avril 2004 (31)

vendredi 30 avril 2004

Vite fait mal fait

  • Comment éviter d'utiliser des produits Microsoft (si ça vous chante). A ceux qui croient que je suis anti-Microsoft, sachez que j'utilise à l'instant même Windows XP... pour graver mes CD Mandrake 10 Official PowerPack !
  • Xavier Borderie nous fait un pif-paf d'anthologie avec un article sur l'accessibilité, mentionnant successivement la bonne structure des formulaires (cf aussi sur OpenWeb) et l'utilisation intelligente (et obligatoire en XHTML) de l'attribut alt pour les images.
  • Dans la droite ligne sur mon article sur mon hébergeur associatif adoré, un lecteur me rappelle l'existence du site Libre Cours, que je croyais pourtant avoir déjà mentionné ici-même. Dans le pire des cas, c'est la seconde fois que je vous en parle. Depuis ma dernière visite, le contenu s'est largement étoffé. Bravo aux initiateurs de l'Association Libre Cours. Je cite leur page de présentation : Ce site propose des supports pédagogiques. Ce sont des documents (cours et plus tard exercices) qui sont mis en ligne par des enseignants. L'accès à ces documents est libre. Télécharger un cours n'impose que le strict minimum, le respect de la propriété intellectuelle des auteurs. Je n'aurais pas dis mieux.
  • Darkblog réalise qu'il est passé aux standards il y a tout juste un an, et fait le bilan. Intéressant.
  • Emmanuel Clément ne fait pas que de jolis design Web comme celui d'OpenWeb, mais il écrit aussi des articles sur l'écologie
  • Wired News indique un procès sur le format JPEG. Apple, Dell, IBM, Kodak et 27 autres grands noms sont épinglés. Le format JPEG est pourtant ouvert, mais l'entreprise déclare qu'une partie était couverte par un brevet qui leur appartient désormais. Cela leur aurait déjà rapporté 90 millions de dollars, dont 16 en provenance de Sony. L'ami Dave Shea rappelle qu'on avait déjà subit ça avec le GIF.

Le poète et la sécurité informatique.

Quand un talentueux journaliste écrit en alexandrins un article sur Microsoft et la sécurité, dans le magazine CSO, ça relègue ma lettre Cher Bernard tout au fond de la classe, juste à coté du radiateur (c'est en fait la place qui lui était réservée). Jugez plutôt avec cet extrait :

Et pendant tout ce temps, les CSO fort sages
Isolent de leurs gateways les C0d3rz des données
En priant chaque instant le Dieu Informatique
Pour que tous les Netsky les Bagles, les pourriels
Suspendent un bref instant leur combat hérétique
Et oublient Microsoft et tous ses logiciels.
Enfin vint le jour J, et ce fut un mardi
Car un vendredi 13 ou un premier avril
Ne peuvent convenir pour lancer des avis.
Allons, téléchargeons, que nul ne se défile
Alors, comme un seul homme, grands comptes et quidams
Se sont rués sitôt sur le Windows Update
Tant et si bien que tout failli tourner au drame :
La bande passant était saturée, c’était net. (...)

Tant de talent, c'est quand même humiliant. Et pour rajouter la douleur à l'insulte, il faut savoir qu'il est payé pour ça. Ca me déprime :-)

J'aime mon hébergeur !

Oui, elle devrait vous faire ricaner, cette phrase. Enfin, surtout ceux qui se souviennent du Web façon 1996, quand une page perso était quasiment un exploit, qu'on arborait fièrement le catastrophique logo Optimisé pour tel ou tel navigateur, et que les GIF animés se multipliaient comme des lapins shootés au viagra, ponctués par des d'infâmes bidouilles en JavaScript, le tout dans une tentative désespérée de faire cool. J'avoue, je n'ai pas échappé à la tendance de l'époque. (Merci de ne pas regarder le code :-)

Mais je m'égare. Si je fais, 8 ans après, une déclaration d'amour à mon hébergeur associatif, c'est que je trouve que ces gens-là assurent vraiment. L'APINC est sur la même longueur d'onde que moi. Voilà en effet ce que l'on peut lire sur leur page d'accueil :

L'association APINC propose depuis plus de 2 ans des services non commerciaux autogérés, financés par des dons et administrés par des bénévoles destinés aux projets non marchand. L'ensemble des membres agissent sur les décisions concernant les serveurs et participent à la vie de la communauté. Elle rassemble des Internautes qui partagent des idées communes : Développer, défendre et promouvoir l'Internet non commercial et le partage des connaissances !

Ces braves gens pourraient s'arrêter là et savourer le goût douceatre de la victoire et du travail bien fait, tout en s'assoupissant sur leurs lauriers. Il n'en est rien : ils viennent d'ouvrir DevLibre.org, une plateforme de développement coopératif, basée sur GForge. Je viens tout juste de m'inscrire.

Tout l'intérêt de ce genre de plateforme, c'est de permettre d'héberger des projets libres et non-commerciaux, et leur permettre d'interagir avec la communauté du Libre : rapports de bogues, distribution des logiciels, suivi des versions, gestion du projet...

Bref, tout ce qu'il faut pour mener à bien un projet Libre d'envergure. Alors moi, j'applaudis des deux mains (penser à lâcher la souris, sinon je vais encore l'écrabouiller entre mes deux battoirs) !

jeudi 29 avril 2004

Vite fait mal fait

Je crée pour l'occasion une nouvelle catégorie intitulée En vrac, et qui contiendra quelques références vite faites sur les infos intéressantes du moment.

mercredi 28 avril 2004

Comment préferer un amphi rempli de geeks à un dimanche au soleil

On dit souvent des films que leur qualité est inversement proportionnelle à la longueur de leur titre. J'espère que cette loi ne s'applique pas aux billets du StandBlog. Quoi qu'il en soit, je me lance quand même.

Dimanche dernier, le ciel était magnifiquement bleu. Et au lieu de rester bronzer en normandie et de faire de la moto, je suis rentré de week-end plus tôt que prévu, pour aller m'enfermer toute une après-midi avec des geeks dans un amphi de banlieue parisienne. Dingue, non ? Pourtant, je ne le regrette pas. C'était dans le cadre de la toute première édition de Libr'East, et le programme des conférences était impressionnant de qualité.

J'ai redonné dans la conférence-marathon, une heure sur les standards, une heure sur Mozilla. J'espérais trouver 5 minutes de calme entre le deux, histoire de me reposer les machoires. J'ai donc prévenu l'assistance de poser les questions avant la pause et pas après, mais à peine avais-je fini ma conférence que j'ai été pris d'assaut pour des questions :-(. Je suis donc revenu sur l'estrade sans avoir fait de pause, et la qualité de la seconde conférence était moindre ; il faut dire que j'étais particulièrement en forme pour la première partie. La démonstration de CSS Zen Garden a été particulièrement suivie, ainsi que l'utilisation du Bookmarklet Test Styles pour styler en direct le Standblog sans feuille de style.

Coté organisation, les bénévoles d'Idile s'en sont plutôt bien sorti, surtout quand on considère qu'il s'agissait d'une toute première édition. Seul reproche, le nombre de visiteurs, (mais je ne suis arrivé que le dimanche après-midi), qui n'était guère à la auteur du contenu présenté. Il faut dire à la décharge des organisateurs que l'ESIEE a annulé l'hébergement de la manifestation au tout dernier moment, retardant le moment où il a été possible de communiquer sur celle-ci. J'ai tout de même eu plus de 50 personnes dans la salle pour les deux conférences, ce qui est encourageant. L'année prochaine, on peut espérer que le public sera plus nombreux (et qu'il pleuvra le dimanche !), grace à une meilleure communication. En tout cas, vu l'efficacité de l'organisation, l'équipement des locaux et la qualité et l'abondance des conférenciers, cela promet de devenir une référence sur la région parisienne !

Alors, à l'année prochaine ? (j'espere ne pas tarder à publier mes présentations, si ça vous intéresse)

mardi 27 avril 2004

Crayon, jolies filles et standards

Vous connaissez sûrement Bruno Bellamy, dessinateur de talent (et de jolies filles), auteur de T-shirts à succès et de ShowerGate !

Bruno Bellamy, non content d'avoir dessiné le logo de FrenchMozilla, si, si, vient de décréter que ses oeuvres, qu'il laisse gentiment les sites non-commerciaux utiliser, ne peuvent pas l'être par les webmestres qui font des sites optimisés pour IE. Comme quoi, on peut être un artiste, faire réver ses lecteurs et des générations de geeks, tout en poussant à l'utilisation des standards. Bravo monsieur Bellamy ! (et merci à Mat et à Captain Idiot pour l'info.)

Antimanuel d'économie, écrit par Bernard Maris

J'ai terminé un livre intitulé Antimanuel d'économie. Avant toute chose, il faut que je vous dise une chose : je ne suis guère compétent en économie. On peut donc se demander pourquoi je commencerais par lire un tel anti-manuel alors qu'un vrai manuel serait plus adapté. Mais voilà, on m'a prété un anti-manuel, pas un manuel, sous prétexte que c'est un livre qui devrait me plaire.

Je me suis donc plongé dans ce livre pour érudits de la science économique. La lecture n'a pas toujours été facile, l'auteur faisant référence à quantité d'auteurs et de théories économiques ou philosophiques dont, pour certains, j'ignorais jusqu'au nom. C'est rare que je revendique avoir lu un livre trop compliqué pour moi. Et pour cause, quand j'ai trop de mal, j'abandonne. Mais là, j'ai senti dans cet anti-manuel un certain nombre de faits, de références, de chiffres et d'explications qui me poussaient à lire plus avant, malgré mes difficultés de compréhension.

Après un introduction sur l'économie, le livre se divise en quatre grandes parties, expliquant successivement :

  • Principes de scolastique économique (en gros, la philosophie de l'économie, et les limites de cette dernière)
  • La guerre économique
    • Marchés et concurrence
    • Mondialisation et commerce international
    • Enron et les sept familles (passage fascinant)
  • Le nerf de la guerre
    • L'argent
    • La bourse et les marchés financiers (et leur inefficacité)
  • Le butin
    • Le partage
    • Qu'est-ce que la richesse ? (La réponse est bien moins triviale que la question)
    • L'autre économie (un bon début, mais qui tourne trop court)

L'Antimanuel d'économie est en fait un outil à démonter les théories simplistes avancées par les partisans de l'économie ultra-libérale. A ce titre, il faut le prendre avec des pincettes. De toute évidence, l'auteur (professeur et auteur de nombreux ouvrages sur l'économie, qui anime par ailleurs la page économie de Charlie-Hebdo), est franchement anti-libéral et semble fournir au lecteur des munitions pour démolir la pensée unique du libéralisme... Ca n'est pas pour cela que j'ai lu ce livre. A de nombreuses reprises, j'y ai trouvé de fréquentes allusions à la gratuité du partage du savoir, à des pistes pour une amélioration du système économique.

On trouve même un court passage sur le logiciel Libre, avec des imprécisions qui en disent long sur les faiblesses de l'auteur sur ce sujet :

Internet a permis la progression de phénomènes (...) comme le logiciel libre, totalement inadmissibles et incompréhensibles par l'économie capitaliste. Les défenses du logiciel libre (comme Linux) sont dans l'autre économie. Au départ, des informaticiens passionnés, des geeks, lancent un projet sur le Net, pour échapper au diktat de Microsoft qui fonctionne selon la vieille économie : rareté et péage. L'amélioration du logiciel est menée par une communauté d'utilisateurs potentiels éparpillés dans le monde, qui fonctionne selon le principe du plaisir et du don. Chacun apporte sa pierre au logiciel. Au total, celui-ci se révèle bien plus efficace que le logiciel concocté dans le secret et protégé par un brevet, Microsoft (sic : l'auteur voulait sûrement dire Windows), à tel point que certains grands groupes comme IBM l'ont adopté. Le logiciel libre retrouve une vieille lune de l'anticapitalisme : la société coopérative. Des ouvriers, des artisans, unissent leurs efforts pour produire un bien en se redistribuant les profits. L'information semble être un "bien", une dimension de l'humanité, inépuisable, non polluante et susceptible de croître à l'infini. Elle peut être fournie par les uns sans qu'ils s'appauvrissent, chose qui est inadmissible pour l'économie de parché, fondée sur la rareté et l'exclusion. Elle recèle l'abondance et la propriété collective...

Sur les quelques 350 pages de l'ouvrage, j'espérais trouver plus de matière sur le sujet. Certes, j'ai très logiquement trouvé un réquisitoire d'une rare violence contre l'économie capitaliste :

Le productivisme acharné de l'économie capitaliste entraîne des pollutions grandissantes, accroît l'effet de serre, perturbe les climats, transforme la terre en vaste bidonville, favorise la diffusion des virus, des épidémies. Les inégalités s'accroissent de façon monstrueuse. Pauvreté et chômage de masse cohabitent avec une richesse extrême. La compétition et la marchandisation de tous les rapports humains, de la famille, de l'éducation, du sport, de la culture détruisent tout lien social. Les individus manipulés par la publicité, soumis à l'abrutissement médiatique, aliénés dans le stress et l'alcoolisme du travail pour les plus heureux, passent à coté de leur vie. La corruption généralisée s'installe, les mafias et les tribunes dominent, les vieilles figures de l'honneur, du désintéressement, de la noblesse disparaissent au profit de la cupidité et de la vénalité généralisées.

Mais au delà de cela, je souhaitais trouver des pistes pour améliorer le capitalisme. Souvent, elles ont été suggérées, mais c'est en arrivant à la conclusion que la désillusion se révèle : l'auteur a tourné autour du pot pendant 350 pages.

Cela ne fait pas pour autant de cet antimanuel d'économie une mauvaise lecture. La prose est très plaisante, et illustrée de textes choisis, de Houellebecq ou de Georges Orwell en passant par des économistes classiques. C'est un vrai livre d'érudit, mêlant sociologie, philosophie et histoire de l'économie. On y trouve aussi de vrais bons exemples illustrant les limites du système. Par exemple :

Bruno Ventelou, dans un livre passionnant, propose un jeu auquel ont participé des gens très différents. Les premiers sont des élèves d'école de commerce, formatés à la concurrence et au chacun pour soi, rationnels et égoïstes, maximisant chacun sa propre utilité ; les autres, des petits gars de banlieue d'une même équipe de basket, plutôt solidaires. Disons les "Gestionnaires" contre les "basketteurs". Les premiers n'ont pas confiance les uns dans les autres, contrairement aux seconds. On leur fait jouer de l'argent (l'expérience a été réellement réalisée en 1998 avec deux équipes de huit). Ils sont huit dans chaque équipe. On distribue à chacun 4 cartes d'un jeu de 32. A chaque tour, ils gardent deux cartes et en jettent deux dans le pot. Ils gagnent 4 euros par carte rouge conservée (chaque carte rouge a la même valeur, peu importe qu'il s'agisse du roi de coeur ou du sept de carreau), plus un euro par carte rouge dans le pot. Soit je mets mes rouges dans le pot (je joue collectif), soit je les garde. Exemple : si j'ai deux rouges et que je les garde, j'ai gagné huit euros. Si je les ai mises dans le pot et que tout le monde fait comme moi, nous avons gagné chacun huit fois deux egale 16 euros. Dilemme... Faut-il jouer perso ou collectif ? Le résultat est frappant. L'école de commerce joue perso. Les basketteurs jouent collectif. Et bien entendu... les basketteurs gagnent. Mais voilà. Les tours passent et passent. Certains basketteurs commencent à jouer perso en se disant : je joue pour moi, mais comme les autres sont assez bêtes pour jouer collectif, j'empocherai les cartes que je garde en main, plus celles que les autres mettent au pot. Exemple, toujours sur une distribution deux rouges, deux noires : je garde mes deux cartes rouges (8 euros) et les autres mettent leurs cartes dans le pot (14 euros). Total pour moi : 8 plus 14 égale 22 euros ! Encore mieux que que dans le cas où tout le monde joue collectif. Hélas, la trahison a des conséquences terribles. Les autres s'en rendent compte. Que font-ils aux tours suivants ? Ils trahissent eux aussi. Et petit à petit, on se retrouve dans la situation de la concurrence. Tout se passe comme si l'idée concurrentielle, ''selfishness', polluait petit à petit le jeu, jusqu'à ce qu'on se trouve dans la même situation que celle des "gestionnaires", égoïstes, rationnels, calculateurs et peu gagnants. C'est une idée clé de l'économie contemporaine : l'anticipation rationnelle, qui débouche sur un mauvais équilibre. J'anticipe que les autres vont être égoïstes. Et les autres pensent de même. On joue donc tous égoïstes, et on perd tous.

Au final, même si j'ai lu ce livre pour une mauvaise raison, et donc que j'ai été déçu, ce livre est une bonne lecture, à lire avec du recul. Il critique certe l'économie capitaliste et ne propose pas grand chose de tangible à la place, mais au moins, il aide à voir plus clair dans le dogme des ultra-libéraux. En cette époque où la question est d'actualité, avec la réforme des retraites, de l'assurance-maladie et de tout ce qui a fait l'Etat-providence, un autre éclairage est salvateur. Merci, monsieur Maris !

lundi 26 avril 2004

Le livre l'amérique pauvre

J'ai lu, il y a quelques temps le livre l'Amérique Pauvre, de Barbara Ehrenreich, en version française, publié chez Grasset. L'histoire (vraie) est toute simple : se demandant comment les femmes seules peuvent survivre avec les bas salaires, alors que l'équivalent américain des allocations familiales est supprimé, Barbara Ehrenreich a s'est glissée dans la peau d'une mère divorcée cherchant du travail. Le sous-titre de l'ouvrage, comment ne pas survivre en travaillant ne peux pas être plus clair.

L'auteur tente à plusieurs reprises de se faire une place dans ce que Raffarin appellerait l'Amérique d'en-bas. Serveuse et aide-soignante en Floride, Femme de ménage dans l'état du Maine et vendeuse chez Wal-Mart dans le Minnesota.

A chaque fois, le même scénario : trouver un logement très bon marché, trouver le travail le moins mal payé, subir les entretiens d'embauche et le dépistage anti-drogue, tenter de survivre avec le peu d'argent qu'il reste après avoir payé le loyer dans un motel minable, sans frigo ni micro-ondes, prenant dès que possible un second emploi en plus du premier pour arriver à joindre les deux bouts.

Restant à chaque fois plusieurs semaines dans chaque ville, Barbara Ehrenreich décrit par le menu son expérience de nouvelle pauvre, avec une précision toute scientifique, émaillant ses propos de faits et de statistiques qui font souvent froid dans le dos :

En 1996, le nombre de personnes ayant deux emplois ou plus étaient 7,8 millions, soit 6,2% de la main d'oeuvre totale. Le pourcentage était identique ou presque pour les hommes et les femmes (6,1% contre 6,2%). Environ deux tiers des personnes concernées avaient un emploi à plein temps et un autre à temps partiel. Seule une minorité héroïque - 4% des hommes et 2% des femmes - avaient deux emplois à plein temps. (John F. Stinson Jr. "New Data on Multiple Jobholding Available from the CPS", Monthly Labor Review, mars 1997).

Le sérieux du sujet n'empèche pas quelques moments fameux :

(...) peut-être pourrions-nous parler de la grande Némésis de la femme de ménage - le poil pubien ? Je ne sais pas ce qui se passe dans la haute société américaine, mais ils ont l'air de perdre leurs poils pubiens à une cadence alarmante. On en trouve des quantités dans les cabines de douches, les baignoires, les Jacuzzi, les descentes d'eau et même un nombre incalculable dans les lavabos. J'ai passé, un jour, un quart d'heure accroupie dans un énorme Jacuzzi pour quatre personnes, à me rendre folle pour ramasser tous les petits serpentins noirs, invisibles sur la faïence aubergine, tout en restant fascinée à l'idée de voir les poils pubiens de l'élite économique, qui doit être chauve à l'heure qu'il l'est.

Au final, l'auteur démontre par l'exemple et de façon éclatante à quel point le libéralisme à tout crin génère des hordes d'exclus, de sans-grades, dont l'espoir est d'arriver à survivre et la crainte est celle de l'imprévu : sans assurance maladie, le moindre pépin de santé prend des allures catastrophiques. Et pourtant, Barbara Ehrenreich dispose d'atouts essentiels par rapport à ses confrères de misère. Blanche, bien élevée, en très bonne santé, parlant parfaitement l'anglais, sans enfants à charge, elle est largement plus susceptible de trouver un emploi et de le conserver qu'une mère célibataire latino, avec 3 enfants à charge.

J'ai passé ma jeunesse à entendre , à en mourir d'ennui, que "travailler dur" était le secret du succès : travaille dur et tu avanceras dans la vie, ou c'est en travaillant dur que nous sommes arrivés là où nous sommes. Personne ne m'a jamais dit qu'on pouvait travailler dur - plus dur que je n'aurais jamais imaginé - et s'enfoncer toujours plus profond dans la pauvreté et les dettes.

Parrallèlement, on apprend dans la presse que Walmart s'est vu refuser le droit de construire un supermarché géant dans la petite ville californienne d'Inglewood. Pourquoi une petite ville de banlieue refuserait-elle la création de 1200 emplois et 3 à 5 millions de dollars en retombées fiscales ? Quand on sait que les 1200 employés seront payés en dessous du niveau de pauvreté, on comprend mieux l'importance de ce refus. Pourtant, Walmart avait mis le paquet, avec une campagne d'un million de dollars pour convaincre la population du bien-fondé de leur installation.

L'auteur du livre décrit de l'intérieur la vie de ces nouveaux esclaves, certes payés, mais mis dans des situations de dépendence telles qu'il n'est pas possible de s'échapper. Les chaines d'acier ont disparu au profit des salaires trop bas, des factures trop fréquentes, de la nourriture trop chère pour manger correctement à sa fin. Laissons-lui le mot de la fin, point d'orgue de ce livre poignant sur des gens ordinaires :

Lorsqu'une personne travaille pour moins que ce qu'il lui faut pour vivre - lorsque, par exemple, elle connaît la faim pour que vous puissiez manger moins cher -, cela veut dire qu'elle a fait un grand sacrifice pour vous, qu'elle vous a fait don d'une partie de ses qualités, de sa santé et de sa vie. Le "Pauvre qui travaille", comme on l'appelle à juste titre, est en fait le grand philantrope de notre société. Il néglige ses propres enfants afin qu'on prenne soin des enfants des autres ; il vit dans des logements insalubres pour que les logements des autres soient étincelants ; il souffre de privation pour que l'inflation reste négligeable et que la Bourse grimpe. Etre un pauvre qui travaille, c'est être un donateur anonyme, un mécène sans nom.

samedi 24 avril 2004

Cher Bernard,

Ca fait quelque temps que je n'ai pas eu de tes nouvelles. Il y a quelques mois, j'ai appris que tu devenais responsable de la sécurité chez Microsoft. Sans nouvelles de toi, je suis allé faire une petite visite sur ton site, et j'ai eu le plaisir de trouver une citation de ton cru : S'en tenir aux menaces d'intrusion, lorsque l'on aborde le thème stratégique de la sécurité, c'est ne considérer que la partie émergée de l'iceberg. Je vois que chez Microsoft, on garde un vocabulaire simple, même dans des sujets compliqués (et sérieux) comme la sécurité Informatique. Parler d'un iceberg, c'est aussi évoquer indirectement la catastrophe du Titanic, qui elle-même pourrait rappeler le catastrophique Patch Day, où 4 millions de visiteurs par heure ont tenté vainement d'obtenir les 4 patchs sortis récemment (il faut dire que 300 millions de machines attendaient ces rustines depuis plus de 150 jours...).

Sinon, j'aime beaucoup ton nouveau look. Avant, tu avais comme moi des valises sous les yeux et un copieux double-menton. Et puis cette horrible cravate noire, elle te donnait un air sombre. Je me doute bien que ça n'est sûrement pas rigolo tous les jours de s'occuper de la sécurité chez Microsoft. Mais de là à porter le deuil !

http://www.01net.com/images/57761.jpg

Donc, je disais que j'aimais bien ton nouveau look. Pour mes lecteurs qui ne te connaissent pas bien, Bernard, j'ai mis la photo de toi trouvée sur ton site, juste en dessous de ta citation :

Image issue du site Sécurité Microsoft

Je trouve que ce lifting te va a ravir : finies les Delseys et le cou façon Balladur ! Tes nouveaux seins sont superbes, mais j'ai peur que tu n'attrapes froid en salle machine, sans soutien-gorge. Aussi, je voulais te dire que ton collègue, celui qui mate l'air de rien en arrière-plan, eh bien il n'a pas l'air très franc du collier, voire même carrément fripon. Il n'y aurait pas comme une petite histoire de fesse entre vous ?

Allez, je te laisse, je sais bien que tu as plein d'autres choses à faire. C'est eEye et SafeCenter qui me l'ont dit. Je voulais aussi te féliciter pour tout ce que tu fais en ce moment sur la sécurité. Bien sûr, les gens te jettent des pierres dans les couloirs des grandes entreprises pour tous les problèmes de sécurité qu'ils ont eu. Ah, les ingrats, ils payent des licences et veulent en plus que ça fonctionne ! Sache que je suis de ton coté, et encore une fois bon courage dans ton job : même si ça ressemble bien aux 12 travaux d'Hercule, c'est quelque chose qu'il faut faire. A dire vrai, il aurait fallu le faire il y a bien longtemps. Aussi, j'ai bien reçu ton CD avec les derniers patchs. C'est une bonne idée d'avoir fait ça.

Allez, je te bise très fort, et fais plein de poutous à Billou de ma part.

--Tristan, utilisateur de Windows XP.

Ecologie dans la vie de tous les jours

  • Intel passe au sans-plomb Intel s'est engagé cette semaine à éliminer, à partir de la fin de l'année, «environ 95% du plomb utilisé dans la fabrication de ses processeurs et chipsets». Une mesure qui a bien sûr pour objectif d'être toujours plus écologiquement correct. La compagnie utilise déjà une technologie sans plomb dans le process de fabrication de ses mémoires Flash. Le plomb est un métal qui peut s'avérer très dangereux, tant pour les employés qui le manipulent que pour l'environnement
  • Carrefour tente ces derniers temps de redorer son blason et communique massivement sur l'idée d'une meilleure consommation. J'ai plutôt tendance à détester ce genre de méthode, empreintes d'un cynisme commercial absolu, du genre consommez la conscience tranquille, achetez chez nous !. Et pourtant, j'ai été surpris de voir un encadré dans un catalogue, à coté d'une promotion sur un ordinateur. On y précisait que les ordinateurs polluent énormément, et suggérait de donner son ordinateur soit à la mairie soit à des association caritatives qui les recyclent. Précisons à cette occasion que les écoles peuvent recycler des vieilles machines connectées à un serveur Linux. (Plus d'info sur LTSP)
  • Sarko, ministre de l'environnement ? J'ai testé un truc tout nouveau : le respect des limitations de vitesses. Ma chignole, que je n'utilise que très rarement, consomme 7,5L/100 à 130km/h au lieu de 9,5 à des vitesses que le petit Nicolas réprouvait. Economie ces derniers jours : 36 Euros, sans compter les PV que j'ai évité.

Bush et Microsoft pour le logiciel Libre

Voilà un titre qui claque ! Il faut que je vous dise, je me suis librement inspiré d'Ici Paris, qui titre de temps à autre Christophe Dechavanne touché par une terrible crise cardiaque, et qui explique, une fois qu'on a bêtement acheté le canard, que le chien de sa belle soeur a fait une crise cardiaque, et que le pôvre animateur télé en était tout triste.

Alors non, on ne peut pas dire que Bush et Microsoft soient volontairement et directement intervenus pour aider le logiciel Libre. Ca serait d'ailleur étonnant. Quoi qu'il en soit, je suis tombé sur une dépêche Reuters titrant Raids contre des pirates informatiques dans une dizaine de pays (déclare le ministère américain de la Justice). C'est un raid contre le piratage, pas une action pour le logiciel Libre. Certes, mais ça revient au même. Car le jour où les utilisateurs auront vraiment peur de pirater Windows ou Office, ils cesseront de le faire. Leurs besoins en système d'exploitation, suite bureautique et navigation Web cesseront-ils pour autant ? Sûrement pas. Mais OpenOffice.org, Linux et Mozilla seront là pour satisfaire leurs besoins, en toute légalité, puisque vous avez le droit de diffuser les logiciels Libres que vous utilisez ! Allez, reprenez avec moi tous en coeur, Merci Buisson, merci Portes !... Euhhh. Thank you Bush, Thank you Gates !

jeudi 22 avril 2004

Ma chapelle

Ou plutôt, je devrais dire mon absence de chapelle. Comme Olivier, je ne suis d'aucune chapelle. Ou peut-être suis-je d'un tel nombre de chapelles que me mettre dans une case est castrateur. Et je n'aime pas qu'on touche à mes bijoux de famille avec un air belliqueux !

Ca fait quelque temps que je me pose des questions sur la vocation de ce blog et sur l'influence qu'il a sur les lecteurs. On le lit sur mon CV, sur ma carte de visite, je suis un évangéliste. Un évangeliste a forcément une chapelle (ou un point de vue) à défendre. Je l'accepte. Je l'ai accepté d'autant plus que, par le passé, j'étais payé pour ça. Le gros avantage d'être payé, c'est de ne plus avoir à se poser de question pendant longtemps... Si on n'est pas d'accord, on finira par être viré, alors autant débrancher le neurone et faire ce qu'on demande, ou démissionner. C'est ainsi que tourne le monde.

Seulement voilà, pour l'instant je ne suis pas payé, et je n'ai pas de patron pour m'indiquer ce qui est bien, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut combattre. J'ai bien sûr des convictions, de quasi-certitudes. J'aurais pu intituler cet article profession de foi, mais ça n'aurait pas éviter l'allusion à la religion. Un petit tour d'horizon de ces certitudes :

Les standards du Web

Pour moi, c'est une simple affaire de bon sens : le Web est une question d'interopérabilité, et donc ça passe nécessairement par les standards. C'est une évidence. Les standards, ça peut-être comme la sécurité : c'est une contrainte. Et au début, on pourrait penser qu'il faut s'en débarrasser, que le monde serait mieux sans ces contraintes. Certes. Mais en y regardant de plus près, on réalise à quel point les standards peuvent être intéressants et puissants par leurs possibilités. On peut se passionner pour les standards. Pour par part, je me passionne pour ce qu'ils permettent. Et mon coté geek renforce la satisfaction que j'ai en réussissant une jolie feuille de style et l'enthousiasme qui me soulève quand j'entraperçois des possibilités prochaines. Mais faire fi des standards, c'est revenir au temps de la préhistoire informatique, celle où il fallait porter soit même la disquette à son interlocuteur, en croisant les doigts pour qu'il utilise le même traitement de texte que vous. J'ai vécu avant et après les standards et croyez-moi, il faudrait être cinglé (ou éditeur de logiciel) pour vouloir revenir en arrière !

L'accessibilité des contenus Web

Là encore, c'est une autre évidence. Oui, s'occuper des problèmes des handicapés peut paraître gnan-gnan, boy-scout, cul-bénit. J'assume. Mais le Web, à mon sens (et ça tombe bien, c'est aussi l'opinion de son inventeur) est fait pour tous. Tous. Oui, même quand on a des problèmes de vue ou qu'on arrive pas à utiliser une souris. Tous, vous dis-je ! Même quand on a une vieille machine. Même quand on n'a pas les moyens de se payer une licence Windows.

Le logiciel Libre

Ou plutôt, la liberté de faire du logiciel Libre. Je pense que c'est le choix de chacun d'utiliser les logiciels de son choix. C'est peut-être même la première des libertés de l'informaticien : celle du choix. Mon "éducation informatique" s'est faite avec logiciel Libre. J'ai du commencer à utiliser Emacs comme éditeur de texte en 85 ou 86, ou Kermit pour transférer des fichiers, époque où j'ai eu la chance, avec bien d'autres (Daniel Glazman, Ludovic Valois, Valentin Lacambre, Maurice Migeon et tant d'autres), de fréquenter le CMI. Mais ça n'empêchait pas d'utiliser des logiciels propriétaires, et d'envisager de travailler à terme dans l'un ou l'autre de ces domaines. Là non plus, je ne suis d'aucun chapelle. Par contre, je suis particulièrement méfiant quand je vois certains acteurs vouloir tuer le logiciel Libre à grands coups de procès, de lobbying nauséabond, de brevets logiciels, de lois liberticides et de désinformation, sous prétexte que le Libre est un concurrent dangereux. Il n'est pas nécessaire de choisir un camp Libre ou propriétaire. Par contre, il est très important, en tant que citoyen, de défendre le logiciel Libre. C'est ce que je fais.

Le Web est important

C'est peut-être ma plus forte conviction. J'irais plus loin, et j'assume de passer pour un techno-idéaliste en disant tout de go : Internet et le Web sont une formidable opportunité pour l'humanité. Le Web, c'est l'opportunité pour chacun d'accéder à l'information, au savoir. C'est l'occasion de partager, de connaître, de publier, d'échanger. Le monde est déjà partagé par les langues, les distances, les cultures, les croyances. Internet a le mérite d'abolir les distances, et d'échanger par delà les cultures et les croyances. Tim Berners-Lee vient d'être une fois de plus récompensé pour son travail, et c'est la moindre des choses. Mais ça n'est pas pour cela qu'il faut le mettre sur un piedestal. Si ça n'avait pas été lui, ça aurait été un autre. Mais TBL avait une vision, hérité de la recherche, une vision humaniste du Web. Tout le reste découle de cette vision. Les standards, l'accessibilité, et les logiciels Libres ou non. Si le Web doit être utilisable par tous, il faut qu'il le soit aussi par les handicapés et les utilisateurs de logiciels Libres. Et si la puissance d'investissement des éditeurs de logiciels en R&D et Marketing est importante (elle a même été vitale pour le développement du Web) elle n'est pas la panacée universelle. Alors allons-y pour une autre déclaration fracassante sur le sujet... Compte tenu de l'absence totale d'innovation et de progrès en terme de navigateurs commerciaux (du coté de Redmond en particulier), j'affirme que Le Web est une chose bien trop sérieuse pour qu'on le laisse aux entreprises commerciales. Et c'est là que le logiciel Libre entre en lice.

Au delà des convictions que je viens d'énumérer, la phrase clé, c'est en fait, je n'en sais rien. Mais alors rien. Faut-il être de droite ou de gauche ? Libéral ou écolo ? Faut-il faire confiance au marché ? Va-t-on dans le mur socialement et écologiquement ? Dieu existe-t-il ou pas ? Faut-il se marier ou pas ? Essence ou Diesel ? Solaire ou nucléaire ? VIM ou EMACS ? Windows ou Linux ? Debian ou Mandrake ? XP ou 2000 ? Fidélité ou amour Libre ? Voile ou vapeur ? Rive droite ou rive gauche ? Classique ou Bobo ? Peugeot ou Renault ? Parisien ou pequenaud ? Scooter ou moto ? Bus ou métro ? Homo ou hétéro ? Karl Marx ou Groucho ?

En fait, je n'en sais rien !

Sur le sujet, je laisse la parole à Linus Torvalds, dans son livre il était une fois Linux :

Les gens me prennent trop au sérieux. Ils prennent trop de chose au sérieux. Une des leçons que j'ai tirées des années où j'étais la mascotte Linux, c'est qu'il y a pire : certaines personnes ne se contentent pas de prendre trop au sérieux pour elles-mêmes. Ils tentent de convaincre les autres de partager leur obsession. C'est devenu une des principales irritations permanentes de mon existence. (...) Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à la raison pour laquelle les chiens aiment tellement les hommes ? (...) C'est parce que les chiens aimment qu'on leur disent ce qu'il faut faire. Cela leur donne une raison de vivre. (...) Hélas, les hommes sont programmés de la même manière. Les gens aiment que quelqu'un leur dise ce qu'il faut faire. C'est intégré à notre noyau. Tout animal social doit être ainsi.

Là, normalement, vous faites comme moi : vous ravalez votre salive, et vous vous demandez ce que Linus a fumé ! Heureusement, il se rattrape juste après :

Mais il existe aussi des gens ayant des idées indépendantes, des gens qui ont des convictions suffisament fortes dans certains domaines pour qu'ils sachent dire : non, je ne suivrais pas. Ils deviennent alors des meneurs. Il n'est pas difficile de devenir un meneur. (C'est forcément vrai, puisque j'en suis devenu un.) A partir de ce moment, ceux qui n'ont pas de convictions aussi fortes dans ce domaine se montrent heureux de laisser le meneur prendre les décisions à leur place et leur indiquer ce qu'ils doivent faire.

Pour ma part, je n'ai pas l'aura d'un Linus Torvalds, et encore moins ses compétences en informatique. Mais je suis, à ma très modeste échelle, un micro-meneur. Et contrairement à Torvalds, je ne déteste pas cela, sinon je n'aurais pas fait un blog, j'aurais un cahier planqué dans un tiroir, enfermé à double tour, et je commencerais chaque billet par Cher journal....

Alors oui, je suis content de partager mes idées sur Internet, le Web, les standards, les logiciels Libres et l'accessibilité Web. Je suis content de partager mes conclusions temporaires de mes recherches sur les autres domaines, mes questionnements sur la politique et l'environnement, mes errements sur l'éthique. Mais il ne faut pas voir en moi un meneur sur tous ces sujets : je suis évangeliste de formation, certes, mais pas messie de vocation.

Pour les fanas de BD

...Le design N°99 de CSS Zen Garden. Enormissime.

Des nouvelles de l'autre coté de l'océan

Be strict to be cool (again)

Telle est la devise de Karl, et je ne saurais dire le contraire... Dans ce domaine, les exemples se suivent et ne se ressemblent pas. Par exemple, on peut aimer faire de très jolies choses tout en utilisant les standards pour les présenter. C'était déjà le cas pour des classiques comme CSS Zen Garden (dont le centième style est signé par Dave et Eric) et d'autres moins connus comme Porchez Typofonderie. C'est maintenant à Terracollines, qui présente des images de synthèse de toute beauté réalisées avec le logiciel Terragen. L'auteur, Olivier Cousinou, s'est même fendu d'une page sur sa migration XHTML. (Merci à Nico pour m'avoir indiqué cela dans un commentaire).

L'espoir vient du Texas

Quand on me dit Texas, je pense au pétrole, à Georges W Bush (ancien gouverneur de cet état, quand il se prenait pour JR Ewing, de Dallas), au machisme ambiant et aux bumper-stickers clamant Don't Mess With Texas, façon détournée d'affirmer On est con, au Texas, mais merci de ne pas nous le rappeler. Oui après tout, ça n'est pas de leur faute s'ils ont tendance à avoir la tête un peut trop près du Stetson, quand ils conduisent leur Ford Bronco avec des cornes de vaches sur le capot en écoutant de la Country Music.

Rien n'est plus éloigné de ma perception (pas forcément juste) du Texas que l'image d'une jeune et talentueuse Geekette qui fait du Web design en respectant les standards et qui offre une partie de son travail à la communauté des blogueurs. Et pourtant... Il existe une Texane qui répond à cette description. Eris Free, c'est son nom, offre en effet un générateur de gabarits pour outils de blogs, dont blogger.com, feu-B2 et WordPress. A savourer en attendant qu'elle nous offre un équivalent pour DotClear. Et en plus d'avoir un très joli coup de patte, la demoiselle cite St-Ex' : Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher. Je n'aurais pas dit mieux ! ;-)

mercredi 21 avril 2004

Z'avez pensé à votre casque de chantier ?

Dans la longue série des choses qui me démangeaient depuis quelque temps, j'annonce que je suis sur le point de passer à DotClear 1.2 Alpha, histoire de ressentir le frisson de l'utilisation d'une version alpha en production. Comme ma (trop) vieille version de DotClear était assez bidouillée, j'ai le regret de vous annoncer que la plupart de ces bidouilles seront supprimées pour un certain temps, dont l'indispensable "switcher CSS", ainsi que les feuilles de style alternatives et mon blogroll. Mais c'est pour la bonne cause ! En espérant que je vais pouvoir à continuer à bloguer au milieu du chantier, souhaitez-moi bonne chance...

Mise à jour : j'édite ce billet depuis la nouvelle interface d'admin. :-) Il me reste à voir comment ancienne et nouvelle version peuvent cohabiter...

re-mise à jour : ça fonctionne avec le nouveau template, mais ça plante si je remplace l'ancien par le nouveau. On verra ça plus tard !

Petit à petit, l'oiseau fait son nid !

Oui, ça n'a l'air de rien, mais à force de persuasion, de pédagogie, de répétition, de montrer des exemples de sites comme Eyrolles, voire de coups de gueule, on fini par faire passer les bonnes idées.

Deux exemples :

  • JPG.com vient de passer à XHTML 1.0 transitionnal. Le code est pour le coup bien plus propre que la moyenne des sites. (mais ça n'est pas encore la panacée)
  • EssentielPC.com s'est fendu d'un redesign aux standards, et explique pourquoi.

On peut se prendre à rêver qu'à force de persuasion, d'autres domaines qui me tiennent à coeur suivront eux aussi cette tendance au progrès. J'ai là quelques indices prometteurs :

Nouveau Logo pour Mozilla Thunderbird

La création récente d'une Visual identity team, après avoir produit une nouvelle (et superbe) icône pour Firefox, nous offre dorénavant une nouvelle identité graphique pour Thunderbird. Voir aussi les commentaires du leader de l'équipe qui mène le projet. Je trouve le résultat magnifique, et la description de la démarche est pour moi un véritable émerveillement !

mardi 20 avril 2004

Revue de presse

Ah, il s'en est passé, des choses, pendant que j'avais le dos tourné !

Comme toujours des bonnes nouvelles et des moins bonnes. Commençons par...

Les mauvaises nouvelles

  • Microsoft baratine les masses. C'est dans ce genre de situation que l'on voit en quoi le Chat est un bonheur pour l'interviewé. Il choisit les questions et n'est pas contrôlé dans ses réponses. Une question est génante ? Il suffit de s'en tirer par une pirouette ou un mensonge, et hop, on passe à la suivante. Prenons exemple sur les trois premières questions :
    1. A propos de la vente forcée de Windows avec les nouveaux PC, il répond à coté en affirmant : Supporter deux OS coûte cher aux constructeurs. Oui, mais ce que l'on demande, c'est juste d'être remboursé des logiciels qu'on ne veut pas, sans pour autant avoir à payer un supplément de 700 Euros ! Et ça, ça ne coûterait pas cher aux constructeurs, il leur suffirait de proposer le système d'exploitation en option, avec Windows ou avec rien du tout. (Voire un simple CD Knoppix). Quand on voit la guerre des prix à laquelle se livrent les constructeurs, on se demande bien par quel miracle ils insistent pour fournir des logiciels qui augmentent radicalement leurs prix !
    2. A propos de l'interface utilisateur 3D, Kimmerlin, qu'on a connu plus prolixe, bredouille simplement Difficile à dire. Question suivante !
    3. A la question sur le financement de SCO par Microsoft (rappelons que SCO fait un procès retentissant à IBM et deux autres entreprises autour de Linux), Kimmerlin répond Concernant le financement par Microsoft, c'est simplement faux !. On peut jouer sur les mots et nier qu'il s'agisse d'un financement. Monsieur Kimmerlin appellera cela surement autrement... Mais personne ne conteste que Microsoft a donné 6 à 11 millions de dollars à SCO. De son coté, SCO a reconnu l'authenticité d'un e-mail indiquant que Microsoft a incité BayStar Capital à investir massivement dans SCO, permettant à la société de survivre en attendant l'issue du procès. SCO indique que si le mail est authentique, il a été mal compris. Bah voyons ! Quoi qu'il en soit, SCO doit beaucoup à Microsoft dans sa capacité à poursuivre ce procès contre les concurrents de Microsoft. C'est peut-être au hasard. Pour ma part, sans pour autant verser dans la théorie du complot, j'ai du mal à croire à de telles coïncidences. Mise à jour : Baystar a reconnu que Microsoft avait joué les entremetteurs et semble réclamer le retour des 20 millions de dollars investis en février 2004 dans SCO pour des raisons qui restent obscures.
  • La jolie Fleur pete un cable, peste contre les standards et s'exclame Konqueror mon cul. A ce moment de mon billet, il me faut concentrer toute mon attention pour éviter de tomber dans le vulgaire. J'ai bien pensé vous dire que si Konqueror était aussi aguichant que les formes de la demoiselle (lesquelles sont aussi plaisantes que son caractère est de cochon), il aurait des parts de marché bien supérieures. Mais heureusement, je ne l'ai pas dit ! Alors Fleur, amie blogueuse, toi qui affirmes avec la vigueur qu'on te connait : Je me souviens très bien du 21 Juin 1997, c'était un samedi et je l'ai passé au boulot, à recoder *tout* le site de l'Académie Française pour qu'il soit visible sous Netscape 3.x. (...), je me suis jurée, je dis bien *jurée*, que plus jamais ça ; Fleur, si tu ne veux pas avoir à recoder ton site, il suffit de respecter les standards. Ca aidera grandement. Médite, Ô jolie Flaoua, cette pensée Quand on ne veut pas perdre de temps à refaire les choses, on les fait bien dès la première fois. (Tristan Nitot, 2004). Et encore merci pour tes écrits, sur la jolie June ou ta tragédie poilante.

Les bonnes nouvelles

Qui a dit que je n'écrivais jamais sur les trains qui arrivent à l'heure ?

  • la Mairie de Sélestat passe au Libre, et le fait savoir dans 01Net. Notons que l'article fait une belle place à l'ADULLACT et au travail fourni par cette association exemplaire ;
  • Je serais présent au Libr'East, pour deux conférences le dimanche après-midi. C'est à coté de Paris, et c'est Dimanche prochain ! (Dommage, je ne pourrais pas assister à la conf du vendredi matin par les duettistes ayant commis Microsoft, chronique d'une mort annoncée) ;
  • La deuxième édition de LinuxEdu aura lieu à Archamps, en Haute-Savoie, les 26 et 27 mai prochain. J'ai comme une envie d'aller prendre l'air la-bas, moi !
  • Séminaire AccessiWeb : les usages de l'Internet par les personnes handicapées: réalités et besoins. Je pense que j'y serais, au moins dans la salle (mais pas sur l'estrade).
  • Le truc incroyable, impensable ! Netscape embauche. C'est positivement énorme :o) ;
  • Microsoft trouve un accord avec l'état du Minnesota. Le montant reste encore secret (on estime à 1.1 Milliards de dollars celui avec la Californie).
  • Microsoft sort une rafale de correctifs de sécurité, tous critiques. Utilisateurs d'Outlook Express, à vos marques, prêts, patchez ! A noter, l'apparition d'une rustine cumulative pour RPC/DCOM et encore une autre, qui corrige 7 failles critiques dans XP. On notera un progrès très sensible sur la page eEye, qui vient de rendre caduque mon article sur le sujet. Microsoft est toujours en tête de liste, mais "seulement" pour 91 millions de machines (par opposition aux 300 millions précédemment vulnérables). Allez, je mets à jour ma machine dès que Mandrake 10 Official Powerpack est fini de télécharger !

lundi 19 avril 2004

Je t'aime, moi non plus.

Attention, cet article pourrait bien être le point de départ d'une nouvelle rubrique, intitulée mon nombril, vu de près, où l'auteur de ces pages focalisé sur son ego, laisse libre court à une violente logorrhée. Vous êtes prévenus !

Restons bons amis

Restons bons amis, telle est l'infâme phrase que bon nombre d'amoureux redoutent tant d'entendre, car elle annonce la rupture, le ras-le-bol, le besoin de prendre du recul. C'était mon cas, avec le StandBlog. Sans trop savoir pourquoi, sur ce qui pouvait passer pour un coup de tête mais révelait surtout un mal-être trop longtemps négligé, j'ai fermé le StandBlog. Et je ne le regrette pas. Ma relation avec la mission du StandBlog était de plus en plus problématique, sujet à scrupules. Dois-je parler de Microsoft ? Dois-je m'exprimer en tant que président de Mozilla Europe ? Faut-il que je continue à couvrir l'actualité des standards, alors que mes nouvelles occupations ne m'en laissent guère le temps ? Si non, quid du nom de ce blog ? Dois-je publier tous les jours, ou seulement quand j'ai quelque chose de vraiment intéressant à dire ? Quelle est la priorité entre OpenWeb, Mozilla Europe et le StandBlog (et le reste, à savoir une vraie vie, une famille, un futur job) ? Quels sont les sujets que je peux aborder sur le StandBlog ? Politique, société, écologie, économie, sécurité informatique, livres, cuisine, logiciel Libre, navigateurs, développement Web, standards du Web, enjeux technologiques, avenir d'Internet : tout cela fait au final une trop grande quantité de sujet certes intéressants, mais impossible à traiter décemment, même en ne faisant que cela. Il me faut donc une ligne directrice, des priorités. Comme on dit, il faut choisir ses combats. J'ai bien tenté, par le passé, de faire un point d'inflexion, de citer Chateaubriand et Marc-Aurèle, d'invoquer l'auto-censure, rien n'y fait. Je suis curieux de quantité de choses, et je n'arrive pas à changer.

Au menu du petit déjeuner.

Un lecteur me demandait récemment mais que prends-tu au petit déjeuner (pour être si prolifique) ? Cette question m'a tarabusté quelques jours. Pourquoi je me démène ? Plusieurs éléments de réponse me sont venus progressivement à l'esprit. Déjà, je ne regarde presque plus la télévision. Trop de temps perdu. Je lis, des magazines (à peu près n'importe quoi, de Tétu à Jeune et Jolie, en passant par Cosmopolitan et Alternatives Economiques. Des livres, aussi, pris au hasard ou recommandés par des proches. Je ne joue plus à des jeux vidéo, après de trop longues heures perdues sur Duke Nukem 3D (ça ne nous rajeunit pas) ou Doom. Mais surtout, je n'arrive pas à me résigner au silence face à la bétise et à l'ignorance, ni à arrêter d'écrire. En substance, si je produits tant, c'est parce que, comme le disait si bien Georges Perros je ne travaille pas, je suis travaillé. C'est sûrement la raison pour laquelle j'écris si souvent ces quelques mots : c'est plus fort que moi. Oui, partager, discuter, expliquer, écouter, rire, c'est plus fort que moi. Et au fond de moi, je ne peux lacher ce blog, formidable outil pour faire tout cela, via l'écriture des billets et la lecture des commentaires.

Bref, l'histoire d'amour avec le StandBlog souffrait de mes tiraillements, et sur une impulsion, je l'ai quitté. Il était temps que cette histoire se termine ou, à défaut, soit recadrée sur de meilleures bases. Il est temps de tirer des conclusions :

  • le StandBlog n'est plus un endroit où l'on trouve les dernières actualités sur les standards du Web. Mais d'autres blogs ont pris le relais. Je rève d'une solution d'agrégation thématique, comme le faisait feu CeForWeb, un endroit ou chaque sujet serait traité par différentes personnes, en nom propre (non, ça n'est pas du tout un blog collaboratif).
  • un peu de repos me fait du bien, mais l'écriture me manque. Par exemple, quand je vois Microsoft multiplier les contre-vérité comme on enfile des perles, j'ai besoin d'un espace pour rétablir, à ma très modeste échelle, la vérité. Oui, j'ai besoin. c'est plus fort que moi.
  • la fatigue me fait écrire des bétises, comme l'ont très justement remarqué le Capitaine et mes lecteurs. D'où la nécessité de me reposer et de prendre un peu de distance, ce que j'ai fait cette semaine.
  • Je redoute le moment où mes écrits pourront être utilisés contre moi. J'imagine déjà une citation de votre serviteur, sortie de son contexte, servie à point nommée pour décrédibiliser Mozilla Europe. Mais que faire contre cela ?
  • J'ai envie d'écrire plus pour le StandBlog, pas plus souvent, mais plus profondément. Faire de vrais articles, avec une véritable réflexion qui apporte au lecteur, pas seulement une façon de donner mon avis sur tout.

Alors voila. Le StandBlog est mort. Vive le StandBlog ! Reste à déterminer quelle tête aura ce nouveau StandBlog en grandissant...

jeudi 8 avril 2004

Ras le bol

  • Ras le bol des lois scélérates, absurdes et dangereuses, faites par des gens qui ne comprennent rien ;
  • Ras le bol des brevets logiciels à deux balles, des magouilles sans fin pour tirer du profit à court terme et abaisser le niveau de l'humanité, déjà pas toujours très haut ; Mise à jour :
  • Ras le bol des cons qui ne savent que chouiner, râler, pleurnicher sur un design pas de la bonne couleur, d'un navigateur qui ne reproduit pas la totalité des bugs non documentés d'un concurrent propriétaire, gratuit et monopolistique. Sam a raison en disant Where is your patch ? et Where is your patch, le retour.

Il parait que c'est Daniel (qui n'est pourtant pas le dernier des râleurs), qui disait il y a ceux qui font, et ceux qui font chier. Derrière cet apparent manque de subtilité se cache une absolue lucidité, un ressenti qui est actuellement le mien.

Le Standblog ferme donc ses portes pour une durée indéterminée. J'ai besoin de prendre l'air.

Je vais partager une pizza avec des amis Geeks, écouter de la bonne musique sur l'iPod, boire du picrate dégueulasse de pizzeria, mais c'est pas grave, c'est en bonne compagnie. Et puis on rira tellement fort qu'on sentira même pas le goût acide du rosé, bien loin des turpitudes de ce monde médiocre.

mardi 6 avril 2004

Faire des choses faciles, c'est dur !

Je repensais aujourd'hui à l'installation ultra-simplifié de DotClear, (dont je parlais hier)non pas parce que je suis obsédé par ce logiciel Libre, mais parce que je suis en train d'en traduire un bout en anglais. Et puis je suis tombé sur un article d'Eric S. Raymond, dont un extrait m'est apparu comme synthétisant assez bien ma pensée :

Le plus beau cadeau que vous puissiez faire à vos utilisateurs, c'est le luxe de l'ignorance - un logiciel qui fonctionne si bien, susceptible d'être découvert par des utilisateurs même novices, sans qu'ils aient à lire la documentation ou passer du temps et dépenser de l'énergie à devoir apprendre son fonctionnement.

On peut dire ce qu'on veut, mais Eric Raymond a beau ne pas savoir configurer une imprimante, au moins il sait écrire et prendre du recul par rapport aux problèmes !

Rah, damned, je viens de découvrir qu'Olivier a refait le site DotClear avec une charte de Sam, l'homme sur qui les compliments ruissellent comme s'il était recouvert de Téflon !

lundi 5 avril 2004

Vite fait, mal fait

Il se passe plein de choses dans le monde, mais je manque de temps pour écrire des articles à chaque fois. Voici donc une rapide liste

  • Je ne pensais pas avoir jamais l'occasion de voir un communiqué de presse commun Sun-Microsoft. Et pourtant ! Idem pour une improbable photo montrant Steve Ballmer donnant des grandes claques dans le dos à un Scott McNealy hilare. Il faut dire qu'il y a de quoi se réjouir : Sun annonce une perte bien supérieure à celle prévue, laisse tomber le procès contre Microsoft, touche un pactole de 1,6 milliards de dollars de la part de se dernier, passe un accord d'échanges technologiques avec Redmond et, cerise sur le gateau, licencie 9% de ses employés (3.300, tout de même). Inévitablement, l'action grimpe de 20% dans la journée.
  • Nico le Farfelu, Geek et blogueur montagnard, participais à une conférence à Chambéry (à laquelle j'étais invité, mais ne pouvais me rendre) et nous livre un sympathique compte-rendu.
  • Un installeur pour DotClear. J'ai vu hier une démo du prochain DotClear. Outre les améliorations promises, (non, je ne parle pas du passage au modèle payant du 1er avril), j'ai vu l'essentiel de l'isntalleur. C'est impressionnant :-) Dès que l'occasion se présente, je passe en version Alpha pour aider à tester !
  • Une ancienne faille de sécurité d'Internet Explorer plus sérieuse que prévue, permet à distance de prendre contrôle de la machine. The vulnerability can be exploited in Internet Explorer including the latest versions with all patches and service packs installed.

Le livre blanc de MACCAWS

MACCAWS.org, le groupement qui a pour objectif de faire la promotion de l'usage commercial des standards en parlant gros sous aux cadres pressés vient de sortir une rafale de documents, sous la forme d'un Kit :

  • Un Primer, genre d'introduction aux standards pour propriétaires de sites, sous-titré Ce que tout propriétaire de site devrait savoir sur les standards du Web.
  • Un Livre Blanc, qui liste, entre autres, quatre mythes sur les standards du Web. Bien ficelé, à retenir ! Quand on sait que le dit document a été compilé par la geekette la plus sexy au monde, il n'en a que plus de valeur :-)
  • Un glossaire, bien utile (on devait en faire un sur OpenWeb) pour aider à la compréhension de la discipline.

A bookmarker d'urgence ! (Notons qu'une version française est prévue par Cybercodeur).

Petro-cauchemar

J'ai fait un rève récemment. Un truc horrible, à la Mad-Max, avec un petit goût de Spinoza encule Hegel ou de Neuilly brûle-t-il. Si vous le permettez, je vais utiliser ce blog pour vider mon sac, m'allonger à coté de mon PC, sur un divan, et me débarrasser de ce cauchemar, histoire de pouvoir tourner la page.

L'histoire semble se passer dans un futur assez proche. Les réserves de pétrole sont quasiment épuisées, ou sont devenues si chères à exploiter que le prix du brut est passé à plus de 100 dollars le baril (contre une trentaine actuellement). Première impactée, l'industrie automobile : les voitures ne se vendent plus, faute de carburant. Même le GPL est devenu rare, devant la demande croissante. Avoir une voiture qui roule est redevenu un privilège limité à moins d'un quart de la population, et seulement pour de courts trajets. Renault, Peugeot et Citroën ont dernièrement tenté de vendre leurs modèles avec l'option GPL en standard, mais beaucoup d'ouvriers, après des mois de chomage technique, ont été licenciés, rejoignant des cohortes de chomeurs. Il faut dire que les transports aériens ont été très touchés, eux aussi, avec le transport routier et le tourisme. Pour se déplacer, il reste le vélo, le roller et, pour les grandes distances, le train nucléaire. Le transport fluvial connait un léger regain, grâce à sa moindre consommation du précieux liquide noirâtre.

La vie quotidienne a été bouleversée sur bien d'autres aspects. Le plastique, auparavant utilisé dans toutes sortes d'emballage et réalisé à partir du pétrole, est devenu rare. Finies, les bouteilles d'eau en plastique, enrobées de film plastique, dont on servait parfois le contenu dans des verres en plastique ! Le plastique se raréfiant, le recyclage tend à devenir plus courant, les sacs dans cette matière ne sont plus jetés, et les sacs IKEA, solides, sont devenus très recherchés.

Coté nourriture, le changement est très perceptible. L'agriculture productiviste, grande consommatrice de pétrole sous forme d'engrais azotés, est abandonnée. La nourriture coute plus cher, elle est devenue plus rare et surtout moins diversifiée : adieu aux fruits exotiques ou à la production venue d'ailleurs, qui permettait de disposer de tout en toute saison. Chacun tente de cultiver un lopin de terre. Le rutabaga fait son grand retour, au désespoir des anciens qui ont connu la seconde guerre mondiale. Au moins, on peut le cuire au micro-onde ! Il faut dire que le prix de l'electricité a largement augmenté, les centrales au fioul étant arretées. La France, avec son programme nucléaire, est plutot moins touchée que ses voisins européens.

Il n'empêche que la société est largement impactée par la forte augmentation du prix du pétrole. Avec les licenciements massifs récents, le pays compte maintenant 5 millions de chomeurs. Le système d'assurange chomage a implosé sous la surchauffe. L'Assedic dédommage les chercheurs d'emploi à hauteur de 1000 euros par mois pendant 10 mois. Les manifestations monstre contre cette mesure impopulaire n'ont rien changé. Le gouvernement, acculé, a fait donner l'armée pour canaliser les débordements de la foule. La cote du président Sarkozy est au plus bas après les 800 morts parmi les manifestants. La bonne nouvelle, c'est que le cocktail Molotov est devenu hors de prix pour les révolutionnaires, c'est même devenu leur symbole. Les alternatives à base de salpêtre et de désherbant sont bien plus difficiles à fabriquer, mais cela n'empêche pas les agressions envers les conducteurs de 4x4 de se multiplier.

Socialement, c'est une vraie débacle. L'intégration ratée des deuxièmes générations d'immigrés, rajoutée aux masses de chomeurs désabusés est un mélange explosif. Les partis politiques traditionnels sont débordés par leurs extrèmes. Un parti révolutionaire exige l'énergie gratuite pour tous, et clame : Il faut prendre l'essence là où qu'elle est. Une frange qu'on aurait qualifiée d'extrème-droite quelque années avant réclame un état fort et souhaite une répression dans le sang. Il n'est pas question d'élection depuis que l'état d'urgence a été décrété, mais on murmure que ce parti, le Mouvement pour la Milice et l'Ordre, aurait rallié près de 50% des électeurs. Un autre parti, écologiste celui-là, est divisé en deux tendance : les verts qui pronent une approche respecteuse de la nature, et l'autre, plus réactionnaire, autour des valeurs de la pêche et de la chasse.

Au milieu de tout cela, une élite a largement spéculé sur les prix du pétrole et s'est enrichie plus sûrement et plus rapidement que certains commerces de beurre, oeufs, fromage en 1942. La bourse aux matières premières fait et défait des carrières et des vies à la faveur des fluctuations du marché pétrolier.

Mon cauchemar s'arrête là. C'est l'inconvénient avec les cauchemars : on ne contrôle ni leur histoire, ni le moment où ils s'arrêtent.

Mais pour parler franchement, je n'ai pas révé. Je n'ai fait qu'imaginer ce futur glauque, mais pas sans raison. Le départ de tout cela, c'est un article d'Yves Cochet, Vers la pétro-apocalypse. Oui, je sais, des visions à la Mad Max, on en a déjà eu dans quantité de mauvaises BD vendues dans des halls de gare. Certes. Mais Yves Cochet, c'est quand même l'ancien ministre de l'environnement et un actuel député ! Et son article est paru dans Le Monde, qui n'est pas particulièrement une lecture folichonne. Lisez plutot :

Dans quelques années, la production mondiale de pétrole conventionnel déclinera tandis que la demande mondiale ne cesse de croître. Le choc résultant de cette famine pétrolière structurelle est inévitable, tant sont importantes la dépendance de nos économies au pétrole bon marché et l'impossibilité concomitante de les en sevrer rapidement.

Ainsi donc, Monsieur Cochet affirme qu'en 2010, on devrait entamer une réduction de la production mondiale de pétrole alors que la consommation ne cesse d'augmenter, au point de provoquer une récession générale, dans la mesure où on ne sait pas se passer de cette source bon marché d'énergie facilement transportable, qui se trouve être aussi une fabuleuse matière première.

On pourrait croire que Yves Cochet lance ce pavé dans la mare avec des arrières pensées électoralistes. Ca n'est pas totalement exclu, après tout, l'homme est inscrit à un parti écologiste. Mais j'ai une mauvaise nouvelle pour vous, ami lecteur, car les experts ont certes des avis divergents sur le sujet. Les pessimistes, comme Yves Cochet, misent sur la date de 2010. Les optimistes penchent pour 2020, ce qui finalement ne change rien ! En prenant cette seconde date, ça nous fait 16 ans de répit. 16 ans, ça n'est pas grand choses. Il y a 16 ans, nous étions déjà en 1988. Mitterrand entamait son second mandat. C'était hier.

J'entends des murmures au deuxième rang. Parlez-plus fort, je n'entends pas bien. Ah, Ca fait 30 ans qu'on prédit qu'il ne reste plus que 30 ans de réserves, il n'y a donc aucun risque, on trouve toujours plus de pétrole !. Ah, que j'aime votre foi en l'avenir. J'aimerais être d'accord avec vous, mais j'ai lui un extraordinaire document qui explique tout cela : Qu'est-ce qu'une réserve de pétrole ? En avons nous pour longtemps ?. Un expert en énergie et changement climatique nous explique tout cela par le menu avec un brio indéniable et une pédagogie impressionnante. Quant à l'impact que cela pourrait avoir sur notre société occidentale, j'avoue que j'ai laissé courir mon imaginantion sur les éléments d'Yves Cochet. Mais il n'est pas seul à penser cela :

Jusqu'à quel point cette situation conduira-t-elle à une récession générale ? Nul ne le sait, mais l'aveuglement des politiques et le panurgisme panique coutumier des marchés peuvent nous laisser craindre le pire. Cette prophétie certaine est universellement ignorée, déniée ou sous-estimée. Rares sont ceux qui mesurent exactement l'imminence et l'ampleur de son avènement. Michael Meacher, ancien ministre de l'environnement du Royaume-Uni (1997-2003), écrivait récemment dans le Financial Time qu'à défaut d'une prise de conscience générale et de décisions planétaires immédiates de changements radicaux en matière d'énergie, la civilisation affrontera le plus aigu et sans doute le plus violent bouleversement de l'histoire récente.

Sur ce, j'ai vidé mon sac, je me sens un peu plus léger. A défaut de vous souhaiter un excellent cauchemar, j'aimerais que vous vous demandiez ce que, très concrètement, vous pouvez faire pour réduire votre consommation de pétrole et de ses dérivés, et comment profiter d'énergies alternatives. N'hésitez pas à utiliser les commentaires de ce blog pour échanger. Je suis preneur de toutes vos idées !

vendredi 2 avril 2004

Sale temps sur le front de la Liberté

La Liberté n'est pas en grande forme ces derniers temps, avec deux solides menaces.

Tout d'abord, c'est la reprise des hostilités sur les brevets logiciels qui se profile à l'horizon. Une manifestation est prévue à Bruxelles le 14 avril, et son équivalent en ligne devrait se dérouler parallèlement. Pensez à y participer !

L'autre combat du moment, c'est celui contre la LEN, dont j'ai parlé ici même à plusieurs reprises, en particulier dans ce billet, intitulé L'union sacrée de l'Internet français. Je concluais sur le fait que Jipé Raffarin devrait se poser des questions, au risque de finir par se faire dégager par son président ou par les électeurs. Espérons que le coup de semonce des dernières élections suffiront au gouvernement pour comprendre à quel point cette loi est liberticide, à rapprocher du fait que Reporters sans Frontières, dans le cadre de ses Trophées de la répression sur le Net vient de décerner le Prix Spécial du Jury à Nicole Fontaine, qui était encore très récemment Ministre de l'Industrie et qui a proposé cette fameuse loi. J'espère de tout coeur que son successeur, Patrick Devedjian, saura entendre le message !

Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents sur la LEN, je ne saurais trop vous recommander la lecture du tout nouveau Coodgle, du billet de Nomablog, la rubrique Rebonds de Libé ou encore du communiqué de presse de la FIL.

Des nouvelles du Libre

Des nouvelles du Libre

La Douane française passe à OpenOffice.org, affirme Douane Info, la revue interne de la douane. (Source : un lecteur du StandBlog)

OpenOffice.org, (OOo) a été installée sur tous les postes Cristal Mobile qui équipent les unités de surveillance. (...) Ce nouvel équipement permettra de réaliser une importante économie budgétaire. (...) Cette suite est ouverte, c'est à dire librement disponible, contrairement à Microsoft Office (R) dont la licence est payante. OOo peut-être installée partout, sans restriction, permettant ainsi l'homogénéité du parc informatique. Elle peut aussi équiper les micro ordinateurs personnels, sans restriction, pour que chacun puisse en profiter.(...) Les documents au format Microsoft Office (R) peuvent être lus et traités par OpenOffice.org. OOo intègre meme des nouvelles fonctionnalités telles que la création en ligne de documents PDF, lisibles dès lors par tout utilisateur. La taille des fichiers produits par la suite OpenOffice.org est sensiblement inférieure à celle des documents issue de Microsoft Office (R), ce qui constitue un avantage pour le stockage et la transmission des informations. (...)

Walmart, aux USA, va proposer des ordinateurs avec Java Desktop System, la distribution Linux de Sun, en plus de ceux déjà équipés de Lindows, pour 250 Euros !

Sun a bien entendu intégré sa suite bureautique Star Office dans le pack JDS. Pour le reste, on retrouve les applications "open source" incontournables telles que le navigateur Mozilla ou l'outil de messagerie Evolution.

MandrakeSoft sort du redressement judiciaire, et c'est une nouvelle bigrement bonne. Pour fêter cela, je me suis offert (soyons fous et solidaires) un abonnement de Silver Member au Mandrake Club. Il faut dire que la Mandrake 10.0 RC installé sur ma machine de bureau m'a plu, et ça faisait un bout de temps que j'avais envie de soutenir les efforts de Gaël Duval et Jacques le Marois.

jeudi 1 avril 2004

Nouveaux Trolls à la mode

On connaissait déjà les débats sans fin du genre Mac ou PC ?, et il y a quelques années, c'était Netscape 4 ou Internet Explorer 4 ?, alors que de nos jours, c'est plutôt Firefox 0.8 ou Mozilla 1.6 ? ;-)

Quoi qu'il en soit, même Microsoft s'y met et lance le débat : Word ou VI ?. Pour ceux qui ont un système pileux sous-développé, je me dois de rappeler que VI, c'est l'éditeur de texte le plus basique livré en standard avec Linux et autres système Un!x. Pour les autres, VI, c'est comme EMACS, mais en moins bien. ;-)

De son coté, Olivier Meunier a enfin compris comment le logiciel Libre allait lui permette de vivre décemment, voire de rajouter un peu de beurre sur ses pizzas aux épinards. C'est tout simple, il suffisait d'y penser : se faire sponsoriser, rajouter de la pub, tout en passant au modèle payant. Le bonheur, c'est simple comme un compte en Suisse !

Poisson d'Avril ?

Sinceres condoléances, Firefox !

Décidemment, ce monde nous réserve quelques surprises...

Bon, je vous laisse, j'ai une morue aux fraises sur le feu, et c'est bien connu, ça attache si on n'y prend pas gare. Ensuite, Direction le SETI !