août 2004 (32)

mardi 31 août 2004

Apple Expo : compte-rendu

Ce matin, j'ai du tomber du lit pour aller à la grand-messe des Mac-maniaques : je suis allé assister à la Keynote d'Apple Expo. Voici quelques notes :

  • Toujours une énergie incroyable dans la salle du Palais des congrès, peut-être due à la trop longue attente (près d'une heure), debout devant l'entrée de l'auditorium.
  • Démos de différents logiciels et solutions. Jeux, musique, conception 3D. Bien.
  • Démo de Tiger, la prochaine version d'OS X. Une certitude : l'interface est sublime. C'est beau, les effets sont magnifiques, et dessous, c'est un noyau Unix issu du Libre. Le meilleur des deux mondes, en quelque sorte. Ca me rappelle une citation : Mac OS X : parce que rendre Unix convivial était plus facile que rendre Windows fiable ! C'est assez vrai. On retrouve Exposé, qui est maintenant complété par des widgets HTML+CSS+JS, sous le nom de Dashboard. En fait, ce sont comme des petites applications Web locales, mais sans le chrome (les mauvaises langues bien documentées auront sûrement fait le rapprochement avec Konfabulator). Les widgets en questions apparaissent en avant plan et disparaissent en appuyant sur une touche de fonction, un peu comme Exposé. Pendant ce temps-là, les autres applications sont grisées. Joli.
  • Une fausse bonne surprise : Automator, qui permettrait d'automatiser les tâches répétitives. Je ne pense pas que cela soit possible avec une interface graphique de faire des echaînements qui valent vraiment la peine. Cela dit, j'espère que je me trompe...
  • Une vraie bonne surprise par contre, avec Spotlight, avec une recherche à la Find as you type (de Firefox, Thunderbird ou de iTunes) au niveau du disque dur local. En tapant le début d'un mot ou d'une expression, le système fait une recherche sur le contenu des fichiers, leurs metadonnées (date de création, copyright, résolution d'image...) et le systeme de fichier (nom du fichier, par exemple). Il y a aussi une intégration avec les applications livrées avec l'OS, comme le carnet d'adresse ou la messagerie. Ca semble très rapide, et l'interface est novatrice (surtout au niveau d'applications comme les préférences systeme). Il est aussi possible de faire des pseudos dossiers, qui sont en fait des recherches que l'on aura enregistré à l'avance. Vraiment très chouette. Comme le disait Phil machin-truc (qui remplaçait Steve Jobs, en convalescence), c'est plus facile de trouver un truc sur le Web avec Google qu'un document sur mon disque dur. Si Spotlight tient ses promesses, ça ne sera plus le cas...

Après de telles démonstrations, on crève d'envie d'acheter un Mac, juste pour le plaisir des yeux et celui de posseder un bel objet, fut-il logiciel. C'est alors que Phil nous fait le coup du One more thing, phrase clé connue des afficionados, qui annonce le meilleur, gardé pour la fin. Et c'est là qu'il dévoile le nouvel iMac G5, une machine sans unité centrale (tout est caché dans l'écran), disponible en 17 et 19 20 pouces, à partir de 1399 EUR. Le design est une grande nouveauté (pour Apple, mais il me semble que Sony avait déjà commis cela). Blanc devant, aluminium derrière, le même pied que les nouveaux écrans plats, c'est très sobre, mais finalement (et cela n'engage que moi), plutôt décevant. J'espérais un écrin matériel à la hauteur du futur Tiger, et ce n'est qu'une jolie machine, qui n'a pas le whoa factor du précédent. Bah, les coups (au porte-monnaie) et les douleurs (suite aux agios), ça ne se discute pas...

Pour nous remettre de nos émotions, on se fait une petite entrecote frite au Relais de Venise, tout proche, et direction la Porte de Versailles pour une visite du salon lui-même.

Coté fréquentation, les gens d'Apple doivent faire des bons de joie : les allées sont bondées, beaucoup de logiciels pour dentistes (il faut bien que les gens qui vendent les plombages dix fois le prix de l'or dépensent leur argent !), de logiciels musicaux et d'imprimantes. Des stands Bose et JBL assez énormes, présentant des tas d'enceintes pour mac et iPod; et même un stand Microsoft. Pas mal de vente sur certains stands, dont celui de la FNAC digitale (messieurs de la FNAC, notez que 45 minutes de queue pour acheter un iPod, même Mini, c'est trop long). J'en profite pour aller faire un tour du coté des conférences, histoire de voir si j'aurais l'occasion de refaire le coup du scoop de l'année dernière. Bah non, rien d'intéressant. Je rentre taper ce compte rendu sur mon Centrino pas cher, qui tourne sous Windows. Pour une migration sur Mac, on verra ça quand j'aurais touché le loto !

Mozilla et l'accessibilité

Voilà deux sujets qui me tiennent à coeur. Aussi, quand j'ai eu l'occasion de déjeuner la semaine dernière avec Aaron, le responsable Accessibilité du projet Mozilla, je ne me suis pas fait prier (les mauvaises langues diront que c'est surtout à cause du restau qui proposait pates et carpaccio à volonté, et je dois avouer que ce n'est pas totalement faux).

Longue discussion avec Aaron, donc, qui m'annonce les nouveautés sur le sujet qui nous intéresse tous deux. La première bonne nouvelle, c'est qu'Aaron est payé par IBM pour travailler sur le sujet à plein temps ! La seconde bonne nouvelle, c'est les progrès de l'accessibilité de Mozilla 1.x sur plate-forme Windows, au point que l'on recherche des beta-testeurs des logiciels de Windows Eyes et Zoom Text (anglais obligatoire). Dans cette même page, Aaron fait aussi le point sur les autres solutions d'accessibilité et leur compatibilité avec Mozilla.

Bon, pendant qu'on parle d'accessibilité, il faut citer une nouvelle jurisprudence aux USA, où deux site ont été condamnés pour n'avoir pas été accessibles. Coût : 77.500 dollars d'amende, en plus de la mise en conformité des deux sites. A quand la même chose en Europe ?

lundi 30 août 2004

Open-Source, le film !

Alors là, j'hésite sur le titre à donner au dernier délire de Sam... Bon, je vous en propose deux :

HTML Overlay

Daniel et Laurent sortent HTML Overlay. Je suis très partagé par le sujet.

  • C'est un hack très impressionnant, élégant, qui semble résoudre un problème récurrent du Web, à savoir insérer du contenu dans un framework (entête-pied de page).
  • Ca ne fonctionne que dans IE/Win, Mozilla et Safari, et ça ne pourra jamais se dégrader gracefully dans d'autres navigateurs comme Opera ou IE/Mac, à moins de multiplier le browser sniffing.
  • Le gain en bande passante n'est finalement pas si important que cela, si l'on prend en compte le fait qu'on génère une requète supplémentaire vers le serveur, laquelle est très gourmande, sans compter le temps de réaction du dit serveur...
  • Ca ne passe pas au validateur. Ca pourrait être un détail, mais ça révèle juste que c'est un hack qui ne sera pas compatible avec d'éventuels navigateurs futurs.
  • Mise à jour: ça nécessite JavaScript, d'ou des problèmes d'accessibilité non négligeables.

Bref, ça n'est qu'un (joli) hack. (Sans rancunes, Daniel :-)

jeudi 26 août 2004

Statistiques : merci Clubic !

Suite à la polémique sur les parts de marché de Firefox et Mozilla, la sympathique équipe de Clubic.com vole à mon secours et m'autorise à publier les chiffres de parts de marché qu'ils m'ont communiqué :

  1. IE 6 : 72,93%
  2. Mozilla et assimilés : 19,26%
  3. IE 5.5 : 2,87%
  4. IE 5.0 : 1,69%

Ces informations ont été mesurées entre le 1er et le 24 Août 2004.

Je tiens à remercier ici Jerry Nieuviarts, responsable du site Clubic.com, pour cette information et sa transparence. (J'ai contacté Jerry par téléphone et par mail pour être sur que je n'avais pas à faire à un p'tit rigolo).

Notons que Clubic est l'un des plus gros sites français en terme d'audience, comme le démontre ce communiqué de Médiamétrie.

Au delà de ces chiffres bruts, je voudrais couper court à toutes les spéculations sur le sujet. Je suis persuadé que les parts de marchés de Mozilla & co sont bien moindres sur des sites plus orientés vers le grand public. Mon avis, c'est que Mozilla et Firefox sont largement utilisés par les informaticiens et amateurs d'informatique. Ces derniers sont de grands prescripteurs, et vont (je l'espère) faire monter les parts de marché des navigateurs alternatifs, Firefox en tête. Pourquoi ? Parce que Firefox ça marche très bien, c'est rapide à télécharger (encore plus rapide à installer si on a une clé USB). Et ça sera encore mieux quand la version 1.0 FR sera sortie !

mercredi 25 août 2004

Vite fait

Comprendre le FUD par la pratique

On peut faire dire n'importe quoi aux chiffres, dit-on, et c'est vrai. Quant aux chiffres dans la pub, c'est encore pire ! Je vous ai déjà parlé de la campagne Microsoft Faites vous une idée sur Windows et Linux (appelée Get the Facts chez les anglo-saxons). On a pu voir sur tous les sites d'informatique une publicité faisant partie de cette campagne. Voici ce qui était affiché :

graphe démontrant que Linux sur mainframe est 10 fois plus coûteux que Windows sur PC

On voit sur le graphe que Linux est dix fois plus cher que Windows. Enfin, soyons exacts, on voit que Linux sur Mainframe est dix fois plus cher que Windows sur un PC. Comme le dit Tim Bray lui-même, ils découvrent que les PC sont moins chers (que les mainframes). Sans blague ?. Il faut bien comprendre que les mainframes sont (étaient) produits en toute petite quantité, avec une architecture datant des années 60, alors que les PC sont produits en quantités énormes, donc reviennent infiniment moins cher, compte tenu des économies d'échelles. En voyant la pub, j'ai à peine eu un haussement d'épaule. Il faut dire que je suis habitué, depuis des années, à ce genre de pratiques. A la longue, ça ne me fait plus rien. Même la mention étude réalisée avec l'aide du META group (société censée apporter une crédibilité à l'étude) m'a laissé de marbre. J'imagine le dialogue : Monsieur META, vous pouvez verifier qu'un mainframe avec Linux coûte plus cher à performances égales qu'un gros PC avec Windows, moyennant finance ?. bah tiens, m'sieur Billou, fais pêter la thune, mon gars, elle est bonne ton équation à deux balles ! Puis monsieur Meta prend le (gros) chèque, forcément (et il aurait tort de se priver).

Mais pourquoi suis-je en train de vous parler de cela, puisque ces pratiques sont courantes ? Tout simplement parce que l'ami Tim Bray (grâce lui soit rendue !), nous annonce que l'Advertising Standards Authority (l'organisme anglais en charge de l'éthique publicitaire, si un tel concept existe) vient de condamner Microsoft pour publicité mensongère. Evidemment, l'info passe beaucoup plus inaperçue que les millions d'impressions de pub qui ont prétenduement "informé" les lecteurs. Voilà pourquoi cette information passe sur le StandBlog. Je comprends bien que c'est dérisoire d'essayer de rétablir la vérité face à aux centaines de millions d'euros du monopole de Redmond, mais si je ne le fais pas, qui le fera ?

Features, deadline, quality: choose two

I am talking about Firefox, and everything is in the title. We all want Firefox to be a great product (and it's already the case). But we want it to be shipping very soon, and we want its users to perceive its quality. Some features are too buggy to be fixed before the deadline. So what can we do?

  • Delay the release? Already done, and we don't want to do it again;
  • Leave the features as is, rough on the edges? That would be working against the quality perception;
  • Hide the features that are not perfect. I bet that people using these to-be-hidden features will complain loudly. Wait, what's that background noise?

Asa said, "Removing features after the PR could have negative PR impact around 1.0.". He was almost right. We are actually around 1.0, as millions people already use the product. And the bad news is that these users are as vocal (and fanatic) as Apple users (which means a lot for those of you who live under a rock)...

Among the features that are (or were) announced as removed for 1.0, we find:

  • Offline mode. (See bug 255654). In Europe, where more people are connected using a modem, this is probably a worse decision than in the US. In this case, I'd rather have a less-than-perfect-feature than nothing at all.
  • StyleSwitcher. I love this feature, but IMHO, nobody really uses it. Not that many sites have style alternate style sheets, and almost all of them have a form with a cookie to make it sticky. But this feature is kinda cool to show the efficiency of CSS. My advice: I don't have any, really. Ok, if you insist: leave it this way.
  • JS Console: I almost never use it. We can remove it from the menus as soon as a keyboard shortcut can be used to launch it.
  • View Source: I use it very often. The whole Web is immensely benefited from it. We should keep it. In the worst case, a keyboard shortcut would be enough.

Behind these limited list of features, there is another issue, which is actually the real thing that people want to discuss, sometimes without knowing it. It is the way the project is managed.

There is a lot of pressure on Ben's shoulders, as 1.0 approaches. So Ben and friends have many decisions to make. And these need to be made very quickly. This means that there is no material time to discuss this with the community. Then the community gets upset. I understand that, but I also understands Ben's position. Reaching consensus takes time, and for now, there is no time left. Maybe not all decisions made by Ben are perfect (heh, he's a human being after all!) but at least they are made, and the project moves on. The release is just around the corner, and it's not the right moment to discuss and hold meetings, and create commissions and sub-commissions and working groups and taks forces and stuff. It's time to deliver, and Ben has shown that his decisions are good most of the time. You know what they say: "A camel is a horse designed by a committee".

When 1.0 will be released, I certainly hope that we can reconsider how the community can work and communicate better with the Firefox team. For now, we have a killer browser to ship. Let's all support this effort rather than fight or discuss endlessly. The last time we did a browser with tons of buggy features and many decision makers, it was Netscape 6.0. And I am not sure we want to do that again.

En vrac

mardi 24 août 2004

En lisant la presse

  • L'Internaute (émanation du Benchmark Group) propose un dossier sur les logiciels préférés de la rédaction. Dans la section Internet, on trouve Thunderbird et Firefox. Cool.
  • Multi-Hardware.com vient de publier un comparatif des différents navigateurs, assorti d'un tableau récapitulatif. Conclusion : Mozilla 1.7 est premier, Netscape 7.2 est 2eme et Firefox 3eme ! Comme pour tout comparatif, on pourra discuter sans fin des modalités de test. En particulier, les fonctionnalités entrent grandement dans le décomptage des points. Cela désavantage Firefox dans la mesure où ce qui fait en partie sa force, c'est sa simplicité d'un coté, et sa modularité de l'autre. A l'inverse, Mozilla plaira aux utilisateurs avancés par sa multiplicité d'options, ce qui peut s'avèrer déconcertant pour le débutant. Bref, pour un navigateur, c'est à chacun de voir en fonction de ses besoins. Une chose est sûre, le support des standards est bien plus important qu'il n'y parait (d'où l'initiative du WaSP) pour permettre une véritable évolution du Web, dans l'intérêt de tous ses utilisateurs. De ce point de vue-là, Safari et Opera (pourtant propriétaires), ont pour eux de beaux atouts à faire valoir.

Caught between the lawyers and the community

Well, I know the title of this post really sucks, but I can't do anything about it: everytime I think about the localization and trademark issues, this old Rolling Stone song takes over my mind and I end up whistling "Between a rock... and a hard place! Between a rock... and a hard place" until I go to bed. Let's see why this happens:

A few weeks ago, Peterv and I had a long discussion with Mitchell Baker (head of Mozilla Foundation) regarding localization and trademarks. I am now convinced that Firefox has to be a trademark. IANAL, but I do get that if we don't have that trademark and protect it accordingly, we will lose it and may see terrible things happen to our browser, such as someone naming their Web browser "Firefox Browser" even though it has nothing to do with the Mozilla technology. But protecting our Firefox trademark means not allowing everybody to use it freely.

On the other hand, we at Mozilla Europe know that localization teams are very important to our success outside the US. These teams were not always happy recently, because of changes in the way that product localization is done. (Some very significant progress has been made since then). Preventing localizers from using the Firefox trademark to identify their official builds would be unacceptable. So we (Mozilla Europe and Mozilla Foundation) stand there, caught between what the international community wants, and what the trademark lawyers want because the legal system imposes it. These guys are used to deal with corporations, paid licenses and stuff. It's about not trusting anyone until you have a written contract and see the money coming in, following a license agreement. But Mozilla Europe and Mozilla Foundation are non-profit entities and we live in the open-source/Free sofware world. In our world, it's about sharing, contributing, giving away, trusting other people you've never met and work with them... These two worlds share a common border, and this is what we discussed with Mitchell. So Mitchell, instead of imposing the lawyers' point of view on us (because we tend to represent the localization teams), started discussing and listening, and is already fighting the "lawyers bad habits" that tend not to trust anyone and lock down everything they can. Mitchell has posted a blog entry on this very topic. She will probably not blame the lawyers, having herself a lawyer background, but she uses her energy to find the best solution for the trademark and the community.

The results of this fight are now partly visible in the new version of the localization trademark policy draft, posted a few hours ago. I hope our joint effort has resulted in an acceptable result for the community. I also hope that from now on, every time I think about this whole story, I'll end up singing Come together. Yeah, I know, it's The Beatles this time.

Citation du jour

Devinez qui a dit cela ?

Je suis très inquiet pour la planète (...) personne ne peut se sentir à l'aise à la perspective de continuer de rejeter (dans l'atmosphère) autant de dioxyde de carbone que nous le faisons actuellement.

Bon, vous donnez votre langue au chat, forcément : il s'agit du patron de la société pétrolière Shell, dans un article de la BBC.

Réponse d'une association écolo : Nous somme ravis de voir que Shell semble réaliser la grande menace que représente le changement de climat au niveau global. Mais tant que leur métier sera celui des énérgies fossiles, Shell continuera d'être une grande partie du problème. Je n'aurais pas dit mieux !

Pour ceux qui s'intéressent au problème et qui lisent l'anglais, je vous recommande une petite animation plutot bien faite sur le site de la BBC, qui explique les différents aspects des gaz à effet de serre.

lundi 23 août 2004

Naviguer joyeusement

Browse Happy : un site pour promouvoir les navigateurs alternatifs (et respectant les standards). Joli et bien fait, le site est proposé par le Web Standards Project et regroupe des témoignages d'utilisateurs sur les raisons qui les ont poussé à utiliser autre chose qu'Internet Explorer. Ergonomie, innovation, sécurité, extensions : tous les aspects sont listés. Notons que le site parle aussi bien de Firefox que d'Opera ou de Safari.

Brevets logiciels : voici venu le temps des cartes postaaaaales

On se demandait récemment quoi faire contre les brevets logiciels et les dangers qu'ils représentent. Voilà une idée toute simple trouvée sur LinuxFR : envoyer une carte postale à votre député. C'est tout simple, ça fait toujours plaisir, et ça finira bien par rendre service à la communauté du Libre. Alors, n'hésitez pas !

Et si vous hésitez encore sur le sujet, voici deux citations qui permettent de mieux comprendre les enjeux :

Extrait de Business Week :

Les violations potentielles de brevets (propriété de Microsoft) ne sont pas une menace immédiate pour Linux. De tels procès prennent généralement des années pour arriver à terme, et les tribunaux statuent rarement contre ceux qui sont censés enfreindre ces brevets. Mais l'incertitude a un coût. L'une des réactions les plus significative à ce jour est celle de la ville de Munich en Allemagne, qui a suspendu une migration massive des ordinateurs personnels de Windows vers Linux, en attendant la clarification de la situation quant aux brevets logiciels.

(Note : ça n'est pas tout à fait vrai. La ville de Munich fait pression sur le gouvernement allemand pour lever le danger des brevets logiciels)

Citation de Linus Tovarlds, dans GrokLaw :

Les brevets logiciels me péoccupent. Je m'inquiète de certaines entreprises avides, certaines étant en situation d'échec, qui font des problèmes et qui tentent d'abuser du système. Les brevets logiciels, en particulier, suscitent ces abus. Tout le système encourage les grandes entreprises à déposer des milliers et des milliers de brevets. Les individus n'en obtiennent presque jamais.

Bon, je vais acheter une carte postale de ce pas. Ca me changera du mail ou des formulaires Web !

Rosir de plaisir tout en résolvant des problèmes

Lors de l'annonce de Mozilla Japan sur son blog, Mitchell Baker a pris le temps de nous encenser, Peterv et moi-même, pour le travail réalisé. Permettez-moi de bomber le torse un petit moment...

Mozilla Europe et Mozilla Japan ont vu le jour parce que Tristan et Peter en Europe, ainsi que le comité de direction au Japon (...) étaient déterminer à faire avancer les choses. En fait, Tristan et Peter ont approché très tôt la Foundation avec leur projet. C'était une période démente et trouver un moyen de faire un programme d'affiliation n'était pas une priorité. C'en est devenu une parce que Peter et Tristan ont poussé dans ce sens-là, parce que leur détermination à donner au projet Mozilla une présence européenne était inarrêtable.

C'est une gentille façon de faire comprendre au monde que Peterv et moi-même sommes de grands casse-c... ! Dans la mesure où c'était pour une bonne cause, je ne regrette pas cette attitude.

Dans son article suivant, Mitchell récidive sur le même thème, faisant cette fois allusion à une longue discussion sur la localisation. Il faut dire que pour Mozilla Europe, la localisation des logiciels est une chose très importante, au point que c'est l'une de nos principales préoccupations, avec la localisation du site et des forums et autres services. Il reste un problème d'envergure pour la localisation, c'est celui de la protection de la marque. C'est un problème qu'à peu près tout le monde voudrait voir disparaître, mais qu'on ne peut pas ignorer pour autant. Je cite Mitchell :

La Mozilla Foundation pense qu'il est important que les noms de produits comme Firefox soient protégés en tant que Trademarks. Si cela n'est pas fait, alors ces noms peuvent être utilisés par des projets et des entreprises qui font des choses très différentes. Par exemples, nous serions très mécontents de voir un plug-in pour navigateur qui porterait le nom Firefox, mais qui ne serait pas lié au projet Mozilla. Nous ne voulons pas voir des navigateurs basés sur d'autres technologies et qui porteraient le nom Firefox. Un navigateur qui n'aurait pas XUL, par exemple, n'est pas Firefox et nous ne voulons pas en voir un apparaître qui s'appellerait ainsi. Cela provoquerait une immense confusion.

Et comment !

Aussi, il est important que Firefox soit une marque déposée. Cela n'est pas quelque chose que j'annonce le coeur léger, car avec une marque déposée, cela signifie qu'il faut faire un certain nombre de choses pour que la marque soit viable. Une marque est utilisée pour idéentifier la source d'origine de l'objet portant la marque et indiquer sa qualité. Si la marque est utilisée de façons qui ne reflêtent pas la source d'origine et son niveau de qualité, alors la marque est affaiblie. Si elle est suffisament affaiblie, elle peut être entièrement perdue. C'est ce qu'il s'est passé pour d'ex-marques comme Elevator, qui a commencé comme marque déposée pour finir en tant que nom commun par manque de contrainte sur son utilisation.

Bref, la Foundation est coincée entre le marteau et l'enclume. Il n'y a aucun doute, il faut que Firefox soit une Trademark. Mais cela impose certaines contraintes, qui ne sont pas toujours bien comprises par la communauté qui, bien souvent, et comme votre serviteur, aimerait pouvoir utiliser la marque sans limitations, d'autant que nous contribuons au logiciel ou à sa promotion. Peter et moi avons très longuement abordé le sujet avec Mitchell et Bart, pour faire entendre les voix des contributeurs et localiseurs. Nous avons essayé de trouver les meilleures solutions pour à la fois satisfaire les demandes des contributeurs et ceux des avocats spécialisés dans le droit des marques. Ces derniers sont habitués aux entreprises qui travaillent avec d'autres entreprises, et qui licencient leurs marques via des contrats de licence passés entre des acteurs commerciaux. Par contre, dans le domaine du Libre, les choses sont bien plus complexes, et les ressources juridiques plus rares, et il n'est pas possible de vérifier que la marque Firefox (entre autres) est correctement utilisé par chacun dans toutes les langues possibles. Mitchell, sous notre impulsion, est retourné batailler contre les mauvaises habitudes des avocats afin qu'ils assouplissent leurs positions et que nous nous retrouvions dans le meilleur des mondes, à savoir une marque protégée et des contributeurs satisfaits. Aussi, nous devrions voir prochainement arriver une nouvelle Localization Trademark Policy qui devrait, je l''espere de tout coeur, être acceptée par tous.

samedi 21 août 2004

Comment le logiciel Libre vous aide à faire des économies

Imaginons un instant, cher lecteur, que je sois le Directeur Informatique d'une grosse structure, publique ou privée. Mon Directeur Général et mon Directeur Financier me mettent la pression pour que l'outil informatique soit plus rentable ou moins coûteux, et s'apprêtent à réduire mon budget en conséquence. Je me retrouve dans la position classique où je dois faire plus avec moins. Heureusement, le logiciel Libre est là, me dis-je ! Je commence donc à me documenter sur le sujet, et même à lancer une étude sur les coûts de migration et les risques technologiques, auprès d'un grand intégrateur. Mes projets finissent fatalement par se savoir, les enjeux autour du Libre étant largement médiatisés. Si ça n'est pas le cas, je peux de toutes façons organiser une telle fuite.

Et là, je peux mettre mes pieds sur mon bureau, penché en arrière sur mon fauteuil en cuir, les mains derrière la tête, et rester là à regarder le microcosme informatique s'agiter suite à la publication de l'information. Je peux aussi garder le téléphone à portée de main : il ne devrait pas tarder à sonner, avec, à l'autre bout du fil, un interlocuteur haut placé chez mon principal fournisseur de logiciels. L'objectif de ce dernier : me faire changer d'avis quant au Libre. Là, il faut bien l'avouer, la partie va se corser, et il me faudra des nerfs d'acier. Voilà les différentes phases par lesquelle va passer ma relation avec ce grand fournisseur :

  1. Le FUD. Mon interlocuteur va me faire comprendre qu'à choisir le Libre, je vais risquer mon poste, pour avoir mis mon entreprise dans de sales draps. Je vais entendre les arguments classiques de la campagne Get the facts, et quantité d'autres, bien plus flous, comme des allusions pas toujours fines aux différents procès de SCO aux utilisateurs finaux. Pour vous, cher lecteur, qui vous demandez ce qu'on peut entendre comme arguments de type FUD, lisez-donc le discours de Rob Enderle lors de la dernière conférence SCO, c'est édifiant (cardiaques et femmes enceintes s'abstenir, les autres, pensez à prendre l'antidote).
  2. Les menaces, pas toujours voilées. Il est improbable que j'arrive à me débarrasser totalement de l'emprise de ce fournisseur, ne serais-ce que sur le poste client. Aussi, on pourra me faire comprendre à demi-mot que je risque un arrêt brutal des remises commerciales qui m'étaient jusqu'alors attribuées, d'où l'augmentation de mon budget bureautique. A moins, bien sûr, que je ne revienne à des pratiques plus raisonnables et décide de ne pas migrer vers du logiciel Libre.
  3. Les arguments budgétaires contre le Libre portant sur les coûts cachés induits par la migration des applications, les tests à mener, la formation des utilisateurs etc. Ces arguments me seront donnés par une entreprise prétendûment indépendante, mais commissionnée par mon fournisseur.
  4. Les arguments sécuritaires, tendant à démontrer que dans l'environnement propriétaire de mon fournisseur, les problèmes de sécurité sont bien moindres que dans le monde du Libre.
  5. Les arguments budgétaires en faveur de mon fournisseur. Pour peu que je laisse la porte entr'ouverte vers de nouvelles négociations, et après avoir fait mariner mon fournisseur (si possible en faisant de nouvelles annonces pro-Libre), il reviendra vers moi avec des conditions commerciales à faire pâlir de jalousie n'importe quel marchand de tapis. Si je mène bien ma barque, en échange d'un contrat de longue durée m'engageant à ne pas utiliser de solutions adverses, je peux obtenir des remises hallucinantes, dépassant les 90%. Ah, évidemment, pour en arriver-là, je vais peut-être devoir accepter qu'ils fassent une étude de cas marketing me citant, laquelle expliquera pourquoi je choisirais le modèle propriétaire plutôt que le Libre, bien plus coûteux pour moi. (90% de remise, ça peut paraître énorme, mais il faut voir que le fournisseur doit choisir entre toucher 10% du prix tarif ou rien du tout, sans compter que cela crée un précédent qui pourrait s'avêrer facheux car exploité par les partisans du Libre).

C'est exactement ce qui vient de se passer avec la ville de Newham, dans la banlieue de Londres. Une première étude, réalisée à la demande de la ville, montrait la supériorité du libre sur une solution made in Redmond. Par la suite, une nouvelle étude, réalisée par Cap Gemini et financée par Microsoft, "démontrait" que la solution propriétaire était plus sécurisée et moins coûteuse que celle sur base de logiciels Libres. Newham s'est donc tourné vers Microsoft, a signé un accord d'une durée de 10 ans (après des négociations au plus haut niveau) et a même fait une conférence de presse pour remercier son fournisseur. Merci qui ? Merci le logiciel Libre !

Lors de la conférence de presse, les journalistes présents (pas toujours des rigolos, il faut bien le dire), n'ont pas pu s'empêcher d'éclater de rire quand les arguments financiers et sécuritaires ont été avancés. Il faut dire que là, c'était vraiment un peu gros.

Un certain nombre de grands entités ont annoncé (directement ou via des fuites) leur volonté de passer au Libre. La ville de Munich, l'administration française, la ville de Vienne, la ville de Paris, et quantité d'autres que je ne peux pas lister ici. Mais au fond, combien ont sincèrement la volonté de faire le choix du Libre ? A l'inverse, combien se servent du Libre pour rétablir une simili situation de concurrence, disparue avec le monopole de Redmond ?

A mon sens, l'adoption du Libre, c'est comme le sexe chez les adolescents : ce sont ceux qui en parlent le moins qui le font le plus. Je sais de quoi je parle, je tape ce texte sous Windows ! ;-)

jeudi 19 août 2004

Petit quizz estival

Au cours de mes lectures estivales, je viens de tomber sur ceci :

Des tempêtes, des inondations, des sécheresses et autres conditions météo extrèmes plus fréquentes et plus coûteuses. Plus d'humidité en Europe du nord, un temps plus sec au sud, qui pourrait menacer l'agricultures dans certaines régions. Des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. Des glaciers qui fondent, au point que les trois quarts d'entre eux auront probablement disparu des Alpes suisses d'ici 2050. Ceci n'est qu'une partie des changements climatiques que l'on observe déjà en Europe ou qui sont prévus dans les prochaines décénnies alors que la température augmente, d'après un nouveau rapport de l'EEA..

Faisons un petit quizz pour distraire le lecteur.

Question : Ou ai-je lu ceci ?

  1. Dans un mauvais roman de science fiction ?
  2. Sur le site d'un fanatique de la théorie du complot, dans le même genre que Thierry Meyssan et son livre sur le prétendu faux attentat contre le Pentagone ?
  3. Dans une brochure publicitaire pour un climatiseur ?

Réponse : rien de tout cela. J'ai trouvé ceci sur le site de la très sérieuse Agence Européenne de l'Environnement, qui dépend de l'Union Européenne... Cette dernière vient de publier un rapport alarmant sur les évolutions du climat en Europe, et Libération en a fait un article

Extrait de l'article du quotidien :

On savait déjà que la température mondiale ne cesse d'augmenter. Selon le groupe d'experts de l'ONU pour le climat, celle-ci devrait grimper de 1,4 à 5,8 °C d'ici à la fin du siècle. Mais ce qui est nouveau, c'est que ce réchauffement devrait être bien pire en Europe (+2 à +6,3 °C). Au cours des cent dernières années déjà, le Vieux Continent s'est réchauffé plus vite (+0,95 °C) que le reste du monde (+0,7 °C), notamment les pays du Sud tels l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Ce ne serait qu'un début. Vers 2080, en Europe, les hivers rigoureux pourraient presque totalement disparaître, tandis que les étés torrides, les sécheresses et les incidents dus à de fortes pluies ou grêles pourraient devenir beaucoup plus fréquents, affirme le rapport de l'AEE.

Il convient donc, dès maintenant (c'est ce qu'affirme la responsable du rapport), de faire évoluer grandement nos habitudes de vie. Je ne suis pas un spécialiste de l'écologie ni de l'économie, mais je me demande comment notre société de consommation et notre économie, qui reposent toutes deux sur la notion de croissance de la consommation, peuvent être compatible avec ces impératifs de changement... Vous avez une idée ? Dans l'hebdo Management du mois d'août (si ma mémoire est bonne), le problème était posé, et les secteurs les plus touchés étaient l'agriculture et le tourisme, en plus des assurances. Autant j'imagine bien les assureurs augmenter leurs primes pour couvrir des risques plus fréquents, de même que certaines régions agricoles feront évoluer leurs cultures, autant je ne vois pas bien comment les gens auront envie de passer leurs vacances dans un désert...

Mozilla : des nouvelles du front

  • Mozilla Japan est né ! Voilà une bonne nouvelle, celle de la naissance du deuxième affilié international de la Mozilla Foundation ! (Le premier étant Mozilla Europe). Pour nous, c'est la confirmation de l'intérêt des affiliés, modèle que nous avons longuement travaillé avec Mozilla Foundation avant de créer Mozilla Europe. C'est aussi un plaisir de voir que ce travail préparatoire est réutilisé dans d'autres régions du globe. Toutes mes félicitations à Mozilla Japan, donc, et désolé pour la minute d'auto-satisfaction...
  • Netscape 7.2 est sorti et propose plein de nouvelles choses. On pourrait croire que c'est uen mauvaise chose pour Mozilla, mais je pense que les utilisateurs recherchent la diversité. Par ailleurs, Firefox est très différent de Netscape 7.2, avec son approche "navigateur-seul", sans compter que certains ne vont jurer que par la marque Netscape et d'autre préfèreront une approche strictement open source sous licence GPL. (Voir aussi Blogzinet.)

Pompage d'Août

Les pompeurs ne relâchent jamais leur effort, même au plus fort de la canicule (quoique, avec les hallebardes qu'on prend sur la tête en ce moment, j'ai du mal à parler de canicule). Pouf, pouf, je recommence : même sous les averses d'Aout, l'excellent pompage.net sort deux nouveaux articles :

  • Séparer le comportement de la structure, ou comment utiliser JavaScript sans pour autant truffer votre balisage de fonctions inutiles. Une approche sensée du JavaScript, très raffraîchissante, après les pires années du DHTML.
  • L'impression à votre façon, ou l'utilisation des feuilles de styles personnelles pour l'impression. Pour geeks uniquement

lundi 16 août 2004

Droit de réponse

Voilà qui est intéressant. Dans mon dernier billet à propos de statistiques, j'écrivais Hardware.fr (...) vient de publier les siennes. IE : 67,4% ; Mozilla : 25,2%. Et comme l'ajoute le webmestre : "Ca fait réfléchir sur l'évolution des choses, il y a moins d'un an, IE avait 10% de plus que là..."..

La personne en question, qui se cache derrière son pseudo (Sly Angel), affirme Je ne suis pas webmestre de HardWare.fr même si j'administre ses serveurs. Autant pour moi. Je corrige mon billet et remplace webmestre par administrateur. Mais voyons plutôt son commentaire :

J'aimerais mettre certaines choses au point : Ce n'est pas une annonce officielle de HardWare.fr et ce n'est qu'un message donnant un ordre d'idée dans un contexte sur les pourcentages des navigateurs sur une journée sur le forum uniquement. Je ne suis pas webmestre de HardWare.fr même si j'administre ses serveurs. J'apprécierais donc qu'un blog ne reprenne pas ceci en l'annonçant comme une publication. Je pense être une personne assez ouverte qui ne se refuse pas à donner certaines informations aux gens que ça intéresse quand celà n'est pas gênant, si celà doit conduire à des pseudos news annonçant une publication du dit site pour attirer des lecteurs, c'est bien malheureux. J'espère que vous tiendrez compte de ma remarque et éviterez d'inventer des choses en utilisant des mots officiels pour ce qui ne reste qu'un simple message sur un forum.

Bon bon bon... Reprenons depuis le début. Les statistiques (d'une seule journée) sont publiés (dans le cadre d'un message sur le forum). J'utilise bien le terme publié, car je n'en trouve pas d'autre. Ca n'est pas une annonce ni un communiqué de presse, mais bien la publication d'une information. Je comprend bien que cela n'a pas de caractère officiel. Je n'ai d'ailleurs pas écrit que ça l'était. Allez, dans mon immense bonté, je vais modifier le billet plus encore, et indiquer que cela a été publié dans un message du forum. Mais que les choses soient claires, je n'ai pas "inventé des choses en utilisant des mots officiels pour ce qui ne reste qu'un simple message sur un forum". Ca n'est pas la forme qui m'intéresse, c'est l'info, et sa véracité ! Enfin, quand on publie une information sur le Web, il faut s'attendre à ce qu'elle soit reprise, surtout quand elle est intéressante...

Mise à jour : la copie d'écran des statistiques a disparu du post de l'administrateur. Face aux accusations de non vérification de l'information, je me dois de rappeler les choses suivantes :

  • Ceci est un blog, pas un journal. Il n'y a pas de comité de rédaction, pas de relecture, mais il y a effectivement une volonté éthique (quoi qu'on en dise), même si, comme pour toute publication (y compris les plus sérieuses), les opinions de l'auteur ont une influence sur le contenu et la façon de présenter les choses. Il n'en reste pas moins que j'ai apprécié la transparence de Hardware.FR sur les chiffres, et que j'ai publié un droit de réponse qui donne plus de visibilité au point de vue de Frédéric Dhieux.
  • L'information a été vérifiée, quoi qu'on en dise. Elle m'a été donnée par un lecteur et ami, dans lequel j'ai toute confiance, et qui ne souhaite pas être cité ici. Cette personne lit et connait les acteurs de HFR. J'ai par ailleurs vérifié, par acquis de conscience, et comme je le fais toujours, la source de l'information. "Sly Angel" est bien listé comme modérateur du forum en question et comme "Super Administrateur" sur la page d'accueil. Comme toujours, je mets des liens vers l'information (en l'occurence le post sur le forum) pour que le lecteur puisse vérifier lui-même.
  • Je ne fais pas la course à l'audience, mais je fais bien la course à l'info. Un certain nombre d'infos passent inaperçues dans ce monde car bien souvent les grands acteurs n'ont pas intérêt à ce que cela se sache. Je sais de quoi je parle, j'ai été responsable des relations presse pendant des années. Le rôle de ce blog, c'est aussi de parler de choses qui sont importantes à mon avis, et qui vont intéresser (ou pas) mes lecteurs. Dans bien des cas, quand une info m'intéresse et qu'elle peut me re-servir par la suite, je la publie, pour pouvoir la retrouver. C'est ça aussi un blog, un genre de bloc-note électronique, avec possibilité de chercher rapidement du contenu via un moteur de recherche.
  • Si Fredéric Dhieux a mal pris mon article, j'en suis vraiment désolé. Une personne de confiance me donne une info qui m'apparaît importante (forte part de marché de Mozilla sur un gros forum pour fanas d'informatique). Je vérifie l'info autant que possible et je la publie, avec les liens ad-hoc pour que le lecteur puisse vérifier par lui-même. Je ne vois rien de condamnable en tant que tel. Attaqué pour cet article, je pousse ma démarche jusqu'à faire un droit de réponse. Entre temps, l'auteur du post a retiré l'info (en remplaçant la copie d'écran par une illustration Manga). L'information aurait-elle du être tenu secrête ? (Ce qui pourrait expliquer tout ce ramdam, tout à fait inutile à mon sens.)

samedi 14 août 2004

Parts de marché de Mozilla (encore)

J'ai déjà mentionné le fait que l'informaticien (ou un passionné d'informatique) est un prescripteur. Autrement dit, s'il trouve un bon produit facile à utiliser (y compris pour sa vieille tante), il va le recommander à son entourage. C'est pour cette raison que PAF la clé USB est importante.

Mais peut-on prouver que Firefox (et son grand frère Mozilla) est adopté par les grands utilisateurs d'informatique ? Les statistiques sont là pour ça.

mise à jour : j'ai réécris la phrase pour limiter la polémique :

Frédéric Dhieux, l'un des "super-administrateurs" bénévole des forums de Hardware.fr, connu sous le pseudonyme de Sly Angel, a publié dans le forum OS Alternatifs un message qui incluait une copie d'écran des statistiques du forum. Ces statistiques, comme toujours, sont à prendre avec des pincettes, dans la mesure où elles ne portent que sur une seule journée. Il n'en reste pas moins qu'elles indiquent une forte proportion de navigateurs basés sur Mozilla : IE : 67,4% ; Mozilla : 25,2%. La personne en question ajoutait : Ca fait réfléchir sur l'évolution des choses, il y a moins d'un an, IE avait 10% de plus que là.... Notons que les forums Hardware.fr sont, si l'on en croit les infos de big-boards.com, le plus gros forum francophone au monde recensé par ce service. Notons aussi que le super-administrateur insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une communication officielle de Hardware.fr et a supprimé la copie d'écran.

Ancienne version de la phrase incriminée : Il se trouve que Hardware.fr, premier forum francophone si l'on en croit les infos de big-boards.com, vient de publier ses statistiques (dans le cadre d'un message sur le forum). IE : 67,4% ; Mozilla : 25,2%. Et comme l'ajoute le webmestre des serveurs, Sly Angel : Ca fait réfléchir sur l'évolution des choses, il y a moins d'un an, IE avait 10% de plus que là....

Note ce billet a été édité suite à un droit de réponse...

vendredi 13 août 2004

En vrac

  • Gore et rigolo à la fois, une nouvelle feuille de style pour Jardin Zen CSS. On pourrait appeler ça un design qui déchire ! (Source : Olivier) ;
  • Paris et les logiciels Libres : pression des politiques ;
  • Le nouveau troll à la mode : Firefox moins sécurisé qu'Internet Explorer ?. Quand on réussit à passer outre le titre digne d'Ici Paris, on lit l'article de Clubic, qui a le mérite de démontrer que les problemes de sécurité d'IE sont plus graves que ceux de Firefox, et que le temps de mise à jour est largement favorable au logiciel Libre. De plus, il faut vraiment être à cours d'argument pour comparer un logiciel en version 0.9 avec son concurrent (en version 6) qui n'a pas évolué depuis 3 ans.
  • Le nouveau dossier fiscal sera accessible avec Mozilla et Firefox (et les autres navigateurs conformes aux standards). Bravo à Bercy, qui annonce aussi que coté serveur, ça sera open source !
  • Une encyclopédie pour Linux ! Mais comment ont-ils réussi à faire un logiciel multi-plate-formes MacOSX/Windows/Linux ? Grace à Mozilla, utilisé comme plate-forme applicative ! (merci à tous ceux qui m'ont signalé la news, dont LinuxFR.)
  • Le service Pack 2 de Windows XP est en train de sortir. Pesant 260Mo, il fonctionnera aussi sur la majorité des versions piratées. La décision a du être dure à prendre à Redmond : soit on punissait les vilains copieurs de logiciels, soit on laissait dans la nature des millions d'ordinateurs Windows vulnérables. Bravo pour cette décision qui me semble être la bonne. Et puis, il vaut sûrement mieux pour MS avoir un utilisateur pirate qu'un utilisateur qui migre vers Linux, non ? Et on apprend par Wired que pour les utilisateurs de modem, le téléchargement devrait prendre plusieurs jours : the download could take users with a dial-up connection a few days to get ;
  • Devant le boom de la photo numérique, Microsoft voudrait attaquer PhotoShop. Message subliminal : essayer GIMP 2.0, c'est l'adopter.

jeudi 12 août 2004

Mozilla contributors in Europe: Unite!

I was reading Mitchell's post about communities the other day, and I thought that really, building a community is an art. It's not only an art, it's something that make Free and Open Source Software very different (and in many cases, superior), to its proprietary counterpart. In Europe, speaking so many different languages makes building a big community more challenging than in other parts of the world. Mozilla Europe, as the official representative of Mozilla Foundation in Europe, has been founded in order to overcome these challenges.

This is why we have been working hard for almost a year in order to build the following:

  • Professional-looking, standards-compliant web site (in both content and design);
  • Reliable hosting (we now are about to move to our own, dedicated, big-iron server);
  • Multilingual content management system (now including automated updates for new releases and news backend);
  • Legal structure, recognized by Mozilla Foundation as the first international affiliate (needed for dealing appropriately with trademark issues);
  • Solid community (several thousand people have asked to become Mozilla Europe members, and our member management application is just about to be released to the public);
  • Efficient team, with various talented, long-time Mozilla developers, including good PR knowledge;
  • European Mozilla Developers Meeting in Brussels, last February.

Many people, in most European countries, want to promote Mozilla in their language. This is great news! This is why we want to share with them our experience and our infrastructure. I see many advantages to work together:

  • We will demonstrate our unity and our strength, showing how serious and organized we are. This means that we will have more impact when discussing with the press, enterprises and European governments;
  • The users will benefit from better, more reliable services;
  • Potential users will not be confused to have multiple places claiming to be "Mozilla Site" in their language;
  • Our energy will be spent on helping the users and the project, rather than recoding / rewriting / redesigning stuff;
  • Simplified trademark management for all of us (so that we avoid the trademark management nightmare);

So, what is needed in order to reach our goal?

  • A web site localization manager for each language, in charge of publishing localized content. He/she must be able to edit valid XHTML with a text editor;
  • A small number of translators/proofreaders to help with the person mentioned above (at least one proofreader per language);
  • A few people to manage / moderate the forums for Mozilla 1.x, Firefox, Thunderbird and Camino, and other various topics. Such people would know quite well the products and answer user questions;
  • A few people to manage and moderate user-support mailing lists, same profile as above.

In this list of profiles, I did not mention product localizers, on purpose. In fact, they should already be working with the Mozilla Localization Project (on which Mozilla Europe members work actively).

We also plan to launch forums in various languages so that users have a place to ask for community-based support. In the future, Mozilla Europe may want to offer to host other services (wiki-based FAQ, Mozilla-related blogs?), but it's too early to discuss this.

If you want to help Mozilla and Firefox in your country/language, please consider joining us. Together, we will make a much better job (and more impact at the same time) than if we battle unorganized or, even worse, if we compete against each other.

In order to join Mozilla Europe to help or discuss our approach, please contact Pascal Chevrel and me through a list we have set up via Biggercommunity (at) lists.mozilla-europe (dot) org (there is no need to subscribe to be able to post on the list).

lundi 9 août 2004

Citation du jour

Lu dans Der Spiegel, via Groklaw :

Linux est pour la firme de Redmond ce qu'est James Bond pour les méchants dans les films : le dernier obstacle avant la domination mondiale.

Oui, c'est assez bien vu. Du coup, tout le monde attend que Microsoft dégaine ses brevets pour tuer le logiciel Libre. Groklaw pose la question : les monopoles ont-ils le droit de faire cela ? Quoi qu'il en soit, une victime avertie en vaut deux.

dimanche 8 août 2004

Fable estivale

Que l'on soit en vacances ou pas, nous avons tous plus ou moins le fantasme d'une petite île du Pacifique, près de l'équateur. Alors en guise de nouvelle de l'été, en supplément gratuit du StandBlog, je vous propose une petite fable qui raconterait l'histoire d'une de ces îles de rêve. Appelons la nôtre Nauru. C'est donc une petite île perdu au milieu de l'océan Pacifique, située près de l'équateur. La vie y est très calme et franchement rustique, jusqu'au jour où l'on découvre des richesses minérales insoupçonnées. L'argent coule alors à flots. Bien sûr, il a fallu faire des concessions au niveau de l'environnement. La déforestation massive nécessaire à l'exploitation des mines a provoqué la mort de tous les oiseaux, mais qui veut la fin veut les moyens, non ? Qu'importe, donc, puisque le niveau de vie est en très forte progression. Les habitants découvrent alors les bonheurs de la modernité et l'on importe tout ce que l'occident a fait de meilleur : voitures (même s'il n'y a qu'une seule route pour toute l'île), stereo et refrigérateurs, sans compter tout l'équipement video pour s'occuper. Du coté des habitudes alimentaires aussi, les choses changent vite : pourquoi boire de l'eau alors que le soda est bien meilleur ? Du coup, l'embonpoint des habitants de l'île ne cesse d'augmenter, et le diabète de se généraliser. Pourquoi travailler, alors que l'exploitation des ressources de l'ile suffit à payer tout ce bonheur qu'on importe : nourriture, eau potable et toutes sortes de gadgets. On ne travaille donc pas. Et comme on s'emm... vite sous les tropiques, on se contente de regarder à la video des western ou des films de kung-fu. Pour ce qui est des tâches ingrates, on importe de la main d'oeuvre, chinoise ou philippine. Pour faire les courses, c'est pratique : pas besoin de quitter la voiture (il faut dire qu'avec cette bedaine, c'est peu pratique), alors on s'arrête devant le magasin, on klaxonne, et le commerçant (forcément chinois) vient prendre la commande. Elle est pas belle, la vie ? On consomme, on s'abrutit devant la télé, et on meurt.

J'imagine le lecteur soupirer ou s'exclamant Il nous allèche avec son histoire d'ile paradisiaque, et finit par nous plomber le moral. Elle est con, cette fable ! En fait, je dois vous avouer quelque chose. Ca n'est pas une fable, c'est une histoire vraie. Et l'histoire de Nauru (c'est bien son vrai nom) nous est rapporté dans Libération du samedi 7 août 2004, page 7. Libé nous apprend que l'unique ressource de l'île, c'est le phosphate, et que les mines sont maintenant épuisées. Le gouvernement est en faillite absolue et doit près de 170 millions de dollars à la société américaine General Electric Capital Corporation. La conclusion de l'article est la suivante :

Mais sans le phosphate, Nauru n'est plus rien. Dans la perspective de l'épuisement de ses mines, Nauru avait imaginé un départ vers une autre île, mais elle pensait alors avoir les moyens de négocier l'installation sur une autre terre. Qui, aujourd'hui, accepterait de recueillir une nation toute entière, fût-elle composée de 10.000 habitants ? Une nation qui a pour tout héritage un désert de pierre et de corail.

Ce qui m'a frappé dans cette histoire, c'est le parallèle que l'on peut faire entre Nauru et notre planète. L'occident est particulièrement insouciant, consomme et surconsomme sans réfléchir, se laisse mener principalement par la perspective des gains financiers et délègue le sale boulot aux PVD. On carbure (et c'est le cas de le dire) aux énergies fossiles (donc non renouvelables), on réchauffe notre atmosphère à grands coups de CO2, on détruit la forêt primaire à tire-larigot, on souille notre eau potable avec des... phosphates (quelle coïncidence) ! Et quand on réalisera que la terre n'est presque plus habitable, aura-t-on compris la morale de la fable ? Permettez-moi de paraphraser la fin de l'article de Libération : Qui dans 1 ou 2 siècles, acceptera de recueillir une planête toute entière, fut-elle composée de 6 ou 7 milliards d'habitants ? Une planête qui a pour tout héritage un désert de pierre et une atmosphère polluée.

Linux et les brevets logiciels

Tim Bray, co-inventeur de XML, nous livre magistralement une histoire et une leçon sur les brevets logiciels. J'ai traduit son article (avec son accord). A méditer :

Une histoire horrible de 50 Gigas. Il y a une dizaine d'années, je travaillais pour la société Open Text, que j'ai co-fondé. A ce moment-là, on travaillait surtout dans les logiciels de recherche. Notre logiciel tournait en 32 bits, mais j'avais trouvé une bidouille lui permettant d'effectuer des recherches sur des milliards de mots en le faisant fonctionner en parallèle.

Un jour, j'ai reçu un coup de fil de notre P.D.G. qui me dit : Tim, il faut que tu fonce chez Microsoft. On pourrait peut-être leur vendre du logiciel pour exploiter une base de donnée de 50 giga-octets. J'ai ricané : Tom, descend de ton nuage, personne n'a 50 giga-octets de texte. (C'était avant l'avènement du Web). Il me répond : Ils ont acheté le texte entier de tous les brevets US. Ah bon, d'accord.

Donc les gens de Microsoft ont contruit un système incroyable de la taille d'une douzaine de frigos avec une cinquantaine de machines en rack de Compaq, Dell ou autre (...) sous le tout nouveau (à l'époque) NT4.

Faire tourner ce truc a été toute une histoire, mais ce n'est pas celle que je veux vous raconter pour l'instant. L'histoire qui nous intéresse s'est déroulée tard dans la soirée, alors que j'étais seul dans une salle machine à Redmond, et pour la première fois j'avais obtenu un index complet de la base. J'ai donc décidé de le tester. Etant donné que j'etais spécialisé dans le métier des logiciels de recherche, j'ai utilisé le logiciel de recherche pour chercher les brevets... sur les logiciels de recherche. Un heure plus tard, j'étais malade, assomé et horrifié. Tous les composants de base des logiciels conventionnels de recherche, y compris des morceaux datant des années 70, étaient brevetés. Liste d'enregistrements ? Breveté. Recherches booléennes ? Brevetées. Tokenisation (brevetée) des langues asiatiques (breveté), utilisant un automate fini (breveté) avec balisage intégré ? Tout était breveté. Recherche avec des serveurs parallèles (aïe) ? Breveté. La plupart par des gens dont je n'avais jamais entendu parler, mais, IBM, Xerox et Intel et bien d'autres grands noms étaient cités.

Je ne peux pas imaginer que le domaine de la recherche soit différent d'aucun autre domaine dans le logiciel. D'où la leçon ci-dessous :

La leçon, c'est que dans le logiciel, il faut partir du principe que tout est breveté. Vous ne pouvez rien construire, même de très novateur, sans violer le brevet de quelqu'un.

Bien sûr, une très forte proportion de ces brevets pourraient bien être invalidée par des travaux antérieurs, aussi bien dans le monde des brevets qu'ailleurs. Mais cela est coûteux. Un brevet est une arme très puissante dans les mains d'un avocat rusé, parce que la plupart des entreprises ne disposent pas de la trésorerie nécessaire pour résister à un procès en propriété intellectuelle.

GNU/Linux, bien sûr, viole des centaines de brevets. Tout logiciel de taille significative fait de même. Toute personne ayant de l'expérience dans le domaine des brevets logiciels, même si elle est moins extrème que la mienne, sait cela depuis des années. Tout capital-risqueur compétent dans le monde sait cela. Aussi, tout le tohu-bohu actuel est intéressant, mais il ne reflète rien de nouveau.

OSRM. Alors, qui est OSRM, au fond ? Leur site Web est étonnament peu prolixe quant à leur structure et à leur actionnariat ; c'est quand même bien de voir que Bruce Perens est à leur conseil d'administration (PDF), on va donc leur laisser le bénéfice du doute. Mais je dois dire que leur récent barouf (PDF) à propos de Linux violant potentiellement 283 brevets n'apporte quasiment rien de nouveau et ne peut pas se révéler exact. Pourquoi ? Parce que quand les gens disent Linux, ils pensent à un vaste ensemble de logiciels. On pense au noyau, bien sûr, mais aussi aux bibliothèques empilées sur d'autres bibliothèques, elles-même empilées sur encore d'autre bibliothèques, lesquelles reposent sur des outils et des compilateurs, qui font ensemble le lien entre le silicium et les applications. Je garantis avec certitude qu'il y a bien plus de 283 brevets susceptibles de provoquer une étincelle dans l'oeil d'un avocat agressif.

IBM. C'est cool pour un employé d'IBM de monter sur une scène et d'annoncer qu'ils n'utiliseront pas les brevets contre le noyau Linux ; mais je pense à cet amoncellement de logiciels (qu'est GNU/Linux) et aux millions de dollars de revenus qu'IBM génère avec ses licences sur les brevets ; et je pense aux tensions liées à la concurrence avec les autres entreprises favorables à Linux. Au final, je ne pense pas que le problème se soit envolé. Tiens Jonathan est aussi sur le coup.

Le vrai problème. Je suis peut-être naïf, mais je ne suis pas vraiment inquiété par la possibilité d'IBM ou de Microsoft d'attaquer Linux. D'une part, la vague d'outrage que cela provoquerait, et donc l'image négative qui en résulterait serait probablement intolérable pour une entreprise coté en bourse. D'autre part, la communauté Linux trouverait (après de nombreux efforts) une façon de contourner les brevets. Cela nécessiterait beaucoup de travail, mais cela finirait par arriver.

Je suis par contre plus inquiêté par les spécialistes de la propriété intellectuelle qui chercheraient à faire de l'argent avec des portefeuilles de brevets inutilisés ; (il y a quantité de sociétés comme SCO dans le monde). Il pourrait s'agir d'une attaque juridique d'un composant périphérique de Linux qui soit à la fois visble pour l'utilisateur et disposant d'une forte proportion de lignes de code par développeur. J'ai ma petite idée sur la question.

Mais ce qui m'inquiète réellement, c'est que le système américain des brevets est complètement hors service. Il pompe de l'argent et des ressources de tout l'écosystème technologique. C'est une blessure sanguinolente pour notre métier, notre culture et notre peuple. Il est largement temps de le changer.

L'Europe est à deux doigts d'adopter les brevets logiciels, sur un modèle très proche (quoi qu'on en dise) de celui des américains. Veut-on vraiment importer un système mauvais pour l'innovation ? Alors que l'informatique européenne est en piteux état, veut-on vraiment la sacrifier plus encore ? Que l'on fasse cela au nom de l'innovation n'est pas le moindre des paradoxes de cette histoire.

Merci à Sophie G. pour le lien vers l'article de Tim... Mise à jour : suite à la demande de Tim, j'ai inséré deux paragraphes (IBM et OSRM) que j'avais sauté dans ma traduction.

vendredi 6 août 2004

Les brevets logiciels contre le Libre : première attaque

Récemment, j'ai expliqué en quoi les brevets logiciels étaient sur le point d'être utilisés contre le logiciels Libre. On a par la suite retrouvé un mail dévoilant les plans de Microsoft de ce point de vue là. Mais ça n'est que cette semaine que deux nouvelles importantes sont tombées :

Vu comme cela, les partisans du logiciel Libre peuvent fourbir leurs cordes et préparer de quoi se pendre... Mais tout n'est pas si sombre :

Bref, les nouvelles sont bien moins mauvaises qu'on pourrait le croire.

Quoi qu'il en soit, on voit bien qu'il n'est même pas besoin, pour Microsoft, d'attaquer directement Linux avec les brevets logiciels pour géner sa progression. C'est le principe bien connu du FUD, Crainte, Incertitude et Doute. Il suffit de laisser entendre aux clients, pas toujours bien informés, Ah, vous avez vu, Munich fait demi-tour, ils ont eu des problèmes de brevets avec Linux. Les problèmes n'existent pas réellement (encore), les brevets logiciels n'existent en théorie pas en Europe, et pourtant, cette affaire sert les intérêts des adversaires du logiciel Libre.

La liberté fondamentale de créer et de partager est remise en cause par les brevets logiciels, poussés par certaines puissantes sociétés faisant du logiciel propriétaire. Je n'ai rien contre le marché en tant que tel. Mais quand il restreint les droits des individus, il me semble que le rôle des politiques est d'arbitrer cela, et donc d'empêcher la brevetabilité des logiciels en Europe.

Citation du jour

George Bush est en pleine forme et, à l'occasion de la cérémonie de signature du budget de la défense (417 milliards de dollars, tout de même), sa fourche a langué :

(Nos ennemis) ne cessent de penser à de nouvelles façons de faire du mal à notre pays et à notre peuple, et nous non plus. (Source : Associated Press).

On peut se demander s'il faisait référence à l'augmentation de l'écart sans cesse croissant entre riches et pauvres aux USA, ou bien au boys morts en Irak pour des mensonges d'état sur les armes de destruction massive et de liens avec Al-Qaeda qui n'existent pas. Et encore, je ne parle pas des 12.000 civils irakiens morts dans cette guerre...

mercredi 4 août 2004

Bravo Firefox !

A l'occasion du salon LinuxWorld de San Francisco, Firefox a été nommé :

  • Meilleure offre du salon
  • Meilleure solution Open Source

Qu'est-ce que ça va être quand il sera en version 1.0 !

mardi 3 août 2004

Sécurité

  • Continuons de nous faire peur avec le feuilleton de l'été sur un virus ou un ver qui mettrait l'informatique mondiale à genoux. Un chercheur en sécurité a utilisé un modèle pour calculer combien coûterait un tel virus. Bilan : 50 milliards de dollars rien que pour les USA. Vos anti-virus, sauvegardes et Windows Update sont à jours ?
  • Bonne nouvelle : Internet Explorer immunisé contre Download.ject. Oui, ma machine est à jour, malgré une connexion par modem.
  • Mozilla annonce un Bug Bounty program : quiconque décrouvrira un bug de sécurité et le donnera en exclusivité à Mozilla Foundation touchera 500$. On retrouve là une variante de ce que faisait Netscape par le passé. C'est une excellente nouvelle : cela incite le découvreur à taire la vulnérabilité jusqu'à ce qu'une solution soit incluse dans une nouvelle version du logiciel concerné, ce qui réduit considérablement les risques pour les utilisateurs. (voir aussi Handling Mozilla Security Bugs.)
  • Mozilla Foundation publie par la même occasion un document sur la sécurité, expliquant la problématique de la sécurité dans le monde des navigateurs et la démarche adoptée par la fondation pour mieux protéger les usagers. J'aime bien la conclusion, qui correspond parfaitement à ce que j'ai toujours peu écrire dans ces colonnes : Les produits Mozilla sont-ils parfaits ? Non. Sommes-nous particulièrement concernés par la sécurité ? Oui..

Citation du jour

C'est énorme ou c'est juste moi qui ai l'esprit mal tourné ? Microsoft prévoit que d'ici 2008, 400 millions de foyers auront (enfin) un peu de pouvoir d'achat et... l'electricité. Il faut donc leur insuffler l'envie irrépressible d'acheter un PC avec Windows ! C'est du moins ce qu'indique Will Poole, senior vice president, Windows client group, chez Microsoft :

Over 400 million households worldwide by 2008 will have the income, the electricity, and the connectivity necessary to make an appropriately tailored PC for their market a desired product.

Il en profite pour annoncer une version bridée de Windows XP, appelée Starter Edition, et qui ne sera pas commercialisée en Europe.

Source : Article de CRN, donné par un lecteur.

Le progrès, c'est donc de payer la taxe Microsoft ? J'aime ces grands moments de franchise : c'est beau comme du Patrick Le Lay ! A la limite, je préfère la technique d'Apple, qui consiste à vendre hors de prix un malheureux bout de cable à de riches pollueurs roulant en 4x4... Ca ferait un bon sujet de dissertation, ça : D'un point de vue éthique, vaut-il mieux tondre quelques riches, ou des millions de pauvres ?

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