perspective des standards, en osant dire qu'il existe des cas où la validation de la page peut être néfaste au site. Ce qui ne veut pas dire que la validation et la conformité sont inutiles, bien au contraire ! Le propos est subtil, étayé par l'expérience d'Elie dans des projets comme Opquast (avec ses variantes Mon Opquast et l'Atelier Opquast.org), Openweb et Temesis, tous dédiés à la qualité Web ou aux standards.

Ces deux articles (surtout la fin du second, mais il faut avoir lu le début du premier pour bien saisir) sont la preuve qu'on peut soutenir les standards en étant pragmatique. Ce pragmatisme signale indéniablement une maturation du phénomène des standards et sa progression dans le Gartner Hype Cycle, en atteignant ce que le Gartner appelle Slope of enlightenment, la période où la technologie est adoptée de plus en plus, sur la base d'expériences ayant montré les avantages de la technologie est ses applications pratiques.

Merci Elie pour ces deux articles qui poussent à la réflexion, d'autant que certains ne manqueront pas de crier au Troll, s'ils n'avaient pas été commis par quelqu'un de si impliqué dans le sujet.

Rappelons qu'en avril 2002, Karl Dubost, du W3C, publiait My Web site is standard! And yours? (aussi en version française), qui mentionnait l'intérêt de limiter dans un premier temps le nombre de pages conformes aux standards, pour ne pas crouler sous la charge. Le parallèle entre les deux approches est intéressant, même si l'époque est différente : début 2002, le respect des standards était balbutiant, fin 2005, avec la multiplication des navigateurs alternatifs, la prise de conscience de l'accessibilité, le problème est tout autre...

Justement, et en guise de bonus, voici quelques liens sur les standards et l'accessibilité, qui démontrent à quel point le sujet a progressé ces dernières années :

Abus de surveillance tue la confiance

On apprenait il y a quelques jours (via Bruce Schneier) que Blizzard Entertainement intègre un spyware dans son jeu World Of Warcraft. La société reconnaît les faits et répond en trois points :

  1. Nous ne récupérons pas d'information confidentielle (pourtant, le logiciel récupère les adresses e-mail dans les messages en court, ainsi que les URL des pages Web affichées, ainsi que les noms des logiciels qui tournent). Même si c'est le cas (et comment savoir ?) le fait d'espionner quelqu'un est grave, même si on ne publie pas l'information.
  2. Tout le monde le fait. On croit rêver !
  3. C'est indiqué dans les conditions d'usage, la preuve si nécessaire, qu'il faut toujours les lire les contrats de licence avant de les accepter...

Rappelons que 4,5 millions de personnes (jouant à World of Warcraft) sont concernées. Puisqu'on aborde le sujet, il faut se souvenir que le contrat de licence du Service Pack 2 de Windows XP précise que vous acceptez l'installation du DRM sur votre machine. Plus d'info sur deviner qui vient fouiller chez vous ce soir et sur Installer XP SP2, c'est opter pour le DRM. Je cite le cas de Microsoft et celui de Blizzard, car ce sont deux cas que je connais. Je suis à peu près certain qu'il y en a d'autres (en plus du récent problème d'imprimantes). Si mes lecteurs pouvaient nous en dire plus (merci de vous limiter aux informations dûment vérifiées !)...

jeudi 20 octobre 2005

Blog et marketing

Voilà un sujet que j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'aborder, à savoir la relation entre publicité/marketing et blogosphère.

Justement, deux nouveaux billets viennent de sortir, qui éclairent assez bien mon point de vue :

Commençons par une interview de Dan Gillmor, où ce dernier, auteur de We the media[1]. Gillmor explique ceci :

Pendant le passage de Katrina, un homme est resté enfermé dans une tour, depuis laquelle il a blogué, donnant ainsi un point de vue intéressant sur le désastre. Je l'ai lu parce que des blogueurs que je lis ont pointé vers son site, mais je l'ai également cru parce que certains de ces blogueurs, auxquels je fais confiance, pointaient vers lui. Je crois à un système de "main invisible", à un système vertueux de réputation. Il est encore assez primaire aujourd'hui, et l'améliorer est une affaire d'outil, de technologie. Il faut créer les logiciels qui nous permettront de combiner la popularité (qui n'est pas la qualité, bien évidemment), avec la réputation, le "qui fait un lien vers qui" et la crédibilité intrinsèque de chacun.

Voilà un point essentiel : la crédibilité, et donc la réputation. Une des grandes différences entre un bon et un mauvais blog, au delà du sujet traité et de la qualité de la plume, c'est sa réputation.

Dan Gillmor va plus loin (l'emphase est de mon fait) :

La menace réelle (NdT : pour les journaux), aujourd'hui, ne concerne pas la forme ou le contenu, mais le modèle économique. La part de la publicité dans les revenus des journaux est grandissante. Or, pour les publicitaires, l'idée même de faire du journalisme devient ridicule : pourquoi faire cela, ce n'est pas leur métier, ils ne font que rendre un service, transformer du papier en support pour des pubs... Or, les annonceurs se font rares, et les journaux ont de moins en moins les moyens de s'offrir des journalistes. Les blogs reprennent peu ou prou le même modèle économique : ils gagnent de l'argent en vendant de la publicité, ou grâce à des systèmes d'affiliation qui eux posent un vrai problème au niveau de l'honnêteté du contenu.

Autrement dit, le problème de fond n'est pas de savoir s'il est mal ou pas de faire de l'argent avec les blogs, mais bien de savoir dans quelle mesure l'arrivée de l'argent dans la blogosphère risque de l'impacter négativement, en terme de réputation et d'honnêteté de l'auteur.

Ce propos est illustré à merveille lors de la conférence BlogOn 2005 qui s'est terminée avant-hier à New-York. Quelques notes ont été prises par des blogueurs, en voici un extrait :

La question la plus difficile : Les marketeurs et les blogueurs peuvent-ils s'entendre ?

La question la plus facile : Est-ce que le Juicy Fruit Blog craint ?[2]

Grande observation : Il y a eu beaucoup de discussion à propos d'écoute, de transparence et de confiance aussi.

Un blog, c'est un site avant tout personnel et authentique. C'est pour cela que Le journal de ma peau était une catastrophe ! Une utilisatrice fictive s'extasiait quotidiennement sur l'incroyable efficacité d'un produit de beauté. Heureusement, après s'être fait écharper par la blogosphère francophone, on a pu assister à un retournement de situation et un Mea Culpa de circonstance qui furent bienvenus. On sait maintenant que le blog est tenu par une équipe marketing. Mais savoir leurs prénoms respectifs, voir leurs photos, c'est tout de suite bien plus transparent, et donc crédible... (En passant, on comprend mieux pourquoi je trouve que faire écrire son blog par un nègre est totalement crétin : c'est tromper le lecteur, avec le risque qu'il s'en rende compte, avec des conséquences désastreuses comme le journal de ma peau et le juicy fruit blog).

Il appartient à la blogosphère de s'assurer que les blogs sont crédibles. Il y a quantité de façons pour cela, et les dernières recommandations de Nielsen le confirment : la biographie de l'auteur est essentielle. Son franc parler, son honnêteté, sa franchise aussi. Nielsen a raison à 100% de dire qu'il ne faut pas oublier que l'on devra un jour répondre de nos écrits. Si on pipeaute, ça finira par se voir. De même, il faut toujours citer ses sources (comme le dit Gillmor), vérifier l'info, ne pas publier de canulars (à moins d'indique que s'en sont). Il faut indiquer si on a des intérêts dans les sujets qu'on couvre (ces fameux disclaimers que je trouve essentiels).

C'est en s'astreignant à la nuance, la transparence et à la franchise, sources de crédibilité, que le blog gagnera ses lettres de noblesse. Oui, j'écris au futur, car nous n'y sommes pas encore.

Notes

[1] Tiens, et si j'avais mis un lien Amazon avec affiliation, j'aurais peut-être touché quelques Euros, sur ce coup-là ! Rien que cela amène un biais dans la discussion : est-ce que je parle de ce livre parce qu'il est intéressant, ou parce que c'est l'occasion pour moi d'empocher quelques piécettes ? Rien de gênant à "monétiser" son blog, à condition que cela soit clairement exprimé.

[2] La réponse est effectivement évidente. Ce pseudo-blog, écrit par des marketeux, est unanimement traité d'accident industriel. Voir TechCrunch et Business Week, par exemple (mais je n'aime pas tellement l'unanimité, personnellement : ça me fait trop penser aux élections truquées ou aux lynchages).

Diffusion du Libre en France : le cas Bureau Libre - Free-EOS

J'étais hier à une conférence de presse, invité par Jacques Boutaul, le maire du IIème arrondissement de Paris. On y présentait le projet Bureau Libre Free-EOS.

Sur le CD, on trouve de grands classiques :

  • OpenOffice.org : traitement de texte, tableur, présentation
  • Firefox : navigateur Internet
  • Thunderbird : messagerie
  • NVU : éditeur HTML
  • VideoLan : lecteur multimédia (son, vidéo)
  • Clamwin : antivirus
  • et bien d'autres...

Certes, ce CD n'est pas le seul disponible (je pense en particulier à WinLibre, lui aussi disponible en langue française). Mais Bureau Libre Free-EOS a une immense qualité, il est diffusé massivement, au point que les organisateurs pensent arriver prochainement au nombre faramineux de 200.000 exemplaires distribués dans les mois à venir.

Quelques initiatives ont permis d'atteindre des niveaux de diffusion jamais vu auparavant :

Si le sujet vous intéresse, vous trouverez plus d'info dans le dossier de presse, vraiment très complet...

Il est très intéressant de constater l'implication des collectivités locales (mairie de Brest, de Paris, régions Paca, Auvergne), des lycées, des grandes écoles (GET) et des universités dans la diffusion du Libre. Cela fait, rien que pour cette initiative, plus de 200.000 copies de Firefox de plus dans la nature (et elles ne sont pas comptabilisées dans nos téléchargements !).

En vrac

mercredi 19 octobre 2005

La dernière ligne droite...

Voilà. 39 ans aujourd'hui... Plus qu'un an avant la quarantaine ! Bénédicte et mes parents m'ont couvert de cadeaux, les messages vocaux se suivent et ne se ressemblent pas[1], les e-mails[2] aussi. Mais le plus beau cadeau m'est arrivé par le Web (forcément), c'est le passage à 100 millions du compteur de téléchargements pour Firefox, qui vient d'arriver à l'instant :

copie d'écran du site spreadfirefox.com indiquant 100 millions de téléchargements

Mise à jour : Impatient de publier ce billet (je pense que c'est compréhensible), j'ai oublié l'essentiel, à savoir de remercier tous les contributeurs au projet, du geek qui a les mains dans le cambouis (oui peterv, je pense à toi) au moindre utilisateur qui a dit à sa Maman tiens, je t'ai installé ce truc pour aller sur Internet, tu verras, c'est mieux. Tous ensemble, du noyau dur de la Mozilla Foundation (puis Corporation) à l'immense communauté SpreadFirefox.com en passant par les bénévoles qui font que les choses arrivent (en France, par exemple, on a XULFR, Geckozone et FrenchMozilla, sans compter Mozilla Europe. re-MàJ : dans ma précipitation, j'ai oublié l'indispensable Mozillazine-FR. Toutes mes confuses !). A tous, merci du fond du coeur. C'était impossible, vous avez réussi à le faire !

Plus que jamais, cette illustration prend tout son sens...

Notes

[1] Mais que fument les lecteurs du Standblog ?

[2] quelqu'un m'a inscrit au Centre de Formation Flash et Dreamweaver, lequel m'a écrit ce matin pour me dire qu'il espère que vous serez comblé de bonheur. Bah voyons !

Les licences Libres Microsoft

Coup de tonnerre ce matin à Amsterdam : Microsoft a annoncé, dans le cadre d'EuroOscon (rah que je regrette de ne pas y être allé !) le lancement de 5 nouvelles licences, de trois types :

  1. Microsoft Permissive License (Ms-PL), une licence de type BSD (pas de réciprocité) ;
  2. Microsoft Community License (Ms-CL), de type MPL ou L-GPL (si vous redistribuez du code sous Ms-PL, vous devez redistribuer les fichiers source que vous avez modifié) ;
  3. Microsoft Reference License (Ms-RL), licence qui permet de voir le code, mais pas de le modifier ni de le redistribuer (rien à voir avec du logiciel Libre, donc).

Les deux licences Ms-PL et Ms-CL ont des variantes qui limitent le code à la plate-forme Windows, ce qui fait qu'elles ne sont pas Libres par définition. Par contre, Ms-PL et Ms-CL, quand elle n'ont pas cette limitation, sont potentiellement Libres, ou du moins Open Source (au sens de OSI).

Il est encore un peu tôt pour voir ce que cela signifie vraiment au delà du simple effet d'annonce, et si Microsoft compte publier des morceaux significatifs de code avec ces licences. Quoi qu'il en soit, ça vaut le coup de surveiller ce qui va suivre cet évènement.

Pour référence :

mardi 18 octobre 2005

Informatique, confiance, vie privée : cherchez l'intrus

A propos de la confiance et du respect de la vie privée, voici quelques liens qui devraient éveiller votre intéret :

Des nouvelles de Firefox

Actu Microsoft

lundi 17 octobre 2005

Citation du jour

Extraite d'un billet de TechCrunch, à propos des bonnes pratiques de lancement de produit et de relations publiques :

Intelligent : donner à la blogosphère une pré-version et une annonce exclusive et amasser les félicitations.

Imbécile : lancer un produit qui ne fonctionne pas dans Firefox, ignorer les suggestions des blogueurs et donner une interview exclusive au New Yor Times. Les blogueurs réagissent.

Compte-rendu des JDLL 2005

Voilà, pour la troisième année consécutive, j'ai eu le plaisir de me rendre à Lyon pour les Journées du Logiciel Libre. Pour la première fois, Mozilla y avait un stand, en commun avec les différentes entités francophones du projet Mozilla :

  • XULFR.org (développement d'applications sur plate-forme Mozilla)
  • Geckozone (portail et forum d'entraide Mozilla, là où il faut demander de l'aide en français si c'était nécessaire) et
  • FrenchMozilla (localisation des logiciels en langue française).

Le premier jour s'est déroulé sans encombre, du moins jusqu'au soir. Avec les discussions sur le stand, je n'ai pas eu le temps d'avancer sur ma présentation, d'autant que je songeais renouveler l'expérience de Dijon (les RMLL), à savoir faire une présentation sans transparents. Je vais diner et dormir chez des amis de longue date, et la bibine (Despé puis Gigondas) coulant à flots, j'ai eu toutes les peines du monde à rédiger quoi que ce soit sur le coup de minuit. Je décide donc de jeter quelques notes dans mon éditeur de texte puis d'aller me coucher. Le lendemain, je relis le truc, rajoute 5 ou 6 lignes, je prends mon petit déjeuner, et je décide de marcher un peu pour aller prendre le tram... Mais voilà, il est en grève ! Bah, je vais louer un vélo, alors ! Sauf que le distributeur de cartes magnétiques est vide. Coup de bol, un taxi passe par là et m'emmène au Campus de la Doua. J'ai encore quelques minutes avant d'entrer en scène. J'ai toujours un peu le trac, mais là, c'est pire que jamais. La nuit a été courte (un fichu moustique), j'ai stressé à cause du transport, j'ai la langue pâteuse, la casquette en peau de locomotive, pas de slides et juste quelques notes jetées à la va-vite.

C'est mon tour. On me donne le micro-cravate, j'ai une bouteille de Badoit avec moi. Lois fait une intro rigolote, et je commence à bigrement transpirer : malgré les problèmes de Tramway, il y a bien 100 personnes dans la salle, ça n'est pas rien...

Le mac est branché, j'ai prévu de faire une démo de Firefox 1.5.

J'embraye sur le fait que la nuit a été courte et que j'ai le gosier en pente, ce qui présage d'une présentation laborieuse. Lois me dira plus tard qu'effectivement, le début l'était. Etonnant : le début est la partie pour laquelle j'avais préparé des diapos !

Avec le temps, je m'échauffe, et la salle continue de se remplir (maudits tramways en grève !). A la fin, suivant les estimations, on était entre 260 et 300 personnes. C'est à dire que je commence à être chaud : 90 minutes étaient prévues pour la conférence, mais avec les questions, nous avons probablement dépassé les deux heures !

La présentation se termine, je suis épuisé et ému. Une bonne rasade d'eau, et c'est parti pour les questions réponses, d'un très bon niveau. L'audience a l'air d'être satisfaite de la prestation.

Dans la foulée, c'est une discussion à batons rompus avec des personnes de la salle pendant... deux heures de plus !

Je passe ensuite un peu de temps sur le stand après avoir gobé mes sandwiches, et c'est l'heure du départ. Je partage un taxi avec deux développeurs Debian. Mais le taxi met tant de temps à arriver que c'est 10 minutes après l'heure de départ du train que nous arrivons à la gare. Coup de bol inouï, le train a plus d'une demi-heure de retard ! Dans le TGV, c'est parti pour deux autres heures de discussion sur plein d'aspects du logiciel Libre, c'est un vrai bonheur. Nous arrivons à Paris, nous descendons dans le métro. Je suis tellement fatigué que j'en oublie de descendre à ma correspondance. J'arrive quand même à temps pour le dîner. Une petite douche plus tard, c'est reparti pour un super dîner en tête à tête avec Bénédicte.

Elle est pas belle, la vie ? Si, elle est belle. Epuisante, mais belle...

La blogosphère et la publicité

Ah, vaste sujet que voilà... La pub, je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire, et cela m'a été reproché des deux cotés, tant à ma gauche (je passe pour un vendu quand je mentionne la possibilité de mettre des pubs Google sur le StandBlog) qu'à ma droite, qui me traite de dangereux idéaliste totalement déconnecté de la réalité du marché et persuadé que tout devrait être gratuit.

En même temps, je redoute l'intrusion massive de la publicité dans les flux RSS, le publi-rédactionnel, les podcasts (où on ne peut pas l'éviter aussi bien que sur un écran) et plus encore les lamentables tentatives de blogs commerciaux à deux balles où un nègre écrit le contenu à votre place[1], voire la multiplication des Splogs. Tout cela fait passer la publicité textuelle de Google pour de la gnognote, vous ne trouvez pas ?

Justement, PointBlog nous apprend que, dans Le Monde, le patron d'une agence de pub fait le point sur les blogs (l'emphase est de mon fait) :

Las, le bel outil risque aujourd'hui de se voir perverti. Non par la publicité en tant que telle, mais par l'ignorance des règles du jeu. En toute légitimité, les marques, comme les entreprises, peuvent, et sans conteste doivent, prendre la parole dans la blogosphère publique. De toutes les façons, elles seront discutées, évaluées, voire interpellées. Autant donc s'afficher clairement dans le débat. A condition que ce débat soit régi par des principes, parmi lesquels authenticité, intégrité, transparence, qualité, consistance ne peuvent être ignorées. La question est alors de savoir non pas si, mais plutôt comment la marque doit blogger. (...) On constate seulement, selon un continuum de progrès technologiques, la persistance de la notion de réputation. Les entreprises doivent mieux gérer le bouche-à-oreille, avec juste davantage de bouches et d'oreilles.

Authenticité, transparence, intégrité... Voilà des termes qui me parlent. Mais voilà, ces qualités sont-elles solubles dans la publicité et la recherche systématique d'audience ? J'en doute fort, même si j'ai envie d'y croire.

Avant de me traiter de défaitiste, de gauchiste à la petite semaine, je vous encourage à lire la présentation PowerPoint trouvée sur BigBangBlog[2]. On y apprend entre autres choses que quand on refile une console de jeux et un nouveau jeu à 20 blogueurs, ça donne :

  • 100% de taux de relais auprès des 20 blogs invités ;
  • 23 articles (99,9% positifs) ;
  • 400 000 visiteurs uniques exposés aux retombées du produit ;
  • 3,7 millions de pages vues ;
  • 0,025 EUR le contact exposé !

Voilà, cher lecteur, vendre ton temps de cerveau disponible via les blogs ne coûte quasiment rien, d'autant plus que, et Bloïc nous confirmera cela, mieux vaut voir un produit recommandé par quelqu'un qu'on apprécie que par une pub. A ce tarif-là, on se dit que la manipulation des blogs par les marques n'en est qu'à son balbutiement.

Notes

[1] (via TC).

[2] Trouvée via Arnaud, qui se fait standbloguer pour la deuxieme fois de la journée !

En vrac

Brevets logiciels : ne baissons pas la garde et passons à l'action.

Vous vous souvenez de la victoire contre les brevets logiciels, en juillet dernier ? Nous avions gagné la bataille, mais je crains que ça ne soit pas (encore ?) le cas pour la guerre. En effet, des entreprises continuent de déposer des brevets logiciels en Europe, en dépit du fait que c'est en théorie illégal. Aussi, le risque est grand de voir ces brevets devenir légaux dans le futur, tant le camp des pro-brevets refuse de déposer les armes, malgré la cinglante défaite que l'on sait. MàJ : Lire à ce sujet Brevets logiciels : la Commission Européenne revient à la charge, sur LinuxFR.

Il nous appartient à nous, citoyens, de nous faire entendre à chaque fois que c'est possible. Le débat sur les brevets est une chose très complexe, donc difficile à expliquer à des non spécialistes. Aussi, quand l'occasion de faire parler de cette problématique apparaît, il faut la saisir.

Si on vous donnait la possibilité de voter contre les brevets logiciels, vous le feriez ? Oui, j'en suis à peu près sûr.

J'ai une bonne nouvelle pour vous : aujourd'hui, c'est possible ! En fait, il s'agit de répondre à une série de questions et de désigner la cause qui a été la plus marquante en Europe en 2005. Pour moi, c'est une certitude, c'est celle des brevets logiciels.

Cela ne prend que 5 minutes, ne coûte rien. Si vous n'aviez qu'une seule chose à faire contre les brevets, ça serait celle-ci. Je compte sur vous ?

vendredi 14 octobre 2005

En vrac, en direct de Lyon

Je suis à Lyon pour deux jours, à l'occasion des JDLL 2005, avec ma conférence demain samedi à 10h30, dans le grand amphi.

  • Ludovic Dubost : SocialText returning to Open Source roots ;
  • Quand le FUD est trop gros, on est oobligé de faire marche arrière, et c'est douloureux : Microsoft spinning against OpenDocument via Fox News. Franchement, voir MS et l'infâme Fox News dans le même bateau pour combattre les formats ouverts, ça me met mal à l'aise... Les lecteurs de FoxNews.com l'ont noté, et sont montés au créneau. Une bouffée d'espoir...
  • Pour ceux qui cherchent à voir ce qu'il peut y avoir de concret derrière Web 2.0, voici le voile levé sur l'une des technologies qui est parfois citée derrière le concept fumeux sus-mentionné : What is Ruby On Rails ;
  • John Dvorak se lâche et traite Microsoft de maffieux The Microsoft Protection Racket. Il va un peu vite en besogne sur ce coup-là. Si Microsoft avait fait un anti-virus gratuit, on aurait appelé cela (à juste titre) du dumping ou de l'abus de position dominante (comme c'était le cas avec IE contre Netscape). Alors s'ils font un produit payant, on les traite de gangsters ? Allons ! Toutefois, la conclusion est amusante, mais l'article n'est pas à prendre au sérieux.
  • Copie d'écran du prochain IE 7 sous VISTA (courage, plus qu'un an !) : http://www.neowin.net/staff/cashman/vist5321_3.jpg (faites un copier coller de l'URL car Neowin.net bloque les images hot linkées.)

Minimo sort du bois

Doug Turner, ingénieur de Mozilla, largue une petite bombe dans le monde des navigateurs mobiles :

I have been working with France Telecom Research and Development (FTRD) out of Boston in the last few month (...). More specifically, I have continued my work on a small standards based "ajax-capable" browser based on Mozilla. This is basically what I have been calling Minimo for some time now.

Traduction par votre serviteur :

Cela fait plusieurs mois que je travaille avec France Telecom Recherche et Development Boston. Plus précisément, j'ai continué à travailler sur un petit navigateur respectueux des standards et compatible avec Ajax basé sur Mozilla. C'est en quelque sorte ce que j'appelle Minimo depuis quelque temps.

Cela a été presenté à la presse :

Joyeux anniversaires ! (oui, au pluriel)

  • Windows fête ses 20 ans. Ah, toute ma jeunesse (enfin, juste après avoir été utilisateur de logiciel Libre, dont Emacs. Une page d'un article explique avec une rare justesse ce que Microsoft a réussi et raté avec Windows.
  • OpenBSD fête ses 10 ans, et prépare la sortie de sa version 3.8.
  • Pour ma part, plus modestement, cela fait 9 ans que publie sur le Web. En octobre 1996, je publiais Virtual Bob , la home page (c'était à la mode à l'époque) de mon fils... qui n'était pas encore né. On l'avait surnommé Bob en attendant de trouver un vrai prénom (en l'occurrence Robin). Le site est une caricature de l'époque : GIFs animés, mise en page avec des tableaux, bidouilles JavaScript et icone "Netscape 3.0". Sans le savoir, à pester contre le HTML, le client FTP, l'absence de système de mise à jour des liens et de la mise en page à travers tout le site, j'attendais une seule chose : un outil de publication, quelque part entre le blog et le Wiki. Ah, et pour ceux que cela intéresse, il faut vous donner des nouvelles du fiston en question : Robin est né le 22 janvier 1997. Le 25, j'arrêtais la mise à jour du site, faute de temps ! Quelques semaines plus tard, Netscape m'embauchait. Robin fonce vers ses neuf ans, adore lire Gaston Lagaffe et me donne plein de conseils pour la promotion de Firefox. Le dernier en date : tu devrais envoyer des e-mails et des fax aux gens pour leur dire que Firefox existe. De la bonne graine de spammeur, ma bonne dame ! ;-)
  • MAJ : Bien sûr, avec la sortie de la Breezy Badger / 5.10, Ubuntu fête son premier anniversaire. Et franchement, en un an, que de progrès effectués et de chemin parcouru ! (merci à Ploum pour le rappel). En passant, j'ai téléchargé Ubuntu 5.10 PPC en version Install et Live via BitTorrent, et je peux vous promettre que le Pair à Pair (légal), associé à un fournisseur d'accès digne de ce nom, ca déchire, avec un débit en pointe de 450 K par seconde !

jeudi 13 octobre 2005

Quelques notes pour la conférence du Preau

Le fameux Gartner Hype Cycle :

Quelques liens pour illustrer le partage et le bénévolat sur Internet :

En vrac

Microsoft appelle à l'arrêt des hacks CSS

Dans un billet publié hier, Microsoft explique que certains hacks utilisés dans certaines pages Web en mode Strict ne fonctionneront plus dans IE7, compte tenu de la volonté de mieux respecter les standards Web.

C'est à première vue une excellente nouvelle. J'attends avec impatience un IE7 Beta public pour pouvoir tester la chose...

Attention : si vous avec utilisé des hacks en mode Quirks, il ne devrait pas être nécessaire, si Microsoft fait bien ce qu'il dit, de mettre à jour vos pages. (via le WaSP).

Rencontre avec Corinne Lepage, ancienne ministre de l'écologie.

J'étais hier à une réunion du G9+ (un raout pour anciens de grandes écoles maintenant dans le secteur Telecom / Informatique). Parmi les intervenants, il y avait Corinne Lepage (oui, c'est un blog, et elle a même une page sur Wikipedia), qui nous a parlé d'écologie pendant 45 minutes.

Il était fascinant de voir ces managers, souvent hauts placés, réagir face au défi qui attend notre économie. Je cite Corinne Lepage :

Notre économie va devoir diviser par 4 en 40 ans sa consommation énergétique et sa production de gaz à effet de serre. (...) pour référence, le protocole de Kyoto a pour objectif de la réduire de 5% !

La salle, abasourdie par cette déclaration (et il y a de quoi) était pourtant étonnamment consciente du problème. Un sondage minute effectué dans la salle (via des boîtiers mis à la disposition de chacun) posait la question :

Le réchauffement climatique est il un phénomène à prendre en compte ?

Les réponses ont été très positives :

  1. Oui : 86,8%
  2. Non : 8,8%
  3. NSP : 4,4%

Pour ceux qui se demandent comment agir au quotidien, j'ai remis la main sur un document de l'ADEME, 10 conseils pour chasser le Gaspi (Fichier PDF), qui viennent bien en complément de ma petite expérience. L'Ademe estime qu'en suivant ces conseils, on arrive à économiser de l'ordre de 5 pleins par an en moyenne (soit 300 EUR dans mon cas). Nous sommes encore loin de diviser par 4 notre production énergétique, mais chaque pas dans la bonne direction compte !

Amsterdam: not this time

I initially wanted to attend EuroOSCON in Amsterdam next week and meet with great people there, including Axel Hecht (Mozilla Corp and Mozilla Europe), Danese Cooper (who was with me on the advisory committee for Mozilla Corporation) and all the others. Unfortunately, because of the work load, and considering the price of the event, the cost of the journey and the time it would take, I've decided not to attend. This also means I won't be able to participate to the upcoming BarCamp Amsterdam... Well, there will be other opportunites, I'm sure!

mercredi 12 octobre 2005

Firefox in Europe: more market share data

I regularly try to post updates about Firefox market share in Europe, so that the English-speaking crowd gets a better understanding of what the various teams around the world can achieve by providing an official localized Web site, localized products (Mozilla Suite, Firefox, Thunderbird...) and forum in native languages. Last time, I mentioned market share data gathered by Xiti Monitor.

I now have more details, thanks to a comment posted in Asa's blog and digging through my bookmarks (for Poland):

  • The Austrian DerStandard.de has recently published the browser statistics for its Web site. Der Standard is not technology oriented at all, but still manages to have 23.56% of its visitors to use Firefox, which is without counting the Mozilla Suite crowd, (2.53%). Internet Explorer is heading South with only 63.03%. As the article states, these numbers are quite different from recent US numbers;
  • Heise.de, sometimes called the German Slashdot, has also interesting numbers. Of course, being a computer-related site, modern browsers have better numbers. They're still impressive, as Gecko gets 48.6% market share, and Microsoft is only 36.1%.
  • Gecko reaches 15% in Poland, according to Ranking.pl, and Opera is getting 4.3%, which is one of the biggest numbers I've seen, on any market, for this fine browser.

Should you have recent numbers for browsers in local markets, please leave a link below, along with a short explanation, if possible.

En guise de goûter le jeudi 13 octobre : brochette d'intervenants

Le Préau, émanation de la CCIP vient de m'inviter à participer à une conférence sur les nouvelles tendances technologiques. J'y aurais le plaisir de cotoyer Fred Cavazza, qui a déjà prévu de parler du Web 2.0 et Bloïc Le Meur (devinez de quoi il va parler ? ;-). L'entrée est gratuite, mais il faut s'inscrire à l'avance, car les places sont limitées.

En vrac

A propos de l'hiver et de l'automne...

Olivier, toujours lui, nous explique qu'il a échappé de peu à la chaude pisse [1] et me demande ce que j'aime et n'aime pas en automne et en hiver. Je manque de temps, mais je ne veux pas décevoir le garçon qui m'appelle amicalement patron en espérant me faire oublier le principe de Dilbert, alors je bâcle un truc vite fait :

A propos de l'automne et de l'hiver, j'aime :

  • les couleurs des arbres d'automne et surtout celle du Ginkgo Biloba du jardin, un jaune doré fabuleux quand le temps est gris ;
  • me baigner dans la mer glacée de Normandie le 1er novembre avec mon oncle, tradition idiote s'il en est !
  • la douceur du temps de septembre et octobre, sans qu'il fasse encore trop froid.
  • la possibilité de remettre enfin mes chaussure Timberland, mon jean, mes vieux blousons de cuir.
  • La neige qui tombe parfois sur la plage normande de mon enfance, et qui fond dans les flaques de marée basse. Cela en fait une vision réellement magique ;
  • la mélancolie qui m'envahit, tant qu'elle ne se transforme pas en coup de blues.

A propos de l'automne et de l'hiver, je n'aime pas :

  • quand je peine à saisir les subtilités des couleurs de l'automne avec mon appareil photo ;
  • les jours qui raccourcissent ;
  • le froid, surtout en moto / scooter ;
  • les kilos qui ont tendance à revenir, alors que je n'en ai vraiment pas besoin ;
  • le moral qui baisse, en attendant que revienne le printemps et ses promesses.

Voilà. Je ne sais pas à qui je vais refiler le bébé, maintenant. C'était plutôt agréable à rédiger, mais ai-je vraiment envie d'être maudit comme j'ai maudit Olivier quand il m'a transmis ce fardeau[2] ?

Notes

[1] je me demande pourquoi il s'étend sur ce sujet, qu'on pourrait croire privé, tant pis, il est bon pour un Google Bombing ;-)

[2] oui, je parle bien de chaude pisse, mais au sens figuré...

A propos de Firefox

mardi 11 octobre 2005

La BBC est Web 2.0 !

Padawan nous informe que, croulant sous les messages des lecteurs, la BBC va utiliser un modèle de modération reposant sur les votes des utilisateurs. Les utilisateurs vont "s'entre-modérer". C'est très "Web 2.0", tout ça !

Mais, mais, mais, quand on y pense... c'est le même système que sur Slashdot ! Je me souviens très distinctement du moment où j'ai étudié le système de Slashdot. Cela m'avait fasciné. J'avais ouvert un compte, le numéro 53.791 (je l'utilise toujours, mais depuis, plus de 850.000 comptes ont été ouverts), et j'ai même envisagé d'utiliser SlashCode, le logiciel Libre de gestion de contenu pour gérer mon site, pouvoir publier facilement de nouveaux articles (avec le dernier en tête de site), avoir des commentaires, bref, ce qu'on a fini par appeler... un blog ! C'était il y a au moins 5 ou 6 ans : Slashdot a été lancé en septembre 1997. Une preuve de plus que le Web 2.0, c'est vraiment une bonne idée... même si elle a un furieux goût de réchauffé !

Les 20 erreurs informatiques à éviter

Tel est le titre de cet article d'InfoWorld, trouvé via Robert Accentura.

La 11ème erreur est pile poil dans la veine du Standblog, ce qui me pousse à vous en offrir une petite traduction :

Erreur 11 : développer des applications Web uniquement pour Internet Explorer

Malgré le fait que les applications critiques ne cessent de migrer vers le navigateur et que Windows continue de dominer le poste bureautique, les développeurs doivent résister à la tentation de développer des applciations uniquement pour un IE truffé de bogues. Les directions informatiques insistant sur l'utilisation d'IE pour leurs applications Web doivent se préparer à subir des attaques logiciels telles que JS.Scob.

Initialement découvert en juin 2004, JS.Scob a été distribué via des serveurs IIS piratés. Le code lui-même redirige silencieusement des clients de sites compromis vers des sites contrôlés par un groupe de pirates russes. Là, les utilisateurs d'IE téléchargent sans le savoir un cheval de Troie logiciel qui capture la saisie au clavier et des données personnelles. Même si cela ne ressemble pas à une menace contre l'informatique d'entreprise, il faut se souvenir que les employés utilisent souvent les même mots de passe entre leurs comptes personnel et d'entreprise.

Toutes les entreprises ne peuvent peut-être pas éviter d'utiliser IE. Mais si vous vous assurez que les applications Web clées ne reposent pas sur des fonctionnalités spécifiques à IE, il vous sera plus facile à l'avenir de passer à une alternative telle que Mozilla Firefox, si les trous de sécurité d'IE devaient s'avérer trop pénibles et risqués pour votre environnement informatique.

En vrac

lundi 10 octobre 2005

Une enquête sur le SarkoSpam

J'ai trouvé via Padawan, une suite d'articles sur le SarkoSpam, cette cyber-bévue de notre Iznogoud national (vous savez, celui qui voulait être Calife à la place du Calife, et dont je pense qu'il sera notre prochain président s'il arrive à ne pas trop déraper[1]). Les 6 billets ont été rédigés par le blogueur et journaliste Bertrand Lemaire, qui fait là un double cadeau, celui d'une enquête à ses lecteurs (en les remerciant au passage pour leurs contributions) et une leçon à ses collègues journalistes pour un réel travail d'enquête. Le journalisme (éventuellement citoyen) comme il devrait être, en quelque sorte. Extrait de la conclusion :

Deux délits, deux entreprises de marketing sur Internet décrédibilisées, des fichiers appauvris par de nombreuses demandes de radiations, une image de l'UMP fortement atteinte... Le fiasco est total.

La première leçon à tirer est donc la nécessaire prudence dans les opérations de communication sur Internet, prudence juridique bien sûr mais aussi prudence « sociologique » tenant compte des réactions des internautes sur-encombrés par les pourriels. La deuxième leçon, pour les vendeurs de fichiers, est de ne jamais oublier qu'un fichier ne s'use que si l'on s'en sert n'importe comment. Enfin, une leçon journalistique : partager mon « journal d'enquête » via mon blog m'a permis de bénéficier d'une aide inattendue des internautes via les commentaires, ce qui m'a permis, notamment, de relancer des pistes que j'avais oubliées.

Monsieur Lemaire, merci !

Notes

[1] Avant de projeter sur moi une quelconque opinion politique, qu'elle soit favorable à Nicolas Sarkozy ou non, vérifiez à l'aide d'un dictionnaire que vous saisissez bien la différence entre un pronostic et un souhait...

vendredi 7 octobre 2005

Libre contre propriétaire, d'un point de vue moral / éthique (4/4)

(Ce billet fait partie d'une suite de billets : Introduction, deuxième partie, troisième partie, quatrième partie).

Attention. Dans cette partie, je vais aborder un sujet épineux, pour ne pas dire trollifère, si vous me pardonnez ce néologisme. Je prie mes lecteurs d'éviter les réactions à chaud dans les commentaires. Je réfléchis ici à voix haute, et ne prétends en aucune façon prêcher une approche idéale.

Certains, dans la communauté du Libre, prétendent que le logiciel Libre est éthiquement un progrès, dans la mesure où il repose sur le partage du savoir, sans limitation. La GPL, dont je parle plus haut, précise qu'il n'est possible de distribuer une version modifiée d'un logiciel sous GPL qu'accompagnée de son code source[1]. Autrement dit, il est impossible, suivant la GPL, de prendre un code Libre et de le rendre propriétaire.

Bref, la GPL, par construction, favorise la diffusion du code source (et donc du savoir informatique qui s'y trouve), ce qui est un principe qui me convient a priori parfaitement. Si je contribue, à titre personnel, à Wikipedia, à Wikimedia Commons, à Mozilla, à la sauvegarde du Web (par la diffusion d'un navigateur Libre, par la promotion des standards), si mes photos sont sous licence Creative Commons c'est bien parce que je suis intimement persuadé que l'éducation, le partage du savoir, c'est essentiel pour que l'humanité aille dans le bon sens.

Cela dit, déclarer tout de go que le logiciel propriétaire, c'est mal, et le logiciel Libre, c'est bien, il y a là un pas que je ne saurais franchir. Car cette belle magnifique idée du partage universel du savoir et du code source n'existe pas dans le vide. Elle existe dans le système économique qui est le nôtre, le capitalisme. Et le capitalisme repose sur un principe essentiel : ce qui est rare est cher. Le capitalisme, et j'espère qu'on me pardonnera cette simplification, ça consiste à donner envie aux consommateurs de quelque chose qui est rare, puis à leur vendre.

Petite digression : avec le temps, on voit bien qu'idéalement, il faut que ce qu'on vient de leur vendre devienne obsolète aussi rapidement que possible, de façon à pouvoir aussitôt vendre le produit remplaçant. C'est ainsi qu'on en arrive à faire des livres éphémères qui sont autant de coups marketing, que l'industrie du disque Top 50 consiste essentiellement à fourguer des bidules bientôt périmés sous cellophane à des adolescents abreuvés de pub, que ma voiture de 70.000 kilomètres parait fichtrement dépassée alors qu'elle n'en est qu'à la moitié de sa vie.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos modèles de développement de logiciels. Le modèle propriétaire a un gros avantage sur le modèle Libre, c'est qu'il évolue sur son propre terrain (si j'écrivais dans L'équipe au lieu du Standblog, je dirais qu'il joue à domicile, et je me demande même si le terrain n'est pas en pente, avec un fort vent favorable). Toute notre société est organisée, d'un point de vue économique mais aussi culturel, pour vendre du logiciel propriétaire, dans une logique marchande, avec des rapports de client à fournisseur, et c'est bien là le problème !

Si on se place dans une perspective à long terme, le logiciel Libre est probablement mieux pour l'humanité. Mais à court terme, le logiciel propriétaire est indéniablement plus facile à comprendre pour la majorité des gens, compte tenu de leur référentiel.

Cela ne veut pas dire qu'il faille abandonner le logiciel Libre, non. Car les projets comme Apache, Debian, Mozilla et Wikipedia (parmi bien d'autres) montrent qu'on a besoin du logiciel Libre[2].

En conclusion, je me garderais bien de trancher en faveur de l'un ou de l'autre. Par contre, si j'ai choisi mon camp, celui du Libre, c'est parce qu'il me paraît essentiel pour le long terme de préserver la possibilité de faire du logiciel Libre, il faut faire fructifier ces projets, pour pouvoir proposer une alternative au modèle du logiciel propriétaire, compte tenu de toutes ses limitations.

Notes

[1] j'ai mis à jour la phrase qui précède pour éliminer un contre-sens.

[2] On pourrait aussi étendre ce propos au contenu sous license Creative Commons, mais j'ai peur de m'égarer.

Nouvelle version de Mon.Opquast

Il y a quelques projets comme cela que je suis du coin de l'oeil, un oeil attendri, d'ailleurs... Opquast est de ceux-ci. Alors quand sort une nouvelle version de Mon.Opquast, je ne peux pas m'empêcher de vous le signaler.

Peut-être faudrait -il vous expliquer en quoi Opquast est important à mes yeux : c'est un référentiel de bonnes pratiques sur la qualité des sites Web. En substance, c'est le fruit de l'expérience de professionnels du Web, de qualiticiens, tous passionnés par le Web bien fait, celui qui est maintenable, accessible, efficace, respectueux des standards et des utilisateurs.

Pendant longtemps, le Web a été une affaire de défricheurs, de débrouillards, de bricoleurs. Mais le Web a maintenant 10 ans, et il est devenu quelque chose d'essentiel dans la vie de beaucoup de gens... Les bidouilleurs ne sont pas partis, ils sont toujours au grenier à bidouiller de l'Ajax, des Wikis et des Web Services, mais il était temps que l'expérience de ces bricoleurs de génie soit formalisée pour permettre un passage à un modèle plus industriel, et c'est le tour de force qu'a réussit Opquast. Avec Mon.Opquast, les professionnels du Web dispose d'une application pour valider que les sites qu'ils maintiennent sont de qualité. Et de voir qu'en quelques mois seulement, 1000 utilisateurs professionnels sont déjà en train de gérer l'évaluation de 1300 sites me réjouit. Cela signifie qu'une frange du Web prend la notion de qualité au sérieux et utilise les moyens techniques pour y parvenir.

Bravo à toute l'équipe d'Opquast, permanents et contributeurs, dont certains participent aussi à OpenWeb, ce qui a été pour moi l'occasion de mesurer la qualité, si j'ose dire, de leurs compétences.

En vrac

Libre contre propriétaire, d'un point de vue économique (3/4)

(Ce billet fait partie d'une suite de billets : Introduction, deuxième partie, troisième partie, quatrième partie).

On peut prendre ce terme "économie" dans deux sens successivement : l'économie réalisée en utilisant du logiciel Libre, ou l'économie au sens de science économique.

Commençons par la première interprétation du mot. Vu le faible coût des licences (souvent faible ou nul, mais pas nécessairement), le logiciel Libre est économique. Mais il ne s'agit pas non plus d'oublier les coûts plus ou moins cachés lors d'une migration vers le logiciel Libre : formation, administration, déploiement. Ces coûts, il faut les anticiper, et les amortir sur plusieurs années. À ce moment-là, le logiciel Libre est le plus souvent largement rentable, même sans tenir compte des aspects difficile à mesurer en terme d'indépendance technologique, de sécurité, de capacité à exploiter nativement des formats ouverts.

Regardons maintenant le logiciel Libre avec des yeux d'économiste[1]. Là, il faut bien reconnaître que logiciel Libre n'a pas encore fait ses preuves, du moins en terme de modèle économique. Du côté des sociétés de services comme IdealX, le modèle est tout trouvé. Une poignée d'éditeurs comme Jboss, MySQL AB, Mandriva semblent tirer leur épingle du jeu. Mais le modèle n'est pas trivial à faire fonctionner. Il reste aussi des efforts strictement bénévoles comme Apache, DotClear et Debian GNU/Linux (tiens, c'est justement ce qui fait tourner le Standblog !) et dont la qualité est démontrée.

Pourtant, si le logiciel Libre fonctionne pour ce qui est d'Apache, Debian, PostgreSQL et Mozilla, qui sont des produits Libre et gratuits, c'est tout simplement parce qu'ils sont autant de moyens d'allouer, entre plusieurs acteurs, sur un terrain neutre, des ressources de développement à un projet commun. Si un grand acteur (comme IBM, au hasard) paye des développeurs pour faire du logiciel Libre, c'est que cela a du sens et lui permet d'offrir des produits à ses clients, produits intégrés dans des prestations de service.

Et c'est peut-être là la grande différence entre le logiciel propriétaire et le logiciel Libre : dans le premier cas, un entrepreneur investit seul dans un logiciel. Si par bonheur il trouve un marché, il rentre dans ses frais. Si le marché est immense, alors le logiciel se transforme en planche à billets (cf les cas Microsoft Windows et Microsoft Office avec les marges indécentes que l'on sait).

Dans le cas du logiciel Libre, on définit un terrain neutre où les bonnes volontés sont appelées à participer. Elles offrent leur capacité à produire un bout du logiciel. Elles retirent de cet effort la totalité du logiciel. Le seul hic, c'est qu'à partir de là, il est bien difficile de faire tourner la planche à billet, car chacun peut redistribuer le logiciel, ce qui fait échec à l'organisation de la rareté, et donc à la montée des prix.

On remarquera que l'utilisation de la licence GNU GPL aide grandement à la création de ce terrain neutre, indispensable à la collaboration. À l'inverse, elle empêche de fait le passage au mode "planche à billet". Ce qui fait dire à certains que la "GPL c'est nul", car elle ne permet pas d'avoir le beurre et l'argent du beurre. D'autres diront que c'est justement son principal intérêt !

Au final, toujours du point de vue de l'économiste, le modèle Libre est une alternative au modèle propriétaire. C'est même dans certains cas une alternative plus efficace pour la création de valeur que celle du modèle propriétaire[2]. le principal inconvénient étant que cette valeur est bien souvent non mesurable d'un point de vue de gain financier pour une seule personne ou une seule organisation : la valeur est répartie entre tous les utilisateurs (qui ont maintenant un logiciel qui fonctionne) et contributeurs (qui ont appris quelque chose, souvent très intéressant), mais l'argent n'a pas changé de main. Dans le monde dans lequel nous vivons, ça ressemble bigrement à une faute grave !

Notes

[1] Rappelons que je ne suis pas un économiste, donc je vais odieusement simuler cet état dans le présent paragraphe. Merci de votre indulgence !

[2] C'est probablement ce qui fait dire à Mark Shuttleworth que le modèle du logiciel propriétaire tire à sa fin.

Citation du jour et nuances de gris

Voici une citation tirée de la conclusion d'une réponse à Eric S. Raymond, et qui illustre bien l'aprpoche générale que j'ai des problèmes. Voilà pourquoi je ne me joins pas à la meute, que ce soit pour défendre les standards du Web ou attaquer le Web 2.0, Voilà pourquoi je n'arrive pas à me rapprocher d'un extreme, quel qu'il soit :

A very wise man said that if you have a problem, conservatives will tell you that it's your fault, while liberals will tell you that it's society's fault. (My corollary is that the conservative and the liberal will then lose interest in you and proceed to beat the snot out of each other.) The frustrating, tragic irony is that the liberal and the conservative are both right, but each only half right.

If we only listen to one perspective, we'll only have half a solution.

Allez, pour la peine, je me fends d'une rapide traduction :

Un homme très sage a dit que si vous avez un problème, quelqu'un de droite[1] vous dira que c'est de votre faute, alors que quelqu'un de gauche vous dira que c'est de la faute de la société. (Mon corollaire, c'est que la personne de droite et celle de gauche cesseront alors de s'intéresser à vous alors qu'ils commenceront à s'écharper.) La tragique, mais frustrante ironie, c'est que la personne de droite et celle de gauche ont toutes deux raison, mais seulement à moitié raison chacune.

Si nous n'écoutons qu'une seule perspective, nous n'avons qu'une demi-solution.

Je crois qu'il est essentiel de comprendre cela dans la vie en général et quand on lit le Standblog. Quand j'aborde les problèmes de ce monde, de la blogosphère au logiciel Libre en passant par les standards, l'environnement et l'économie, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. C'est pour cette raison que j'essaye de tenir des propos nuancés dans ces colonnes (même s'il m'arrive parfois de sortir de mes gonds, humain que je suis).

Notes

[1] On me pardonnera la traduction nécessairement approximative de "liberal" et "conservative", compte tenu de l'immense différence de référentiels politiques des deux cotés de l'Atlantique.

jeudi 6 octobre 2005

London Calling!

So I'm here in London for a couple of days for LinuxWorld Expo. I hoped to man the booth for a while, but having so many press interviews and meetings with our wonderful PR agency does not leave me with much time to do so. I'm glad that both David Hallowell and David McGuinness are doing a great job at it, and Gerv coming as a back up.

As usual, the .org pavilion is amazingly filled with energy and enthusiasm from volunteers. It's the opportunity to meet with FFII UK guys (they rock), Debian guys (they rock, too), Ubuntu people (they utterly rock!) and even have a great discussion with Mark Shuttleworth (it's the first time I shake hands with an astronaut :-).

Gerv has collected the [Linux and Open Source Award 2005 in the name of the SpreadFirefox project, elected Best Marketing Project. Great job everybody!

I'm now heading back to the booth for another exciting moment with community people and Firefox users in UK. Next week : conference in Lyon and the week after, EuroOScon and possibly BarCamp in Amsterdam (another link)!

Libre contre propriétaire, d'un point de vue technique (2/4)

(Ce billet fait partie d'une suite de billet : Introduction, deuxième partie, troisième partie, quatrième partie).

Le Libre a l'avantage de ne pas verrouiller le client (l'utilisateur). Ce dernier peut, s'il le juge nécessaire, faire (ou faire faire) des modifications au logiciel, sans avoir à supplier le fournisseur d'ajouter la fonctionnalité demandée, fonctionnalité qui sera dans la prochaine version (ou dans celle d'après, ou jamais), version qui sera payante. C'est d'autant plus important quand l'éditeur qui propose le logiciel décide de le retirer de son catalogue, non pas parce qu'il n'est plus utilisé, mais parce qu'il n'est plus rentable (ce dont se fiche le client).

Le Libre utilise de façon quasi systématique des standards ouverts, ce qui évite au client de se retrouver piégé par un fournisseur, verrouillé par ses anciens documents.

Le Libre a cet autre avantage, qui est qu'on peut s'assurer qu'il n'y a pas de back-door (porte secrete) dans le logiciel, vu que le code est accessible.

Le Libre a aussi ses avantages en terme de sécurité, avantages que j'ai mentionné dans un récent billet.

Au final, le Libre, d'un point de vue technique, est plutôt plus sûr (mais il y a toujours des exceptions) et plus pérenne. Ce sont ces raisons qui poussent tant de gouvernements, d'administration et d'entreprises à passer au Libre. Ces derniers mois, la Gendarmerie Nationale et l'état du Massachussets sont passés à OpenOffice.org pour respectivement des raisons d'indépendance technologique et de pérennité des formats.

Il y a des évidences, comme ça...

On s'informe gentiment, on navigue mollement au gré des pages, et PAF, voilà trois vérités premières totalement insoupçonnables qui vous sautent à la gorge :

Logiciel Libre contre logiciel propriétaire (1/4)

Mark Shuttleworth, sud-africain, est devenu milliardaire après avoir vendu sa start-up, Thawte Consulting, au bon moment. Depuis, il a utilisé sa fortune pour monter un fondation pour l'éducation en Afrique, se payer un voyage dans l'espace, puis créer la distribution Linux Ubuntu. Il répond à la question Est-ce que Ubuntu deviendrait payant un jour ? :

Non. Jamais. Je n'ai pas envie qu'Ubuntu rejoigne l'industrie du logiciel propriétaire. C'est un métier horrible qui est inintéressant et difficile, et il est en train de mourir à vitesse grand V de toutes façons.

Ah ! Voilà une magnifique réponse à l'emporte-pièce qui mérite qu'on s'y attarde un peu. Indirectement, Mark pose la vraie question de fond à propos du logiciel Libre : en quoi le Libre diffère-t-il du logiciel propriétaire ?

J'ai commencé à réfléchir à une réponse sur trois axes :

  1. D'un point de vue technique ;
  2. D'un point de vue économique ;
  3. D'un point de vue moral / éthique.

Compte tenu de la longueur de ce texte, j'ai décidé de le publier en 4 fois, d'abord la présente introduction, puis les trois points susmentionnés. Bonne lecture !

mercredi 5 octobre 2005

Actu Mozilla / Firefox

mardi 4 octobre 2005

Standblog Bloïc-isé, Standblog Lemeurisé, mais Standblog Podcasté !

Ouarf ! Je viens de m'entendre causer dans le poste podcast, et ça fait tout bizarre. J'ai le souvenir d'avoir été plutôt brouillon dans mon interview téléphonique par Loïc, mais le miracle de la technique et toute la science du monteur m'on fait paraître plus structuré que je ne l'étais. Radioblog 33 : le standblog Podcasté (sur Europe 2 et sur le blog de Loïc, qui en avait marre de faire millionnaire, alors il fait journaliste, maintenant :-)

Note à moi-même : penser à arrêter de parler avec l'accent du titi parisien...

Ah, Damned ! je passe juste avant Lewis Wingrove, l'écrivain le blogueur l'homme à la couette et à l'aspirateur, c'est pas fluide !

L'important, ça n'est pas Google, c'est Netscape ! ;-)

Je suis arrivé dans l'après-midi à Londres, en vue de participer à LinuxWorld Expo et faire des rendez-vous presse et, du coup, j'ai décidé de vous faire un p'tit titre un peu trollesque.

Il se passe un nombre de trucs complètement déments en ce moment, et je ne parle par de cette alliance Sun-Google, dont le communiqué de presse s'avère sans contenu aucun, autre que la Google Toolbar sera proposée au utilisateurs téléchargeant Java, et nous réfléchissons à la promotion future des technologies Sun, dont OpenOffice.org et Java. C'est étrange de voir Google, d'habitude si peu enclin à parler de choses qui n'existe pas, faire une entorse à ses habitudes. Eric Schmidt, ancien de Sun et actuel patron de Google, serait-il sous l'influence de son ancien patron, Scott McNealy ? Par ailleurs, quel est l'intérêt de lier la Google Toolbar au téléchargement de Java ? Les deux n'ont quasiment aucun rapport. Harry McCracken, rédac' chef de PC World, confirme.

Non, ce qui est fabuleux, c'est l'inclusion de Netscape 8 (intégrant Gecko, le moteur de rendu du projet Mozilla) dans les machines HP et Compaq.

D'abord, c'est incroyable que cela finisse par arriver. Comme l'indique MarketWatch, avec quelques approximations

Netscape, racheté par AOL en 1998[1], et s'est engagé dans une longue bataille juridique contre Microsoft[2], sur le fait que le géant du logiciel forçait les fabricants de PC à livrer son logiciel Internet avec son système d'exploitation Windows sur leurs machines. Microsoft a finalement été coupable d'avoir abusé de son monopole, mais le jugement est arrivé trop tard pour que cela change quoi que ce soit pour Netscape[3].

Et voilà, huit ans plus tard à quelques jours près, l'impensable redevient réalité, et Netscape (enfin, ce qu'il en reste, à savoir une marque moribonde apposée sur un logiciel Libre hacké par un sous-traitant) refait son retour sur les machines pré-installé.

J'aurais préféré qu'il s'agisse de Firefox, mais c'est déjà un pas énorme dans ce qui est la mission de la Mozilla Foundation et de la Mozilla Corporation : rétablir le choix et l'innovation sur Internet. Ca n'a l'air de rien, mais pour moi, c'est bien plus important qu'une bouffée de nostalgie.

Notes

[1] NdT : en fait, cela a été annoncé début décembre 1998 et effectif mi-mars 1999.

[2] NdT : plus précisément, c'est le Ministère de la Justice américain qui a attaqué Microsoft pour abus de position dominante et violation de la loi Anti-Trust dans l'affaire Netscape. Ca n'est que par la suite que AOL a engagé des poursuites envers Microsoft, au nom de sa filiale Netscape.

[3] NdT : il n'empêche qu'AOL a empoché 750 millions de dollars de la part de Microsoft, histoire de faire table rase du passé. Tous les employés Netscape ont été licenciés (dont votre serviteur) ou réassignés à d'autres projets. Alors qu'on pouvait croire que le projet Mozilla allait mourir, deux des 750 millions de dollars touchés par AOL ont été alloués à la Mozilla Foundation, créée pour l'occasion. Vous connaissez la suite...

En vrac

Des nouvelles de l'environnement

Pour finir, voici un message d'encouragement d'un des lecteurs du Standblog, suite à mon billet intitulé Petit dépliant, petite expérience, grosses économies :

(...) depuis la rentrée (4 semaines maintenant), je pratique l'écoconduite, dont tu as parlé dans un billet. Les résultats sont assez impressionnants. Pour une conduite mixte ville/route, j'ai réduit ma consommation de 7.8/7.9 l/100km de diesel à 6/6.1 l/100km , soit une économie de plus de 20%. Sur un plein, j'ai fait presque 1000km, et (il m'a duré) 3 semaines, une semaine de plus que la moyenne auparavant.

Si j'ai réussi à en convertir un, c'est déjà pas mal :-)

Citation du jour

Jonathan Schwartz, patron de Sun, dans un récent billet :

Demandez à l'audience, comme je l'ai fait la semaine dernière lors d'une conférence, ce qu'ils préferent abandonner : leur navigateur, ou leurs applications bureautiques. A l'unanimité, ils ont abandonné ces dernières sans hésitation.

Via Tim Bray

lundi 3 octobre 2005

En prenant du recul sur le problème de sécurité des navigateurs

Firefox est toujours meilleur qu'Internet Explorer en terme de sécurité, titre eWeek. Petit extrait, traduit par mes soins :

Pourquoi je pense que Firefox est meilleur ? Je vais laisser Chris Beard, de Mozilla, vous expliquer ce qu'il pense :

Il est difficile de tirer des conclusions sur la sécurité d'un navigateur donné en comparant les vulnérabilités reconnues par les éditeurs pendant une période donnée. Ce type d'évaluation ne prend pas en compte le nombre de vulnérabilités non résolues et la vitesse à laquelle les vulnérabilités critiques sont résolues. Il est aussi important de noter que la plupart des éditeurs de logiciels publient les vulnérabilités différemment. Certains regroupent des vulnérabilités, alors que Mozilla les publie séparément et avec abondance de détails, car cela fait partie de notre processus Open Source.

Des réparation plus rapides, plus ouvertes, et une plus grande transparence.

Pour moi, tout cela est positif. Pour vous, ça devrait l'être aussi.

eWeek oublie de mentionner un aspect particulier de la comparaison IE/Firefox, qui s'opposent sur de nombreux points, dont la conception sécurisée dès le départ pour Firefox, d'une part, et la maturité du produit d'autre part. A cela, comme le précise eWeek, viennent s'ajouter l'aspect Libre du code et la démarche d'ouverture qui vient avec.

Je le dis et je le répète : aucun logiciel n'est parfait, et de ce point de vue-là, Firefox est comme les autres. Le fait que certains aient pu laisser entendre que Firefox était inviolable lui ont fait beaucoup de tort, car on est en droit d'être déçu quand on apprend qu'il a des trous de sécurité. Firefox est mieux sécurisé, je n'ai pas de doute là-dessus, mais je suis certain qu'il n'est pas parfait.

Mais venons-en au nombre de ces trous de sécurité. Quand Symantec déclare qu'il y a plus de trous de sécurité dans Firefox que dans Internet Explorer, le discours est biaisé : on compare un produit jeune à un produit très mûr (pour ne pas dire obsolète). On ne dit rien de précis sur la "criticité" (la gravité) des failles, rien sur la rapidité de correction.

Je pense que Firefox et son moteur Gecko, parce qu'ils ont été conçus par des gens expérimentés (ils ont vécu l'expérience Netscape), est fondamentalement plus sécurisé qu'Internet Explorer, qui a été conçu dans l'urgence, à une époque où la sécurité était moins importante qu'aujourd'hui, par des gens issus essentiellement d'une culture poste-bureautique sans réseau. Il est bien connu, et des technologies comme ActiveX en sont autant de stigmates, qu'il était bien plus important pour Microsoft de sortir des nouvelles fonctionnalités que Netscape ne pourrait pas émuler, plutôt que de se concentrer sur la sécurité. Aussi, les gens spécialisés dans la sécurité, présents dans les réunions chez Microsoft à propos d'IE, ont rarement eu la parole. Tout cela a donné naissance aux très nombreux problèmes de sécurité rencontrés par Internet Explorer. Je suis conscient, en écrivant cela, que je risque de passer pour un odieux partisan, et ça me navre. A la décharge de Microsoft, on remarquera qu'ils ont fait de très gros efforts en terme de sécurité ces 12 derniers mois. La sortie du Service Pack 2 de Windows XP, si on oublie le problème de DRM, fut un réel pas en avant pour sécuriser Windows et IE.

Cela dit, Firefox a contre lui sa jeunesse. Un produit jeune, même bien conçu, a nécessairement des défauts. Si vous autorisez les gens à regarder sous le capot, surtout après le battage médiatique sur Firefox, vous pensez bien qu'ils vont se précipiter pour regarder. Et ils vont trouver ces défauts. L'approche ouverte du projet Mozilla fait que nous publions ces défauts une fois qu'ils ont été corrigés. C'est en quelque sorte le contrat que nous avons avec les gens découvrant ces problèmes. Par ailleurs, nous nous engageons à les résoudre le plus vite possible.

A l'inverse, on trouve toujours des problèmes dans Internet Explorer plusieurs années après sa sortie, car son code est fermé. Ils ont toujours été là, mais les gens bien attentionnés ont mis plus de temps à les découvrir. Ce qui signifie que les gens mal intentionnés ont eu plus de temps pour les utiliser, s'ils les ont découvert par eux même.

Enfin, il y a un problème auquel Mozilla et Microsoft sous tous deux confrontés : celui des mises à jour. Si on sort une version à chaque trou de sécurité, même minime, ça donne des versions trop rapprochées, et les gens ne font plus les mises à jour. C'est la raison pour laquelle Microsoft propose maintenant des mises à jour mensuelles, comme Apple : cela permet de grouper plusieurs rustines mineures. Quand on couple cela avec un mécanisme de mise à jour automatique par le Net comme Windows Update ou leurs équivalents chez Apple, Mozilla (et même les distributions Linux), on est presque sortis d'affaire. Presque ! Car le problème de l'éducation de l'utilisateur reste entier. Et c'est là, à mon avis, que se trouve le véritable défi pour les années à venir, en terme de sécurité informatique : vous pouvez toujours lui mettre entre les mains un navigateur sans trous de sécurité, si l'utilisateur saisit lui-même son numéro de carte bancaire dans le formulaire d'un site mal intentionné, le problème reste entier !

En vrac

Tim O'Reilly dans Wired

Dans Wired, vient de paraître une interview de Tim O'Reilly

J'ai essayé de traduire un extrait, mais le temps me manque :

Most recently, O'Reilly's dead-on inner compass led him to anticipate the current stage of the Internet. Powered by the bottom-up nature of sharing and collective action, it's exemplified by such developments as the barn-raising methodology of Wikipedia; group efforts like tagging; open source systems; Wi-Fi; open API's in ecommerce sites like Amazon, eBay, and Google; RSS; the spontaneous connectivity of Apple's Rendezvous; and dozens- of other dots that are being- connected to fulfill the original promise of the Net. He calls it the architecture of participation. In O'Reilly's world, sharing increases value - so much so that it becomes unthinkable to close off information or to adopt nonstandard proprietary systems. The result is a virtuous cycle where openness becomes the norm, encouraging even more participation.

Allez, je fais un effort pour la dernière phrase :

Dans la vision d'O'Reilly, le partage augmente la valeur, au point qu'il devient impensable d'enfermer l'information ou d'adopter des systèmes propriétaires ne respectant pas les standards. Le résultat est un cercle vertueux où l'ouverture devient la norme, encourageant ainsi la participation.

Certains reprochent à O'Reilly de promouvoir le Web 2.0 (voir les récents soubresauts de la blogosphère), mais je trouve personnellement que la vision telle qu'elle est décrite ici est surtout l'essence même du Web en général, et je dirais même du Web originel, bati sur des standards ouverts, des logiciels Libres, et où chacun peut acceder à l'information, que cela soit dans une optique Communautaire, Culturelle ou Commerciale.

Mise à jour : Je viens de tomber sur un long texte de Tim O'Reilly à propos du Web 2.0, et voilà ce qui me manquait pour boucler la boucle :

(...) "2.0-ness" is not something new, but rather a fuller realization of the true potential of the web platform

Ce qui donne, en français :

ce qui donne le coté "2.0" n'est pas une nouveauté, mais plutôt quelque chose qui se rapproche plus encore de ce qu'est le véritable potentiel de la plate-forme Web.

(si vous avez une meilleure façon de traduire ça, je suis preneur. Mitternacht ?)