juin 2004 (56)

mercredi 30 juin 2004

OpenWeb fait un petit, il s'appelle Opquast

Voici un projet que je suis depuis plusieurs mois et qui voit (enfin) le jour : cela me fait bigrement plaisir.

Le projet en question s'appelle Opquast.org, et c'est un référentiel pour les bonnes pratiques lors du développement de sites Web. Un quoi ? Un référentiel ! Je m'explique :

Quand on développe un site Web, il est presque impossible de s'assurer qu'on fait bien les choses. Certes, il faut faire accessible, conforme aux standards, respecter l'orthographe et la grammaire, mais tout cela ne suffit pas. On peut faire des horreurs qui respectent tous ces critères. Pour éviter cela, il faut embaucher un gourou du Web, un type avec la tête bien faite, bien pleine, et qui sait tout faire. Rédaction, architecture de l'information, développement, accessibilité, codage HTML et compagnie. Si vous en trouvez un, vous avez de la chance. Si en plus il est bon marché, c'est que c'est un escroc !

C'est là que les pères du projet interviennent, apportant leur expérience, sous la houlette d'Elie Sloïm, qui est l'un des pionniers de la qualité des services en ligne. Elie, avec son entreprise Temesis, cumule les années d'expérience dans le domaine, et a compilé tout ce qu'il faut faire et ne pas faire dans un site Web. Avec l'aide de Fabrice Bonny (co-fondateur d'OpenWeb), Denis Boudreau (Monsieur Cybercodeur) et d'autres gourous, cela a donné Opquast, un outil en ligne comportant une liste de recommandations pour obtenir un site Web de qualité.

Mais Opquast est bien plus qu'une liste de choses à faire. Chaque recommandation (ou pratique qualité) dispose d'un niveau et s'applique à différents genres de sites. Ainsi, Opquast propose trois niveaux de qualité pour cinq types de site :

  • Site vitrine
  • Service public
  • Blog et actus
  • Site marchand / transactionnel
  • Intranet

Ainsi, suivant le type de site à évaluer ou à construire et suivant l'exigence de qualité, il est possible d'obtenir une description des choses à ne pas oublier. Pour chaque bonne pratique, on trouve un forum où discuter la recommandation et partager l'expérience (les membres d'OpenWeb y ont ajouté leur grain de sel pendant la période de préparation du projet).

Le projet Opquast est un grand progrès pour la qualité du Web. Et comme le Web repose avant tout sur le principe de la circulation d'information et du partage de celle-ci, l'utilisation d'Opquast est gratuite et le contenu est sous licence Creative Commons.

Elie, Fabrice, Denis et les autres, Chapeau bas !.

Quant aux visiteurs du StandBlog, une seule recommandation : foncez sur Opquast.org et vérifiez si votre site, votre blog, votre intranet, votre site commercial respecte les principes de qualité des services en ligne. J'imagine que, comme moi, vous verrez là ou votre site pêche en vous exclamant à chaque fois : Raaah mais bien sûr, pourquoi n'y avais-je pas pensé !...

L'alliance sacrée

Pardonnez-moi ce titre ronflant, mais l'annonce le mérite bien. En effet, Mozilla, Opera, Apple, Macromedia et Sun viennent d'annoncer une collaboration pour la création d'une nouvelle interface de plugin. En effet, l'architecture de plug-in actuellement utilisée dans les navigateurs modernes (la NPAPI) remonte à des temps presque immémoriaux (du moins à l'échelle du Web). C'est Netscape qui l'avait inventé et documenté, pour toutes les plates-formes. Microsoft, après l'avoir utilisée, a décidé de créer sa propre architecture propriétaire uniquement compatible avec Windows, puis de retirer son support de l'API Netscape. Le monde des plugin s'est donc retrouvé partagé en deux, alors qu'il était jusqu'alors unifié. Les éditeurs de plugin ont dû fournir systématiquement deux types de plugin au lieu d'un seul, sachant que la version Microsoft ne fonctionnait que sur Windows.

Cet état de fait, auquel est venu s'ajouter de nouveaux besoins, est devenu intolérable. C'est pourquoi Mozilla, Opera et Apple, les trois fournisseurs de navigateurs modernes et conformes aux standards se sont alliés aux trois principaux éditeurs de plugin que sont Apple (avec QuickTime), Sun (avec Java) et Macromedia (Flash), en vue de produire une spécification unie, ouverte et multi-plate-forme (non, tout le monde n'utilise pas Windows). L'API utilisera une licence Libre.

Là encore, permettez-moi de laisser de coté mon objectivité, me draper dans un style baroque pour constater que Microsoft a laisser mourir l'innovation après avoir empêché l'interopérabilité. Le camp de l'ouverture se devait de relever le défi de l'innovation et de la compatibilité. Du coup, tout le monde (sauf Microsoft) s'y met !

Pour dire la même chose dans un genre plus trivial : Refaire le Web est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu'un le fasse !. Vite, mes gouttes !

Quand l'administration américaine suggère de changer de navigateur

Le très sérieux US-CERT, qui dépend du ministère américain de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security, bidule créé lors des attaques terroristes de septembre 2001) sort un avis sur la protection des ordinateurs suite aux récentes et multiples vulnérabilités de Microsoft Internet Explorer. On y lit en particulier une liste d'actions à mettre en oeuvre pour limiter les dangers de cyber-attaques :

  • Désactiver Active Scripting et ActiveX
  • Mettre à jour Outlook avec ses rustines de sécurité
  • Lire et envoyer des emails en texte seulement (par opposition aux mails en HTML)
  • Mettre à jour son anti-virus
  • Ne pas cliquer sur les liens qu'on vous envoie.
  • Utiliser un autre navigateur Web.

Quelques précisions suivent ce point :

Il y a plusieurs vulnérabilités dans les technologies utilisant le modèle de sécurité d'IE, son modèle DHTML, sa méthode de détermination de type MIME et ActiveX. Il est possible de réduire l'exposition à de telles vulnérabilités en ayant recours à un navigateur Web alternatif, tout particulièrement lorsqu'il s'agit de naviguer sur des sites inconnus. Une telle décision peut toutefois réduire les fonctionnalités des sites qui nécessitent des fonctionnalités spécifiques à IE comme DHTML, VBScript et ActiveX. Il faut noter que l'utilisation d'un autre navigateur Web ne retire pas Internet Explorer des machines Windows et que d'autres programmes peuvent invoquer IE, le contrôle ActiveX WebBrowser ou son moteur de rendu HTML (MSHTML).

Bref, permettez-moi un raccourci forcément partial (vu mon implication dans les standards du Web et dans les navigateurs Libres), qui est une interprétation toute personnelle de ce que dit le US-CERT :

  • Si vous avez une machine Windows, même avec Firefox, Mozilla 1.7 ou Opera (et pire encore avec AvantBrowser et MyIE2, qui utilisent le moteur Microsoft), vous n'êtes pas totalement en sécurité.
  • Si vous avez eu recours à des technologies propriétaires Microsoft pour réaliser votre site, vous êtes cuits.

Bon, maintenant que j'ai mis à jour mon antivirus et mon Windows, que je n'utilise pas plus mon IE que mon Outlook, et que j'ai toujours été plus favorable aux mails Texte, je vais retenter une installation d'une Distribution Linux sur mon Centrino. A bientôt !

Mise à jour : Le magazine sur la sécurité CSO titre Microsoft : comment souhaitez vous succomber aujourd'hui ?. J'ai préféré ne pas en faire un article, on aurait encore pu m'accuser d'avoir été partisan !

mardi 29 juin 2004

Une histoire belge sur les standards et le Libre

Elle n'est pas drôle, mais j'ai eu grand plaisir à la lire. Un très récent communiqué de presse du conseil des ministres de Belgique déclare obligatoire l'utilisation de standards ouverts et de logiciels Libres pour les services publics fédéraux. C'est un très très grand pas fait dans la bonne direction, et je félicite le gouvernement belge pour son immense sagesse !

Sur proposition de MM. Johan Vande Lanotte, Ministre du Budget, et Peter Vanvelthoven, Secrétaire d'Etat à l'Informatisation de l'Etat, le Conseil des Ministres a approuvé les directives et recommandations aux services publics fédéraux pour l'usage de standards, de logiciels d'application et de logiciels libres, faits sur mesure.

Pour les nouveaux systèmes ICT, les SPF utiliseront désormais exclusivement des standards ouverts et/ou spécifications ouvertes pour les formats de données et les protocoles de communication lors de l'archivage, de l'échange et de la communication de données électroniques.

Pour les applications existantes qui, lors de l'archivage, de l'échange ou de la communication de données électroniques à des parties externes, n'utilisent pas encore de standards ouverts et/ou de spécifications ouvertes, pour les formats de données et les protocoles de communication, les services publics fédéraux lanceront et achèveront une migration conformément à un planning convenu lors de la fixation de chaque standard ouvert et/ou spécification ouverte.

Les administrations fédérales disposeront des droits de propriété pour tout "logiciel fait sur mesure". Ce logiciel sera fourni en code source et sans droit de licence. Les services publics fédéraux pourront mettre ce logiciel à la disposition d'autres services publics en tant que "logiciel libre".

L'ICT joue un rôle sans cesse croissant dans la garantie de la continuité de tous les processus fonctionnels et des services de l'administration. C'est pourquoi, certainement lors de l'attribution des marchés ICT, il faut continuer à se baser sur des critères tels que le "Total Cost of Ownership".

Lors de l'achat de produits et de services ICT, les services publics fédéraux s'efforceront d'éviter la dépendance d'une plate-forme "propriétaire".

Le Conseil des Ministres a chargé le Groupe de pilotage permanent ICT de définir, avant la fin décembre 2004, une première liste de standards ouverts et/ou de spécifications ouvertes ainsi que les modalités de migration.

Alors que le gouvernement français semble avancer (trop timidement à mon goût) vers les logiciels Libres, la Belgique frappe un grand coup en imposant la mutualisation du code acheté par l'administration, tout en insistant sur l'extrême importance des standards ouverts. Ah, si la France pouvait prendre de telles initiatives... Si je ne suis pas convaincu aujourd'hui de l'interêt d'un système d'exploitation Libre sur le poste de travail, il n'en reste pas moins que pour les applications et les serveurs, le choix du Libre s'impose pour des raisons de perennité. En ce qui concerne les standards, inutile d'en rajouter, c'est une évidence !

lundi 28 juin 2004

J'enrage !

Cette année, je ne pourrais pas être présent aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, pour des raisons familiales. C'est très dommage, d'autant que le programme des conférences est particulièrement prometteur.

Pour ceux qui auraient voulu avoir une conférence sur les standards à Bordeaux, qu'ils se rassurent : j'ai mis en ligne mon intervention à la Léa-Party de samedi dernier (fichier OOo de 12Ko seulement, viewer gratuit téléchargeable). Avec une photo, pour la peine ! On me signale dans l'oreillette que l'enregistrement audio de ma conférence au SETI est disponible au format Ogg-vorbis sur le CD de Linux Pratique du mois de juin. Achetez-le, écoutez-le, regardez ma photo et passez ma présentation, et vous m'aurez presque pour vous tout seul, sans pour autant avoir à me nourrir, ce qui peut être fort dispendieux, croyez moi !

Polluons en musique !

T'as une grosse bagnole qui crache 317g de CO2 au kilomètre, bouffe 18,2 litres au cent et pèse 2,7 tonnes ? Comme moi, tu te la pêtes avec un iPod ? Obtiens le meilleur des deux mondes, et fais-toi plumer par BMW et Apple en même temps, comme ça tu pourras asphyxier la planète tout en écoutant Céline Dion ! (source Thierry, qui devait s'attendre à plus d'enthousiasme de ma part sur le sujet).

Ne tirez pas sur l'ambulance !

Apple commence aujourd'hui son WWDC et devrait y présenter la version beta de Tiger, son nouveau système d'exploitation. Un indiscret a publié des photos des bannières géantes de publicité pour Tiger, et c'est tordant de rire. Au dessus d'une photo du CD Tiger, on lit plusieurs slogans franchement méchants :

  • Redmond, on a un problème (référence à Houston on a un problème et Appollo 13)
  • Voici Longhorn (rappellons que Longhorn est le nom de code du prochain Windows, qui devrait sortir dans 2 ans) ;
  • Redmond, préparez vos photocopieurs (ça rappelle la vanne qui circulait lors de la naissance du premier enfant de Billou : Comme pour toutes les nouveautés de MS, le vrai père travaille chez Apple) ;
  • Voilà qui devrait tenir Redmond occupé.

Moi je trouve ça dur de la part d'Apple, et surtout ça tombe au mauvais moment. Je m'explique :

  • Microsoft vient de mettre ses clients dans les pattes de la plus dangereuse attaque sur Internet de toute son histoire, attaque qui combine des failles de sécurité du serveur Microsoft (IIS) et du navigateur Microsoft (IE). Tout le monde s'accorde à dire que la solution consiste à changer de navigateur et mentionne Mozilla, Safari et Opera. Le Devoir, Montréal, Libération, Paris, La Tribune de Genève. Le virus comporte un Keylogger, un petit logiciel qui enregistre tout ce que vous tapez au clavier, puis le fichier est transféré sur un serveur russe. C'est donc l'idéal pour enregistrer tout vos mots de passes ou autres coordonnées bancaires. (...) Tout site web, même ceux réputés fiables, peuvent être affectés par cette attaque et potentiellement contenir un code malveillant. (Source : LanGamers.ch). Notons la bonne nouvelles : le site russe en question ne fonctionne plus...
  • Microsoft, pour éviter un camouflet de grande ampleur, baisse son pantalon et offre 60% de remise à la Mairie de Paris, qui parle de passer au Libre, nous explique Libération : Chez Microsoft, c'est Paris à tout prix. Rappelons que le New York Times nous informait l'année dernière de la mise en place d'un fond confidentiel anti-Libre de 180 millions de dollars. Extrait de l'article de Libé :

En octobre 2003, la mairie de Paris décide de lancer une étude sur l'hypothèse d'une migration de Windows vers les logiciels libres. Elle est confiée à la société de services Unilog, la même qui a planché pour Munich. Chez Microsoft, la tension monte. Le 14 janvier, une "proposition commerciale" est adressée à Philippe Schil, le directeur informatique de la Ville. Elle porte sur l'équipement de 15 000 postes en trois ans, pour un coût évalué aux conditions actuelles à 13,27 millions d'euros. Et propose un joli rabais avec une facture finale de 5,65 millions d'euros, soit 57,4 % de réduction... Un chiffre qui pourrait encore baisser, tant l'entreprise est décidée à ne pas se faire souffler le marché. "Ils craignent l'effet symbolique de perdre Paris plus que tout", glisse-t-on dans l'entourage de Delanoë.

Ma conclusion sur cette affaire, c'est que Microsoft peut mieux faire. Pour l'instant, le pantalon n'est baissé qu'à hauteur des genoux. Il peut descendre jusqu'aux chevilles ! On voit déjà le slip kangourou de Steve, (oui, celui qui fait des concours de chemises mouillées), à mon avis Delanoë peut faire monter la pression et descendre le pantalon plus encore. De quoi voir les mollets du boucher de Redmond !

Mise à jour : à propos de l'attaque sur IIS et IE, voir le très bon article de Blogzinet.

re : Stéphane Paoli, sur France Inter, aurait déclaré :

Attention un nouveau virus circulerait sur Internet. Il est nommé Scob et sera capable d'intercepter mots de passe ou coordonnées bancaires en enregistrant les touches claviers frappés par l'utilisateur. Le virus emprunte une faille du logiciel de navigation Internet Explorer de Microsoft. Il est donc plus prudent d'utiliser un autre navigateur, par exemple Opera ou Mozilla, et aussi de désactiver Javascript (ce langage de programmation sur lequel s'appuie le virus). La fonction "aide" vous aidera dans cette manoeuvre si vous n'en connaissez pas le protocole. Les fabriquants d'anti-virus (mais sont-il tous étranger à la naissance des virus ?) prépare une riposte à Scob. Les utilisateurs de Macintosh n'ont rien à craindre de ce nouveau virus.

Source : un journal LinuxFR. Merci 007 et Zerchove !

Manuel Mozilla en Français

Sortie du Manuel Mozilla en Français (Fichier PDF, 4Mo), un travail effectué par Cédric et l'équipe de FrenchMozilla. Bravo ! (Voir aussi la brève sur Mozillazine-FR)

En vrac

samedi 26 juin 2004

Votre dose quotidienne de Tristan Nitot

Me voilà propulsé sur le devant de la scène avec une demande d'interview de l'excellent LinuxFrench. J'ai pas mal transpiré pour trouver des réponses intelligentes aux questions (intelligentes) d'Albert Bruc et voici donc l'interview dans toute sa splendeur.

J'en profite pour rappeler que cette après-midi, j'interviens à la conférence Léa-Linux / Parinux, à Orsay. On s'y retrouve ?

vendredi 25 juin 2004

Histoires (presque drôles) du Week-end

J'ai deux histoires.

Allez, je me lance : Vous savez à quoi on va reconnaître un admin système ayant un parc Microsoft de celui ayant un parc Linux / Apache / Mozilla ? C'est que lundi prochain, l'admin Libre sera bronzé, avec le beau temps qu'on nous promet. Par contre, celui qui a déployé le serveur Web IIS de Microsoft et Internet Explorer va être tout pâle, les valises sous les yeux, et peut-être même furieux de ne pas avoir vu le match de foot de ce soir.

Plusieurs serveurs web IIS (entièrement patchés) ont été compromis (dont certains, très populaires), ils sont actuellement utilisés pour infecter les internautes (exploitation de deux vulnérabilités critiques et non patchées d'IE, et installation de keylogger, proxy et backdoor). Le code javascript malicieux automatiquement exécuté, est désormais identifié par les antivirus sous le nom "JS.Scob.Trojan". Microsoft a confirmé ces attaques et a publié un bulletin d'alerte.

Très, très fort... Bon, et pour qu'on ne me dise pas (encore) que je suis anti-Microsoft, une autre histoire pour ceux qui ont ricané sur celle que je viens de raconter :

Un Dauphin, un moineau et un crocodile discutent ensemble de leurs vacances. Le crocodile demande au moineau : Et vous les gars, vous partez où en vacances ?. Le moineau : Bah, j'ai des ailes, ma femme a des ailes, mes enfants aussi, alors on va faire une grande balade dans le ciel. Le dauphin : Bah nous, dans la famille, on a tous de nageoires, alors on va partir en mer, on va nager jusqu'aux Bermudes. Et toi ? Le crocodile répond : Bah moi, je suis tout seul, mais j'ai une grande gueule. Alors je crois que je vais passer toutes mes vacances à faire des commentaires sur LinuxFR !

Allez, je ne résiste pas à vous en raconter une troisième. (Non, je ne l'ai pas mise dans la catégorie accessibilité !)

Les passagers d'un avion sont assis à leur place et attendent les pilotes pour le décollage. Bientôt, deux hommes entrent dans l'avion en uniforme de pilote ; ils portent des lunettes noires. L'un d'eux est accompagné d'un chien pour aveugle et l'autre tâte son chemin à l'aide d'une canne blanche. Ils avancent dans l'allée, entrent dans la cabine de pilotage et referment la porte. Plusieurs passagers rient nerveusement et tous se regardent avec une expression allant de la surprise à la peur ou au scepticisme. Quelques instants plus tard, les moteurs de l'avion s'allument et l'avion prend de la vitesse sur la piste. Il va de plus en plus vite et ne semble jamais devoir décoller. Les passagers regardent par les hublots et réalisent que l'avion se dirige tout droit vers le lac qui se trouve en bout de piste. L'avion roule maintenant très vite sur la piste et plusieurs voyageurs réalisent qu'ils ne décolleront jamais et qu'ils vont tous plonger dans le lac. Les cris des passagers apeurés remplissent alors l'avion, mais juste à ce moment, l'avion décolle tout doucement, sans problème. Les passagers se remettent alors de leurs émotions, rient, se sentant stupides d'avoir été roulés par cette mauvaise plaisanterie. Quelques minutes plus tard, l'incident est oublié.

Dans la cabine de pilotage, le pilote tâte le tableau de bord, trouve le bouton du pilote automatique et le met en fonction. Il dit ensuite au copilote :

- Tu sais ce qui me fait peur?

- Non, répond l'autre.

- Un de ces jours, ils vont crier trop tard et on va tous mourir...

L'affaire Microsoft / Brésil, épisode III

Le groupe Software Livre (en brésilien dans le texte) a publié le 15 juin un texte à propos de Sérgio Amadeu, le fonctionnaire Brésilien trainé en justice par Microsoft Brésil pour avoir révélé un secret de polichinelle. Ce texte, intitulé Microsoft tente d'intimider le gouvernement brésilien est maintenant disponible en version française. Merci Framasoft !

jeudi 24 juin 2004

Vérifier l'accessibilité de votre site

Vérifier l'accessibilité d'un site n'est pas toujours facile. Pour les plus chanceux (ou les plus fortunés), on pourra faira appel aux experts AcccessiWeb. En effet, contrairement à CSS et HTML, l'accessibilité n'est pas une science exacte qui peut être vérifiée à 100% par un logiciel. Du coup, un être humain est nécessaire pour vérifier l'accessibilité d'un site. Pourtant, on peut se faire aider par des logiciels qui vont dégrossir le travail de vérification. Coté francophonie, nous avons de la chance car nous disposons de plusieurs solutions

  • Accès pour tous, un ancien, déjà, qui propose des outils et un forum pour aller plus loin dans le sujet ;
  • Le petit nouveau qui monte : Ocawa, beaucoup plus récent et tout aussi prometteur.

En substance, avec des outils comme ceux que je viens de citer et l'aide des experts Accessiweb, (sans compter les ressources didactiques comme OpenWeb), plus aucune raison de faire des sites inaccessibles !

Article contre les brevets logiciels

Je viens de tomber (avec un peu de retard) sur un excellent article sur les brevets logiciels. Un membre du consortium ObjectWeb, François Letellier, démontre avec brio Pourquoi les brevets logiciels menacent l'industrie européenne. Une lecture à recommander. En voici un extrait :

Pour la seule année 2003, entre 3 et 4 millions de brevets logiciels ont été déposés aux Etats-Unis. Leur multiplication est moins la mesure du degré d'innovation du secteur que celle de la difficulté d'examiner sérieusement chaque demande. Accordés à la va-vite, beaucoup de ces brevets ne tiendraient pas devant les tribunaux. Les petites structures n'ont pas les moyens d'assurer une veille en propriété intellectuelle ni de supporter le coût d'un litige (plusieurs millions de dollars), même lorsqu'elles sont dans leur droit. Les acteurs du logiciel libre se trouvent contraints à des dépôts de brevets défensifs, qui détournent leur capacité d'investissement vers des procédures contre-productives. Dans leur grande majorité, les éditeurs de logiciel pâtissent de cette tension juridique qui entrave l'innovation réelle et conforte quelques monopoles au détriment du secteur.

Les grands esprits se rencontrent

Je faisais récemment un article sur les brevets logiciels et l'arme qu'ils représentaient pour attaquer le logiciel Libre. A cette occasion, j'ai listé quelques une des techniques employées (que je qualifierais de douteuses, pour rester poli) pour discréditer le logiciel Libre.

Parallèlement à cela, Microsoft propose une série de séminaires visant à démontrer la supériorité économique de Windows sur Linux. Comme rien ne m'agace plus que la mauvaise foi, surtout pour un sujet qui m'est cher (le partage légal des logiciels Libres), j'avais envie de faire un article sur le sujet. Hélas, trois fois hélas, le temps me manque... Heureusement, certains s'en sont chargés pour moi. Voici donc trois documents aussi indispensables les uns que les autres :

A lire, pour ceux qui s'intéressent au sujet. Je trouve ces trois textes très importants, mais je regrette l'aspect va-t'en-guerre d'Halloween XI : je pense que logiciel propriétaire et logiciel Libre peuvent et doivent co-exister.

Même les pornstars aiment les standards !

C'est Daniel qui nous offre ce scoop. En recevant un spam pour des DVD réservés à un public averti (et majeur), il a remarqué une inscription incroyable à coté du visage de la Bimbo retouchée. Je me demande dans quelle mesure ça n'est pas une tentative ciblée de marketing viral :-). (Notons au passage que c'est le billet N°404 chez Daniel, ce qui est forcément un hasard !)

Vite fait, mal fait

  • Léa-Party samedi prochain : je serais à Orsay pour une intervention sur Mozilla et les standards. Venez vous enfermer avec moi dans une salle plutot que de bronzer bêtement !
  • Le site de la Française des Jeux est franchement mal fichu et Guy-Philippe Uberos le démontre. Le bruit court que lors de la conception, ils ont fait un concours d'incompétence. Le gagnant a vu sa version publiée !
  • Vous avez déjà essayé Firefox 0.9 et vous détestez les pubs sur le Web ? Le Blog-note vous explique comment bien paramétrer votre navigateur pour les éviter. Joli.
  • Un nouveau site sur les standards et les navigateurs Omacronides. Avec de jolis styles alternatifs ! (Merci Pascale pour le lien).
  • Dying Culture a fait un nouveau look pour l'incontournable CSS Zen Garden, et c'est bien. Mais ce qui est encore mieux, c'est qu'il a pris le temps pour documenter cela dans le détail. Chapeau !
  • Laurent Denis, grand pédagogue devant l'éternel, nous offre un article à lire absolument : Pour en finir avec les Ayatollahs des standards. Ce type devrait être remboursé par la sécu ! :-) Sans rire, son article est à garder sous le coude. J'aurais vraiment aimé l'écrire. (Oui, c'est un compliment).
  • Camino 0.8 est sorti. La version française ne devrait pas tarder !

En plus des améliorations de performances, de stabilité et de rendu héritées de Mozilla 1.7, Camino 0.8 ajoute une barre de recherche pour Google dans la barre d'outils, un gestionnaire de téléchargement plus compact, un système de signets entièrement réécrit, capable d'importer les bookmarks de Safari, d'IE et de Mozilla (...)

mercredi 23 juin 2004

Toute vérité n'est pas bonne à dire

J'en ai déjà parlé, Sergio Amadeu, le fonctionnaire brésilien le plus en vue sur les logiciels Libres, est attaqué en justice par Microsoft pour diffamation. Son crime ? Avoir expliqué à un journaliste que si Microsoft offre gratuitement des versions de Windows à des administrations et collectivités locales, c'est pour s'assurer qu'il y a suffisamment de gens qui s'en servent. C'est un cheval de Troie, dit-il. Sergio Amadeu parle de technique de revendeur de drogue. Du coup, Microsoft l'attaque en justice pour diffamation.

La pratique décrite par Sergio Amadeu est très classique, c'est même une habitude prise par toute l'industrie informatique, Microsoft, Apple et Netscape ont fait de même. Quelques exemples vécus :

  • Etudiant à l'ESCP, on m'a proposé d'acheter un Mac SE à prix cassé, ce que je me suis empressé de faire. Etait-ce pour la beauté du geste ? Que nenni, c'était pour s'assurer que le futur décideur que j'étais voudrait acheter des macs à l'entreprise qu'il finirait par intégrer (et ça a marché).
  • Microsoft propose des prix étudiants pour que ces derniers apprennent à s'en servir et réclament du Microsoft dès leur entrée dans la vie active. La preuve ? MS-Office Etudiant et professeurs : 175 EUR, le même sans l'autocollant rouge : 578 EUR, soit 70% de réduction. Il se trouve aussi que Microsoft offre aux professeurs une copie gratuite de ce même logiciel s'ils suivent une formation à Office. Objectif : faire acheter à leurs élèves les copies de Microsoft Office. Plusieurs personnes m'ont raconté qu'on peut acheter la version éducation en magasin sans problème, pour peu qu'on baratine un peu le vendeur. Certains vendeurs vous la proposent même si vous trouvez la version à 578 Euros trop chère !
  • Netscape avait aussi des prix éducation. Mieux, tout le monde pouvait télécharger le navigateur (qui était en théorie payant jusqu'en janvier 1998, rappelons-le), pour que les entreprises l'achètent en grande quantité, si possible avec des logiciels serveurs.

Bref, c'est bien connu : la première taffe est gratuite, et quand l'utilisateur y a pris goût, est devenu accro, alors on lui vend la came. Microsoft le fait depuis des lustres, et tout le monde fait de même. Ca s'appelle la technique du revendeur de drogue, et c'est un grand classique.

Bill Gates lui-même reprend publiquement ce principe. Par exemple, lors d'une conférence faite à des étudiants de l'Université de Washington, il a affirmé :

Même si trois millions d'ordinateurs sont vendus chaque année en Chine, les gens ne payent pas le logiciel. Pourtant, ils finiront par le faire. Et s'ils s'apprêtent à voler ce logiciel, nous voulons qu'ils volent le nôtre. En quelque sorte ils deviendront accros et alors nous trouverons bien un moyen de récuperer la mise par la suite. (l'emphase est de moi.)

Ces propos ont été rapportés par le magazine Fortune en 1998. Cette citation avait, à l'époque, fait le tour du monde : il suffit de demander à Google, qui l'a trouvée 49.900 fois sur le Web ! (Voir par exemple 1, 2 et 3).

Bref, si cette pratique est très répandue dans l'industrie informatique et si même Bill Gates utilise publiquement cette métaphore, comment Microsoft pourrait-il décemment attaquer Sergio Amadeu ?

C'est pour insister sur cet abus de pouvoir qu'une pétition (en anglais) est disponible. Je vous encourage à la signer

Plus d'info sur le sujet :

Logiciels Libres sur France Info

Merci à Lionel, un gentil lecteur du StandBlog, qui nous fait part d'une interview de Renaud Dutreil, Ministre de la Fonction Publique, sur France Info :

Le journaliste, Jean-Michel Blier : Alors, c'est la guerre contre Microsoft ?

Le ministre de la fonction publique, Renaud Dutreil : C'est la volonté du coté de l'état d'ouvrir le marché. Aujourd'hui, Microsoft c'est un quasi-monopole, il faut qu'on puisse ouvrir notre offre et utiliser des logiciels Libres si c'est plus facile, si c'est moins onéreux, si c'est plus efficace et donc il n'y a pas de guerre contre microsoft. Il n'y a pas non plus de monopole pour Microsoft, il y a un marché qui doit s'ouvrir à la concurrence, et ce que je souhaite, c'est qu'on le fasse dans les meilleures conditions pour le contribuable.

mardi 22 juin 2004

Quand un virus informatique ruine votre vie

Ca serait drôle si ça n'était pas pitoyable : des utilisateurs d'Internet Explorer affirment que ce navigateur a ruiné leur vie ! Ces témoignages, recueillis par le magazine Wired, font peur. En effet, infectés par un virus qui s'est infiltré dans leur ordinateur via le navigateur de Microsoft, ces personnes se sont retrouvés, comme la grand-mère dont je parlais récemment, avec des images franchement porno sur leur ordinateur. Seulement voilà, quand ces images sont pédophiles, les choses se corsent compliquent méchamment : l'un a fait de la prison et s'est retrouvé avec un casier judiciaire de délinquant sexuel, l'autre s'est faché avec son épouse (très croyante), un troisième a failli perdre son boulot. La cause, certaine dans les deux derniers cas, possible dans le premier, c'est très certainement CWS ou sa variante Datanotary, deux programmes maveillants qui détournent Internet Explorer pour Windows et renvoient vers des sites pornos, affichent des pop-ups, et même insèrent des signets pornographiques parmi les vôtres.

Je pourrais partir dans un couplet contre Internet Explorer, vous incitant à utiliser Firefox ou Mozilla, et je n'aurais pas forcément tort. Mais j'aime à surprendre mes lecteurs. Alors il faut aussi remarquer qu'il existe trois réponses aux incidents mentionnés précédemment :

  • On vous traîne en prison pour avoir eu un virus ? Ah, ça vous apprendra à vouloir aller vous installer dans un état policier comme les USA (lire l'article de Wired pour plus de détails sur l'affaire). (BIP BIP, attention, c'était de l'humour pas drôle pour américains).
  • Votre épouse vous fait une scène pour avoir eu un virus ? Vous auriez du éviter de prendre une bigote. (BIP BIP, attention, c'était de l'humour pas drôle pour intégristes de tous poils).
  • Votre employeur vous menace de licenciement pour avoir surfé sur des sites pornos ? Faites virer l'équipe informatique (BIP BIP, attention, c'était de l'humour pas drôle pour informaticiens).

Finalement, c'est pas tant contre l'utilisation d'IE qu'il faut lutter, c'est plutôt contre la connerie humaine. Mais comme je n'arrivais pas à avancer dans ce domaine, j'ai fini par travailler sur Mozilla :-) (BIP BIP, attention, c'était de l'humour pas drôle pour employés Microsoft.)

Bon, j'arrête de signaler (vainement) les pointes (émoussées) de mon humour (faiblissant), vraiment, ça gâche tout.

Pensée unique

C'est étonnant que dès qu'on peut l'ouvrir pour dire un truc qui sorte un peu de l'ordinaire et de ses sentiers battus, on trouve toujours des individus bien attentionnés pour vous critiquer et tenter de vous remettre dans le prétendu droit chemin.

Je m'explique : dernièrement, je parlais de football. Un article que j'ai eu plaisir à écrire avec une optique humoristique. Attention, je n'ai pas dit qu'il était drôle, j'ai juste dit que j'espérais qu'il le serait. Nuance. C'est même pour cela que je l'ai mis dans la rubrique humour. J'ai donc égratigné (un peu) le sacro-saint Football, notre sport national. Dans les commentaires qui font suite à cet article, on traite mon article successivement de réac et de critique facile et entendu 42 000 fois. D'autres considère que c'est un parfait portrait de la débilité humaine.

Me voilà donc successivement rabaissé au niveau de peine à jouir (désolé pour nos amis ayant des difficultés orgasmiques), de vieux con (désolé pour nos amis du 3eme age) et de brillant critique de la société d'aujourd'hui (comprendre altermondialiste à la plume acérée). Désolé, je ne suis rien de tout cela en particulier. Je suis peut-être un type un peu moins dupe que les autres (et encore), un mec qui aime bien écrire et qui, ce jour-là, était dans une période de critique jubilatoire. Quoi qu'il en soit, on tente de me mettre dans une case et je n'aime pas cela.

Prenons un autre exemple : lors d'une discussion en ligne, un ami corse me reproche de propager des clichés sur son île dans un article à propos de brevets logiciels.

Alors je vais être obligé (une dernière fois ?) de me justifier. Quand j'écris des articles, on y trouve de l'humour. Des trucs qui tentent d'être drôles. J'adhère complètement à la maxime desprogienne qui affirme qu'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. Alors voilà, si n'importe qui vient sur le StandBlog, il comprendra vite que cet endroit virtuel est celui de la Liberté, pas celui du racisme, de l'intolérance et du politiquement correct, et donc pas forcément pour lui. Et pour que les choses soient claires, je vous encourage à relire ma Chapelle et à jeter un oeil sur le tout nouveau pied de page qui vient de faire son apparition sur le StandBlog :

Attention, on trouve souvent des vrais morceaux d'humour dans ce site. Alors si vous êtes parano et vous sentez concernés (à tort) par les propos tenus sur ce site, épargnez-vous la perte de temps d'un message haineux au Webmestre, il n'en a que faire.

Je suis désolé d'en être arrivé là : c'est triste de constater à quel point les gens peuvent être obtus. Mais me justifier à chaque fois que je fais de l'humour, ça ne marche pas.

Pendant ce temps-là en Suisse

Lu dans 24Heures.ch, journal Suisse francophone :

Et si les licences informatiques étaient gratuites? Elles coûtent 2 millions de francs chaque année à l'Etat de Vaud. Ce n'est pas un saladier mais tout de même "3,5% du budget de fonctionnement", corrige Jean-Pierre Jaunin, chef de la Direction planification et stratégie informatique (DPSI). Mais cela n'est rien comparé aux coûts de maintenance, ajoute son chef des finances, Jean-Daniel Duc. Les chiffres le montrent (voir infographie). Les versions commerciales des logiciels se suivent à un rythme qui plombe les budgets.

Source : un lecteur.

2.800km de bonheur : étape 3

Avec l'accord de mes hotes, je m'installe pour trois nuits à Lausanne, le temps de découvrir un peu la Suisse à Moto. La dernière fois que je suis venu, avec ma Scénic et la smala, je m'étais promis de revenir user les bords de mes pneux dans ce pays. Chose promise, chose due ! Me voilà donc à pied d'oeuvre. Habillé de mon blouson de cuir et de mon treillis, chevauchant ma vieille Moto Guzzi T3 California passablement rouillée, je décide de retourner à un endroit qui m'avait bien plu quelques années plus tôt : Interlaken, très jolie petite ville coincée entre deux lacs, comme son nom l'indique. Pour cela, c'est parti via Bulles (joli nom pour une ville de vacances), et je pense faire le détour par Gstaad pour y déjeuner. Manque de bol, Gstaad est bondé, et sent furieusement le purin (véridique). D'après ce que j'ai pu en voir, Gstaad est au village suisse typique ce que Saint Tropez est au calme village provençal : une caricature façon Hollywood et carton pate d'un lieu qui aurait pu être sympathique si tout n'y était pas hors de prix et complètement snob, alternant galeries d'art et boutiques de luxe. Non, décidément, ça ne vaut pas le coup de s'arrêter là. Je repars donc vers Interlaken, je trouverais bien un endroit sympathique, calme et bon marché (suivant les critères suisses) sur la route. Arrivé à Interlaken, je fonce acheter une carte Compact Flash pour mon appareil photo. De là, je vais à l'hotel de luxe Victoria Jungfrau pour me faire une séquence flash-Back. Il y a quelques années de cela, j'étais venu représenter Netscape dans une conférence qui se tenait là, organisée par un prestigieux organisme de conseil d'analyse en informatique. J'y étais venu dans un petit avion, et je me souviens avoir pris l'unique taxi disponible ce soir-là. Le chauffeur avait roulé quelques centaines de mètres et s'était arreté à un stop en pleine campagne pour scruter le ciel nocturne. En fait, la route traversait la piste (que je n'avais pas vu dans l'obscurité), et le chauffeur regardait soigneusement si aucun avion n'allait décoller ou atterrir ! Ces quelques heures passées à Interlaken, dans un cadre magnifique m'avaient laissé un drôle de goût. Beaucoup de pression à cause du travail, d'agitation (toute l'équipe marketing européenne de Netscape était présente), tout cela cadrait bien mal avec l'environnement. Aujourd'hui, mal rasé sur ma veille bécane avec mon look biker, sans cravate sous le blouson noir, je suis tout aussi à coté de la plaque. Peut-être faudrait-il que je revienne un jour en cabriolet sport, blazer bleu marine à boutons dorés et pantalon blanc arborant au bras avec une fausse blonde liftée, traitée aux UV, shootée au Botox et au silicone façon pétasse, pour être plus dans le ton ?

Sur ces considérations profondément philosophiques sur le sens de la vie, je repars donc vers Lausanne, via la petite départmentale qui passe par Jaunpass, après avoir quitté la vallée et ses longues courbes pour rejoindre les hauteurs. Je redescend ensuite vers Bulle et Lausanne. Le soleil descend, le bitume parfait défile sous mes pneux alors que ronfle et vibre mon vieux V-Twin italien. L'air est tiède, la Suisse ressemble à un jardin soigneusement entretenu, à un paradis pour motard, et ma moto oscille de virage en virage. Le ciel est d'un bleu incroyable, avec juste ce qu'il faut de nuages pour ne pas être monotone. J'ai l'impression de vivre dans un rêve. Mon mal aux fesses me confirme que ça n'est pas le cas. Tant mieux !

Ce soir, après une bonne douche, je retrouverais Alexis et Monique. On va encore boire des coups, éclater de rire, discuter de tas de choses sérieuses ou pas et faire un sort à la fameuse saucisse rapportée de Morteau, accompagné de vins exotiques dénichés par Alexis. Simple, et bon...

2800km de bonheur : étape 2

Départ de Gerardmer vers 9h, ce qui relève du record pour un Tristan en vacances. Il faut dire que le programme est alléchant : une belle journée pleine de virages vosgiens sous un soleil de plomb. Le col de la Schlucht, pour commencer, avant de me diriger vers la Suisse via le Markstein, le Grand Ballon, le Ballon d'Alsace. C'est intimidant de se retrouver dans tous ces virages : j'ai complètement perdu l'habitude ! Alors je me force gentiment, m'encourageant mentalement à grand renfort de allez, vas-y, penche ! et de si tu freines, t'es un lâche !. Mais je sais bien que le corollaire de cette dernière phrase est si tu freines pas, t'es un con... Malgré tout, je progresse, lentement mais sûrement. Il faut dire que je suis intrinsèquement un garçon prudent. 90% des motards arrivent à débrancher les neurones et à prendre un angle de têtu au moindre virolo. Moi pas. Et pourtant, après quelques beaux virages sur un bitume parfait, j'ai cette sensation, à chaque fois incroyable : je sens l'extérieur de ma chaussure toucher l'asphalte, malgré la bonne garde au sol de la Guzzi ! Un frisson parcours mon échine. Je l'ai fait ! Je me décrispe un peu, un grand sourire s'étale sous mon casque. Le bonheur, c'est simple comme un virage pris proprement ;-)

Déjeuner au Ballon d'Alsace, en terrasse, avec une vue fabuleuse. J'ai réalisé un peu plus tôt que j'ai oublié à la maison la carte mémoire de mon appareil photo dans mon PC. Il me reste celle de 8Mo livrée d'origine. Il va falloir se restreindre. Le ventre plein, je redescends vers la plaine, pour la traverser aussi vite que possible, aux alentours de Belfort et Montbéliard et remonter dans le Jura, direction la Chaux-de-Fonds, en Suisse, pour ressortir presque immédiatement, direction Morteau et sa savoureuse saucisse puis Pontarlier et la Suisse. A la frontière, je suis contrôlé, sûrement à cause de ma dégaine atypique. Vous avez quelque chose à déclarer ?, moi : Oui, une saucisse de Morteau pour des amis qui m'invitent chez eux à Lausanne. Vérification informatique du passeport, du permis de conduire. Quelques minutes d'attente, et je peux repartir, délesté du prix de la vignette (40FS) nécessaire pour pouvoir prendre l'autoroute, autoroute que j'éviterais soigneusement Lausanne, préférant la route touristique, armé de ma saucisse de Morteau !

Arrivée à Lausanne, retrouvailles avec Alexis, Monique et leurs enfants (Hannah et Totor). Il faut chaud, alors on s'installe sur le balcon pour se doper à l'EPO comme si on était à Marseille. On dîne sur le balcon et je savoure l'accueil de mes amis après une magnifique journée en solitaire.

lundi 21 juin 2004

2800km de photos

Voilà, quelques photos de mon voyage de juin 2004 sont publiées via le logiciel Libre Gallery. Merci à Pierre-Luc pour l'hébergement !

Promouvoir les standards

Je n'ai cessé de le dire et le répeter, les standards, c'est important. Je l'ai dit en Français, en Anglais (voir la VF), Dave Shea l'a démontré visuellement avec son CSS Zen Garden.

Mais expliquer et démontrer ne suffisent pas toujours pour que les sites passent aux standards. Il faut aussi flatter l'ego, jouer sur la reconnaissance, tout en montrant que d'autres l'ont déjà fait. Pour cela, on connaissait déjà Weekly Standards qui, comme son nom l'indique, met en avant un site conforme chaque semaine. Grace à Karl, je viens de découvrir Web Standards Awards, un site qui, de temps à autre, fait l'honneur à des sites conformes d'être sélectionnés. Chaque mois, un site est élu... site du mois (ah, qui l'eut cru ?). Tout l'intérêt est de voir comment, dans la vraie vie, les standards du Web sont utilisés. Et c'est bigrement formateur !

dimanche 20 juin 2004

2.800 km de bonheur : première étape

Je suis donc parti, et revenu, de vacances. J'ai préparé quelques affaires, bourré un sac étanche avec, j'ai fixé le tout sur l'arrière de la selle de mon antique moto italienne. 25 ans, 50 chevaux, 180.000 kilomètres au compteur, un look de vieille Harley, une vitesse de croisière de 110km/h. Objectif : faire le tour des copains de province via un maximum de départementales tournicotantes.

Direction Gerardmer : la première étape sera dans les Vosges. Un copain parisien est parti la-bas, a construit son chalet en bois, s'est marié, a fait un enfant (bientôt deux) et depuis, presque plus de nouvelles. Je suis parti plus tard que prévu, et en ce dimanche ensoleillé, je prends la Nationale 4, guère captivante mais nécessaire pour pour arriver dans les temps. Me voilà donc sur ma vieille machine, très low-tech avec son V-twin refoidi par air dont la conception remonte aux années 60, moi qui passe ma vie dans les logiciels et la haute technologie.

Cette fois-ci, j'ai décidé de partir seul. C'est la première fois. D'habitude, mon frère et/ou mon cousin m'accompagnent, mais pour une fois, ils ne sont pas disponibles. Cela fait presque deux ans que je n'ai pas conduit ma vieille machine sur une longue distance : la fin de Netscape, l'incertitude avant et après m'en ont empêché. Me voilà donc filant (laissez moi mes illusions de vitesse) vers l'Est à 90km/h, un ciel bleu magnifique, et une drôle de sensation : je rêve, ou est-ce vrai ? Il fait beau et je roule en moto ? Mieux encore, je suis parti pour rouler sur une distance incroyablement longue, presque infinie, et ça change tout. Oui, ça peut paraître absurde, mais le voyage en moto est une fin en soit, et la destination n'est qu'un moyen. Je roule seul, donc, mais la moto est par essence un plaisir solitaire (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Je roule et je savoure cet instant de liberté, d'infini, de plaisir un peu masochiste (la machine vibre bigrement et le vent secoue mon casque en permanence), plaisir que j'avais presque oublié. La route elle-même n'a pas d'importance : je suis tout à ces sensations de tiédeur du vent, du souffle dans le casque, de paysages qui défilent. C'est monotone mais le souvenir est si lointain que le plaisir est intense. Il est d'autant plus intense que l'engin que je pilote est franchement rustique : nous sommes bien loin du confort des berlines à 4 ou à 2 roues, car toute manoeuvre demande effort et concentration. Les commandes sont dures, peu ergonomiques, et la machine vibre, ronfle et ne se laisse pas dompter facilement, par rapport à une moto moderne. C'est de là que vient une grande partie du plaisir. Alors que quasiment toutes les machines modernes forcent leur pilote retenir la puissance et à sous-utiliser autant le moteur que le chassis par peur du képi, je fais le plein de sensations dès les premiers tours de roue à modeste allure. Cette vieille machine est vivante, drôle, pleine de caractère et, on le verra, de surprises. A 80 km/h sur cette nationale sans intérêt, seul sur mon antiquité, j'ai déjà la banane sous le casque. C'est encore mieux à la perspective de retrouver mon ami Hervé et son épouse Valérie, avec leur petit Paulo.

Lors des derniers kilomètres, les virages, les vrais, font leur apparition. Pour le parisien en scooter que je suis habituellement, les virages ne sont pas si fréquents. La preuve, mon pneu de moto est à section carrée, à force de rouler tout droit ! J'appréhende, ma trajectoire n'est pas franche (voire carrément brouillon), l'angle est timide et le style catastrophique, mais ce denier compte moins que le plaisir. Oui, mes habitudes sont rouillées, mais elles sont toujours là. Et puis c'est pour moi l'occasion de retrouver les Vosges, ou j'avais fait, 6 ans plus tôt, ma première concentre, ces réunions de motards. A l'époque, c'était déjà sur ma vieille Guzzi et avec des motards rencontrés sur Internet, sur le newsgroup fr.rec.moto, dont j'arbore toujours l'autocollant sur mon pare-brise.

J'arrive donc à Gerardmer, première étape de mon voyage. Je tombe dans les bras d'Hervé, que je n'ai pourtant pas vu depuis longtemps. Il me fait visiter sa maison, au bout d'une petite vallée, près des pistes de ski. On partage des souvenirs, un coup de rouge, un poisson en papillote, des sourires, le plaisir de se retrouver. On retrouve ce respect mutuel après toutes ces années et malgré des trajectoires personnelles très différentes. Je ne peux décrire ce bonheur simple qu'est l'amitié, ponctuée de rires, de silences complices, de remarques banales comme c'est vrai que t'es bien installé ici, de nouvelles des uns et des autres. Ce soir, je suis étourdi par les vibrations de ma machine et le vent dans le casque, mais plus encore, par ces retrouvailles toutes simples avec des gens que j'estime, ravi que je suis de ne pas les avoir complètement perdu de vue. Le voyage est une fin en soit, disais-je. Je viens de réaliser que les retrouvailles et l'amitié aussi.

Humour et navigateurs

Devant le raz de marée des navigateurs modernes, qu'ils soient Libres ou alternatifs, que ce soit Opera 7.5, Safari, Firefox 0.9 (devenu mon navigateur par défaut), Mozilla, Epiphany ou Konqueror, quelques irréductibles réactionnaires s'agrippent désespérement à leur navigateur obsolète comme un naufragé à un matelas pneumatique crevé. Ces gens-là vivent un drame, il faut les aider. C'est pourquoi un certain Ploum, lecteur du StandBlog, s'est fendu d'un texte listant toutes les bonnes raisons d'utiliser le navigateur que Microsoft nous avait sorti au moment de la nouvelle économie, et pas mis à jour de façon significative depuis le millénaire dernier... Une lecture qui devrait être remboursée par la sécu : Pourquoi utiliser IE ?.

Quart d'heure de célébrité

Je viens de tomber sur un excellent article sur Internet Explorer. Enfin, je l'ai trouvé excellent jusqu'à ce que je réalise qu'il était écrit par une vieille connaissance, et qu'il parlait de moi. Du coup, je suis bien embêté pour dire du bien de l'article, car on prendrait sûrement cela pour du copinage et de l'auto-satisfaction. Bon, l'article est, disons le pudiquement, correct. Une chose toutefois est intéressante, c'est qu'il est publié par CSO, le magazine de sécurité informatique du groupe IDG / Réseaux et Telecom, et qu'il fait référence à un autre article intitulé il est temps de mettre IE à la poubelle, publié pour sa part sur le site SecurityFocus.com, deux publications qui s'adressent aux responsables de al sécurité informatique.

Dans ce dernier article, je lis avec plaisir le paragraphe suivant, qui résume parfaitement ma vision du sujet :

Tous les logiciels ont des bogues, et aucun n'est totalement sécurisé. On l'a répété des dizaines de fois, la sécurité est une processus, pas un produit. Je sais que Firefox a déjà eu des problèmes de sécurité, et il en aura plus à l'avenir, c'est certain. Mais l'historique jusqu'à présent est très positif. Les problèmes de sécurité n'arrivent pas souvent, mais quand ils sont découverts, ils sont ouvertement discutés et résolus rapidement. Cela est une très bonne chose, et les professionnels de la sécurité devraient apprécier une telle réactivité.

Sortie d'iTunes Music Store en français

Tout le monde en parle, iTunes Music Store est maintenant disponible en France. Je peux donc acheter en ligne la musique de mon choix (1 morceau pour 99 centimes) et l'écouter sur mon iPod. Enfin !

Comme le remarque Présence PC, c'est une grosse claque pour VirginMega. Avec 700.000 titres au lieu 300.000 pour ce dernier, et la compatibilité avec le lecteur numérique le plus populaire au monde (l'iPod), Apple dépasse largement VirginMega... Je vais tester iTMS et je vous tiens au courant ! (Ludo n'a visiblement pas flashé sur le concept... sûrement parce qu'il n'a pas d'iPod !)

Semaine du développement durable

J'arrive un peu à la bourre sur ce sujet (la semaine a été franchement chargée), mais il convient tout de même d'en parler. Nous sommes donc en pleine semaine du développement durable, semaine qui dure douze jours, comme quoi le Monsieur Plus de Balshen a du passer par là. Tant mieux, sur un sujet pareil, on n'en fera jamais trop. Cette semaine arrive juste après l'arrivée de la Charte sur l'Environnement, comme quoi même le hasard s'en mèle. Tout le monde semble monter au créneau pour l'occasion, même TF1 communique sur le sujet, c'est dire ! Je vous recommande la lecture de La journée du consommateur durable, petit vademecum des gestes qui sauvent : économiser l'eau, réduire les emballages, consommer local, réduire les transports. De même, le site Planète Attitude semble bigrement intéressant, au point que j'ai commandé le livre correspondant.

Si vous doutez de l'intérêt de la chose, une phrase choc devrait vous faire prendre conscience : Si tout le monde vivait comme un Français, il faudrait deux planètes supplémentaires, (les auteurs du libre Planète Attitude). Pour ceux qui préfèrent une approche scientifique, pure et dure, avec des faits et des chiffres, sachez qu'un article de la très sérieuse revue scientifique Nature démontre le réchauffement de l'atmosphère (via Libération). Fascinant et inquiétant à la fois.

Voici donc quelques liens sur le sujet :

Quand un gouvernement de droite et TF1 se mette à se préoccuper de l'environnement (et de ma chasse d'eau), on peut se dire qu'effectivement, le sujet est extrèmement important. Les esprits chagrins se plaigneront sûrement qu'il était temps. Certes. Mais mieux vaut tard que jamais !

vendredi 18 juin 2004

Grosse semaine pour Microsoft

Décidément, les oreilles doivent siffler du coté de Redmond. Le petit Steve aurait même recommencé sa danse des développeurs, c'est vous dire !

Passons en revue l'actualité :

La tendance est tellement lourde que ZDNet France lance une rubrique intitulée La GPL déclarée d'intérêt public. On devrait logiquement voir arriver un article sur la déclaration du Ministre de la Réforme de l'Etat.

Bon, c'est donc un sale moment pour Microsoft. Pour remonter la pente, pour se faire plus aimer des clients, il faudrait frapper fort, avoir une action positive, qui démontre que cette société est responsable, respectueuse de ses clients et de ses adversaires. Mais plutôt que de faire un don à une oeuvre caritative en Europe ou lancer un gros programme de relations publiques à tendance démago ou une nouvelle pub ''corporate'', Microsoft décide de traîner en justice pour diffamation Sergio Amadeu, un fonctionnaire brésilien en charge du logiciel Libre au sein de son administration ! On reconnaît bien là les subtiles manoeuvres de l'ogre de Redmond. A qui le tour ?

Oui, c'est une bonne question, A qui le tour ?. Chez Microsoft France, ils manquent un peu d'idées, alors je me dévoue. C'est toujours un plaisir que d'aider Microsoft. Alors voici ma liste des gens à faire embastiller de suite par Microsoft :

  • Frédéric Couchet, président de l'APRIL et de FSF France, et son complice Loïc Dachary.
  • Les p'tits gars de l'AFUL, voire le conseil d'administration au grand complet.
  • Gaël Duval et Jacques le Marois, MandrakeSoft.
  • Nat Makarevitch.
  • Sylvain Lhullier (Parinux)
  • Bernard Lang (fondateur de l'AFUL)
  • Roberto Di Cosmo, auteur de l'excellent (ou ignoble, tout dépend de quel coté de la barrière on se trouve) Hold-up planétaire
  • Marc-Aurèle Darche et ses semblables qui osent penser à autre chose de Dot Net pour développer.
  • Olivier Meunier, qui ose mettre un outil de blog dans les mains des blogueurs qui feraient mieux de naviguer sur MSN.
  • Tous les blogueurs qui auraient pu penser du mal de Microsoft (même s'il ne l'ont pas écrit, pour l'instant)
  • Tous les utilisateurs de Mac et de Linux, qui n'ont pas su faire le bon choix.
  • Tous les utilisateurs de Mozilla, de Firefox, de Thunderbird, même sous Windows : ils filent sûrement un mauvais coton... Ah, et les utilisateurs d'Opera, aussi.

Réflexion faite, passez-les directement par les armes, qu'on évite de coûteux et inutiles procès. Sauf moi, forcément. Je suis le sympathique blogueur qui a fourni la liste, ne l'oublions pas. Hèèèè, Bill, range ce flingue, t'es pas drôle !

Free Software chosen to modernize French administration

The Minister in charge of French administration modernization has declared to Reuters that, in order to reduce the price of software licenses used in the French administration (900.000 desktops), they are going to let Microsoft compete with Free Software, including MandrakeSoft and Mozilla Europe (both entities are based in Paris, France). The French national police has already tested Free software on 20.000 PCs, and all ministries have already tested Free software solutions for the desktop. "Experimentation is over, we now have to enter a phase where the savings are real", said sources close to the Minister. Migration is expected to mostly take place in 2004 and 2005. "I have nothing against Microsoft", said the Minister to Reuters, "they just have to become again a vendor (of the French administration) among others".

Renaud Dutreil, the Minister, added: "It is very clear that Free Software solutions are a credible alternative to proprietary software, in terms of price and features. These solutions deserve a better place on the Administration desktops".

MandrakeSoft mentions that they already have contracts ongoing with various government agencies, including those in charge of Culture, Agriculture and Finance.

This announcement (in French for now, English version hopefully coming soon) is a big deal for Free software in Europe, where governments have traditionally more influence on markets than in the US.

Interviewed by Reuters this morning, I, as the Mozilla Europe president, emphasized the fact that saving on license costs is just the tip of the iceberg. It's also a matter of not becoming too dependent on a single vendor (locked-in by formats and having to purchase newer license) and being more interoperable, as Libre software tends to respect open standards much more than proprietary software. (Should you doubt about this, just compare MSIE's standards support IE with Mozilla's!). Finally, for the European economy, buying service from local companies is much better than purchasing licenses from a US company. Such a vision is very important for a government whose job is to help the local economy thrive.

For those of you reading French, I suggest that you read Libération's Microsoft prêt à relever le défi des logiciels libres.

Update:Reuter's first piece of news published by ComputerWorld

Le Ministre de la réforme de l'état pour le logiciel Libre

Dans une interview donnée à Reuters, Renaud Dutreil (ministre de la réforme de l'Etat) déclare :

Ce qui transparaît clairement, c'est que les solutions bâties sur des logiciels libres sont aujourd'hui devenues une alternative crédible à l'utilisation de logiciels propriétaires, aussi bien en terme de prix que de fonctionnalités. Je pense que ces logiciels méritent une place plus importante sur les postes de travail de l'administration. (...) Dans les trois années à venir, une grande partie des licences logiciels des 900.000 postes informatiques de l'Etat devront être renouvelées. Sur les seuls produits de bureautique (traitement de texte, tableur, présentation...), l'enjeu financier est supérieur à 300 millions d'euros.

Microsoft sera donc mis en concurrence avec le logiciel Libre, et le Ministre déclare, via Reuters, qu'il n'a rien contre Microsoft : Nous ne lançons de guerre ni contre Microsoft, ni contre les entreprises américaines du secteur du logiciel. (Microsoft) doit redevenir un fournisseur de l'Etat parmi d'autres.

Dans un encadré repris par Libération, Reuters mentionne longuement Mandrake et Mozilla Europe. Extrait de l'article de Libé :

Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, a aussi jugé "très encourageant" que le gouvernement s'intéresse aux logiciels libres. "De plus, il vaut mieux que l'argent public soit dépensé pour des sociétés qui emploient des développeurs en France, plutôt que des éditeurs quasiment tous américains", a-t-il déclaré à Reuters. Il a estimé que les questions de coût n'étaient que "la partie visible de l'iceberg". "Il y a d'autres aspects plus importants, tels que la pérennité des investissements", a-t-il expliqué. "On est plus maître de ce que l'on fait avec les logiciels libres et cela permet d'éviter d'être verrouillé par un seul éditeur."

Cette annonce est une immense victoire pour le logiciel Libre. Mais c'est aussi un immense challenge, car il va falloir que ça marche :-) Et si l'on me permet une mauvaise parodie de citation, permettez-moi de m'écrier : Libristes de tous les ministères, unissez-vous !

Autres sources :

jeudi 17 juin 2004

Brevets logiciels : où est la menace ?

On m'a demandé à plusieurs reprises, ces derniers temps, pourquoi aux USA les brevets logiciels n'ont pas été utilisés contre le logiciel Libre. En effet, l'une des grandes craintes (et c'est aussi la mienne), c'est qu'il servent comme arme pour attaquer le logiciel Libre. Alors, les gens du Libre seraient-ils particulièrement paranoïques, à imaginer les choses les plus sombres sur les brevets logiciels ? Je ne le pense pas. Voici pourquoi :

Des enjeux colossaux

Les éditeurs de technologies propriétaires ont une trouille bleue du logiciel Libre, si différent de leur modèle. En effet, avec Internet et la possibilité de créer des communautés virtuelles pour développer du logiciel Libre, ce qui était avant la lubie de quelques Geeks isolés est devenu un formidable effort collectif qui a permis de faire des produits largement meilleurs dans certains cas (et gratuits le plus souvent) que leurs équivalents propriétaires. Mozilla n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres.

Devant une telle menace sur leurs profits, les entreprises ne peuvent pas rester les bras croisés ; elles se doivent de réagir pour contrer le danger. Il ne reste plus qu'à trouver les parades contre le spectre du Libre. Dans ce jeu, tous les coups sont permis. C'est une guerre. J'ai en tête une description de poste d'évangeliste chez Microsoft qui expliquait que le candidat devait savoir dépasser les bornes et savoir demander pardon s'il se faisait attraper. L'annonce en question avait fait scandale et avait été immédiatement retirée du site où elle était affiché : toute vérité n'est pas bonne à dire, surtout avec des mots aussi francs. Sur une autre page, qui a elle aussi disparu, un ancien évangeliste de Microsoft, James Plamondon, expliquait que l'évangelisme, c'est la guerre, (la page d'origine a été remplacée par celle-ci, très édulcorée). Bref, dans le monde impitoyable du logiciel propriétaire, seul le resultat compte, et la satisfaction du patron suprême, l'actionnaire (donc à peut près tout le monde dans l'entreprise), est le principal objectif.

Des attaques particulièrement perverses


Puisque l'éthique n'est que partie négligeable au regard de l'efficacité de la méthode, voyons voir un court extrait des principales méthodes utilisées au cours du temps :

Debouts les morts !

Commençons par une spécialité qu'on croyait limitée à la Corse et à ses immigrés installés à la mairie du Vème arrondissement de Paris : faire revenir les morts pour qu'ils influencent les affaires publiques. Mais si, souvenez vous, en Corse, une vieille coutume consiste à faire voter les morts pour faire pencher le scrutin du bon coté. Aux USA, où la question politique passe bien après le profit, les morts sont utilisés pour envoyer des faux courriers de soutien à Microsoft, alors dans une passe difficile. Bien sûr, ça n'est pas très honnête de payer une agence de relations publiques pour organiser une une fausse campagne populaire de soutien. Mais quand en plus on voit que les gens qui envoient des lettres de soutien sont morts et enterrés, ça fait tâche. On savait Internet Explorer obsolète, mais à ce point-là, tout de même !

Le procès SCO

J'ai déjà parlé à plusieurs reprises de l'affaire SCO. Cette entreprise vise à déstabiliser IBM, le principal supporter de Linux, en l'attaquant en justice. Qui est derrière ? Pas facile à dire. On sait que Microsoft a donné entre 6 et 11 millions de dollars à SCO et a incité la société Baystar Capital à investir 50 millions dans la même société (un mail interne a été publié et sa véracité a été confirmée). Il faudrait vraiment être completement neuneu pour croire que Microsoft a agit par altruisme envers SCO qui est quand même détenteur des droits sur la marque Unix, un grand concurrent de Microsoft sur le marché des serveurs. Rappelons que SCO a attaqué deux grands utilisateurs de Linux, démontrant par la même que tout utilisateur de Linux est susceptible d'être trainé en justice. A l'heure qu'il est, il est probable que SCO va perdre le proces contre IBM. Mais là n'est pas le problème. Linux aura été trainé dans la boue pendant plusieurs années. Toujours ça de gagné pour ses (son ?) adversaire(s).

Notons que pendant ce temps-là, SCO envoit des lettres aux membres du congrès américain pour discréditer le logiciel Libre, affirmant que ce dernier, compte tenu de la liberté qu'il procure aux utilisateurs, est tout simplement anti-américain : cela empèche les entreprises d'enfermer leurs utilisateurs pour les tondre ! (Voir le fax de la lettre, format PDF.)

Les rapports foireux de l'Alexis de Tocqueville Institute

C'est le dernier fait en date, et il ne vaut pas mieux que les autres. Puisque Linux remporte les faveurs du marché, il faut le discréditer. Pour cela, on peut traiter son concepteur de pirate ou laisser entendre que l'utilisation de logiciel Libre est dangereuse, car cela pourrait être utilisé par des terroristes. Que croyez-vous que les adversaires de Linux ont choisi ? Oui, les deux, bien sûr. Un organisme de lobbying, appelé le Alexis de Tocqueville Institute a d'abord, en juin 2002, publié un rapport indiquant que l'utilisation par le gouvernement de logiciels Libres pourrait faciliter le travail des terroristes. Le problème c'est que même si ce prétendu institut est très discret sur ses clients, Microsoft a finalement avoué qu'il le finançait.

Deux ans plus tard, en mai dernier, le même ADTI annonce qu'il détient la preuve que Linus Torvalds, initiateur et principal développeur noyau Linux, a piraté du code de différents systèmes d'exploitation pré-existants, dont Minix. C'est hilarant quand on sait que l'auteur de Minix (Andrew S. Tanenbaum) avait une approche technique radicalement opposée à celle de Linus Torvalds (micro-noyau contre noyau monolithique). La base du raisonnement de l'ADTI : c'est impossible pour un homme seul d'écrire le noyau Linux en si peu de temps. Tanenbaum explique sur son site pourquoi il ne doute pas de la capacité de Linus Torvalds à l'avoir fait. On apprend aussi qu'ADTI a demandé à un expert indépendant de vérifier si l'on trouve bien du code en commun entre Linux et Minix. Réponse formelle : (l')analyse démontre formellement l'absence de preuve que quelque partie de code que soit ait été copié dans un sens comme dans un autre. Voilà qui semble avoir frustré l'auteur du rapport, mais n'empêche pas sa publication prochaine.

Et les brevets logiciels dans tout cela ?

Vous me direz qu'effectivement, de telles pratiques ne sont guère glorieuses. Mais de traces d'attaques sur les brevets logiciels, point ! Et pourtant : vous vous souvenez du scandale du brevet FAT ? Cette façon de stocker de l'information sur des disquettes, disques durs et maintenant des cartes mémoires a été inventée en 1976. Et brevetée. 28 ans plus tard, Microsoft annonce qu'il veut faire payer 0,25$ par utilisateur recourrant à ce format. Est bien sûr impacté le projet Libre Samba, qui offre le partage de fichier et d'imprimantes entre Linux et Windows. Comment Samba, qui est gratuit, peut-il payer un quart de dollar pour chaque utilisateur ? Pour l'instant, l'espoir vient de l'association Public Patent Foundation (PPF), qui a demandé au bureau américain des brevets de réexaminer le dossier. Sachant que dans 70% des cas, les brevets sont annulés ou leur champ est restreint, on peut garder le moral.

Par ailleurs, comme l'indique le Wall Street Journal Europe du 4 juin 2004 (édition papier), Microsoft passe à l'offensive sur les brevets, après avoir subi 30 procès pour violation de brevets au cours des années. Cela se traduit de la façon suivante :

  • Création d'une Intellectual Property Unit chez Microsoft par Marshall Phelps, l'ancien de la division équivalente chez IBM, qui avait augmenté les revenus des licences de brevets pour sa précedente entreprise.
  • Parmi les 4.500 brevets détenus (dont l'infâme brevet sur le clic, le double clic et le clic-long, délivré le 27 avril 2004), Microsoft annonce qu'il y aurait plus d'une centaine de négociations en cours autour des brevets.
  • Lors d'un récent séminaire pour les investisseurs de capital-risque, le même Marshall Phelps se serait plaint que des logiciels Open-Source violeraient actuellement des brevets Microsoft. Qu'on se rassure, des dizaines de brevets aussi absurdes que dangereux ont été déposés de façon indue.
Conclusion

Pour conclure, je pense qu'il ne reste plus, même auprès des sceptiques de nature, le moindre doute sur le fait que pour tuer les logiciels Libres, toutes les occasions sont bonnes. A ce titre, les brevets logiciels sont une arme qui n'a pas été encore utilisée. Mais cela ne signifie en rien qu'elle ne le sera pas à terme. Pour tout dire, les évolutions du coté de coté de Microsoft et du marché en général (avec une évolution des litiges pour brevets en pleine explosion) nous annonce des moments difficiles si ces brevets logiciels sont autorisés en Europe.

Ca bouge chez Mozilla

Dernièrement, LinuxFR titrait Mozilla, Mozilla, Mozilla, suite à toutes les nouveautés, dont la sortie de NVu 0.3, l'embauche par Disruptive Innovations de Laurent Jouanneau (Monsieur XulFR), l'interview de votre serviteur, et les prochaines versions des produits.

Ah, ces nouvelles versions, les voilà !

  • Firefox 0.9 est sorti. La version sous Windows ne fait plus que 4.5 Mo, ce qui fait de Firefox le navigateur le plus compact de toute l'histoire de Mozilla. On remarquera le nouveau thème, qui devrait encore évoluer d'ici la version finale. Cette version apporte aussi un ensemble d'outils de migration d'autres navigateurs, y compris les mots de passe et cookies d'Internet Explorer.
  • Thunderbird 0.7 est sorti. Lui aussi est plus compact et plus rapide, avec de sympathiques nouvelles fonctionnalités comme un meilleur support de vCard, des nouveaux gestionnaires de thèmes et d'extensions et la possibilité de stocker son profil sur clé USB.
  • Mozilla 1.7... n'est toujours pas sorti et ça devrait être pour bientôt.

Coté versions localisées, je sais que nos brillants amis de French Mozilla travaillent d'arrache-pied pour nous fournir des versions localisées très prochainement.

Mais tout n'est pas rose dans le monde de Mozilla, et on vient de découvrir une faille modérée de sécurité. Je l'ai toujours dit, Mozilla n'est pas à l'abri d'une telle faille. Maintenant, il reste à voir combien de temps cela va prendre pour obtenir une correction. En écrivant ceci sur ce blog, je sais que je vais attirer les critiques. Mais on le sait : charité bien ordonnée commence par soit même. Si je cite les bogues de sécurité d'IE (et l'on sait à quel point ils sont nombreux), je me dois de faire de même pour Mozilla. Dont acte.

(Mise à jour : n'oublions pas l'interview de Scott Collins)

Pompage de Juin

Tels les infatiguables Shadoks, les pompeurs pompent sous la canicule et nous offrent un nouvel article intitulé Design Elastique. Il est traduit de l'incontournable Webzine américain A List Apart, lequel nous a sorti un numéro composé de trois nouveaux articles. J'ai bien l'impression que nos Shadoks vont devoir passer aux stéroïdes anabolisants pour tenir la distance !

mercredi 16 juin 2004

Sortie de SPIP-Agora

Allez, je vais me faire un petit plaisir, je vais (encore) paraphraser l'inoxydable Omar Sharif : Les standards, c'est ma grande passion. Plus précisément, c'est Internet en général, et le Web en particulier, qui me passionnent. Toute l'idée du Web, c'est de pouvoir communiquer en s'affranchissant des distances et des différences de plates-formes. Il existe déjà des standards (pour que tout le monde se comprenne), des navigateurs respectant ces standards, mais il reste à faire et utiliser des outils de gestion et de production de contenu qui respectent ses standards. C'est pour cela que j'ai des trémolos dans la voix quand je mentionne DotClear. Mais il faut aussi un outil plus généraliste que DotClear (spécifiquement destiné aux blogs). J'ai placé de grands espoirs dans SPIP, outil Libre mais qui laissait à désirer en terme de conformité aux standards. Il faut dire à la décharge des développeurs SPIP que les pro-standards n'ont pas toujours été très subtils dans leur démarche, d'où la beuglante d'Arno* et ma réponse.

Toujours est-il qu'une version de SPIP conforme aux standards (XHTML 1.0 Transitional) est disponible sous le nom d'AGORA. Le logiciel existe officiellement maintenant, et c'est en tant que tel une excellente nouvelle. Il est Libre, et c'est très bien aussi. Le contenu produit est accessible, et c'est exceptionnel qu'un CMS le soit. Mais ce qui est peut-être le plus fort, c'est le sponsor qu'il y a derrière AGORA : le Service d'Information du Gouvernement ! Cela a assuré un financement du développement pendant de longs mois, et surtout une liste d'utilisateurs prestigieux (actuels ou à venir), parmi lesquels :

  • internet.gouv.fr
  • forum.gouv.fr
  • retraites.gouv.fr
  • europe.gouv.fr
  • ANPE.fr (en partie)
  • travail.gouv.fr
  • diplomatie.gouv.fr
  • equipement.gouv.fr
  • environnement.gouv.fr

Le gouvernement, pour la publication de ses sites, a donc choisi de privilégier les outils Libres, les standards et l'accessibilité. Pour un Internet ouvert et Libre, c'est une immense victoire !

Autre bonne nouvelle, c'est la coopération des entités qui ont porté ce projet : le SIG, bien sûr, l'ADULLACT (hébergement Gforge), BrailleNet (l'accessibilité) et l'ADAE et Clever-Age (société de service qui a réalisé le projet). On y voit la collaboration d'entités gouvernementales (ADAE, SIG), d'associations comme ADULLACT et BrailleNet, et des entreprises du marché pour produire un bien collectif logiciel. Je cite : l'idée s'est progressivement imposée qu'un outil payé par financement public pour les besoins du service public puisse faire d'une pierre deux coups et devenir lui-même un bien collectif, un bien "public" : l'argent public a vocation à ne payer qu'une fois !.

Je tiens à féliciter les acteurs de cette solution très innovante que j'ai personnellement rencontré au cours de l'aventure, ne ratant aucune occasion de faire passer (avec douceur) le message des standards et de l'accessibilité :


  • Benoît Thieulin (SIG) ;
  • Jean Cormon (SIG), pour nos longues conversations sur l'importance des standards et de l'accessibilité ;
  • Dominique Burger (BrailleNet) ;
  • Antoine, du projet SPIP.

Bravo aussi à l'Adullact et à l'ADAE, pour qui j'ai la plus grande admiration, et à Clever-Age, que j'ai eu l'occasion de fréquenter sur les listes de diffusion.

Sources :

Quand j'étais petit...

Quand j'étais petit, je jouais au football. Oh, je n'étais pas très assidu, mais comme tous mes copains y jouaient, j'ai bien dû m'y mettre. Je me souviens de ce terrain municipal, en bas du village. Je crois bien qu'il était un peu en pente. Mes copains les plus chanceux portaient le maillot vert de St-Etienne et se prennaient pour Platini ou Rocheteau. On était une bonne douzaine de gamins (difficile de rassembler deux fois onze garçons dans ce petit village de l'Oise) et les mercredi après-midi, on courrait dans tous les sens après un ballon en simili-cuir blanc et noir.

25 ans ont passé, et ce soir, la télé est allumée. Oh, on dirait du football ! Ca existe encore, après toutes ces années ? Je regarde de plus près, mais ça ne doit pas être ça. Au début, on pourrait s'y méprendre, ils sont bien 22 sur le terrain, plus ce type en noir qui s'époumonne dans un sifflet au lieu d'être aux chiottes, comme je le croyais. Mais pour tout le reste, c'est différent : le ballon est argenté et zébré de noir, et aux lieux de gamins, ce sont 22 millionnaires en bermuda qui courent en désordre. Enfin, je dis qu'ils courent, mais il semblerait que dans ce jeu, il faille toujours qu'il y en ai deux à terre en permanence, si possible de l'autre équipe. C'est peut-être là la plus grande différence : il est permis (voire recommandé ?) d'attraper l'adversaire quand le type des chiottes regarde ailleurs, de lui faire un croche-pied, voire de lui labourer le tibia avec la chaussure à crampons, tout en levant les bras aux ciels en prenant un air soit innocent, soit outragé de se faire soupçonner d'absence de fair-play. Celui qui est à terre, au contraire, mime avec une certaine conviction la douleur du contribuable à qui on a annoncé un redressement fiscal, tout en prenant des poses plastiques en se tenant une partie du corps comme si on avait tenté de lui arracher. Bien sûr, il se relèvera sans égratignure et gambadera quelques secondes plus tard, après avoir réalisé que le coup franc, voire le carton jaune tant espérés n'ont pas été accordés. On voit aussi, souvent, un joueur ceinturer fermement son adversaire, sûrement pour éviter qu'il ne tombe : comme quoi l'esprit du sport n'est pas complètement mort.

J'allais éteindre la télé, quand j'ai regardé autour du terrain. Des grandes marques de multinationales semblaient être fières de s'afficher auprès de ces décérébrés surpayés. MacDonalds, Heineken, JVC, MasterCard et Coca-Cola, tout ces entreprises qui contribuent au bonheur (voire à l'élévation) de l'être humain affichent fièrement leurs logos sur des emplacements hors de prix. Autour, 46.000 supporters vétus de blancs ou d'orangé, imbibés de bière (il semble faire très chaud), debouts à chaque action, l'écume aux lèvres quand ils braillent d'incompréhensibles borborigmes en brandissant à bout de bras des objets logotypés, autant d'emblèmes de leur passion pour ces athlètes dont le salaire mensuel suffirait à combler le trou de la sécu. Encore autour, des cars entiers de flics venus de toute l'Europe (chaque pays envoie ses physionomistes pour reconnaître les hooligans) surveillent ces dizaines de milliers d'éponges à bière que le score final rendra sûrement aggressif.

Oui, au début, j'ai vraiment cru qu'il s'agissait de football, et quelle méprise c'était ! C'était tout simplement un mélange de la Ferme Célébrités avec des gens encore mieux payés, de tragédie grecque mâtinée de mime façon Marceau (non, pas la bimbo de La boum), saupoudrée d'une multitude de fausses douleurs façon Urgences et d'empoignades comme au catch à quatre, avec une ambiance de match de boxe, le tout sponsorisé par les entreprises qui ont inondé de monde de choses aussi indispensable que le hamburger, la télé, la carte en plastique qui permet de dépenser l'argent qu'on a pas, la bière populaire et l'eau pétillante sucrée plus chère que le pinard.

Ca n'était donc pas du football, ça s'appellait même l'Euro, comme quoi ils n'ont pas du tout cherché à dissimuler qu'il s'agit surtout d'une affaire de gros sous.

Quand j'étais petit, je jouais au football avec mes camarades sur ce terrain municipal de province, et je m'y emmerdais ferme. Mais au moins, je n'avais pas cette sensation de malaise en milieu de partie.

Ah, si seulement le bon peuple européen voulait bien se pencher d'avantage sur des sujets importants comme les élections et l'environnement ! Peut-être faudrait-il pour cela fournir de la bière bon marché dans les bureaux de vote ? C'est en tout cas une idée à creuser.

mardi 15 juin 2004

Pendant que j'avais le dos tourné

Ah, il s'en est passé des choses, pendant que j'avais le dos tourné... Petit florilège pour essayer (vainement) de rattraper le temps perdu).

  • Quand un officier supérieur de l'armée tire à boulets rouges sur la LCEN... Ca fait mal !
  • Apple sort AirPort Express. Très très fort à tous points de vue : taille, design, intégration avec iTunes... Ils sont bien partis pour devenir le Digital Hub tant promis. A moins que ça ne soit la Freebox ?
  • Phishing et Spoofing sont dans un bateau. Je reprends les mots du bulletin de sécurité publié par K-otik.net : Risque : Elevé ; Exploitable à distance : Oui ; (...) Versions Vulnérables : Microsoft Internet Explorer 6 ; (...) Cette vulnérabilité pourrait être exploitée afin de spoofer l'URL dans la barre d'adresses, ce qui pourrait permettre à un attaquant de conduire des attaques de type phishing. (...) Aucune solution officielle pour l'instant. Utiliser un autre produit. (Note : spoofer, c'est faire faire passer une chose pour ce qu'elle n'est pas, par exemple un site de truand informatique pour un site légitime)
  • Sortie de la version 0.30 de NVU, le logiciel qui fait des eNViUx (Ahem, vite, mes gouttes !). Le Changelog est impressionnant.
  • Un papier intéressant quoiqu'imparfait dans The Economist : Une injection d'Open Source dans le bras. Le constat est le suivant : si l'Aspirine guérissait le cancer, aucun labo n'investirait dans les tests et la paperasse pour cela, car il ne serait pas possible de breveter le résultat (le brevet est dans le domaine public). Parallèlement, mieux vaut faire des médicaments pour des patients riches que des patients pauvres (désolé pour cette évidence). C'est là que l'Open Source entre en jeu, mettant en commun des compétences pour redécouvrir des médicaments, breveter leur nouveaux usages et les commercialiser à bras prix à des labos spécialisés dans le médicament générique. Objectif : offrir des médicaments très bon marché à des populations peu fortunées. (Source : JD)
  • Rien à voir avec la techno, et pas très compatible avec le respect de l'environnement, mais rigolo quand même : Jay Leno met un moteur de char d'assaut dans un cabriolet. Tu écrases les freins autant que faire se peut et t'appuies sur le champignon, et la bagnole avance quand même. (Source : Olive).

lundi 14 juin 2004

De l'impossibilité de vérifier les brevets

On le savait, la grande difficulté des brevets logiciels repose aussi sur le fait qu'il est déjà possible (aux USA) et qu'il serait possible en Europe de breveter quelque chose déjà inventé par d'autres. Pour éviter cela, l'US Patent Office et le Bureau Européen des Brevets doivent, pour chaque dépot, vérifier la validité de la demande. Cela donne des situations qui friseraient le ridicule si elles n'étaient pas dramatiques. Ainsi, une société prétend détenir un brevet sur le format JPEG, et a réussi à soutirer 16 millions de dollars à Sony, de quoi financer les 31 procès qu'elle a lancé en avril 2004 (dont Dell et Apple) sur le même sujet. De même, les escrocs d'une société appelée Pangia Intellectual Property ont racketé des petites entreprises en prétendant avoir breveté le commerce électronique ! Rappelons aux lecteurs que Microsoft a réussi à breveter le double clic et le clic long, alors que les montres à quartz des années 80 utilisaient déjà cette notion de clic long pour changer de mode de fonctionnement. Idem pour les brevets sur les onglets, la barre de progression, le paiement par carte bleue et des milliers d'autres. Tout cela ne devrait pas être possible, les offices de brevets devant vérifier, un à un, si les demandes de brevets sont recevables. De toute évidence, ça n'est pas le cas.

Mais voilà, ZDNet nous révèle qu'une enquête interne à l'OEB indique que le personnel n'a déjà pas le temps de vérifier les brevets. On s'en serait douté, pour avoir laissé passer 30.000 brevets logiciels alors que justement, ils ne devraient pas être accepté. 30.000 fautes d'inattention de suite, ça n'est plus une erreur, c'est un mode de fonctionnement ! Et vous croyez que quand on aura le droit de breveter des logiciels, les choses vont s'améliorer ?

Conclusion de ZDNet :

Ce problème de temps et de qualité pourrait s'aggraver si la directive européenne sur les brevets était adoptée en l'état. Car elle conduirait à une guerre des brevets dominée par les grands groupes et, par conséquent, à une hausse importante des demandes. Ce qui est déjà le cas aux États-Unis.

Le système américain des brevets logiciels est une véritable catastrophe. Devons-nous instaurer un système similaire ? Allez, je vous donne un indice : quand Bush a envahi l'Irak, a-t-on envahi l'Iran ? (Réponse pour les neuneux : NON !)

Economiser dans l'éducation avec les logiciels Libres

La dernière fois que j'ai parlé de cela, c'était en reprenant les propos de Jean-Pierre Raffarin. Le StandBlog pencherait-il dangereusement sur son coté droit ? Non point, cher lecteur ! Cette fois-ci, et pour ne pas faire de jaloux, je parlerais de l'intervention de Michel Vauzelle, qui est de gauche, lui. Ainsi donc, on parle de réduire les coûts grâce aux logiciels Libres aussi bien à droite qu'à gauche. Cette fois-ci, c'est dans l'éducation (sujet ô combien cher à mon coeur) que le Libre permet de faire des économies. On connaît le problème : plus de besoin en équipement, pas de personnel pour gérer l'informatique, moins de crédits ; un grand classique : faire plus avec moins. Le Lycée Pasquet d'Arles a trouvé la solution, à base de logiciels Libres et de matériel de récupération, tout en limitant le travail de maintenance sur les postes... Inauguration en grande pompe de ce système avec le Président de la région PACA, Michel Vauzel :

Outre le coût des machines se pose le problème du coût des licences d’exploitation des logiciels. Je ne peux ici que me féliciter du choix qui a été fait au Lycée Louis PASQUET pour les logiciels libres, car je ne peux m'empêcher d'être mal à l'aise, lorsque, à la tête de l'institution régionale, j'équipe à grand frais des lycées avec des produits émanant de chez Microsoft, alors même qu'il existe des systèmes beaucoup moins coûteux et plus ouverts. L'ouverture de nos jeunes à l'informatique ne doit pas inexorablement les faire entrer dans une mécanique commerciale infernale. La voie que vous avez choisi dans cet établissement, par le système d'exploitation LINUX permet de prolonger efficacement la vie de matériels moins puissants et donc d'abaisser les coûts. Mais surtout, le concept même de logiciel libre contribue à l’éducation à la citoyenneté de nos enfants. (...) dès la rentrée 2004, les lycées qui le souhaitent pourront se voir livrer des postes de travail avec un système d'exploitation libre en distribution non marchande pré installé en lieu et place du système Microsoft. Avec l'essor des Environnements Numériques de Travail dans le secteur éducatif, les solutions "logiciels libres" sont à privilégier.

Raaah, ces politiciens, qu'est-ce qu'ils causent bien ! (Source : l'article de SIL-CETRIL, qui a fourni les machines de récupération).

dimanche 13 juin 2004

Ouvert ou fermé ?

Lu dans un article expliquant que Microsoft fait une série de séminaires pour dire la vérité sur Linux :

En tant que société de logiciels propriétaires, Microsoft n'a peut-être pas de communauté qui recherche les défauts (dans ses logiciels), mais a des employés qui travaillent sur le même sujet.

A mon humble avis, quelques dizaines, voire centaines de testeurs (QA, dans le jargon américain), c'est forcément moins que des dizaines de milliers, sur tous types de plate-formes. Rappelons que Bugzilla compte plus de 50.000 utilisateurs.

En pratique, si le système de Microsoft était efficace, on ne devrait pas avoir ce genre de chose : deux nouvelles failles décelées dans Internet Explorer sont exploitées pour installer à distance un mouchard publicitaire.

Analysée par un étudiant hollandais en sécurité, l'attaque consiste à installer le programme lorsque la victime est connecté à l'internet ou sur un réseau IP local, et cela grâce aux deux vulnérabilités décelées dans IE 6.0 pour Windows. Non identifiées jusqu'alors, elles favorisent également la création de sites internet piégés, où l'internaute télécharge le programme malveillant à son issu. Les autres navigateurs, tels qu'Opera ou Mozilla, ne sont, par conséquent, pas affectés. Même chose pour les OS GNU/Linux ou Mac OS.

CQFD.

mercredi 9 juin 2004

Blaireau fatal

Ce billet pourrait commencer avec une citation d'Albert Einstein : Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'ai pas encore acquis la certitude absolue. La formule fait sourire, mais il arrive qu'on grimace devant l'évidence. La dernière fois que cela m'est arrivé, j'ai été pris d'un inextinguible rire nerveux. C'était quand Mat puis Olivier m'ont parlé de ce jeune abruti qui s'est pris pour un pirate surdoué en changeant une des pages de la Documentation DotClear. Wouah, quelle démonstration de savoir faire, voilà qui force le respect ! Il va pouvoir se vanter dans la cours de récré, faire bisquer ses camarades (s'il en a), et même frapper bruyamment sa poitrine en signe de virilité (si toutefois on le sort de sa camisole). En effet, la documentation DotClear est hébergée sur un Wiki, ce qui signifie que tout le monde peut la modifier.

Là où le petit con bat tous les records, c'est en ignorant que toutes les modifications sur le Wiki sont archivées, avec l'ancienne version et l'adresse IP de l'auteur. Trivial à tracer, donc, d'autant que cet imbécile heureux a commencé à signer son ouvre avec un pseudonyme composé de chiffres et de lettres, comme se désignent les pseudo-pirates dans les techno-navets hollywoodiens. Il se prend pour M41Tr3 c4p3LL0 ou quoi ?

J'invite ce jeune TDC, maintenant banni du serveur DotClear, et donc désoeuvré, à pénétrer par effraction sur un serveur ultra secret et à effacer rageusement le contenu de tout le disque dur, ça peut l'aider dans sa guérison !!!!

Go East, young man!

J'en rêvais depuis presque deux ans : reprendre ma vieille moto et tailler la route pour aller voir mes amis exilé en province. La dernière fois, c'était un tour en Aubrac, avec mon cousin Julien, et la fois d'avant, en mai 2002, et ça avait donné un magnifique Road Movie. Cette fois-ci, il s'agit de partir seul, et de retourner en Suisse, pays que je m'étais promis de visiter à moto, en faisant un maximum de petites routes, en les choisissant pour leurs virages car, tout motard vous le dira, c'est mieux quand ça penche . Accessoirement, j'en ai marre d'avoir des pneus carrés à force de rouler uniquement en ligne droite, et j'ai donc bien l'intention d'user consciencieusement leurs flancs avant de les changer.

Au programme, donc :

  • Les Vosges, en dormant chez Hervé et Valérie ;
  • Traversée du Jura ;
  • Arrivée en Suisse, hébergé par Monique et Alexis, où je resterais quelques jours ;
  • Passage à Grenoble (je rêve de revoir le Vercors, traversé lors de mon retour de mon retour d'Italie en moto), hébergé par Philippe et Blandine ;
  • Passage à Lyon, hébergé par Damien et Sophie, avant de revenir sur Paris.

Voilà donc l'itinéraire prévu. J'inaugure pour l'occasion une catégorie Moto, qui devrait contenir les prochains billets de ce périple.

vendredi 4 juin 2004

Je n'aurais pas dit mieux

Je me suis maintes fois répandu sur les qualités de journaliste du jeune Xavier Borderie, qui a le don pour bien choisir ses sujets (standards, accessibilité, XUL). J'ai eu le privilège d'être interviewé par lui cette semaine, et l'article est paru. Au risque de passer pour un fieffé lèche-bottes et laisser croire que vous êtes face à un cas typique de copinage, je dois vous avoue que ses questions étaient particulièrement bien choisies !

jeudi 3 juin 2004

Citations informatique du jour

Source : l'ami JJ Enser (ex-Netscape Mountain View, maintenant chez Apple Cupertino)

Si l'automobile avait progressé de la même façon que l'informatique, une Rolls-Royce couterait aujourd'hui 100 dollars, ferait 300.000 kilomètres avec un seul litre d'essence et exploserait une fois par an en tuant tous ses passagers. (Robert X. Cringely)

Les deux principaux produits issus de l'université de Berkeley sont LSD et UNIX. Il ne peut s'agir d'une coïncidence. (Jeremy S. Anderson)

Souriez, vous êtes phishés !

Je viens de recevoir un mail de phishing, qui se fait passer pour CitiBank, (avec le logo et tout) et m'envoie sur une adresse IP (port 34). Il semble bien que je ne soit pas le seul dans ce cas, si j'en crois l'Anti-phishing Working Group, qui vient de publier son rapport du mois d'avril (PDF, 345K), et qui indique justement que Citibank est la première cible des phishers. Rappelons qu'un article récent mentionnait le nombre de 1,78 millions de victimes aux USA !

Le même groupe de travail propose une liste de points pour éviter d'être phishé, et c'est un bon début (il faudrait que quelqu'un fasse une version française, des bénévoles dans l'assistance ?) mais c'est l'ami Gerv qui propose un patch pour Firefox. C'est tout simple, dans la mesure où cela consiste à afficher dans la barre de statut le nom du domaine effectif, juste à coté de l'icône représentant un cadenas, et qui sert à indiquer si on est sur un site sécurisé ou non. Pas bête, et tout simple...

Les brevets logiciels : démonstration par l'absurde de l'inefficacité du système

Je discutais hier avec Peterv (mon fidèle gourou technologique et contributeur Mozilla) du nouveau brevet déposé par la société Network Associates sur les techniques anti-spam reposant sur les réseaux bayesiens (cf l'article d'InfoWorld). Remarque de Peterv : Leur demande de brevet date de décembre 2002, alors que mon implémentation date de septembre 2002 et elle repose sur des publications et implémentations antérieures (été 2002)...

Donc clairement, Network Associates a déposé son brevet bien après que l'idée ait été publiée et que les premières implémentation Open Sources soient disponibles. Donc, en aucun cas, Network Associates ne peut être considéré comme l'inventeur de la chose. Et pourtant, ils ont obtenu le brevet en question. Je vous encourage à lire l'article de Ludovic Dubost... Pour ceux qui douteraient encore, sachez que Microsoft a obtenu le brevet pour le double-clic le 27 avril 2004. On est passé dans un univers parallèle ou quoi ?

L'intox des labos pharmaceutiques

Ce matin, en feuilletant Télérama (N° 2038, page 71), J'ai trouvé une pleine page de pub qui a failli me faire cracher mon thé en pluie fine sur ma petite famille. Signée par les entreprises du médicament, cette pub titre Débarrassons-nous des idées reçues, laissons parler les faits, avec un visuel démontrant une personne mettant le feu à un papier disant Les labos n'inventent plus de médicaments. En petits caractères et en mots parfaitement choisis, la pub explique que vraiment de nouveaux médicaments sont inventés, 40 nouvelles molécules en moyenne chaque année.

La ficelle est un peu grosse, mais pas assez pour m'éviter un commentaire : qui prétend que les labos n'inventent plus de médicaments ? Personne. Ou du moins, personne de crédible. La vérité est toujours un peu plus subtile que les déclarations à l'emporte-pièce ! La vérité, c'est qu'il est de plus en plus difficile d'inventer les médicaments. En effet, tous ceux qui étaient (relativement) faciles à inventer l'ont déjà été. Alors la pub s'attaque à un propos non crédible et en sort vainqueur, forcément. J'ai tout de suite pensé à ce médecin, Martin Winkler, qui avait une chronique sur France Inter, et qui a été limogé pour avoir craché dans la soupe des labos. Je me suis dit, ahh, il faudrait que je fasse un article, la ficelle est trop grosse, ahhhh, mais pourquoi je manque tellement de temps ?. Et là, PAF, quelques minutes après, je tombe sur cet article de l'Aquoiboniste, qui résume à la perfection le propos que j'aurais souhaité tenir :

Le problème avec "la réforme" de la sécu, c'est qu'on omet toujours un des facteurs essentiels du déficit: les entreprises du médicament, qui pour compenser leur manque d'innovation et le déremboursement de nombreux médicaments se reportent sur d'autres produits remboursés. Petite fuite en avant qui permet de gagner du temps, par un système qui a bien intégré l'inéluctable. Les entreprises du médicament déposent en effet de moins en moins de brevets et comme leurs "anciens" brevets tombent dans le domaine public (et deviennent des médicaments génériques) elles ont tendance à se rabattre sur ce qui rapporte, dans une pure logique de profit immédiat, propre à satisfaire leurs investisseurs. Exemple récent: le Tulgras, remboursé à 65% par la sécu et qui vient de voir son prix exploser (il a plus que triplé). Par ailleurs, il faut savoir que les entreprises du médicament emploient (et financent) plus de visiteurs médicaux (commerciaux donc) que de chercheurs... Martin Winckler a fait les frais d'avoir eu le courage de le dire dans sa chronique matinale de France Inter en juillet 2003.

Merci, m'sieur AQB !

En vrac

Voici une liste de liens en retard dans mon courrier. En vrac, mais pas sans intérêt. Ah, comme j'aurais aimé faire un article sur chacun de ces sujets !

  • Nouvelle version de la licence Creative Commons. Il faut impérativement que j'y pense à mettre une telle licence sur le contenu du StandBlog.
  • On était passé à coté : une référence Mozilla dans une administration (en fait, Galeon, basé sur Gecko, de Mozilla). Nous voulions tester l'usage de postes de travail fonctionnant avec Linux, explique Gilles Genty. Car les coûts sont moins élevés qu'avec Windows. En environnement libre, c'est le service qui coûte cher. Or, nous avons les compétences Linux en interne.
  • Zoom d'images avec CSS, paru sur OpenWeb. Bravo Pascale ! (Merci à Laurent Denis pour son efficacité sur OpenWeb, et à Florian Hatat pour sa mise à jour du CMS ce week-end.)
  • Linux est une perte d'argent nous affirme un cadre de Microsoft. Il veut sûrement parler d'une perte de chiffre d'affaire pour Microsoft. En cela, il a indéniablement raison.
  • Comparaison Linux / Minix pour le compte d'ADTI, visant à prouver que Linus Torvalds (créateur du noyau Linux) a pompé du code. Réponse d'un expert payé pour démontrer cela : Aucun morceau de code n'a été copié d'un projet vers l'autre. Conclusion de l'expert : pay no attention to this man; to the best of my knowledge he is talking out of his ass (je n'ai pas traduit en français parce que ma maman m'a interdit de dire et - pire encore, d'écrire - des gros mots).
  • Traduction du Livre Blanc de Maccaws Aller de l'avant avec les standards Web Source : Chantal. Voir aussi :
  • Compte rendu du T'chat avec notre premier ministre : franchement pas brillant. Une nouvelle preuve de l'intérêt du T'chat : c'est un bonheur pour l'interviewé, qui sélectionne les questions qui l'intéressent (oui, j'adore jouer à Tétris) et évite soigneusement les propos qui fâchent (brevets logiciels, délocalisations).
  • Le Ministère des Finances va investir 20 millions d'euros pour déployer un nouveau système basé sur les logiciels Libres, dont Bugzilla. (Source : Zorglub, ZDNet)
  • Le Conseil Général des Vosges est passé aux standards ils y a quelques jours, suite à quelques échanges par mail avec les auteurs (la société Eolas.fr), il y a plusieurs mois. Eolas m'écrit : Ce modeste exemple montre que l'ensemble de vos efforts via l'OpenWeb et vos activités divers comme les Blogs en tout genre portent chaque jour un petit peu plus ses fruits auprès des professionnels comme nous... Autant je suis flatté d'être impliqué dans ce genre de succès (et l'équipe d'OpenWeb l'est tout autant), autant je ne considère pas que cela soit un modeste exemple, car il est plus difficile de faire de l'accessible et du conforme dans la vraie vie qu'au milieu d'une bande d'enthousiastes comme celle qui constitue le collectif OpenWeb... Un grand bravo donc au Conseil Général des Vosges et à son prestataire, Eolas... Sur le sujet, voir aussi :

mercredi 2 juin 2004

Interview de Ben Goodger

Ben Goodger, c'est le principal développeur de Firefox, et il est interviewé par Neowin. De cet entretien, beaucoup de bonnes nouvelles d'ici la version 1.0, que ce cite ici en vrac :

  • une meilleure gestion des extensions (gestion des versions), plus de fonctionnalités dans les extensions ;
  • Etre prévenu lorsqu'une nouvelle version d'une extension est sortie ;
  • Binaire téléchargeable réduit à 4,6Mo !
  • Migration aisée depuis les principaux navigateurs, y compris les cookies d'IE, les données des formulaires sauvegardés, etc. ;
  • Pas de grands changements supplémentaires d'ici la 1.0

En ce qui concerne XUL (c'est la communauté XulFR qui va faire des bons de joie), que des bonnes choses, dans la mesure ou la Mozilla Foundation souhaite investir dans l'amélioration de XUL pour :

  • Peaufiner le toolkit ;
  • Rajouter des fonctionnalités graphiques (je parie sur SVG) ;
  • Faciliter le développement et le deboguage d'applications XUL ;
  • Lancer un projet XUL2, plus général que XUL, qui était créé à l'époque pour répondre spécifiquement aux besoins de Netscape pour un navigateur ;
  • Lancer le projet devmo de documentation pour les développeurs.

Bref, que du bon, à la fois sur le court terme et pour l'utilisateur final, avec un Firefox simple, rapide et léger, avec une grande facilité de migration ; et sur le long terme et pour les développeurs, avec un effort XUL important qui répond aux besoins d'un très grand nombre de développeurs.

mardi 1 juin 2004

Lettre ouverte au Premier Ministre

Vous savez à quel point Internet, l'intéropérabilité, les standards du Web et les navigateurs conformes me tiennent à coeur. Si non, je vous suggère de relire ce qui fait courir Tristan, qui explique cela très bien. Si vous fréquentez ce site régulièrement, vous savez à quel point est sérieuse la menace qui pèse sur les logiciels Libres. Pour mieux comprendre les enjeux, je vous encourage à lire Si ça passe, c'est la mort, qui résume fort bien cela. Alors, j'écris sur le Web. Mais encore, comment se faire entendre ? Par courrier. Ou par e-mail. A qui ? Au Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui annonçait récemment que les logiciels Libres pourraient amener des économies de l'ordre de 50 millions d'Euros. J'ai donc pris mon plus beau clavier, et j'ai envoyé via un formulaire le courrier suivant :

Paris, le 1er juin 2004

Monsieur le Premier Ministre,

C'est avec un grand plaisir que j'ai entendu votre intervention sur France Inter, mercredi dernier. A cette occasion vous avez mentionné les économies que pourrait faire l'administration (50 à 100 millions d'Euros par an) en ayant recours à des logiciels Libres. Je pense en effet que cela est une formidable opportunité pour la France et pour l'Europe de développer le savoir faire logiciel et informatique local, plutôt que de dépendre encore plus de multinationales américaines.

Toutefois, j'aimerais vous rappeler à quel point la loi sur la brevetabilité des logiciels est dangereuse pour ces même logiciels Libres.

J'ai écrit un article qui démontre cela : http://standblog.org/blog/2004/05/13/93113488

Le candidat Chirac, en 2002, exprimait fort bien le danger des brevets logiciels. Aussi, je souhaite de tout coeur que la France et l'Europe disent non à ces brevets logiciels, qui sont un danger pour les logiciel Libres et pour l'indépendance technologique de la France et de l'Europe.

Je vous remercie, Monsieur le Premier Ministre, pour l'attention que vous voudrez bien porter à ce problème qui, s'il parait technique, a un grand impact sur notre société.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes plus respectueuses salutations.


--Tristan Nitot
Président de Mozilla Europe
Editeur de Logiciels Libres

Je vous encourage, si le coeur vous en dit, à interpeller (poliment !) notre Premier Ministre sur ce sujet, via son formulaire. Aidez-vous de ma lettre si vous manquez d'inspiration (mais évitez de recopier la signature !), et laissez un commentaire ici-même (avec votre lettre, si vous pensez qu'elle peut inspirer d'autres lecteurs).

La brevetabilité des logiciels est une affaire d'importance, qui mérite qu'on emploie des méthodes à la hauteur du problème. En effet, pour ma part, c'est la première fois que j'écris à un Ministre. Finirais-je par y prendre goût ?

Mise à jour : Quelques émules 

Citation du jour

A propos des standards, par Karl :

Il est intéressant de remarquer la difficulté que les gens ont de comprendre les normes. Elles sont souvent perçues comme quelque chose d'autoritaire et contre-productif, ou encore contre-créatif. (...) Une norme est un ensemble de règles permettant de créer de l'interaction technique et de la liberté sociale.

Oui, une norme est techniquement contraignante. Mais il faut voir ce qu'elle offre. Humainement, tout le Web est un gros paquet de normes, de standards. Mais regardons ce que cela permet quand c'est respecté : du commerce électronique, de la communication en temps réel (messagerie instantanée) ou en asynchrone (mail), publication (Blogs, sites Web), travail communautaire (Wikis, comme Wikipedia), applications Web (et indirectement le développement de logiciels Libres), forums, sites d'information.

Alors oui, on peut décider de se passer des normes et des standards, mais il faudra aussi accepter de se passer de ce qu'ils permettent. Pour ma part, j'ai choisi mon camp. Ceux qui ont connu le temps où pour échanger des fichiers, il fallait s'envoyer une disquette par la poste, en s'assurant que le document était au bon format (applications compatibles, plate-formes identiques) ne pourront qu'acquiescer.

La liberté d'échanger des données peut paraître acquise, mais c'est en fait comme la démocratie... Si l'on n'y prend pas garde, si l'on néglige l'essentiel (pour la démocratie, c'est le devoir de voter), on se retrouve dans des situations délicates. Alors pour garder un Web propre et sain (raaah, on dirait une pub pour un dentifrice), il suffit produire du contenu conforme. Et avec des outils aussi simples et Libres qui se diffusent, c'est de plus en plus facile...

Totalement Crétin, maintenant en couleur et en peluche !

Vous connaissez Totalement Crétin(s) ? C'est blog sans prétention où de jeunes énérvés tirent à boulets rouges sur la bétise surhumaine de certains Webmestres. C'est souvent rafraichissant et on dirait bien que l'audience va croissante, au point qu'un blogueur qui ne fume pas que des Gauloises vient de leur dédier un fond d'écran. Délicieusement consternant !

Netscape le retour de la revanche du survivant de parmi les morts vivants qui n'étaient pas completement morts a fond.

Il y aurait bien une version 7.2 de Netscape prévue pour cet été, suppute la presse (eWeek, ZDnet et d'autres...). Personnellement, je n'en sais rien. J'entends par là que je ne suis pas dans le secret des dieux. Daniel a été interviewé à ce sujet il y a quelques jours, et je suis globalement d'accord avec ce qu'il dit. (Voir aussi le billet de BlogZinet)

Est-ce une bonne chose ? Pour ma part, je pense que oui, dans la mesure où c'est une bonne chose de multiplier les canaux de distribution des navigateurs respectant les standards. Je l'ai déjà expliqué, le Web, c'est un formidable outil pour partager le savoir. En substance, Internet est une chose bien trop importante pour la laisser à un monopole commercial. Donc voir Opera, Mozilla et Safari prendre d'assaut les parts de marché de l'obsolète Internet Explorer est rassurant, tout comme voir les distributions Linux, les Mac se multiplier.

En ce qui concerne une éventuelle concurrence entre Netscape et Mozilla (si la chose est effectivement confirmée), c'est une bonne chose. J'enrageais à une époque de voir Netscape ne pas faire autant que ce qui était possible en terme de promotion et de distribution (cela génait AOL). Au même moment, Mozilla était cantonné au rôle de groupe de développement et n'avait pas son mot à dire sur la distribution. On pouvait lire sur la page d'accueil que le navigateur était réservé aux testeurs (en substance, l'utilisateur final n'était pas le bienvenu). Depuis, Netscape a fait ses adieu au music-hall et prépare son grand come-back après un lifting et des injections de collagène. Parallèlement, Mozilla a fait sa révolution culturelle et s'est tourné avantageusement vers ses utilisateurs (d'où mon implication dans la refonte du site Web américain et la création de Mozilla-Europe). En substance et sur l'aspect distribution, on avait avant un Netscape trop peu efficace, on va se retrouver avec un Netscape revitalisé et un Mozilla chaque jour plus efficace. Nous voilà donc gagnants !

Pour résumer, à l'intention des mal-comprenants : Plus on est de fous, plus on rit. Variante alambiquée : plus on est de fous, moins le monopole a tout le riz. (Aïe, aïe, mon style est de pire en pire... Si ça continue, je vais finir par écrire mes billets en style SMS !)